"Vingt ans que Tours attend ça"

 

Article de la Nouvelle République (5 décembre 2002).

Toujours en course pour disputer la coupe Magnus en janvier, après sa victoire sur Brest (6-4), l’ASGT a rendez-vous samedi avec son histoire.

Eternel optimiste, Bob Millette a toujours cru en ses chances de décrocher un billet pour la pole Magnus. Quelque fois battu mais jamais résigné, il a une nouvelle fois su trouver les mots justes après la défaite de son équipe contre Amiens samedi (2-5), pour remotiver ses troupes, réussir l’exploit de battre le leader Brest (6-4) et remonter, in extremis, à la 4ème place. Petit tour d’horizon avant la dernière journée de la première phase, samedi soir à Besançon (19 h 30).

"la NR" : Quelle nuit passe-t-on après un tel match ?

Bob Millette : "On dort mal. Tout de suite après la rencontre, je suis aller dîner seul avec ma femme, Christelle. Puis en rentrant chez moi, j’ai visionné la vidéo du match, pour revoir certaines choses. Du coup, je me suis couché à 4 h du matin et il était 6 h 15 lorsque je me suis réveillé. J’avais la "pitoune", comme on dit, chez moi au Québec. Je me suis levé. Je suis allé chercher du pain, des croissants et le journal avant de me remettre au lit vers 7 h 30. Aujourd’hui, c’est repos. J’ai juste conseillé aux gars d’aller faire un peu de gym pour se décrasser."

"NR" : au mois de septembre, vous disiez que la qualification se jouerait contre Angers ou Brest. Votre équipe a gagné deux fois contre les Ducs et récolté trois points face aux Albatros. Cela suffira-t-il ?

B.M. : "Depuis le début, je dis qu’en gagnant sept matchs, on est sûr de faire les play off. Aujourd’hui, nous sommes à cinq victoires et deux nuls, ce qui équivaut à six matchs. Si on gagne ce week-end, cela fera sept, et on ne sera pas loin du compte."

Manque de glace

" NR " : franchement, n’avez vous pas l’impression d’avoir raté le coche contre Dijon ?

B.M. : "Il faut arrêter de penser que Dijon est une équipe facile. Elle est vice-championne de France de D1 et a été renforcée à l’intersaison par des joueurs issus de Rouen, Reims, Amiens et Anglet. Si on n’avait pas arrêté le match contre Dijon la première fois. Si on avait eu une patinoire correcte et les mêmes armes que tous les autres club. Si on n’avait pas été obligés d’aller jouer à Dunkerque un mardi soir sans savoir où on allait s’entraîner le lendemain. Si on n’avait pas gagné contre Brest hier soir. Etc, etc. Il y a beaucoup de choses qui seraient différentes aujourd’hui. Non, pour moi, on n’a pas raté de coche. On a remporté les matchs qu’il fallait gagner."

"NR" : qu’a-t-il manqué à l’ASGT au début de la saison ? de la glace ? du temps ? plus de réussite ?

B.M. : "Je ne peux pas ne pas parler de nos problèmes de patinoire. Hormis le fait que nous ayons été privés de glace pendant un mois, nous ne travaillons pas dans les mêmes conditions que les autres équipes d’élite. Nous avons juste 50 mn de glace le lundi et le vendredi pour l’entraînement, le lendemain et la veille de nos matchs. Même si je dispose d’une heure quarante-cinq le mardi et le jeudi, il nous manque deux heures de glace supplémentaires par semaine pour bien faire. Rien que pour ça, c’est déjà dingue d’en être arrivé là."

"NR" : comment abordez-vous votre dernier déplacement à Besançon ?

BM : "Je trouve que c’est bien d’aller jouer un match comme ça à l’extérieur. Cela n’est pas toujours facile de jouer une partie capitale devant son public. Il y aura moins de pression et plus de concentration, comme à Angers, un couple de semaines plu tôt. Et puis c’est une patinoire qui est à la même dimension que la nôtre (56x26 m). On ne devrait pas y perdre nos marques."

Faire appel s'il le faut

"NR" : c’est quand même une tâche difficile qui vous attend ?

BM : "c’est sûr, le monde ne se rend pas compte de ce qu’on est en train de faire depuis 1 an et demi. On joue pour entrer dans les annales du hockey à Tours. L’enjeu n’est pas simplement une place en play off mais réussir ce que la ville, le public, attend depuis la saison 1989-90, lorsque pour deux petits points. Samedi, on a rendez-vous avec l’histoire."

"NR" : quelles seront votre attitude et celle du club si Dijon obtient gain de cause (*) auprès de la fédération ?

BM : "on ne peut pas se permettre de perdre notre place sur ce genre de décision qui arrive quand elle veut. Il va falloir regarder les règlements, poser des questions, demander des explications et faire appel nous aussi, s’il le faut. Nous, on a gagné tous nos points sur la glace. On n’a pas à subir les fautes des autres, ni le fait que l’on donne des points gratuits à des équipes qui ne le méritent pas. L’an dernier, Dijon a déjà bénéficié de points sur tapis vert face à Besançon. Cela nous a empêchés d’être deuxième de la phase régulière et peut-être coûté le titre de champion de France. Je refuse de me faire niaiser deux fois de suite en deux ans."

 

(*) le club de Dijon a fait appel de la décision de la commission de discipline de la CSNHGM (commission sportive nationale du hockey sur glace masculin) qui avait décrété que Rouen n’avait pas match perdu étant donné qu’entre la première journée (Brest) et la deuxième journée (Dijon), les licences d’Arnaud Briand et Nicolas Pousset, recrutés à l’intersaison, avaient été régularisées. Pour ce qui est du nombre d’étrangers (cinq ou six canadiens au lieu de quatre autorisés), la commission avait assumé son erreur (c’était à elle d’alerter Rouen) en donnant tout simplement match à rejouer, à Dijon, histoire de ne pas trop léser les bourguignons qui n’y étaient pour rien dans cette affaire. La commission d’appel prendra sa décision vendredi après-midi.

 

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