"Mes joueurs se sont fait plaisir"

 

Article du Bien Public de Dijon (14 février 2003).

D'abord leader surprise de la coupe Magnus, puis battu quatre fois de suite, le CPHD reste en course pour les demi-finales. À l'aube d'un crucial déplacement à Villard, Daniel Maric analyse ce parcours contrasté et dévoile ses ambitions.

Pour votre baptême du feu parmi l'élite, quel est votre sentiment général ?

"Sur le papier, on n'était pas la meilleure équipe. Cependant, avec du travail et surtout du plaisir, on a fait une bonne première partie. Mes joueurs se sont fait plaisir au fil des matches, ils ont ainsi pris confiance et réalisé d'excellentes choses."

- La cerise sur le gâteau étant cette première place.

"On ne s'est jamais fait d'illusions. Certes, au bout de trois matches, on avait six points, mais on savait parfaitement qu'on avait rencontré les équipes un peu moins fortes."

- Finalement, outre les défaites 'attendues' face aux ténors que sont Rouen, Mulhouse et Amiens, la seule ombre au tableau n'est-elle pas le faux pas brestois ?

"Au niveau des entraînements, à cette période, c'était moins bien qu'au premier trimestre. On l'a immédiatement payé. On a perdu à Brest par indiscipline. La fatigue nous a fait perdre le contrôle de nous-mêmes. On n'a pas été bons."

- À ce moment-là, vos joueurs ont semblé paradoxalement trop confiants. Est-ce une réalité ?

"Absolument pas. Simplement, il n'est pas évident de travailler à 100 % quand on n'a pas en permanence un objectif précis. On est présent, mais on ne sait pas pourquoi on travaille. Cette situation n'est pas aisée à gérer. L'autre chose, c'est qu'on a joué à Rouen puis à Brest dans la même semaine. Pour les organismes, ce fut vraiment très dur à encaisser."

"L'équipe est repartie du bon pied"

- Il est vrai qu'il aurait été plus logique que ce soit les gros budgets qui se déplacent et non les petits, d'autant plus que cette semaine vous êtes obligés de recommencer.

"C'est limite scandaleux. On s'aperçoit qu'au début, ils nous mettent à l'aise en nous déclarant qu'ils vont faire des concessions pour les petits clubs. Or, à la fin, quand on voit comment ça se goupille au niveau un peu de l'arbitrage, un peu de l'organisation générale. On a vraiment l'impression d'être les dindons de la farce. Toutes les équipes n'ont pas les mêmes chances, il s'agit d'une organisation amateur."

- Malgré ce handicap, vous êtes toujours en course pour les demi-finales. N'est-ce pas déjà une performance en soi ?

"Tout le monde a bien compris qu'après Amiens, on n'était pas si loin de cette équipe. On est passé près d'un exploit. 4-1 ne reflète pas la partie, le dernier but est sévère, au bout du compte ça fait 4-1, ce n'est pas 3-1. Quand on voit comment se déroule le match, on se dit qu'il y avait de quoi passer. On le perd parce qu'il nous manque deux techniciens, Borzik et Barica. Si on veut jouer à dix par moments, les mêmes joueurs, ceux qui tirent la charrette, doivent jouer un peu plus. Pour cela, il est nécessaire d'être au top physiquement, sinon on perd dans les dix dernières minutes. Ceci dit, on a fait un sacré truc, je regardais l'équipe de France, Amiens a six sélectionnés. Les joueurs s'en sont aperçus, aussi. On a fait une grosse semaine alors qu'on n'avait pas de matches ce week-end, c'est bon signe. L'équipe est repartie du bon pied. L'excellente partie à Mulhouse n'a fait que confirmer cette impression."

- Tous les espoirs restent donc permis.

"Si on passe, ce sera un concours de circonstances. Pour décrocher l'ultime billet restant derrière Rouen, Mulhouse, Amiens, il faudra aller battre Villard et Anglet notamment. Ne brûlons pas les étapes, le match de Villard sera pour la 7e-8e place, celui d'Anglet pour la 6e-7e position, etc"

- Votre calendrier s'inverse dans la dernière ligne droite avec 4 matches sur 6 à domicile. N'est-ce pas un indéniable avantage ?

"Ce n'est pas si simple car, dans ces derniers matches, on reçoit Rouen et Mulhouse, les leaders. Après, pour récupérer ces quatre points, il va falloir 's'arracher la tête'. Ce ne sera pas facile. En revanche, la chose positive est de recevoir Brest et Grenoble. Cela s'annonce dur, mais quand même faisable. Le but étant d'essayer de rattraper ces équipes, comme on l'a fait avec Amiens. A nous de travailler et de se donner à fond, pour ne pas avoir de regrets à la fin."

"Notre force ? Le collectif"

- Quoi qu'il arrive, vous n'aurez rien à reprocher à vos joueurs.

"Chacun a des hauts et des bas, mais, globalement, tous ont une bonne attitude. Notre force ? Le collectif. Quand il nous manque un ou deux éléments, cela affaiblit toute l'équipe. Chez nous, il n'y a pas un ou deux joueurs qui font la différence. La satisfaction est également d'avoir relancé certains joueurs français. Eux aussi ont beaucoup apporté, ils ne se prennent pas la tête, c'est bien."

- Votre groupe est-il arrivé au maximum de ses possibilités ?

"Non, à chaque fois, on ne joue pas à 100 % car le jour où on réussira à l'être, on gagnera encore plus de matches. La preuve c'est qu'on continue à progresser. Regardez Amiens, par rapport au match perdu il y a trois mois à peine, pour moi, on a fait plus de progrès qu'eux durant ce laps de temps. À moins que je me voile la face. On fait preuve de plus de métier, on a bien joué contre eux, il nous a simplement manqué du physique car la réussite vient uniquement si on est au top dans ce domaine car à ce moment-là, on a la lucidité de faire les choses qui conviennent. Énormément de paramètres peuvent encore être améliorés. Tout dépend du comportement de chaque joueur pris individuellement, que ce soit sur et en dehors de la glace, sur la nutrition, sur le hors glace avant les entraînements, sur la concentration pendant ces séances. Si les joueurs sont à fond dans le hockey, ils progresseront et là il y a encore de la faille. Il s'agit juste de petits trucs supplémentaires qui font la différence. Par contre, ça leur demande plus de travail."

- Du pain sur la planche, vous n'en manquez pas puisque dès demain, Villard, tombeur de Rouen (3-2) en début de semaine, vous attend de pied ferme.

"On revient de Mulhouse, où on a réalisé un gros match, et on doit enchaîner sur un nouveau déplacement. Physiquement, ce sera très dur. Non seulement on bénéficie de 24 heures de moins de récupération par rapport à nos adversaires, mais, en plus, sur la route, on va rencontrer tous les gens qui partent en vacances, soit une source de fatigue supplémentaire. Ce sera un tout autre match qu'en Alsace, néanmoins, aussi ardu."

Propos recueillis par Jérôme Roblot

 

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