NHL 1950/51
Saison régulière (70 matches)
Pts V N D BP-BC Diff 1 Detroit Red Wings 101 44 13 13 236-139 +97 2 Toronto Maple Leafs 95 41 13 16 212-138 +74 3 Canadiens de Montréal 65 25 15 30 173-184 -11 4 Boston Bruins 62 22 18 30 178-197 -19 5 New York Rangers 61 20 21 29 169-201 -32 6 Chicago Black Hawks 36 13 10 47 171-280 -109
Chicago est troisième au tiers de la saison lorsque son capitaine "Black Jack" Stewart doit être opéré d'un disque intervertébral cassé. C'est le second défenseur blessé avec Bill Gadsby. Affaiblis, les Black Hawks ne gagnent que 2 de leurs 43 dernières rencontres (pour 4 nuls et 37 défaites) et sont complètement largués. Le gardien Chuck Rayner maintient longtemps les New York Rangers dans la course à la qualification, mais il finit par craquer un peu dans la dernière semaine.
Meilleurs marqueurs de la saison régulière
MJ B A Pts Pén 1 Gordie Howe Detroit 70 43 43 86 74' 2 Maurice Richard Montréal 65 42 24 66 97' 3 Max Bentley Toronto 67 21 41 62 34' 4 Sid Abel Detroit 69 23 38 61 30' 5 Milt Schmidt Boston 62 22 39 61 33' 6 Ted Kennedy Toronto 63 18 43 61 32' 7 Ted Lindsay Detroit 67 24 35 59 110' 8 Tod Sloan Toronto 70 31 25 56 105' 9 Leonard "Red" Kelly Detroit 70 17 37 54 24' 10 Sid Smith Toronto 70 30 21 51 10' 11 Cal Gardner Toronto 66 23 28 51 42' 12 Roy Conacher Chicago 70 26 24 50 16' 13 Elmer Lach Montréal 65 21 24 45 48' 14 Woody Dumart Boston 70 20 21 41 7' 15 Bert Olmstead Chi./Mont. 54 18 23 41 50'
Meilleurs gardiens
MJ Min Moy. 1 Al Rollins Toronto 40 2373 1,77 (Vézina) 2 Terry Sawchuk Detroit 70 4200 1,99 3 Walter "Turk" Broda Toronto 31 1827 2,23 4 Gerry McNeil Montréal 70 4200 2,63 5 Jack Gelineau Boston 70 4200 2,81
Les trophées
Meilleur joueur (trophée Hart) : Milt Schmidt (Boston Bruins).
Meilleure recrue (trophée Calder) : Terry Sawchuk (Detroit Red Wings).
Fair-play (trophée Lady Byng) : Leonard "Red" Kelly (Detroit Red Wings).
Première équipe all-star : Terry Sawchuk (Detroit) ; Bill Quackenbush (Boston) - "Red" Kelly (Detroit) ; Ted Lindsay (Detroit) - Milt Schmidt (Boston) - Gordie Howe (Detroit).
Deuxième équipe all-star : Chuck Rayner (New York) ; Leo Reise (Detroit) - Jimmy Thomson (Toronto) ; Sid Smith (Toronto) - Ted Kennedy (Toronto) et Sid Abel (Detroit) ex-æquo - Maurice Richard (Montréal).
Play-offs
Demi-finales
27, 29, 31 mars, 3, 5 et 7 avril 1951
Detroit - Montréal 2-3 a.p. (1-1,1-1,0-0,0-0,0-0,0-0,0-1) Detroit - Montréal 0-1 a.p. (0-0,0-0,0-0,0-0,0-0,0-1) Montréal - Detroit 0-2 (0-0,0-1,0-1) Montréal - Detroit 1-4 (0-2,1-0,0-2) Detroit - Montréal 2-5 (2-0,0-3,0-2) Montréal - Detroit 0-1 (0-0,0-0,0-1)
Les Red Wings ont certes dominé la saison régulière, mais ils ont peu fait tourner leur banc. Par conséquent, la "Production Line" Abel-Howe-Lindsay, très utilisée, arrive fatiguée en playoffs. Or, c'est une épreuve d'endurance qui s'engage : les deux premières parties durent 121 et 102 minutes de jeu effectif, trop tard pour une partie du public car les sièges se sont en partie vidés ! À chaque fois, c'est la vedette montréalaise Maurice Richard qui débloque la situation en prolongation. Le public de Detroit, très sportif, applaudit le gardien adverse Gerry McNeil, qui n'a encaissé que 2 buts en 111 tirs. Gordie Howe fête son anniversaire (23 ans) en mettant fin aux 218 minutes d'invincibilité de McNeil, et Detroit revient à égalité dans la série. Menés de deux buts au cinquième match, les Canadiens renversent le score après un coup de poing de Maurice Richard (pénalité majeure) sur Ted Lindsay, qui l'avait insulté. Hormis ce geste, c'est une série de grande qualité de hockey : le sixième match, sans la moindre pénalité sifflée (!), donne ainsi lieu à un final éblouissant. Les Canadiens, à qui certains experts prédisaient la dernière place cette saison, sont en finale !
28, 31 mars, 1er, 3, 7 et 8 avril 1951
Toronto - Boston 0-2 (0-1,0-0,0-1) Toronto - Boston 1-1 a.p. (1-0,0-1,0-0,0-0) [arrêté à 23h40 par le couvre-feu dominical*] Boston - Toronto 0-3 (0-0,0-2,0-1) Boston - Toronto 1-3 (1-0,0-2,0-1) Toronto - Boston 4-1 (1-0,1-0,2-1) Boston - Toronto 0-6 (0-2,0-1,0-3)
* la Ville de Toronto impose un couvre-feu qui interdit toute pratique sportive le dimanche (réservé à l'église) ; comme on n'a plus le temps de jouer une deuxième prolongation, le match est arrêté sur un score nul et la série se poursuit.
Al Rollins, le gardien de Toronto, s'est blessé au genou après seize minutes au premier match dans une collision avec Peter Horeck, qui n'aurait rien fait pour l'éviter. Le vétéran "Turk" Broda le remplace parfaitement. Boston pâtit en revanche beaucoup plus des blessures : Johnny Peirson est hors d'état de jouer, et les deux joueurs-clés sont présents mais diminués par des blessures : le défenseur Bill Quackenbush est touché aux deux poignets, alors que le capitaine Milt Schmidt a vu une douleur se réveiller dans son genou, déjà bandé depuis quelques semaines.
Finale (11, 14, 17, 19 et 21 avril 1951)
Toronto - Montréal 3-2 a.p. (2-1,0-1,0-0,1-0) Toronto - Montréal 2-3 a.p. (0-1,1-1,1-0,0-1) Montréal - Toronto 1-2 a.p. (1-0,0-1,0-0,0-1) Montréal - Toronto 2-3 a.p. (1-1,0-1,1-0,0-1) Toronto - Montréal 3-2 a.p. (0-0,1-1,1-1,1-0)
Les Leafs ont marqué 22 points sur 28 possibles en saison régulière contre les Canadiens, mais les confrontations sont beaucoup plus serrées dans cette finale., puisque chaque match va en prolongation ! L'ailier gauche Sid Smith est placé face à Maurice Richard, mais au lieu de le tenir de près selon la tactique la plus répandue, il joue sa propre carte offensive et marque un doublé au premier match, dont le but vainqueur. Parfois contesté pour son manque de repli défensif, le "Rocket" met tout le monde d'accord par sa capacité à marquer des buts décisifs : il répond dans la prolongation suivante en reprenant de volée une passe de Doug Harvey ! Le héros du Québec quitte la glace en tendant sa crosse à un spectateur qui la donne à un enfant invalide et quitte la glace en dernier sous l'ovation de la foule (oui, à Toronto !). Conn Smythe, le directeur des Leafs, a alors cette phrase à propos de Maurice Richard : "Il est les Trois Mousquetaires de la NHL. D'Artagnan, Porthos et Athos en une seule personne". Quand on lui fait remarquer que D'Artagnan n'est pas dans les trois et qu'il a oublié Aramis, Smythe ne se démonte pas et réplique : "Aramis ? C'est le coach Dick Irvin sur le banc."
Aramis/Irvin ne fera que se lamenter dans les deux rencontres suivantes : il joue au malheureux qui n'a jamais eu de chance en play-offs (il n'a gagné "que" trois Coupes Stanley) parce que le palet tourne toujours en faveur de l'équipe adverse. Le but du Rocket ayant été fatal à Broda, Al Rollins a repris sa place dans les cages de Toronto. La même ligne continue d'inscrire les buts en prolongation pour les Leafs : après Smith, c'est au tour de ses partenaires Ted Kennedy et Harry Watson d'être les héros.
Mais le héros de ce sixième Coupe Stanley en dix ans pour Toronto, c'est le défenseur Bill Barilko. Déjà meilleur joueur de son équipe en demi-finale, il a empêché deux fois au cours de la finale des buts en prolongation de Maurice Richard par ses interventions désespérées, de la crosse puis avec son corps. Au cinquième match, il plonge encore, mais cette fois devant la cage adverse pour prendre un rebond gagnant. Barilko mourra dans un accident d'avion quatre mois plus tard : il était parti pour un week-end de pêche avec son dentiste dans un monomoteur. Les débris de l'appareil seront retrouvés en 1962... année du prochain titre des Leafs.
Joe Primeau, 45 ans, a déjà remporté deux fois la Coupe Memorial avec le Toronto St. Michael's College chez les juniors en 1945 et 1947, puis la Coupe Allan (le championnat amateur canadien) avec les Toronto Marlboros l'an passé : l'entraîneur débutant en NHL poursuit donc sa conquête des plus prestigieux trophées du hockey canadien en soulevant la Coupe Stanley. Les rumeurs annoncent depuis plusieurs semaines son intention de démissionner, soit parce qu'il serait mécontent des interférences de ses dirigeants, soit parce qu'il voudrait retourner à une vie professionnelle plus calme dans la manufacture de blocs de ciment. Il finit par sortir de sa réserve pendant la finale en expliquant qu'il restera en poste tant qu'on voudra de lui.
Meilleurs marqueurs des play-offs
MJ B A Pts Pén 1 Maurice Richard Montréal 11 9 4 13 13' 2 Max Bentley Toronto 11 2 11 13 4' 3 Sid Smith Toronto 11 7 3 10 0' 4 Ted Kennedy Toronto 11 4 5 9 6' Tod Sloan Toronto 11 4 5 9 18' 6 Sid Abel Detroit 6 4 3 7 0' Gordie Howe Detroit 6 4 3 7 4' Joe Klukay Toronto 11 4 3 7 0'
La saison précédente (1949/50)