Le retour des grands Bleus

 

Article de l'Alsace (24 avril 2003).

Après trois années de purgatoire, l'équipe de France de hockey va retrouver sa place au sein du groupe A mondial. Un renouveau auquel Christer Eriksson, le coach du HC Mulhouse, et quelques Scorpions ne sont pas étrangers.

Ils auraient bien mérité, comme tant d'autres équipes de France, un accueil chaleureux à la descente de l'avion, une exposition médiatique en hausse et quelques félicitations ministérielles. Mais les hockeyeurs ne sont encore en France que des sportifs de l'ombre et l'intimité qui entoure leur discipline n'est pas une nouveauté pour eux. La performance qu'ils ont réalisée la semaine passée à Zagreb leur aurait pourtant bien valu quelques égards. Au bout de trois saisons de mission et après deux tentatives avortées, l'équipe de France est allée quérir en Croatie son passeport pour le groupe A mondial et signer son retour au sommet de la hiérarchie où siègent les plus prestigieuses nations. S'extirper du groupe B où la Norvège faisait figure d'épouvantail et dans lequel l'Italie, rétrogradée un an plus tôt, comptait bien relever la tête, était un défi de taille pour une sélection tricolore en pleine reconstruction après la retraite internationale de son joueur emblématique Philippe Bozon. Un défi que Heikki Leime et son fidèle adjoint Christer Eriksson ont su patiemment préparer, puis relever." Cela fait trois ans que l'on s'attache à faire changer cette équipe, relève Eriksson, entraîneur et directeur sportif du HC Mulhouse lorsque les Bleus mais aussi les Bleues (!) sont au repos. Lorsque les stars du hockey français ont décidé d'arrêter, il n'y avait pas de joueurs aussi talentueux capables de les remplacer. Il fallait donc mettre en place quelque chose de différent". Une nouvelle ère était en marche.

Le pari de l'homogénéité

Le duo Leime-Eriksson se lance à la recherche de joueurs aux profils bien définis. "Des joueurs pour qui le mot équipe veut dire quelque chose, des gars prêts à se sacrifier pour le groupe et pour le maillot tricolore. Nous voulions vraiment que la sélection redevienne l'équipe fanion du hockey français. Ça n'était plus le cas depuis quelques années". Les deux hommes partagent la même perspective et l'équipe de France n'est plus cette mosaïque d'individualités. Au fil des stages, des tournois et des matches amicaux, les Bleus se forgent un collectif fort et soudé. L'ensemble devient homogène. "Le pari était gagné, clame Eriksson. Lorsque nous avons compris que tous les joueurs se sentaient concernés, nous savions que le plus dur était fait. Cette semaine, nous avons pu vérifier cet état d'esprit. Dès la qualification acquise, tous les joueurs absents (Olivier Coqueux, Maurice Rozenthal, Stéphane Barin, Cristobal Huet) ont téléphoné pour nous féliciter. Ça nous a réchauffé le cœur".

Lhenry sur un nuage

"Discipline et collectif" : les deux mots ne quittent pas la bouche de Christer Eriksson. Et ce n'est pas un hasard si l'équipe de France et le HC Mulhouse fonctionnent selon le même modèle. La patte du Suédois est omniprésente. Pas plus étonnant de voir quelques Scorpions s'épanouir sous le maillot tricolore. À Zagreb, Aimonetto, Lhenry et Prunet ont chacun apporté leur pierre à l'édifice. Dans un rôle de septième défenseur, Lilian Prunet a, en quelque sorte, fait office de "bouche-trou". Un statut forcément ingrat, pas toujours facile à endosser, mais que le jeune Mulhousien a accepté. Sans broncher. Comme d'habitude, Richard Aimonetto a lui aussi "fait le boulot". Auteur du seul but lors du dernier match face à l'Italie (1-0), il s'est personnellement chargé d'expédier son équipe dans le groupe A. Tout comme Fabrice Lhenry, l'ange gardien des Bleus. Celui sur qui l'équipe de France a toujours pu se reposer malgré une épaule fragile et soulagée par des anti-inflammatoires. Titularisé pour la première fois de sa carrière dans les buts tricolores après douze années passées sous le maillot bleu, Lhenry n'avait "pas le droit à l'erreur". Il n'a pas laissé passer sa chance, pas plus que les palets d'attaquants adverses écœurés. Élu meilleur gardien du tournoi, le Mulhousien a marqué des points pour l'avenir. A l'image d'une équipe de France à nouveau ambitieuse.

Pierre Chatelus

 

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