"Il faut savoir copiner !"

 

Article de L'Est Républicain (26 novembre 2002).

Perplexe devant les résultats de son équipe, le président du BHC l'est plus encore face aux méandres du hockey français. Au point d'envisager son départ ? Réponses...

BESANÇON. Incontestablement, le tout nouveau championnat d'Elite, le Super 16 (joué à... quinze clubs), n'a pas souri au Besançon Hockey Club qui n'aligne que deux victoires et a renoncé depuis longtemps à la qualification pour la coupe Magnus.

Pire, le climat semble s'être sérieusement délité pour des Séquanes qui avaient connu, ces deux dernières saisons, une vertigineuse ascension avec deux montées à la clé et une finale de coupe de France perdue face à Rouen. Remaniements de l'effectif, frasques annoncées de certains joueurs sont ainsi venus brouiller l'image du club.

Au creux de la vague, il était temps pour le président Jean-Pierre Brulebois de faire le point.

Jean-Pierre Brulebois, les résultats de votre club vous dépriment-ils ?

On pourrait rêver mieux... Nous sommes tombés dans une poule extrêmement difficile, avons joué de malchance dans le recrutement de certains joueurs et connu une cascade de blessures assez importante. Nous n'avons pas été non plus très gâtés par l'arbitrage. Alors quand on agite le tout, il est certain que la potion est un peu amère à avaler.

Dans votre voix transparaît une certaine lassitude. Peut-être parce qu'au-delà des résultats, la dynamique des saisons précédentes est cassée ?

C'est vrai que nous retrouvons finalement un certain nombre de problèmes que nous avions déjà connus dans un passé proche. Avant, nous passions au-dessus. Cette fois, non. Les allées et venues de joueurs ont désorganisé l'ambiance tout autant que les systèmes de jeu. C'est la preuve qu'un recrutement est toujours délicat. Et les atermoiements de la Fédération avant d'accepter notre engagement ne nous ont pas aidés.

Vous évoquez le recrutement. Il semblait que vous étiez un instant sur la piste d'un défenseur biélorusse, Yuri Krivokhija, qui a participé à deux championnats du monde. Un joker est-il toujours d'actualité ?

Clairement, non. Nous avions envisagé effectivement un instant cette possibilité qui continuait à cadrer avec notre masse salariale initiale mais nous avons finalement renoncé pour ne pas risquer de tendre notre budget sans certitude d'amélioration notable. Alain Pivron a été prévenu, il devra faire jusqu'à la fin de saison avec l'équipe actuelle, sauf évidemment si des blessures justifiaient un renfort supplémentaire. Aux joueurs de prendre leurs responsabilités.

Le BHC a-t-il bien fait finalement d'intégrer le Super 16. La marche n'était-elle pas trop haute ?

Le problème ne se pose pas forcément comme cela. Je pense simplement que quand tout va très vite, on n'a pas le temps de mettre en place des structures efficaces avec des gens qui ne sont, pour le plus grand nombre, que des bénévoles.

Vous paraissez là encore désabusé...

Vous savez, j'ai vécu l'expérience du football, du volley et du rugby. Les choses étaient claires, parfois conviviales. Le hockey est un monde que je ne connais pas, que je ne comprends pas. Je ne sais pas où je suis actuellement.

C'est-à-dire ?

Je suis perplexe... Je me retrouve dans un milieu où il faut visiblement copiner, avoir des pions partout : auprès de la Fédé, des arbitres. Du coup j'ai l'impression de n'être que le président d'un petit club de la vallée du Doubs qui emm... tout le monde. Il ne faut pas non plus se moquer du monde et nous annoncer que pour compenser un match de l'équipe de France qui nous avait été promis, et que Belfort a accueilli, nous recevrions au premier tour de coupe de France. Mais après que notre nom est de toute façon sorti le premier de l'urne... De toute façon, rien ne se passe sur les critères sportifs. Quand je vois Strasbourg qui reste au niveau en dessous avec une super équipe parce que le club est en bisbille avec la FFSG, ou Rouen qui va perdre des points pour des règlements sur les étrangers que tout le monde découvre en cours de championnat, je m'interroge.

Au point de songer passer la main ?

Nous n'en sommes pas là. Il reste une moitié de saison. J'espère que nous allons rebondir, que l'équipe aura la réaction qui convient.

Propos recueillis par François Ruffin

 

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