La forme et le fond

 

Article du Télégramme de Brest (2 décembre 2002).

"Peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse". Les Albatros n'ont pas produit leur meilleur spectacle samedi soir au Rïnkla Stadium, loin s'en faut. Six buts, c'est bien, mais quatre, c'est sans doute trop. Brest l'a emporté, reste en tête et a posé la dernière lame de patin manquante en play-off. Ne dit-on pas que seule la victoire est belle ? Que pouvait-on exiger de mieux ?

Quelle équipe de ce championnat est donc capable de rendre, en fin de saison, une trentaine de copies sans taches ? L'ancien professeur de philosophie, Briec Bounoure, qui n'a pas manqué d'invectiver ses troupes à l'issue de leur prestation en demi-teinte contre une équipe du bas de tableau, ne semble pas s'en souvenir. Le "patron" estimait le verre à moitié vide plutôt qu'aux trois-quarts plein. Selon lui, l'obligation de moyens devient une obligation de résultats, non seulement quant au fond, mais également sur la forme.

En toute modestie

Menés 3-4, après justement quelques belles toiles défensives, les Brestois ont pourtant démontré, au cours d'une troisième période exemplaire, qu'ils avaient aussi du cœur et un esprit généreux. On ne leur reprochera donc qu'un péché d'orgueil, qui les a rapidement amenés à déconsidérer l'adversaire, à relâcher l'étreinte, permettant aux rares occasions bisontines d'aboutir dans les mailles du filet de Dell'Olio. "Ce match avait quelque chose d'étrange", commentait le portier brestois, qui s'est retrouvé bien seul face aux attaquants adverses sur chacun des quatre buts. "C'est toute l'équipe qui a été prise en défaut. Nous avons considéré que cette partie contre l'un des derniers était facile".

Lors du briefing d'avant-match, les joueurs brestois avaient sans doute enfilé un peu trop tôt leur casque pour ne pas entendre leur coach, Sergueï Toukmatchev, prévenir : "Faut pas avoir la grosse tête. On n'a pas une équipe suffisamment forte pour jouer tranquillement. C'est encore plus difficile contre une formation dite plus faible". C'est bien cette modestie et ce sérieux retrouvés qui leur a permis de faire la différence et de l'emporter en fin de rencontre et, en définitive, de pouvoir aller affronter Tours mardi et Rouen samedi, sans trop de pression.

R.P.

 

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