Coupe d'Europe 1935/36

 

Le président de la LIHG Paul Loicq a déconseillé la participation à la Coupe d'Europe dans laquelle il voyait de dangereuses tendances professionnelles, un objectif dont Jeff Dickson, le directeur du Palais des Sports de Paris à l'initiative de la compétition, ne se cache d'ailleurs pas. Il existe maintenant un tournoi franco-britannique, et parallèlement la Coupe créée dans les pays d'Europe occidentale s'ouvre également aux pays d'Europe de l'Est, sans les Anglais mais avec un club français engagé sur les deux fronts, les Français Volants de Paris. Le but est de développer le hockey sur glace dans tout le continent, et pour cela les organisateurs encouragent obligent chaque équipe à avoir au moins un Canadien dans ses rangs.

 

Groupe A

04/12/1935 BK Rapid Prague - BKE Budapest 6-2 (0-1,2-1,4-0)  Metzel, Godin, Kopal / Jeney, Gergely
06/12/1935 EK Engelmann - BKE Budapest 1-1 (0-0,1-0,0-1)  Göbl (Tatzer) / Minder
21/12/1935 Telefon Club Bucarest - BKE Budapest 1-2 (1-2,0-0,0-0)  Vakar / Miklos 2
25/12/1935 BKE Budapest - Rapid Prague 4-1 (0-0,3-0,1-1)  Miklos 3, Gergely / Godin
29/12/1935 Telefon Club Bucarest - Rapid Prague 2-2 (0-1,1-0,1-1)  Biro, Pana / ?, ?
03/01/1936 Telefon Club Bucarest - EK Engelmann 1-3 (1-0,0-2,0-1)  Brackl / Tatzer, Nowak, Quinn 
05/01/1936 BKE Budapest - EK Engelmann 1-1 (0-0,1-1,0-0)  Rona / Tatzer
07/01/1936 BKE Budapest - Telefon Club Bucarest 3-0
10/01/1936 EK Engelmann - Telefon Club Bucarest 6-0 (1-0,2-0,3-0)  Schneider (Schützler), Tatzer (Göbel), Nowak (Csöngei), Nowak (Schneider), Tatzer (Göbel), Nowak (Schneider)
13/01/1936 Rapid Prague - Telefon Club Bucarest 3-1
21/01/1936 Rapid Prague - EK Engelmann 2-1 (0-0,1-1,1-0)  Brand, Gobin / Tatzer
28/02/1936 EK Engelmann - Rapid Prague 5-2 (1-1,2-1,2-0)  Csöngei (Novak), Quinn (Tatzer), Quinn (Tatzer), Csöngei, Nowak (Csöngei) / Pergl, Mentzel

Classement (6 matches)

                              Pts  V  N  D   BP-BC  Diff
1 EK Engelmann Vienne       8   3  2  1   17-7   +10
2 BKE Budapest              8   3  2  1   13-10  +3
3 BK Rapid Prague           7   3  1  2   16-15  +1
4 Telefonclub Bucarest      1   0  1  5    5-19  -14

EKE Vienne : Ördögh / Schützler - Heim (ou Stuchly 1 match) / Schneider - Nowak - Csöngei ; Quinn - Tatzer - Göbl (ou Kirchberger 1 match)

BKE Budapest : Hircsak / Farkas - Rona (ou Barcza du BBTE, 1 match) / Jeney - Miklos - Minder / Haray - Sztoits - László Gergely (ou Andras Gergely)

Rapid Prague : Dr Krema / Bate - Schmaus/Pacalt / Godin - Mentzel - Koval ; Vanek - Pergl - Brant

Telefonclub Bucarest : Sprencz / Watters (puis Anastasiu) - Tucker / Bacaru - Brakl (puis Pana) - Petrovici ; Tico - Botez - Anastasiu (puis Brackl)

La Roumanie est certainement le pays pour lequel cette Coupe d'Europe est la plus nouvelle. Jamais on n'y avait vu jusqu'ici de hockeyeur nord-américain. Le dirigeant américain de la compagnie de téléphone roumain, Billy Tucker, accorde un salaire huit fois supérieur à celui de ses employés pour engager Bill Watters, envoyé par la fédération du Canada. Ce petit défenseur solide mais pas exceptionnel ne s'attendait pas à 36 ans à être accueilli comme une superstar après un très long voyage où il a vu sa valise volée sur un quai de gare de Hambourg. Le 2-2 face au Rapid est vécu comme un résultat exceptionnel. Mais au début du match contre les Autrichiens, devant 2000 spectateurs, Watters se blesse à l'épaule droite, et n'est pas complètement remis pour les rencontres à l'extérieur. Dénouement cruel pour le hockey roumain : ces lourdes défaites servent de prétexte à la fédération pour renoncer à la coûteuse participation aux Jeux olympiques.

Le défenseur juif hongrois László Róna - qui a appris le hockey au Hakoah de Vienne - participera pour sa part à ces JO dans l'Allemagne nazie. Auparavant, il se sera affirmé comme le hockeyeur le plus indispensable du BKE dans cette compétition européenne. Sa blessure au début du premier match à Prague coûte sans doute la défaite, et il est aussi absent le surlendemain. Ces trois points perdus d'entrée, Budapest ne les récupèrera jamais.

La qualification se joue donc dans une double confrontation entre le Rapid et l'EKE. Le gardien viennois Ördögh paraît en telle méforme à Prague qu'il en perd sa place de deuxième gardien dans l'équipe olympique autrichienne au profit d'Amenth (Innsbruck). Il joue mieux au match retour, occasion d'une cérémonie d'adieux pour les dix ans de carrière de Hans Tatzer dans le salon de verre avant le coup d'envoi. Les discours prononcés en son honneur sont diffusés par les haut-parleurs autour de la patinoire, mais malheureusement, les tribunes sont presque vides avec 400 spectateurs seulement. La pluie, qui s'arrêtera en deuxième période, les a dissuadés de venir. Engelmann gagne avec deux buts de Francis Quinn (son Canadien inconstant qui succèdera à Watters en Roumanie la saison suivante et paraîtra beaucoup moins bon) et se qualifie - en théorie... - pour la finale.

 

Groupe B

Le club belge du Brussels IHC est forfait général : il ne reste que trois équipes.

14/12/1935 Wiener EV - Français Volants 3-0 (0-0,2-0,1-0)  Kelly (Demmer), Demmer (Kelly), Brandl
17/12/1935 LTC Prague - Français Volants 2-3 (0-2,1-0,1-1)  MacIntyre, Buckna / Ramsey, Gaudette, Gagnon
24/12/1935 Français Volants - LTC Prague 4-3 (1-1,1-1,2-1)
31/12/1935 Français Volants - Wiener EV : reporté
09/01/1936 LTC Prague - Wiener EV 5-0 (2-0,1-0,2-0)  Malecek 2, Kucera, Buckna, ?
24/01/1936 Wiener EV - LTC Prague 2-2 (0-2,1-0,1-0)  Meitzner (Stanek), Manners (Kelly) / Trojak, McIntyre

Classement (4 matches)

                              Pts  V  N  D   BP-BC  Diff
1 Français Volants          4*  2  0  1    7-8   -1
2 Wiener EV                 3*  1  1  1    5-7   -2
3 LTC Prague                3   1  1  2   12-9   +3

* un match en moins

FV Paris : McCann / Ramsey - Cholette / Moussette - Gaudette - Gagnon  ; Boyard - Couttet (ou Volpert) - Savoye.

WEV Vienne : Weiss / Neumayer - Vojta (ou Gludovac 1 match) / Barry Kelly - Demmer - Horvath (ou Manners 1 match) ; Brandl - Stanek - Meitzner

LTC Prague : Peka / Buckna - Hromadka / Tosicka - Malecek - Kucera ; Trojak - MacIntyre - Cisar.

Le gardien Hermann Weiss retrouve son niveau d'antan dans les cages du WEV et blanchit les Français Volants, avec un soupçon de réussite : il est sauvé deux fois par son poteau, et perd de vue deux fois le palet qu'il retrouvé juste sur la ligne de but. L'armada parisienne, qui joue chaque match avec une intensité égale, aurait-elle sous-estimé son adversaire après sa victoire la veille en amical contre l'autre équipe viennoise (l'EKE) ? Son manager Charles Ritz s'en défend : "Les Viennois ont très bien joué et mérité leur victoire. Je ne leur en veux pas d'avoir joué la montre au dernier tiers-temps et régulièrement dégagé le palet. Nous l'avions fait une fois à Paris, et même pendant 40 minutes. En hockey, il n'y a pas de cadeau. Les Viennois sont très rapides, bien plus qu'il y a quelques années lors de leur visite à Paris. Nous gagnerons le match retour. Les Volants ne peuvent pas se faire éliminer de la Coupe d'Europe. Les Viennois doivent s'attendre au match de leur vie. Nos gars jouent devant 10 000 spectateurs déchaînés, et à Paris nous avons des balustrades hautes tout autour de la glace, ce sera un autre match."

Les Français Volants restaurent leur réputation trois jours plus tard à Prague devant 10 000 spectateurs. Ce match retour si bien annoncé contre les Autrichiens, en revanche, n'aura jamais lieu. Le WEV ferme sa patinoire et libère ses joueurs le 8 mars sans avoir trouvé de date pour aller jouer à Paris. Il n'y a donc pas de qualifié, et pas non plus de finale.

Cette première Coupe d'Europe, qui devait lancer le hockey européen dans une nouvelle dimension, tourne donc court. La Grande-Bretagne, qui a poursuivi la Coupe Internationale (franco-britannique) jusqu'au bout, apparaît comme la bouée de sauvetage pour la Jeff Dickson International Sports qui abandonnera bientôt l'Europe Continentale, France incluse...

 

 

La saison précédente (1934/35)

 

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