Italie - Canada (13 février 1994)

 

Jeux olympiques 1994, groupe B, première journée.

Les Canadiens commencent un peu ce tournoi olympique face à leur miroir, puisque l'Italie compte treize joueurs nés au Canada dans leur effectif. C'est un adversaire solide dans les duels, qui peut provoquer des revirements. Elle marque ainsi sur une contre-attaque née d'une passe difficile mal contrôlée par Jean-Yves Roy. Et ce sont d'authentiques Italiens qui ont obtenu cette égalisation : Corey Hirsch a mal capté un lancer en angle de Robert Oberrauch, que Lino de Toni a suivi au rebond face au but grand ouvert. Ce but est venu moins d'une minute après l'ouverture du score de Petr Nedved, qui a repris dans le cercle droit une passe absolument merveilleuse de Paul Kariya.

Le premier atout du Canada est en effet, comme souvent, son powerplay. Il met deux buts sur ses trois premières apparitions. Kariya est le maître à jouer, il organise les entrées de zone, cherche à créer du jeu derrière sa cage, mais peut aussi revenir à la ligne bleue en intervertissant sa position avec un défenseur. C'est dans cette dernière configuration qu'il effectue ses deux passes décisives. On ne criera pas au génie sur la seconde, en soi plus banale, mais c'est un nouveau one-timer pour Darcy Werenka. Et à 20 secondes du retour au vestiaire, c'est exactement ce dont le Canada avait besoin pour prendre confiance.

L'attaque canadienne s'autorise à être plus agressive au retour sur la glace. Roy ferme la sortie de zone à De Toni et Iovio, Derek Mayer hérite du palet à la ligne bleue et le donne du revers à Wally Schreiber dans le slot qui fusille David Delfino entre les bottes. Les rouges intensifient alors le jeu physique, mais ils emploient aussi leur crosse et Savage puis Mayer sont logiquement envoyés en prison. L'Italie arrive alors à 0/5 en jeu de puissance, y compris une trentaine de secondes à 5 contre 5 en début de match. Elle travaille fort dans cet exercice pourtant, elle met de la mobilité, mais il lui manque de la précision dans les tirs. Revenu à cinq, le Canada la crucifie alors... par un lancer non cadré ! Le slap de la bleue de Mark Astley frappe la balustrade derrière le filet et revient de l'autre côté du but sur Todd Hlushko qui a l'angle grand ouvert. La réussite est rouge, et à 1-4, le match est plié. Dur pour une Italie qui n'a pas démérité. En accrochant Topatigh en zone offensive, Nedved pourrait la relancer, mais un but marqué de la ligne bleue par Mike De Angelis est logiquement refusé car Gates Orlando a bousculé le gardien.

Les Italiens ne tiennent pas la distance et ont de plus en plus de peine à suivre les jambes canadiennes. Ne parlons même pas du patinage ébouriffant de Paul Kariya : en le voyant faire un 360°, Mike de Angelis le coince contre la bande pour ne plus avoir le tournis, mais Brian Savage récupère alors le palet laissé libre et le donne en retrait à Chris Kontos qui marque au premier poteau, côté plaque. Ce même Kontos reçoit une passe de Nedved en fin de tiers et parvient à propulser le palet sous David Delfino.

Delfino, qui a connu un match très moyen, est remplacé pour le dernier tiers-temps par Mike Rosati. Même celui-ci se fait une grosse frayeur en perdant le palet près de sa cage en avantage numérique, gêné par son défenseur Bill Stewart. Fabian Joseph est en embuscade mais Rosati parvient à fermer les jambières à temps pour éviter le pire. L'Italie joue même vingt secondes à 5 contre 3 quand Harlock retient Zarrillo entré en zone à pleine vitesse, et lorsqu'on revient à 5 contre 4, Hirsch signe un arrêt magistral devant Orlando qui reprend au poteau gauche une passe croisée de Stewart. Le premier trio italien s'est escrimé en vain pendant cette longue supériorité numérique, mais il revient deux minutes pluis tard pour une nouvelle longue présence. Le toujours combatif Lucio Topatigh insiste jusqu'au but, même accroché par Mayer, et Gates Orlando qui le suit bénéficie alors d'une cage ouverte. Mais la première ligne canadienne, au-dessus du lot a le dernier mot : Paul Kariya fait une fantastique passe aveugle dans son dos pour Petr Nedver qui bat Rosati côté plaque pour porter le score final à 2-7.

Commentaires d'après-match (dans La Presse)

Tom Renney (entraîneur du Canada) : "Nous ne pouvons nous permettre de faux pas. Nous formons une équipe fragile au niveau de la confiance. Mais pour l'instant tout va bien. Nous voulons que les autres équipes sachent que nous pouvons marquer des buts. Nous devrons par contre conserver une atmosphère positive à tous les jours, même quand nous ne jouerons pas."

Chris Kontos (attaquant du Canada) : "J'espère que les joueurs français ont vu le match à la télévision. Il serait bon de leur envoyer un message, de leur faire savoir que nous n'entendons pas à rire."

 

Italie - Canada 2-7 (1-2, 0-4, 1-1)
Dimanche 13 février 1994 à 17h30 au Fjellhallen de Gjøvik. 5170 spectateurs.
Arbitrage de Börje Johansson (SUE) assisté de John Svarstad et Erik Larssen (NOR).
Pénalités : Italie 14' (6', 6', 2'), Canada 16' (6', 6', 4').
Tirs cadrés : Italie 29 (12, 6, 11), Canada 38 (12, 14, 12).
Tirs totaux : Italie 45 (16, 16, 13), Canada 65 (17, 26, 22).
Engagements : Italie 30 (13, 11, 6), Canada 30 (10, 6, 14).

Évolution du score :
0-1 à 07'32" : Nedved assisté de Werenka et Kariya et Kontos (sup. num.)
1-1 à 08'16" : L. De Toni assisté d'Oberrauch
1-2 à 19'40" : Werenka assisté de Kariya et Astley (sup. num.)
1-3 à 21'24" : Schreiber assisté de Mayer et Roy
1-4 à 27'43" : Hlushko assisté d'Astley
1-5 à 36'23" : Kontos assisté de Savage
1-6 à 39'39" : Kontos assisté de Nedved et Aucoin
2-6 à 47'13" : Orlando assisté de Topatigh
2-7 à 54'58" : Nedved assisté de Kariya
en noir, la feuille de match officielle ; en rouge, les corrections de Hockey Archives

 

Italie

Attaquants :
16 Bruno Zarrillo (2') - 17 Gaetano Orlando (A, 2') - 27 Lucio Topatigh (A, -2)
10 Lino De Toni (-1) - 9 Emilio Iovio (-1) - 19 Patrick Brugnoli (2')
12 Maurizio Mansi (-1, 2') - 91 Stefano Figliuzzi (-2) - 18 Alexander Gschliesser (-1)
28 Martin Pavlu (-1) - 32 Vezio Sacratini - 11 Roland Ramoser (2')

Défenseurs :
37 Michael De Angelis (-1) - 25 Anthony Circelli (-3)
6 Jimmy Camazzola (-1) - 7 William Stewart
4 Robert Oberrauch (C, -1, 4') - 3 Phil De Gaetano
41 Luigi Da Corte

Gardien :
33 David Delfino puis 34 Michael Rosati à 40'00"

Remplaçant : 5 Leo Insam (D). En réserve : 30 Bruno Campese (G).

Canada

Attaquants :
9 Paul Kariya (+3) - 93 Petr Nedved (+2, 2') - 27 Christopher Kontos (+3)
16 Wallace Schreiber (-1) - 12 Greg Johnson (-1) - 25 Jean-Yves Roy (+1)
18 Todd Warriner - 14 Brian Savage (+1, 2') - 10 Dwayne Norris (+1)

8 Fabian Joseph (C) - 22 Greg Parks (+1) - 7 Todd Hlushko (+1)

Défenseurs :
24 Mark Astley (+1) (+2) - 44 Brad Schlegel (A)
28 David Harlock (+1, 2') - 4 Derek Mayer (A, -1, 2')
3 Adrian Aucoin (+2) - 5 Brad Werenka (+1, 2')
33 Chris Therien (4') 6 Ken Lovsin (en infériorité numérique)

Gardien :
1 Corey Hirsch (2')

Remplaçant : Manny Legacé (G). En réserve : Allain Roy (G).

 

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