Duménil dans l'inconnue

 

Article des Dernières Nouvelles d'Alsace (16 mars 2003).

Alors que les hockeyeurs du HC Mulhouse se sont installés dans les hauteurs du classement, un ancien Mulhousien connaît une saison bien plus délicate. Il s'agit de Thomas Duménil, parti à Besançon à l'intersaison. Il vit une véritable galère.

En fin de saison passée, Thomas Duménil espérait rester en Alsace. Mais le challenge proposé alors par Christer Eriksson ne l'a pas convaincu. "Je devais être septième défenseur. J'estimais pouvoir m'imposer dans un autre club. J'arrive à un âge (25 ans) où il est important de jouer. J'avais connu ce statut de remplaçant à Rouen. Mais, à l'époque, j'avais 18 ans."

Retard de salaire

Pour jouer, il décide donc de partir. Il arrive à Besançon, pour un challenge intéressant. "C'était la première équipe à accepter de monter en Élite. Je n'ai pas hésité beaucoup. On me proposait en plus un poste d'attaché commercial au club." Il accepte la proposition et rejoint son ancien coéquipier à Mulhouse, Julien Aubry.

La saison débute, avec une grosse instabilité. "Les joueurs n'ont pas arrêté de changer. Les lignes étaient modifiées quasiment chaque semaine." En novembre, il ne restait plus que cinq défenseurs et huit attaquants. Pas idéal, mais suffisant pour jouer et essayer de faire au mieux. Les résultats ne sont pas exceptionnels et Besançon ne sera jamais en position d'accrocher la Coupe Magnus.

Plus inquiétant : les premiers signes de difficultés financières transparaissent. "Les primes de match qui avaient été négociées ont été supprimées pour assainir le budget." En début de saison, le dossier d'accession avait été retardé pour un problème bancaire qui, à l'époque, semblait bénin.

Les semaines se suivent et la situation ne s'améliore pas. "On devait recruter un joker en décembre, mais il n'y avait plus d'argent." Besançon devra donc finir la saison avec les moyens du bord. "On a tous joué un peu partout. Par période, j'ai même évolué à l'avant." C'est en janvier que la crise s'étend vraiment. "On a été payé avec trois semaines de retard, sans réelle explication puisqu'on n'avait plus de contact avec nos dirigeants depuis le mois de novembre."

Plus de déplacements

Le président démissionne. Il est remplacé par un intérimaire, qui ne tarde pas à annoncer la mauvaise nouvelle. "Il nous a expliqué qu'il n'y avait plus d'argent pour faire les déplacements. Le club ne pouvait plus payer bus, arbitres et matériel." Pire : il doit déjà une somme importante (on parle de 100 000 euros) à l'URSSAF. Au total, le trou avoisinerait les 300 000 euros.

Le club dépose le bilan, les joueurs se retrouvent sans activité. "Cela commence à être difficile. On n'a plus été payé depuis janvier." Comme le club n'a pas encore été liquidé - ce sera fait le 18 mars -, ils ne peuvent pas s'engager avec un autre club. À cette date, la majeure partie des autres clubs aura terminé son championnat. Il faut donc attendre la saison prochaine pour retrouver une équipe et un salaire.

"Dans cette histoire j'ai tout perdu. Je ne peux plus jouer. Mon boulot de commercial, qui consistait à démarcher et fidéliser les sponsors, n'a plus de raison d'être, puisque le club n'existe plus. Ce travail était intéressant. Promouvoir le club et le hockey, c'était vraiment idéal", indique-t-il, fataliste. Sans travail, mais pas encore chômeur, puisque la liquidation n'a pas été prononcée, Duménil doit vivre sur ses économies.

"J'ai pris contact avec Stéphane Gachet, le président de l'association des joueurs. C'est le seul qui nous indique quelles démarches effectuer. Il va poser les questions aux gens compétents pour savoir pourquoi le club a pu s'aligner en début de saison. C'est vraiment une grosse période de galère. C'est dommage : il y avait ici de belles structures pour le hockey."

"Mauvais club"

Aujourd'hui, il ne regrette pas vraiment son choix : "Je devais partir de Mulhouse. Je suis simplement tombé dans le mauvais club. Il est relativement fréquent qu'il y ait des dépôts de bilan en fin de saison. Mais là, ne pas pouvoir terminer la saison, c'est assez rare." Pour la saison prochaine, il va commencer à réactiver ses contacts.

Avant de signer à Besançon, il avait été approché par Clermont et Dijon. Peut-être le retrouvera-t-on dans un de ces clubs. Ce qui signifierait, enfin, la fin de la galère. En attendant, il continue de s'entraîner à Besançon. "Les bons jours, on est six ou sept", conclut-il, dépité.

Gérald Husser

 

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