"Une fougue formidable et une forme d'insouciance"

 

Article du Bien Public de Dijon (27 mars 2003).

Du Super 16 à la Coupe Magnus, Julien Tiphaigne et les Ducs viennent de boucler une nouvelle brillante saison, à l'issue de laquelle le CPHD Hockey Club grignote un rang supplémentaire parmi la hiérarchie nationale pour pointer désormais à la huitième place nationale.

- Une semaine à peine après ce Top 8, quel sentiment prédomine ?

"C'est assez mitigé. J'hésite entre la satisfaction de s'être qualifié pour le top 8 et le regret d'avoir eu du mal à finir. J'aurais bien aimé terminer sur une grosse performance en accrochant soit Amiens ou Mulhouse à notre palmarès. Mais pour cela, il aurait fallu qu'on soit plus rigoureux notamment samedi face aux Alsaciens."

- Quel souvenir garderez-vous de cette saison ?

"Il y en a plusieurs. Tout d'abord la qualification à Angers, puis, notre succès à Grenoble, que rien ne pourra nous enlever. Les deux victoires face à Tours sont également incroyables."

- Et votre place de leader lors des premières journées en Coupe Magnus ?

"En se qualifiant parmi les huit meilleures équipes du pays, on prenait le risque de perdre nos quatorze matches et d'être ridicule aux yeux de tous. On s'est donc battu avec l'énergie du désespoir afin de prouver que nous n'étions pas là par hasard. On avait une fougue formidable et une certaine forme d'insouciance qui nous poussaient vers le haut."

"Plus cette peur d'être ridicule"

- Quel est le grain de sable qui a enrayé cette belle machine ?

"Après trois journées, nous avions fait l'essentiel. On n'a pas réussi à passer à autre chose. Le tournant de la coupe Magnus a été la période entre le déplacement à Brest et celui de Villard. En Bretagne, on n'a pas su confirmer notre nouveau statut. À l'époque, ils avaient deux points. En gagnant, nous les aurions enterrés. Or, aujourd'hui, ils terminent cinquièmes. À Mulhouse, nous aurions également dû nous imposer, soit deux victoires qui nous auraient permis de rester en course jusqu'au bout. Puis, après Villard (défaite 1-6), notre saison était terminée, on avait 90 % de chances de terminer dernier. Moralement, on en a pris un coup, on n'avait plus la même mentalité. On a éprouvé le besoin de souffler et on n'avait plus cette peur d'être ridicule. Même si on a réussi une bonne performance à Anglet, on s'était sorti du championnat bien avant."

- On vous a senti extrêmement fatigués sur la fin.

"Effectivement, contrairement à d'autres qui ont pu gérer leurs efforts, on n'a pas eu de pause depuis septembre puisqu'il a fallu que l'on bataille jusqu'au dernier moment pour se qualifier."

- Malgré tout, vous avez toujours eu votre mot à dire, exception faite des matches contre Rouen.

"On n'a jamais sombré. Même contre Grenoble ou on perd 0-3 au bout d'une minute, puis 0-4 peu après, on termine à 4-8 au final, ce qui prouve que l'on fait jeu égal sur les 59 minutes qui restent. C'était comme dans un mauvais rêve, la première fois qu'une telle mésaventure m'arrivait. Je crois que cela doit être un record. Tout leur réussissait, un shoot un but, des contres favorables. Quant à Rouen, on n'arrive pas à les jouer. Il y a des équipes comme ça, Besançon c'était Amiens, nous c'est Rouen, chacun a ses bêtes noires."

"Nivellement par le bas"

- L'élite actuelle vous a-t-elle surprise par son niveau ?

"Non, tout a été conforme à nos attentes. Il y avait dix autres promus avec nous. C'est même moins fort que quand j'y avais participé avec Rouen, il y a quatre ans. Peut-être est-ce parce que j'ai vieilli ? Il y tout de même de gros joueurs tels que Bergqvist, St-Pierre, Doucet, Besse aidés de quelques Français comme Rozenthal, Gras qui tirent ce championnat vers le haut. Il manque simplement quelques moyens pour que le championnat soit plus homogène, afin que toutes les équipes puissent aligner trois grosses lignes comme en Suisse par exemple."

- Le hockey français est-il malgré tout sur la bonne voie ?

"Oui, le bilan est globalement positif même s'il y a un nivellement par le bas. Le mélange ex-D1 et élite s'est bien fait. Il ne faut pas se satisfaire de ça, il reste encore énormément de travail pour encore évoluer."

- La formule vous convient-elle ?

"Existe-t-il une solution idéale ? Une poule unique serait peut-être plus appropriée. Mais il faut que le hockey progresse tant sur le plan sportif dans son ensemble que médiatiquement."

- Le Super 16 puis, la coupe Magnus ont été secoués par les affaires de licences à Rouen et du match Grenoble-Dijon à rejouer. Qu'en pensez-vous ?

"Si tout était bien organisé, on ne se serait pas rendu compte de cette situation. Simplement, le contexte défavorable avec la situation financière peu brillante de la fédé et les tapages en patinage ont donné de l'ampleur à cet ensemble."

"La prochaine saison sera charnière"

- Une Fédération de hockey indépendante comme il est prévu en 2004 constitue-t-elle la solution ?

"Je ne sais pas mais, en tous cas, le hockey sera mis en face de ses responsabilités. C'est la meilleure des choses qui puisse lui arriver. On ne pourra plus incriminer l'artistique parce qu'il y a un trou financier ou d'autres choses encore."

- Le hockey connaît un engouement sans précédent puisque malgré plusieurs défaites d'affilée, il y avait encore près d'un millier de personnes pour la venue de Mulhouse.

"Ça fait chaud au cœur ! C'est peut-être la preuve qu'on offre à chaque fois un bon spectacle."

- Le plus dur ne commence-t-il pas aujourd'hui ?

"Il est clair que la confirmation est toujours plus difficile. La prochaine saison sera charnière."

- Vous retrouvera-t-on sous le maillot dijonnais ?

"La seule chose qui me ferait partir, c'est l'aspect sportif. Or, à ce niveau, seuls les quatre clubs aujourd'hui en demi-finales sont intéressants et je sais très bien qu'ils ne m'appelleront pas. D'autre part, je suis très bien ici à Dijon. Donc, a priori, je serai toujours là."

Propos recueillis par Jérôme Roblot

 

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