Pourtanel tire la sonnette d'alarme

 

Article du Bien Public de Dijon (6 décembre 2002).

Les crosses sont en berne à Angers, puisque contre toute attente, l'ultime billet qualificatif pour les quarts de finale du championnat de France élite a de grandes chances de glisser entre les patins des hockeyeurs angevins. Leur capitaine international, Benoît Pourtanel, forfait demain face à Dijon, analyse ce cauchemar.

- Benoît Pourtanel, on peut dire que vous êtes un enfant de la glace.

Benoît Pourtanel : "C'est vrai, j'ai toujours vécu dans cette ambiance-là puisque mon grand-père et mon père ont créé le club de hockey de Viry en 1973. D'ailleurs, mon père, Patrice, fut également international, il participa notamment en 1968 aux Jeux Olympiques de Grenoble. Dès le plus jeune âge, j'ai logiquement chaussé les patins. Puis, en 1996, je suis parti pour Boulogne-Billancourt durant une année, avant de débarquer à Angers ou j'effectue ma sixième saison."

- Vous avez également perpétué la tradition familiale car vous êtes depuis deux ans maintenant une des poutres défensives de l'équipe de France.

"Je ne sais pas si on peut dire ça comme ça mais, depuis que j'ai eu ma première sélection en Autriche en 2001 lors du tournoi qualificatif pour les JO de Salt Lake City, je n'ai quasiment pas manqué un rassemblement. J'ai également participé au championnat du monde d'Eindhoven."

- Quel est votre meilleur souvenir sous le maillot tricolore ?

"Incontestablement, la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques. A ce moment-là, la Terre est tournée vers le sport. C'est un honneur pour sa discipline, son pays, que de participer à un tel événement. En plus, en dépit de notre dernière place, on a produit un jeu intéressant."

"On est en crise, c'est clair "

- En revanche, cette réussite internationale contraste singulièrement avec ce que vous vivez actuellement en club où après un parcours honnête lors des matches aller, l'équipe s'est éteinte à petit feu au point de chuter samedi dernier à Dunkerque (5-2), lanterne rouge.

"Effectivement, on est en crise, c'est clair. On encaisse beaucoup de buts, on est dépassé par nos adversaires sur tous les plans : vitesse, combativité. Pour couronner cet ensemble peu réjouissant, tactiquement, on est à côté de la plaque. On donne les matches, on ne sait plus s'imposer et la confiance est partie. Cette semaine sert de mobilisation générale."

- Quels sont les palliatifs à cette dégringolade ?

"Simplement, je pense qu'on se doit d'être plus discipliné, de jouer avec notre tête. A Dunkerque par exemple, on a souvent évolué à un ou deux de moins sur la glace parce qu'on a commis de nombreuses erreurs stupides. Dans ces conditions, il est évident qu'on ne peut pas gagner."

- Même si vous n'avez plus votre destin entre vos mains (*), la rencontre face à Dijon s'avère primordiale, au moins pour l'ambiance au sein du club.

"Il n'est pas question de perdre contre Dijon. On s'est mis tout seul la où on est, dorénavant, il faut qu'on sauve les meubles. Après s'être fait ridiculiser contre Tours, puis à Dunkerque, on doit tous se regarder en face, nettoyer devant notre porte, et, croyez-moi, il y a du boulot, pour ensuite refaire surface sportivement."

"Beaucoup de choses se jouent demain"

- Ce match à Dunkerque, vous le "maudissez" d'autant que vous vous êtes blessé lors de cette confrontation.

"Tout à fait, je me suis cassé un orteil. Je devrai regarder impuissant la prestation de mes coéquipiers."

- Une situation qui ne doit évidemment pas être simple à vivre.

"C'est le moins que l'on puisse dire. En tant que capitaine, je suis allé aux entraînements malgré tout pour encourager l'équipe. Dans ces moments difficiles, il faut savoir montrer l'exemple, rester tous ensemble. Mais, je ne vous cache pas que c'est très dur."

- Quelle est la clé de la rencontre face à Dijon ?

"Je pense que la différence se fera sur la hargne, la volonté de gagner. Ensuite, ces derniers temps, on a plus joué individuellement qu'en équipe, il est absolument indispensable de redevenir collectif".

- Pour un club comme Angers, vieux routier de l'élite, il est tout de même impensable de ne pas se qualifier pour la coupe Magnus.

"Compte tenu du succès de Tours sur Brest (6-4), notre présence dans les huit tient désormais du miracle. Ceci dit, en dehors de cet aspect purement sportif, il y a beaucoup de choses qui se jouent demain. Il est certain qu'en cas de défaite, la subvention municipale baissera considérablement, et quelques Ducs pourront d'ores et déjà préparer leurs valises. De plus, nos jeunes prometteurs iront voir ailleurs ainsi que de nombreux sponsors. On est véritablement au pied du mur."

Propos recueillis par Jérôme Roblot

 

(*) En match en retard, Tours a battu Brest (6-4), si bien qu'Angers est quasiment éliminé de la course à la qualification à moins de s'imposer face à Dijon et que pendant ce temps-là, les Tourangeaux ne gagnent pas à Besançon, avant-dernier au classement.

 

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