Sous le soleil de Waterloo

 

Article de Sud Ouest (20 mars 2003).

Après des heures et des heures de bus, les hockeyeurs des Sables ont retrouvé la Barre à l'heure du zénith. Avec un peu d'amertume au fond du cœur pour être passés si près.

Cynthia, Isabelle, Virginie, Stéphanie et Mélanie sont attablées à la terrasse de l'Escale, la brasserie qui jouxte la patinoire de la Barre, en ce tout début d'après-midi, quand le soleil flirte encore avec le zénith. Derrière leurs lunettes de soleil, on devine d'un regard que le moral de ces jolies jeunes femmes est un peu dans les chaussettes après le grand frisson de la veille. Elles ont en effet vécu ensemble le show de soixante-dix minutes d'Annecy quand leurs époux ou compagnons, Mathieu, Jean-Philippe ou David - surtout David - ont flirté avec le firmament avant qu'elles ne soient contraintes de faire la croix de cette coupe jouée finalement à la courte paille, c'est-à-dire aux penalties. Leurs illusions sont tombées à l'eau, comme on dit dans la préfecture de Haute-Savoie.

"Les voilà" lance Cynthia en rejoignant le groupe des Ultras de l'Hormadi, Jean-Luc et sa petite bande déguisée en Orques, Fabrice et Stéphane. Non content d'avoir avalé deux fois onze heures de bus jusqu'à Annecy et retour, l'Hormadi Fan Club possède encore assez de force et de souffle pour accueillir leurs champions malheureux. "Dostal est vraiment un type bien, ajoute Jean-Luc. Après le match et malgré la défaite, il est venu nous saluer pour nous remercier d'avoir effectué le déplacement"

Avec les matelas

Le bus espagnol effectue une dernière manœuvre près de l'entrée du backstage de la Barre. Contre le pare-brise, une espèce de saladier violacé qui fait office de lot de consolation pour les finalistes.

Sur le siège de proue situé à côté du chauffeur, Karlos Gordovil, le manager. Lunettes noires et visage fermé, il ressemble au général Balthazar dans "Tintin et les Picaros". Il s'extirpe en premier du bus, les jambes légèrement engourdies, effectue deux mouvements d'assouplissement et commente après avoir effectué ses débuts d'assistant technique mardi soir au micro de Radio France. "Salou. Cé match était à notre portée, c'est dommage. Nous n'avons pas sou féré la différence dans lé troisième tiers-temps, mais les garçons n'ont rien à sé reprocher. C'était oune belle aventoure". Jane Birkin et Karlos ont assurément un point commun : plus ils vivent en France et plus ils conservent cet accent d'origine qui leur apporte tant de charme.

Les joueurs le suivent, chemise à carreau grise fun, sac de sport au bras et un petit matelas replié de l'autre. Ça c'est le paquetage du joueur en déplacement.

Pas de regrets

Sourires un peu pâles, récupération des crosses dans le ventre du bus et direction les vestiaires. Amusant de revoir ces soldats de glace qui ont fait vibrer Haitz Pean sans leur arrachement. Filippin, facile à reconnaître, il est grand comme un pin. Ce défenseur qui, quand il occupait les lignes arrières adverses, était honni du kop de la Barre, est devenu la forteresse des Orques. "On a provoqué et provoqué pour trouver la faille chez l'adversaire, mais en vain. Ce match a été une superbe finale. Je me mets à la place des joueurs, j'ai connu des finales gagnées et des finales perdues. On n'est pas passé loin. Cette défaite n'a en aucun cas perturbé le groupe, il y a une excellente entente parmi nous" commente le capitaine.

Bob, le néo-entraîneur, a le sourire un peu crispé et les traits un peu tirés. Il aurait souhaité un retour triomphal pour ses joueurs qui ont fait jeu égal avec les Alpins, jusqu'à trouver la ressource suffisante pour revenir à la marque au troisième tiers-temps par Dostal. "Il ne faut pas nourrir de regrets, les gars ont donné tout ce qu'ils avaient dans le ventre et cela a donné une bien belle finale. C'est une chose excellente aussi pour la promotion du hockey. J'espère que l'on va finir la saison en apothéose samedi soir contre Grenoble pour notre public." Ce soleil de Waterloo avait quelques rayons réconfortants.

 

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