Scandale sur la glace

 

Article du Bien Public de Dijon (21 mars 2003).

Jusqu'où le hockey sur glace français peut-il sombrer sans se noyer dans le ridicule ? Telle la question que l'on peut légitimement se poser après cette pseudo deuxième édition de ce Grenoble-Dijon (9-3). Une erreur technique (une prolongation jouée à trois contre trois au lieu de cinq contre cinq) et tout bascule. La victoire dijonnaise qui avait été pourtant obtenue dans des conditions équitables est annulée et la rencontre rejouée. Prévenus la veille du match, les amateurs bourguignons (seuls quatre joueurs sont professionnels), se sont ainsi déplacés en Isère contraints et forcés à seulement douze éléments.

Claude Brigand, le président du CPHD Hockey Club, ne décolère pas : "Pour nous, la décision rendue n'a aucune valeur. Simplement, si on ne s'était pas déplacé à Grenoble, nous aurions perdu par forfait. Dijon aurait dû payer 2 400 euros plus certainement 3 200 supplémentaires pour avoir refusé de jouer. Je ne peux faire prendre ce risque financier au club. On était prêt à laisser les deux points de la victoire à nos adversaires car pour nous, cela ne change rien mais Monsieur Millon, le président de la commission nationale, nous a obligés à jouer. Quel intérêt sportif et financier avait-on à refaire cette partie ? Il m'a dit et Luc Tardif l'a répété à Daniel Maric, vous avez voulu que le règlement s'applique pour Rouen en début de saison, maintenant, c'est à votre tour de le respecter. Seulement, je tiens à préciser que l'affaire de Rouen ne nous a rien apportés !"

Ras-le-bol dijonnais

Cette situation tourne au règlement de compte, et, Dijon, petit grain de sel de ce championnat, se sent persécuté : "Il y a cinq ou six grosses écuries dans ce championnat auxquelles il ne faut pas toucher. Nous, en tant que petit club, on doit se taire et rentrer dans le rang. C'est vraiment nous décourager d'être en élite. Il ne faut pas qu'ils oublient que c'est grâce à nous que le hockey français à retrouver de l'intérêt sportif. Dijon gêne et on nous le fait payer. On nous a fait miroiter beaucoup de choses pour venir dans ce Super 16 alors qu'en réalité on nous traite avec un dédain inacceptable. A titre d'exemple, seulement 750 euros nous ont été alloués pour les frais de cette rencontre en nous précisant bien que s'il fallait on pourrait nous payer deux sandwiches pour le retour. Ici à Dijon, on ne fait pas l'aumône ! On veut que les règles soient équitables pour tous c'est tout. Je me réserve le droit de porter l'affaire devant le CNOSF" martèle Claude Brigand, qui consécutivement à ces événements, a démissionné de ces mandats de membre de la ligue et de la commission nationale en guise de protestation.

Alors que le hockey français commençait à sortir tend bien que mal la tête de l'eau par l'intermédiaire d'un Super 16 dans l'ensemble attractif sur le plan sportif, le voici retombé dans un amateurisme qui oscille entre le risible et l'exaspération. A suivre.

Jérôme Roblot

 

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