NHL 1974/75
Deux nouvelles franchises intègrent la ligue, les Washington Capitals et les Kansas City Scouts. Les divisions est et ouest sont renommées respectivement "Conférence Prince de Galles" (scindée en divisions Adams et Norris) et "Conférence Clarence Campbell" (scindées en divisions Patrick et Smythe). Le découpage de moins en moins géographique explique les noms un peu plus obscurs données aux conférences, dédiés à des personnalités de l'histoire de la NHL. La saison régulière compte deux parties supplémentaires, passant de 78 à 80.
Classements (80 matches)
Les vainqueurs de division accèdent en quart de finale ; les deuxièmes et troisièmes de division au tour préliminaire. Les appariements en play-offs seront déterminés à chaque tour par le classement général.
Division Adams
Pts V N D BP-BC Diff 2 Buffalo Sabres 113 49 15 16 354-240 +114 5 Boston Bruins 94 40 14 26 345-245 +100 13 Toronto Maple Leafs 78 31 16 33 280-309 -29 16 California Golden Seals 51 19 13 48 212-316 -104
Division Norris
Pts V N D BP-BC Diff 3 Canadiens de Montréal 113 47 19 14 374-225 +149 4 Los Angeles Kings 105 42 21 17 269-185 +84 6 Pittsburgh Penguins 89 37 15 28 326-289 +37 14 Detroit Red Wings 58 23 12 45 259-335 -76 18 Washington Capitals 21 8 5 67 181-446 -265
Division Patrick
Pts V N D BP-BC Diff 1 Philadelphia Flyers 113 51 11 18 293-181 +112 7 New York Rangers 88 37 14 29 319-276 +43 8 New York Islanders 88 33 22 25 264-221 +43 11 Atlanta Flames 83 34 15 31 243-233 +10
Division Smythe
Pts V N D BP-BC Diff 9 Vancouver Canucks 86 38 10 32 271-254 +17 10 Saint Louis Blues 84 35 14 31 269-267 +2 12 Chicago Black Hawks 82 37 8 35 268-241 +27 15 Minnesota North Stars 53 23 7 50 221-341 -120 17 Kansas City Scouts 41 15 11 54 184-328 -144
Les Kings de Los Angeles constituent la surprise de la saison et attirent plus de spectateurs que les basketteurs locaux des Lakers. Le gardien québécois au petit gabarit Rogie Vachon est la star de la ville californienne. Le hockey défensif des Kings leur permet de contester longtemps la première place supposée incontestable des Canadiens dans la division Norris. C'est finalement le tenant du titre Philadelphie qui remporte la palme de la meilleure défense, tout comme la première place au classement général dans une égalité à trois avec Buffalo (et sa "French Connection", la ligne Martin-Perreault-Robert) et Montréal.
Les résultats des équipes d'expansion sont catastrophiques et les Capitals de Washington présentent le pire bilan de l'histoire du hockey professionnel.
Meilleurs marqueurs de la saison régulière
MJ B A Pts +/- Pén 1 Bobby Orr Boston 80 46 89 135 +80 101' 2 Phil Esposito Boston 79 61 66 127 +18 62' 3 Marcel Dionne Detroit 80 47 74 121 -15 14' 4 Guy Lafleur Montréal 70 53 66 119 +52 37' 5 Pete Mahovlich Montréal 80 35 82 117 +41 64' 6 Bobby Clarke Philadelphie 80 27 89 116 +79 125' 7 René Robert Buffalo 74 40 60 100 +6 75' 8 Rod Gilbert NY Rangers 76 36 61 97 +1 22' 9 Gilbert Perreault Buffalo 68 39 57 96 +1 36' 10 Richard Martin Buffalo 68 52 43 95 +5 72' 11 Jacques Lemaire Montréal 80 36 56 92 +25 20' 12 Jean Ratelle NY Rangers 79 36 55 91 +1 26' 13 Steve Vickers NY Rangers 80 41 48 89 +10 64' 14 Danny Grant Detroit 80 50 37 87 -11 28' 15 Stan Mikita Chicago 79 36 50 86 +14 48'
Meilleurs gardiens
Min Moy. 1 Bernie Parent Philadelphie 4041 2,03 (Vézina) 2 Rogatien Vachon Los Angeles 3239 2,24 3 Gary Edwards Los Angeles 1561 2,34 4 Glenn "Chico" Resch NY Islanders 1432 2,47 5 Roger Crozier Buffalo 1260 2,62 6 Ken Dryden Montréal 3320 2,69 7 Tony Esposito Chicago 4219 2,74 8 Billy Smith NY Islanders 3368 2,78
Les trophées
Meilleur joueur (trophée Hart) : Bobby Clarke (Philadelphia Flyers).
Meilleur joueur élu par ses pairs (trophée Lester B. Pearson) : Bobby Orr (Boston Bruins).
Meilleur défenseur (trophée Norris) : Bobby Orr (Boston Bruins).
Meilleure recrue (trophée Calder) : Eric Vail (Atlanta Flames).
Fair-play (trophée Lady Byng) : Marcel Dionne (Detroit Red Wings).
Persévérance (trophée Masterton) : Don Luce (Buffalo Sabres).
Meilleur entraîneur (trophée Jack Adams) : Bob Pulford (Los Angeles Kings).
Première équipe all-star : Bernie Parent (Philadelphie) ; Bobby Orr (Boston) - Denis Potvin (NY Islanders) ; Rick Martin (Buffalo) - Bobby Clarke (Philadelphie) - Guy Lafleur (Montréal).
Deuxième équipe all-star : Rogatien Vachon (Los Angeles) ; Guy Lapointe (Montréal) - Börje Salming (Toronto) ; Steve Vickers (NY Rangers) - Phil Esposito (Boston) - René Robert (Buffalo).
Play-offs
Tour préliminaire (8, 10 et 11 avril 1975)
Los Angeles - Toronto 3-2 a.p. (1-1,1-0,0-1,1-0) Toronto - Los Angeles 3-2 a.p. (1-0,0-1,1-1,1-0) Los Angeles - Toronto 1-2 (0-1,0-1,1-0) Boston - Chicago 8-2 (3-0,3-0,2-2) Chicago - Boston 4-3 a.p. (2-0,1-2,0-1,1-0) Boston - Chicago 4-6 (0-2,3-3,1-1) Pittsburgh - Saint Louis 4-3 (0-2,1-0,3-1) Saint Louis - Pittsburgh 3-5 (2-2,1-1,0-2) New York Rangers - New York Islanders 2-3 (0-0,2-0,0-3) New York Islanders - New York Rangers 3-8 (1-4,1-3,1-1) New York Rangers - New York Islanders 3-4 a.p. (0-1,0-2,3-0,0-1)
Deux des favoris passent à la trappe dans ce premier tour en trois manches, source d'incertitude : Los Angeles et Boston n'arrivent pas à conclure à l'extérieur, battus par des buts en prolongation de Blaine Stoughton (Toronto) et Ivan Boldirev (Chicago), puis se font piéger chez eux par des contre-attaques.
Le duel new-yorkais était attendu serré entre deux équipes qui avaient terminé avec des bilans identiques. Menés 3-0 au match décisif, les Rangers parviennent à égaliser par deux buts de Bill Fairbairn et un de Steve Vickers. Mais au coup d'envoi du temps supplémentaire, les Islanders envoient le palet au fond, Jude Drouin devance un Vickers hésitant dans le coin gauche et centre pour Jean-Paul Parisé, qui parvient à dévier victorieusement le palet avant d'être encerclé et plaqué par les bras du défenseur Brad Park. En onze secondes, la prolongation s'est achevée, et le premier derby new-yorkais en séries entre dans la légende.
Quarts de finale (13, 15, 17, 19, 22, 24 et 26 avril 1975)
Philadelphie - Toronto 6-3 (2-0,0-3,4-0) Philadelphie - Toronto 3-0 (0-0,2-0,1-0) Toronto - Philadelphie 0-2 (0-1,0-1,0-0) Toronto - Philadelphie 3-4 a.p. (2-2,0-1,1-0,0-1) Buffalo - Chicago 4-1 (3-0,0-1,1-0) Buffalo - Chicago 3-1 (3-1,0-0,0-0) Chicago - Buffalo 5-4 a.p. (3-2,1-1,0-1,1-0) Chicago - Buffalo 2-6 (1-0,0-1,1-5) [le 20 avril] Buffalo - Chicago 3-1 (0-1,1-0,2-0) Montréal - Vancouver 6-2 (2-2,2-0,2-0) Montréal - Vancouver 1-2 (0-0,1-1,0-1) Vancouver - Montréal 1-4 (1-0,0-3,0-1) Vancouver - Montréal 0-4 (0-0,0-2,0-2) Montréal - Vancouver 5-4 a.p. (0-1,2-2,2-1,1-0) Pittsburgh - New York Islanders 5-4 (3-1,0-1,2-2) Pittsburgh - New York Islanders 3-1 (0-0,2-0,1-1) New York Islanders - Pittsburgh 4-6 (0-2,1-1,3-3) New York Islanders - Pittsburgh 3-1 (1-0,0-1,2-0) [le 20 avril] Pittsburgh - New York Islanders 2-4 (0-2,1-1,1-1) New York Islanders - Pittsburgh 4-1 (0-0,2-1,2-0) Pittsburgh - New York Islanders 0-1 (0-0,0-0,0-1)
Menant 3 victoires à 0, les Penguins de Pittsburgh se préparent déjà à une alléchante "bataille de Pennsylvanie" contre Philadelphie en demi-finale. Les Islanders vivent les premiers play-offs de leur jeune histoire et ne veulent pas s'arrêter là. À la causerie avant le quatrième match, l'entraîneur Al Arbour demande à tout joueur qui ne croirait pas l'équipe capable de se qualifier de s'en aller. Bien évidemment, personne ne part. Le gardien Billy Smith ayant été faible jusqu'ici, Arbour fait confiance à son rookie Glenn Resch, surnommé "Chico" par ses équipiers et par ses supporters qui acclament son nom. À partir de ce moment, tout réussit à "Chico", qui termine la série par un blanchissage : il en embrasse ses poteaux qui l'ont sauvé plusieurs fois en début de match. Le score reste vierge jusqu'à cinq minutes de la fin, quand le capitaine Ed Westfall marque le but gagnant du revers. Les Islanders se qualifient après avoir perdu les trois premières manches, ce qui n'avait été fait qu'une seule fois dans l'histoire de NHL (par Toronto dans la finale 1942 contre Detroit).
Demi-finales
29 avril, 1er, 4, 7, 8, 11 et 13 mai 1975
Buffalo - Montréal 6-5 a.p. (3-2,1-2,1-1,1-0) Buffalo - Montréal 4-2 (1-0,1-1,2-1) Montréal - Buffalo 7-0 (2-0,1-0,4-0) Montréal - Buffalo 8-2 (2-1,2-0,4-1) Buffalo - Montréal 5-4 a.p. (3-2,0-1,1-1,1-0) Montréal - Buffalo 3-4 (1-3,0-1,2-1)
La "French Connection" n'est pas seule pour éliminer Montréal. La troisième ligne de Buffalo (Craig Ramsay - Don Luce - Danny Gare) se montre décisive à domicile avec le but en prolongation de Gare au premier match, un but chacun au deuxième match et deux buts de Ramsay au cinquième match, avant que René Robert ne donne la victoire sur un engagement gagné par Gilbert Perreault. Si les Canadiens ont explosé deux fois leurs adversaires au Forum, le sixième match prend une tournure très différente : Ramsay - en infériorité - et Rick Martin marquent dans les neuf premières minutes, et Montréal ne reviendra jamais.
27, 29 avril, 1er, 3, 6 et 8 mai 1975
Philadelphie - New York Islanders 4-0 (1-0,2-0,1-0) Philadelphie - New York Islanders 5-4 a.p. (3-1,1-1,0-2,1-0) New York Islanders - Philadelphie 0-1 (0-0,0-0,0-1) New York Islanders - Philadelphie 4-3 a.p. (1-0,2-2,0-1,1-0) Philadelphie - New York Islanders 1-5 (0-1,0-2,1-2) New York Islanders - Philadelphie 2-1 (0-1,1-0,1-0) Philadelphie - New York Islanders 4-1 (3-1,0-0,1-0)
Tandis que les Islanders perdent encore les trois premières rencontres, Al Arbour plaisante avec ses hommes que le tableau de marche est respecté. Et une fois de plus, le miracle est près de se produire, car ils forcent un septième match. Mais les Flyers de Philadelphie ont une arme secrète, leur chanson porte-bonheur, God bless America interprétée par Kate Smith : ils gagnent 92% de leurs rencontres quand l'hymne national est remplacé par ce morceau. Comme lors du sixième match du titre 1974, la chanteuse est là en personne pour la cérémonie d'avant match, et elle prend le micro jusque dans le demi-cercle de "Chico" Resch. Le jeune gardien est perturbé dans ses rituels d'avant-match, et il encaisse un tir lointain de Gary Dornhoefer après seulement 19 secondes de jeu. La belle histoire des New York Islanders s'arrête là.
Finale (15, 18, 20, 22, 25 et 27 mai 1975)
Philadelphie - Buffalo 4-1 (0-0,0-0,4-1) Philadelphie - Buffalo 2-1 (0-0,1-1,1-0) Buffalo - Philadelphie 5-4 a.p. (2-3,1-1,1-0,1-0) Buffalo - Philadelphie 4-2 (0-1,3-1,1-0) Philadelphie - Buffalo 5-1 (3-0,2-0,0-1) Buffalo - Philadelphie 0-2 (0-0,0-0,0-2)
C'est la première finale entre deux équipes d'expansion, sans aucun des "Original Six". En cinq ans d'existence, les Sabres de Buffalo n'ont jamais gagné une seule fois à Philadelphie, ni remporté de victoire face au gardien Bernie Parent. Pour le battre, encore faut-il déjà tirer au but : ils ne cadrent pas le moindre lancer après le but décisif de Bobby Clarke (46'43") au deuxième match, ce qui donne la mesure de la performance défensive des Flyers qui étouffent leurs adversaires dans un duel défensif et physique.
L'invincibilité de 15 rencontres des Flyers contre les Sabres semble devoir se poursuivre au troisième match. Le gardien titulaire de Buffalo, Gerry Desjardins, encaisse trois buts en six tirs et est remplacé par Roger Crozier après la première période. Il fait si chaud qu'un brouillard se forme et oblige d'interrompre le jeu à douze reprises ! Dans cette atmosphère brumeuse, une chauve-souris vole au milieu des joueurs et Jim Lorentz, le centre des Sabres, la tue d'un coup de crosse, ce que certains supporters superstitieux de Buffalo considère comme un mauvais présage. Le match est interminable et René Robert l'achève d'un tir de sept mètres après 18 minutes et demie de prolongation. Les Sabres reviennent ensuite à deux victoires partout.
Philadelphie remporte facilement le cinquième match avec un doublé inhabituel du recordman des pénalités Dave Schultz, la terreur de la ligue. Mais le joueur décisif, comme l'an passé, est le gardien québécois Bernard ("Bernie") Parent, qui assure le titre par un blanchissage de 32 arrêts.
Meilleur joueur des play-offs (trophée Conn-Smythe) : Bernie Parent (Philadelphia Flyers).
Meilleurs marqueurs des play-offs :
MJ B A Pts Pén 1 Rick MacLeish Philadelphie 17 11 9 20 8' 2 Guy Lafleur Montréal 11 12 7 19 15' 3 Jude Drouin NY Islanders 17 6 12 18 6' 4 Jean-Paul Parisé NY Islanders 17 8 8 16 22' 5 Pete Mahovlich Montréal 11 6 10 16 10' 6 Bobby Clarke Philadelphie 17 4 12 16 16' 7 Richard Martin Buffalo 17 7 8 15 20' 8 Bill Barber Philadelphie 17 6 9 15 8' 9 Gilbert Perreault Buffalo 17 6 9 15 10'
La saison précédente (1973/74)