Schüler le samedi, benjamins le dimanche

 

Article des Dernières Nouvelles d'Alsace (12 mars 2003).

Depuis cette saison, une dizaine de benjamins de l'Étoile Noire de Strasbourg renforcent l'équipe des "Schüler" de Hügelsheim en championnat du Bade-Wurtemberg. Une grande première.

Lorsque le club allemand de Hügelsheim (non loin de Baden-Baden) s'est aperçu qu'il ne parviendrait pas, faute d'un effectif suffisant, à constituer une équipe de Schüler pour la présente saison, il s'est tourné vers son voisin français.

"Les Allemands n'avaient plus que six joueurs de cette catégorie d'âge et nous ont demandé s'ils pouvaient les inscrire chez nous afin qu'ils puissent intégrer une équipe, et ainsi jouer des matchs. Le problème, c'est qu'avec eux, nous aurions eu un effectif trop important. Il nous aurait fallu engager deux équipes dans le même championnat, où Strasbourg 1 et Strasbourg 2 auraient rencontré Colmar 1 et Colmar 2... Cela n'aurait pas été très intéressant. Par ailleurs, nous n'aurions sans doute pas pu disposer des heures de glace nécessaires. Alors, quand les Allemands nous ont proposé d'utiliser leur patinoire, on a trouvé la solution : engager une équipe dans le championnat français, et une autre dans le championnat allemand", explique François Ruhlmann, dirigeant strasbourgeois.

Des matchs plus longs et plus physiques

Restait à convaincre les autorités du hockey allemand de faciliter ce rapprochement transfrontalier sans précédent. "Le président de la ligue et les différents responsables de clubs du Bade-Wurtemberg n'ont pas vu d'objection à ce que nos joueurs disputent leur championnat sans avoir de licence allemande. À partir de là, c'était parti", poursuit François Ruhlmann.

Les catégories d'âge ne sont pas les mêmes de part et d'autre du Rhin : les Schüler allemands doivent être nés en 1988 ou 1989, les benjamins français en 1989 ou 1990. Cette différence en induit d'autres, à commencer par le temps de jeu : les matchs des Schüler durent 3 x 20', ceux des benjamins 3 x 10'. "Le jeu est également plus physique, puisque les charges contre la balustrade sont autorisées chez les Schüler, et pas chez nos benjamins", relève encore François Ruhlmann.

Entraînement commun le mercredi

Les jeunes Strasbourgeois, qui ne sont pas des mauviettes, sont ravis. "Les matchs sont plus intéressants, car ils durent plus longtemps, et on n'a pas les 90 avec nous", résume Thomas... né en 89. "Tous les samedis, nous envoyons une dizaine de benjamins jouer le match en Allemagne. En général, quatre ou cinq d'entre eux rejouent le dimanche avec l'Étoile Noire", poursuit le dirigeant strasbourgeois. Les jeunes Allemands ne jouent jamais, en revanche, sous les couleurs de l'Étoile Noire. Français et Allemands ont un entraînement commun par semaine, le mercredi à Strasbourg.

Arbitres plus sévères en Allemagne

Cette équipe transfrontalière, au coût de fonctionnement plus élevé que la moyenne, bénéficie de deux subventions : l'une du fonds Interreg "people to people" (allouée par la Région Alsace), l'autre du Jugendfonds de Fribourg. Reste à savoir si ce rapprochement peut s'inscrire dans la durée. "Tout dépendra des effectifs", résume François Ruhlmann.

"Il faudrait que cela dure, confie Guillaume Vinchon, parent de joueur. Nos enfants apprécient cette expérience. Pour eux, c'est plus de temps de jeu, et c'est aussi l'approche d'un autre comportement sur la glace. En Allemagne, par exemple, les gestes de mauvaise humeur sont systématiquement sanctionnés par les arbitres, ce qui n'est pas le cas en France."

Hervé Houot

 

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