Le coup de gueule du capitaine

 

Article du Dauphiné Libéré (14 janvier 2003).

Contre le cours des événements, les Grenoblois ont laissé échapper un match largement à leur portée. Et le déplacement à Amiens samedi, sans Jean-François Bonnard suspendu, conjugué à la réception mardi 21 janvier de Mulhouse, ne manquent pas d'inquiéter.

Benoît Bachelet n'a pas apprécié la contre-performance des siens face à Dijon. Il le dit sans détour, mettant en question le système de jeu à domicile mais aussi, et surtout, l'état d'esprit de l'équipe. "Nous sommes une équipe qui réagit à un événement. Il serait temps d'agir."

- Benoît, vous avez paru longtemps remonté après la défaite face à Dijon...

"On n'a pas bien joué, c'est clair. Quand on tombe sur une équipe hyper-défensive, qui joue le contre, on a toujours du mal à la négocier. Mais surtout, on n'attaque pas les matchs comme on devrait. On nous demande d'être passifs alors que chaque équipe qui reçoit se montre toujours agressive. Prenons conscience de notre potentiel. Et quelles sont nos qualités ? Nous avons des joueurs pour aller de l'avant, pas pour attendre l'adversaire".

- Remettez-vous en cause les consignes de votre entraîneur ?

"Pas seulement, c'est un ensemble. Mais on joue comme on nous a demandé de jouer. Tout le monde a besoin d'y voir plus clair dans les options choisies. Si on veut nous faire jouer défensif, alors il le faut le travailler davantage à l'entraînement".

- On a l'impression que ce type de contre-performance vous pendait au nez...

"Le scénario était annoncé, c'est évident. On sortait d'une bonne performance à Rouen et on s'est entraîné trop tranquillement. On n'avait pas de rythme, on n'a pas travaillé comme on devait toute la semaine, et on a pris Dijon par-dessus la jambe. Résultat, on s'incline".

- Êtes-vous inquiet ?

"Pas forcément car je suis persuadé qu'on fera encore de bons matchs. Mais là où je suis inquiet, c'est qu'on manque réellement de constance depuis le début de saison. Il nous faut toujours une douche froide pour rebondir. Réussir un bon match ne sert à rien si on n'enchaîne pas derrière. C'est un problème de comportement individuel. On ne devrait pas avoir besoin de se faire taper sur les fesses pour fournir de bonnes prestations. Nous sommes une équipe à réaction qui n'arrive pas à prendre le jeu à son compte et à construire. Or, tous les matchs sont équilibrés en deuxième phase et nous n'avons aucune marge sur n'importe lequel de nos adversaires".

- Les difficultés à domicile sont récurrentes. A l'extérieur, ça semble paradoxalement plus simple ?

"A l'extérieur, les équipes qui nous accueillent, comme je l'ai dit, imposent le tempo, nous agressent et nous sommes obligés, là encore de réagir. Mais nous n'agissons pas plus".

- Le club n'a pas annoncé d'objectif particulier en deuxième phase. Manquez-vous de pression ?

"J'ose espérer que tout le monde évolue dans le même esprit. Les objectifs, on se les fixe seul quand on évolue au haut niveau, pas en fonction des dirigeants. A chacun d'être conscient qu'on peut viser les quatre premières places. A chacun de ne pas se retrancher derrière ce discours. Car à force de (se) dire qu'une non-qualification en demi-finale ne serait pas catastrophique, je crains qu'on s'en convainque".

- En deux matchs, vous encaissez quinze buts, c'est énorme...

"C'est dur de stigmatiser uniquement les défenseurs. La défense, ce sont les cinq joueurs présents sur la glace qui l'effectuent. Mais normalement, quand on inscrit cinq buts, on doit gagner un match. Et, mis à part le fait que Rolland n'a pas effectué sa meilleure rencontre de l'année, Dijon réussit quand même le hold-up parfait. Avec la même rencontre, si on s'impose 6-3, il n'y a pas scandale. Mais les Dijonnais ont eu beaucoup de réussite sur leurs shoots. Et ils nous ont montré que face à une équipe volontaire, aussi modeste soit-elle, on ne peut pas se permettre de glisser sur la glace sans se battre. On est trop passif. Dans notre système de jeu comme dans l'esprit qui nous anime".

- Avez-vous pris la parole dans le vestiaire après la rencontre ?

"Je n'en ai pas eu besoin. Tout le monde était conscient de notre mauvaise prestation. J'espère seulement que cette semaine, on travaillera fort et qu'on se mettra dans les meilleures conditions pour se rendre à Amiens".

Recueilli par Jean-Benoit Vigny

 

Vers un nouveau Grenoble-Dijon

Grenoble a eu la confirmation que l'arbitre M. Benoist s'était trompé samedi soir en faisant jouer la prolongation à trois contre trois. Plus grave encore, cette mort subite à trois contre trois n'existe en fait que dans un plan de développement international du hockey en catégorie... minimes ! Autre fait accablant, M. Benoist avait appelé juste avant la prolongation entre Amiens et Mulhouse où il officiait le 4 janvier, le président de la commission nationale, M. Millon, pour savoir s'il fallait jouer à trois. On lui avait répondu que non et la prolongation s'était disputée à cinq contre cinq. "Nous avons envoyé notre recours hier, explique le président grenoblois, Jean-Luc Blache et proposé de rejouer le match dans son entier, à un détail près: les deux équipes repartent avec le point acquis dans les règles à l'issue du temps réglementaire. Celle qui s'impose, si vainqueur il y a, remporterait le deuxième point dont nous contestons la validité, pour une question toute simple d'homogénéité du règlement". La fédération, après avoir émis le souhait de rejouer la prolongation uniquement, serait prête à se ranger au vœu grenoblois. La commission restreinte pourrait prendre la décision sous huitaine. Et le match se déroulerait soit dans les dix jours, soit au lendemain de Villard-Dijon (samedi 16 février). J-B.V.

 

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