Le CPHD victime de son succès ?

 

Article du Bien Public de Dijon (22 novembre 2002).

Depuis trois saisons et demi, sous la houlette de Daniel Maric (184 sélections en équipe de France), le CPHD brûle les étapes.

Fort d'un titre de champion de France de N2 (2000), puis d'une place de vice-champion de France de D1 (2002), le Club des hockeyeurs dijonnais connaît une fulgurante ascension avec trois accessions à la clé qui l'ont conduit parmi l'élite du hockey sur glace français.

Toutefois, cette exceptionnelle progression sportive se trouve atténuée par l'aspect structurel du club qui loin d'avoir suivi cette embellie s'avère aujourd'hui archaïque.

A l'aube d'une rencontre capitale en vue de la qualification pour les quarts de finale du championnat de France face à Brest, le coach bourguignon tire la sonnette d'alarme : "Les mecs sont encore plus sur le fil du rasoir que d'habitude. On n'a pas un effectif pour le Super 16, je tourne quasiment exclusivement sur deux lignes. Je l'ai dit, si on avait deux joueurs supplémentaires, on serait dans les quatre premiers. Mais on n'a pas d'argent donc on fait avec les moyens du bord. Avoir 12 points, notre parcours relève de l'exploit, c'est incroyable. Je tire mon chapeau aux joueurs qui s'arrachent à tous les matches."

"Notre parcours relève de l'exploit"

"On tire sur des bouts de ficelle, jusqu'au jour où nos meilleurs éléments en auront marre et iront voir ailleurs, s'inquiète le coach. On est en élite sans aucun retour en échange. On ne peut même pas s'entraîner le 1er novembre, veille d'un match, la patinoire étant fermée. On nous demande de nous répartir les heures de glace entre le Speedy, l'artistique. Toutefois, il est bien évident que chacun essaie d'avoir le maximum possible, l'entente ne peut pas se faire et c'est logique. Il faut un arbitrage des gens responsables. On est vraiment dans un pays du tiers-monde. Cette situation est représentative du hockey français, je me souviens que pour préparer un championnat du monde avec l'équipe de France, lors d'une tournée au Canada, on avait dormi dans une MJC et on se déplaçait en bus scolaire."

Le CPHD se trouve à la croisée des chemins, à tel point qu'on peut se demander si décrocher un billet pour les quarts de finale du championnat de France serait une si bonne chose que cela pour le club. N'est-il pas préférable de jouer profil bas pour continuer à gagner (exemple le titre de National) plutôt que de franchir allégrement le pas pour se jeter corps et âme dans le haut niveau alors que les structures sont amateurs ? Cruel dilemme !

Maintenant ou jamais ?

La situation est frustrante et le palet amer car ce ne sont plus les critères sportifs qui sont les seuls juges. Claude Brigand, le président dijonnais, le reconnaît volontiers : "On arrive à un niveau tel que notre temps de glace doit augmenter aussi bien pour les seniors que pour le hockey mineur. On ne peut plus se permettre d'avoir 50 gamins en même temps sur la glace. De même, on ne peut plus recevoir les télévisions et journalistes avec des rallonges installées de ci, de là.
On joue dans un monde professionnel avec des structures qui ne le sont pas. Maintenant, on sait très bien qu'on n'aura jamais l'infrastructure de Rouen ou d'Amiens, et que tout cela ne se fait pas du jour au lendemain, simplement, il y a un juste milieu à trouver."

Il y a d'autant plus urgence qu'un autre problème se profile à l'horizon : "On arrive vraiment à une période charnière car, d'ici un an environ, d'importants travaux très coûteux (plusieurs millions de francs) devront être effectués dans la patinoire concernant le circuit de réfrigération de la glace. Ce lieu de plus d'une trentaine d'années mérite-t-il une telle rénovation ? On préférerait être associé à un projet mixte en collaboration avec la piscine par exemple comme cela se fait ailleurs (Besançon). Je pense que Daniel et les gars ont démontré suffisamment de choses pour que leurs efforts soient récompensés et reconnus."

En clair, c'est le sort du hockey dijonnais au plus haut niveau qui se joue actuellement.

Jérôme Roblot

 

Dijon-Rouen - La délégation dijonnaise passe aujourd'hui à 14 heures devant le CNOSF pour la conciliation concernant le match Dijon-Rouen donné à rejouer.
Amical - Le CPHD jouera un match de gala le jeudi 19 décembre contre Grenoble (élite).

 

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