Les débuts retardés de Michou

 

Article des Dernières Nouvelles d'Alsace (26 janvier 2003).

De retour depuis deux semaines après une rupture du ligament du genou, le hockeyeur Steve Michou a inscrit son premier but mardi, à Grenoble. L'occasion de faire le point avec un attaquant plein d'ambitions.

Son retour était annoncé lors du match face à Brest. Présent sur la feuille de match, il n'est pas entré sur la glace. "J'aurais préféré jouer, mais il faut respecter les choix." Face à Villard, il a pris part aux rotations, effectuant, selon Eriksson, "une bonne rentrée". À Grenoble, il a confirmé en inscrivant le deuxième but mulhousien. Le premier de sa saison, le premier sous le maillot des Scorpions.

"Dur à avaler"

Presque une renaissance pour un joueur éloigné des patinoires depuis la préparation d'avant saison. "Mon genou était usé. J'ai eu une entorse l'an passé, beaucoup d'autres avant." À tel point qu'il est difficile de déterminer si le ligament avait déjà cédé avant que la douleur n'apparaisse. Le verdict est implacable : rupture ligamentaire, opération nécessaire et retour prévu en février.

Le début du calvaire pour Michou, fraîchement arrivé de Clermont. "C'est dur à avaler. On n'y croit pas. On pense éviter l'opération, puis on se fait une raison." Commence alors un long travail de rééducation. Dur physiquement, éprouvant moralement. "Tous les matins, c'était la même chose. J'emmenais ma fille à la crèche, puis partais pour des séances de kiné. Elles duraient deux à trois heures, avec toujours les mêmes exercices."

"Au plus vite"

Il tient bon et travaille sans relâche. Trop même. "On a dû me freiner." Les mois passent, Mulhouse enchaîne les victoires. Michou ne doute pas, il sait qu'il va retrouver une place dans l'équipe. "Je n'y pensais pas. Ma seule envie était de revenir au niveau, de retrouver la glace au plus vite." Il reste en contact. "Je venais à la patinoire, mais on se donne plus envie qu'autre chose. Le groupe ne m'a jamais écarté. C'est super." Le 15 décembre, il retrouve la glace, avec les juniors, pour une reprise en douceur. Le retour avec les "pros" a lieu le 27. Steve est loin du top. S'il n'a ni appréhension ni douleur, il ne s'estime qu'à 60 % de ses capacités. "J'ai beaucoup couru pendant ma convalescence, chose que je n'avais pas faite lors de mes précédentes blessures."

"Oxygène"

"Je pensais être prêt, mais les efforts ne sont pas les mêmes." Il a beaucoup souffert sur la glace. "Face à Villard, je pensais qu'il me faudrait une bonbonne d'oxygène." À Grenoble, les choses ont été un peu plus faciles. Christer Eriksson glisse en souriant qu'il a tout de même "fini à quatre pattes". "Je suis un joueur petit et rapide. Actuellement, je ne suis pas capable de faire la différence en un contre un. Je ne peux pas utiliser mon jeu au mieux." Eriksson lui fait confiance. Il connaît le joueur pour l'avoir côtoyé à Lyon, dont Steve est originaire. "J'y ai fait mes classes, avant de partir à Angers, pour revenir avec l'arrivée de Christer." Le retour à Lyon est difficile, entre problèmes financiers et retards de salaires.

Pas d'hésitation

Il rejoint Clermont. "Les horaires étaient allégées, cela m'a permis de poursuivre mes études." Aujourd'hui titulaire d'une licence de management et gestion du sport, il peut à nouveau se consacrer uniquement au hockey. "J'ai passé deux belles années à Clermont, club familial qui mérite d'être connu." Quand Mulhouse le contacte, il n'hésite pas.

Approché une première fois en octobre 2001, il se heurte au veto de son président. Il débarque finalement à Mulhouse, dont il ne connaît pas grand chose. "Je me suis un peu renseigné pour savoir si je n'allais pas rencontrer les mêmes problèmes qu'à Lyon. Je connaissais quelques joueurs." Rassuré, il affirme se sentir bien à Mulhouse et envisage de prolonger son séjour.

Gestes "sympas"

"Tout le monde est gentil, il y a eu des gestes sympas pendant ma convalescence." Quand on lui parle de la ville, il sourit : "C'est clair qu'il y a un changement. La mer serait un plus... Disons que la ville n'est pas repoussante, c'est vrai qu'elle n'est pas attrayante." Cela l'empêche pas de grosses ambitions. "En début de saison, on ne pouvait pas affirmer jouer le titre. Mulhouse n'est en Élite que depuis deux saisons. Maintenant, il est clair qu'on a les moyens de finir dans les trois premiers. Il y a 20 joueurs de qualité et c'est un plaisir de jouer dans cette équipe. Quand on revient de blessure, c'est plus facile. Je pense que j'aurais pu rentrer sur n'importe quelle ligne, le résultat aurait été le même."

Gérald Husser

 

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