La vie en Croz

 

Article de l'Alsace (3 avril 2003).

"Heureux" de vivre dans une région qu'il a appris à connaître, Étienne Croz décidera de son avenir dans les prochains jours. En attendant, il veut monter sur le podium du Super 16. Première étape : ce soir (20 h) à Grenoble.

"La 4e place, je n'en veux pas et n'y pense même pas. C'est la place du c... Dans n'importe quel sport, on veut l'éviter à tout prix. Un podium et une médaille, ça a quand même une tout autre allure". Fidèle à lui-même, Étienne Croz plante d'emblée le décor. Alors que certains joueurs pourraient d'ores et déjà avoir la tête aux vacances et à leurs prochaines négociations de contrat, celle du robuste Savoyard est encore bien accrochée au Super 16 et à son dénouement.

Avant d'affronter Grenoble, pour le 1er match de la petite finale, Croz a toujours les crocs et voit encore plusieurs raisons pour ne pas bâcler la fin de l'exercice. "C'est déjà une question d'honneur ! Les Grenoblois ont toujours été derrière nous cette saison et ça ne refléterait pas la logique des choses qu'ils terminent devant. De plus, nous allons terminer le championnat à domicile et ça sera donc l'occasion d'offrir une belle soirée à notre public. Enfin, une place de troisième pourrait devenir l'occasion pour le club de jouer une Coupe d'Europe. Je crois que la Fédération attend toujours de savoir si la 3e place est qualificative".

Inquiet de voir quelques-uns de ses joueurs se "disperser un peu trop rapidement", Christer Eriksson, l'entraîneur mulhousien, peut être rassuré quant à la détermination de son attaquant. "De toute façon, pour lui, je ne me faisais pas trop de soucis, indique-t-il le sourire aux lèvres. Étienne est toujours à 100 %. C'est un gros travailleur qui répond toujours présent et qui ne supporte pas la défaite".

Le revers subi en demi-finale des play-offs devant Amiens, Croz l'a d'ailleurs toujours sur l'estomac. "J'ai tellement de regrets! dit-il. Nous n'étions pas à notre meilleur niveau lors des trois premiers matches et nous avons montré notre vrai visage que durant la dernière rencontre. On a échoué à pas grand-chose et je suis persuadé que si on arrivait à prolonger la série jusqu'à Mulhouse pour un 5e match, c'était jouable. Il me reste également un goût amer en raison de l'arbitrage, qui, à mon avis, n'a pas été à la hauteur. Je ne sais pas si c'est suite aux incidents pendant le match avec Rouen ou suite à l'expulsion de Christer, mais nous avons été sévèrement sanctionnés. Dans le 4e match, on passe plus d'un tiers de la rencontre à jouer à quatre".

J'ai appris à dire " Esch güet " !

Malgré la défaite, Étienne Croz, avoue avoir conservé du déplacement en Picardie "de grands souvenirs". "Les play-offs, c'est un autre monde. Tout est différent : la motivation, la tactique. Le combat physique est plus intense. Et puis l'ambiance, évidemment. À Amiens, c'était vraiment chaud. C'était la première fois que je vivais cela. Participer à ce rendez-vous, c'était vraiment mon objectif". Ne faisant pas toujours partie des plans de l'entraîneur, Croz a, durant plusieurs semaines, regardé les matches depuis le banc. Des moments "pas toujours faciles à vivre" quand on a 24 ans et que l'on déborde d'énergie. "Je jouais jusqu'à Noël et je me suis soudainement retrouvé sur la touche, se souvient-il. Je ne comprenais pas vraiment ce qui m'arrivait et on ne me donnait pas d'explications. On doute toujours dans ce genre de situation". Ce qu'il sait faire, Croz aura néanmoins l'occasion de le montrer dès son retour sur la glace de Villard-de-Lans. Au fil des semaines, Croz affirme son mètre quatre-vingt-onze au sein des lignes offensives mulhousiennes et accumule les bonnes sorties. "Il a réalisé une bonne fin de championnat, estime Eriksson. Mais si on l'a fait venir à Mulhouse, ce n'est pas pour rien. Il a un grand potentiel et un bel avenir devant lui. Il doit maintenant faire des progrès tactiques et être un petit peu moins tête en l'air". Toujours dans l'incertitude quant à son futur proche, Étienne Croz ne cache pas son désir de prolonger l'aventure alsacienne. "Je continue de découvrir une région qui me plaît. À quelques kilomètres de Mulhouse, la campagne est magnifique. Ma copine vit ici et je me sens bien. Je découvre la gastronomie locale et j'apprends même l'alsacien". Le dernier mot appris ? "Esch güet" s'esclaffe-t-il. "Je le dis toujours maintenant...".

Pierre Chatelus

 

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