Podlaha brûle les planches

 

Article du Dauphiné Libéré (17 novembre 2002).

A trois journées de la fin, les Grenoblois ont déjà leur billet en poche pour le Top 8 qui réunira l'élite tricolore à partir de janvier. Une épreuve de vérité plus parlante que le match d'hier, qui n'avait d'autre intérêt que les coups d'éclat de Jozef Podlaha.

Avec cinq buts et une passe décisive à son compteur personnel, le Tchèque a largement contribué au large succès promis par les Grenoblois. Un écart qui masque toutefois mal une performance en dents de scie et longue à se mettre en route.

Sans forcer, sans génie, n'était-ce celui de Podlaha, les Brûleurs ont donc plumé les Rapaces. C'était écrit, logique et planifié. Mais le scénario ne fut pas vraiment celui d'une chevauchée au long cours annoncée avant la rencontre. Une domination totale certes mais pas de quoi fanfaronner ni pavoiser. N'était-ce Podlaha, on l'a dit.

Dix longues minutes. C'est le temps qu'il aura effectivement fallu à Gap pour se procurer un premier semblant d'occasion ! Comme prévu, il n'y avait qu'une seule équipe sur la glace. La zone gapençaise, sorte de Fort Knox retranché sous les déferlantes iséroises, pliait souvent sur les incursions du troisième bloc isérois au sein duquel l'international junior Cyril Papa faisait une première apparition remarquée. Sur la glace, donc une seule équipe. Mais pas au tableau d'affichage initialement. Car, par maladresse souvent, mais aussi par la faute d'un Lukes impeccable devant sa cage, les Brûleurs ne parvenaient pas à trouver la moindre ouverture. Deschaume, Benoît Bachelet ou Podlaha avaient beau s'y employer, leur incapacité à mettre hors de position une défense haut alpine en rangs serrés ne leur permettait en aucun cas de créer les décalages idoines. Avec un peu de réussite, Franck Lallemand aurait même pu planter une sacrée banderille dans le dos d'Isérois jusqu'alors manchots au Pôle Sud.

Probablement sermonnés à la pause, c'est avec un soupçon de détermination supplémentaire que les Brûleurs attaquaient la seconde période. Récompense immédiate des efforts, Podlaha ajustait à l'énergie Lukes. Seulement il était dit que ces Grenoblois allient flirter avec l'insignifiance, ce dont Lallemand profitait avec malice, contournant la cage de Goetz pour égaliser. Supérieurs individuellement, les Grenoblois s'en remettaient alors aux coups d'éclats personnels, en témoigne ce rush tout en finesse de Vuoti qui remettait un peu d'ordre dans la maison. Mais juste un peu. Le temps de gâcher de multiples munitions dans les grandes largeurs - notamment pour Shevelev - , le temps encore d'afficher des lacunes criantes en repli défensif et dans le jeu de transition en zone neutre, et Guillemard montrait que le revers est une arme utile quand on s'en sert. Son shoot plus placé qu'appuyé filait sous les jambes de Lukes. Survinrent alors six minutes où l'opération "vendange" crevait l'écran avant que Podlaha d'une initiative individuelle ne sorte tout ce beau monde de l'ennui qui le guettait.

Fort heureusement, le buteur tchèque des Brûleurs de Loups avait une envie folle de faire gonfler son compteur personnel. Il signait ainsi un triplé en début de troisième tiers d'une lucarne somptueuse. Période que choisissait Fokine pour intégrer De Murcia et Romain Bachelet sur sa troisième ligne qui s'illustraient rapidement mais se heurtaient à un Lukes qui évitait un temps la déculottée aux siens avec un certain brio. Toutefois, à force de prendre sur le bec les raids grenoblois, le Rapaces y laissaient encore des plumes sur les quatrième et cinquième tours de force de Podlaha, l'un des rares à justifier son standing hier soir. Car si le score fut quasiment à la hauteur des attentes, la manière ne fut pas toujours au rendez-vous hier soir compte tenu de la très faible opposition gapençaise. Mais le billet pour le Top 8 est en poche. On attendra la deuxième phase pour juger ce cru grenoblois capable d'alterner coups d'éclats et erreurs majeures avec une régularité assez étonnante. Toujours est-il que malgré le carton d'hier, il en faudra autrement plus lorsque viendra l'heure de se frotter aux cadors du nord.

Jean-Benoît Vigny

 

Grenoble - Gap 8-1 (0-0, 4-1, 4-0)

Arbitrage de M. Mendlowitcz assisté de MM. Fontaine et Gremion

1751 spectateurs

Pénalités : Grenoble 2', Gap 4'

Évolution du score :

1-0 à 21'00" : Podlaha assisté de Agnel

1-1 à 21'55" : Lallemand assisté de Moussier

2-1 à 25'03" : Vuoti assisté de Saarinen et B.Bachelet

3-1 à 31'05" : Guillemard assisté de Podlaha et Agnel

4-1 à 38'51" : Podlaha assisté de Guillemard

5-1 à 42'46" : Podlaha assisté de Agnel

6-1 à 54'07" : Podlaha assisté de Agnel (sup. num.)

7-1 à 56'50" : De Murcia assisté de Deschaume et R. Bachelet

8-1 à 58'02" : Podlaha assisté de Guillemard et Agnel

Composition de Grenoble :

Gardien : Arnaud Goetz

Défenseurs : Simon Bachelet - Stéphane Gachet ; Jesse Saarinen - Jean-François Bonnard ; Christian Elian - Rolland Fougère ; Martin Millerioux.

Attaquants : Jozef Podlaha - Franck Guillemard - Benjamin Agnel ; Arto Vuoti - Benoît Bachelet - Nicolas Antonoff ; Andrei Shevelev (puis Romain Bachelet) - Laurent Deschaume - Cyril Papa (puis Xavier De Murcia).

 

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