Le krach bisontin !

 

Article de l'Est Républicain (28 février 2003).

Besançon ne jouera pas demain contre Tours. Le club confronté à un lourd passif financier sera en effet mis en liquidation en début de semaine prochaine.

BESANÇON. Il fallait s'y attendre. Depuis plusieurs semaines les bruits les plus alarmistes ne cessaient de gonfler. Puis vint en pleine tempête la démission de Jean-Pierre Brûlebois, le président. Rien n'allait plus. Au niveau financier avec des joueurs qui n'étaient plus payés, avec des échéances qui n'étaient plus honorées. Quant aux résultats sportifs, ils avaient fini par en souffrir aussi au point que le public ne passait plus guère aux guichets. Depuis mardi et la visite à la patinoire Lafayette des membres de la Commission nationale d'aide de contrôle de gestion de la Fédération française (CNACG), on avait dépassé le stade de la rumeur et on savait que le club de la capitale comtoise aurait les pires soucis non seulement à terminer la saison, mais aussi à survivre. Cela se passait un an presque jour pour jour après que le BHC ait disputé la finale de la Coupe de France avant d'accéder à l'élite hexagonale, dans une patinoire à l'époque pleine à craquer. Quel gâchis !

Un trou de 276.000 euros

Un gâchis qui a été chiffré. Le passif du BHC se monte en effet à 276.000 euros (1.820.000 francs) sur un budget prévisionnel de 530.000 euros... Pour pouvoir terminer la saison, la CNACG avait demandé au club de trouver 45.000 euros en une semaine. Même en un mois, même en six, il s'agissait là d'une mission impossible.

Jean-Pierre Collovald qui depuis trois semaines avait repris de façon intérimaire les rênes du club avec l'espoir de le sauver s'est résigné, malgré toute sa passion et sa foi. C'est décidé depuis hier en fin d'après-midi : lundi ou mardi, il se rendra au Tribunal de Grande instance mettre le club en cessation de paiement et demander sa liquidation : "Il n'y a plus rien d'autre à faire. C'est la seule issue possible, c'est aussi la plus sage. J'éprouve une grande et une amère déception. Mais on ne peut plus trouver d'argent. Les collectivités ont assumé ce qu'elles avaient promis et il n'est pas question de leur demander de jouer les pompiers de service dans une situation aussi pourrie. Quant aux sponsors, comment voulez-vous trouver de l'argent quand ça va mal alors que c'est déjà si difficile quand ça va bien. De toute façon, ça finirait dans un panier percé".

Le président intérimaire se pose néanmoins une série de questions, lui qui a brutalement hérité, de son prédécesseur Jean-Pierre Brûlebois, d'une conjoncture rédhibitoire : "Je ne l'ai pas revu depuis sa démission. Mais est-ce qu'on ne nous a pas dissimulé plus de déficit que celui affiché en début de saison ? Est-ce que le budget a été monté de façon réaliste ? Est-ce enfin qu'on peut être irréaliste et de bonne foi ?". Autant d'interrogations pour l'heure sans réponse.

Toujours est-il que le BHC n'ira pas plus loin cette saison et que l'équipe 1 a déclaré forfait général. "En revanche, tout ce qui concerne le hockey mineur, les jeunes, va se poursuivre" expliquait encore Jean-Pierre Collovald.

Pour sa part, Alain Pivron, le technicien de la glace qui avait réussi un véritable pari sportif en faisant accéder le BHC au sein du Super 16, avait les larmes aux yeux hier soir : "Je viens tout juste d'apprendre la mauvaise nouvelle. C'est terrible et décevant. C'est l'anéantissement du travail effectué. Mais la situation était devenue si invivable nerveusement face à mes joueurs que j'étais envahi par la lassitude et que je suis presque soulagé que ça se termine".

Pourtant dans ce contexte de fin, Jean-Pierre Collavald et Alain Pivron veulent déjà envisager l'avenir. Avec la création d'un nouveau club à Besançon...

Pierre Labbé

 

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