Metallurg Magnitogorsk - Eisbären Berlin (13 février 1999)

 

Demi-finale de l'EHL 1998/99.

Même s'ils n'étaient guère plus de vingt, les supporters de Berlin s'étaient déjà fait remarquer en chantant et en faisant tourner leurs écharpes pendant toute la première demi-finale. Ce n'était qu'un échauffement, car voici enfin le grand moment qu'ils attendaient : les Eisbären défient Magnitogorsk et rêvent d'une finale européenne Dynamo contre Dynamo (car c'est toujours le nom qu'ils scandent et qu'ils portent dans leurs cœurs) !

Le hockey sur glace de cette fin de siècle est devenu très pragmatique et le premier tiers-temps est fidèle à cette tendance. Les deux équipes se jaugent et évitent de prendre des risques. La seule ouverture est un 2 contre 1 que se créent les frères Koreshkov à la huitième minute, mais le palet s'échappe de la crosse de l'aîné Aleksandr. Udo Döhler, second gardien devenu titulaire dans les cages allemandes par la récente blessure de Brunetta, est solide, notamment sur un tir à bout portant d'Andrei Kudinov. En fin de période, une pénalité de Derek Mayer ne donne qu'un lancer lointain d'Oleg Mikulchik (photo de gauche), mais il n'est pas masqué.

Dès que la deuxième période débute, Magnitogorsk élève son niveau. Derek Mayer, le défenseur le plus expérimenté des Berlinois, est encore pénalisé, mais cette fois d'une pénalité de match après une crosse dans le visage d'Aleksandr Koreshkov. Ces cinq minutes de powerplay aboutissent à deux buts, un lancer balayé du défenseur Valeri Nikulin et un envoi de derrière la ligne de but de Sergei Gomolyako qui ricoche sur le patin du gardien. C'était peut-être censé être une passe pour Zemlyanoy monté au second poteau, mais dans tous les cas ça fait 2-0. Et ça aurait pu faire 3-0 quand un lancer de Ravil Gusmanov fait résonner le poteau de Döhler, qui n'a même pas eu le temps de réagir.

Au moment où les Eisbären reviennent au complet, c'est au tour d'un joueur de Magnitogorsk, Sergei Osipov, de prendre 5'+20', pour une charge contre la bande. Mais les Allemands sont bien moins convaincants en supériorité numérique. Ils laissent même Andrei Razin partir une contre-attaque, une action qui aboutit à une pénalité d'Andrew McKim. Quinze secondes plus tard, une obstruction d'Evgeni Koreskhkov maisse le Metallurg à 3 contre 4, mais il tient bon. Les Russes répondent même au jeu physique des nombreux Canadiens de Berlin, notamment grâce aux mises en échec solides de Mikulchik et Antipin.

Le public moscovite est conquis par le hockey "romantique" de Magnitogorsk : la pureté du patinage, la beauté du mouvement et la précision des passes ravivent en lui le souvenir des années 1970. Au troisième tiers, le défenseur Andrei Sapozhnikov déborde sur l'aile gauche et centre pour Aleksandr Koreshkov au premier poteau. Mike Bullard réduit certes le score, mais c'est le second frangin qui réplique. Evgeni Koreshkov, qui avait manqué les deux derniers matches de championnat de Russie à cause d'une blessure à la main, reçoit une passe près du but et bat son défenseur dans le même mouvement en parvenant à tirer en déséquilibre entre les jambes de Döhler. En fin de match, Gomolyako est empêché de tirer mais Andrei Razin hérite du palet et lance sans contrôle pour clore le score à 5-1.

C'est certain, c'est un club russe qui sera champion d'Europe. Alors que l'équipe nationale n'en finit plus de perdre, c'est un signe très positif qui traduit l'intérêt ravivé du championnat russe maintenant que la puissance financière de certains clubs a ramené des stars. Les spectateurs moscovites se sont réjouis de la victoire des provinciaux, mais pas autant que les 200 supporters venus de Magnitogorsk dans un avion affrêté spécialement par le directeur général de la compagnie métallurgique. Certains d'entre eux fêteront toute la nuit à l'hôtel Yunost de Moscou. Il faudra qu'ils se reposent avant le soir, et la grande finale...

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Valeri Belousov (entraîneur de Magnitogorsk, en photo) : "La finale, c'est la finale, et nous l'avons atteinte. C'est honorable. C'est sans aucun doute une joie que pour la première fois de l'histoire du hockey en Russie, deux de nos équipes s'affronteront pour la victoire finale. Tout ne va donc pas si mal dans le hockey russe. Que le plus fort gagne demain. L'équipe allemande était un peu un mystère, mais nous l'avions vue en action. C'est une équipe organisée et agressive qui conclut chaque attaque par un tir. Nous ne l'avions pas vue en vrai, et la première période nous a donc servi d'observation. En deuxième période, nous avons fini par convertir l'avantage numérique pour prendre le match en mains."

Peter John Lee (entraîneur des Eisbären Berlin) : "Nous avons fait une bonne première période. Mais la pénalité de cinq minutes en deuxième période et les deux buts encaissés ont rompu le match. Nous n'avons rien pu y changer. Nous avons affronté une équipe très forte et je lui souhaite bonne chance en finale. Bien sûr, la troisième place est importante. Mais après une telle déception émotionnelle ce sera très difficile."

Robert Leask (défenseur des Eisbären Berlin) : "En avantage numérique, il ne faut pas seulement lancer au but, mais aussi penser avec sa tête. Nos adversaires ont été meilleurs que nous dans ce domaine."

 

Metallurg Magnitogorsk - Eisbären Berlin 5-1 (0-0, 2-0, 3-1)
Samedi 13 février 1999 à 19h15 à la patinoire Loujniki de Moscou. 6 150 spectateurs.
Arbitres : František Rejthar (TCH) assisté de Jan Padevět et Radovan Křivský (TCH).
Pénalités : Magnitogorsk 39' (2', 4'+5'+20', 8'), Eisbären 39' (4', 2'+5'+20', 8').
Tirs : Magnitogorsk 25 (9, 9, 7), Eisbären 15 (3, 5, 7).

Évolution du score :
1-0 à 25'29" : Nikulin assisté de Sapozhnikov et Osipov (sup. num.)
2-0 à 27'26" : Gomolyako assisté de Razin (sup. num.)
3-0 à 43'14" : A. Koreshkov assisté de Sapozhnikov
3-1 à 46'39" : Bullard assisté de Fortier et Chitarroni
4-1 à 47'10" : E. Koreshkov assisté de Borodulin et Shafranov
5-1 à 58'58" : Razin assisté de Stepanov et Gomolyako
 

Metallurg Magnitogorsk

Attaquants :
Aleksandr Koreshkov - Evgeni Koreshkov (A, 2') - Ravil Gusmanov
Konstantin Shafranov - Mikhaïl Borodulin (C) - Sergei Osipov (5'+20')
Aleksei Stepanov - Andrei Kudinov - Valeri Karpov (2')
Sergei Gomolyako (A, 2') - Andrei Razin (2') - Dmitri Popov

Défenseurs :
Andrei Sapozhnikov - Andrei Sokolov
Vadim Glovatsky - Valeri Nikulin
Oleg Mikulchik (6') - Sergei Tertyshny
Vladimir Antipin - Igor Zemlyanoy

Gardien :
Boris Tortunov

Remplaçant : Sergei Zemchyonok (G). Absents : Aleksandr Golts (blessé), Andrei Petrakov (recrue tardive non inscrite en EHL).

Eisbären Berlin

Attaquants :
Mike Bullard - Marc Fortier - Mario Chitarroni
Pelle Svensson - Thomas Steen - Niklas Hede
Chris Govedaris - Andrew McKim (2') - Lorenz Funk jr
Yvon Corriveau (4') - Mikael Wahlberg - Sven Felski (2')
Andreas Brockmann

Défenseurs :
Ron Cowie - Rob Leask (2')
Leif Carlsson - Thomas Rhodin
Chad Biafore - Derek Mayer (2'+5'+20')
Darren Durdle (2')

Gardien :
Udo Döhler

Remplaçant : Sebastian Elwing (G). Absents : Mario Brunetta (G, cheville), Sandy Smith (recrue tardive non inscrite en EHL).

 

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