Octobre 2020 : anecdotes

 

Le hockey comme vecteur de contamination

"On n'a jamais entendu parler d'un cluster qui se serait formé en pratiquant notre activité", entend-on chaque secteur de la vie professionnelle ou sociale s'exclamer pour se protéger des conséquences indirectes également redoutables de la Covid-19. Le hockey sur glace n'échappe pas à la règle, mais il est démenti par un rapport du CDC, le Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies. Cet organisme très suivi par ses homologues à travers le monde - et donc pris en compte pour déterminer les mesures sanitaires et les politiques publiques qui en découlent - a publié mi-octobre un rapport évoquant la contamination de 15 personnes par un présumé malade originel lors d'un match de hockey loisir en Floride en juin dernier. C'est la plus importante contamination recensée dans une publication médicale pour une rencontre sportive depuis le début de la pandémie.

L'immunité collective des hockeyeurs tchèques

73,3% des hockeyeurs d'Extraliga tchèque ont déjà été contaminés par la Covid-19 depuis août. C'est l'argument utilisé par les clubs tchèques dans une lettre ouverte au Ministre de la Santé... pour lui demander de les laisser reprendre leur activité, totalement arrêtée depuis la mi-octobre. En somme, puisqu'ils ont déjà tous développé des anticorps, l'interdiction de jouer et même de s'entraîner ne sert plus à rien ! Depuis cette lettre, le Ministre de la Santé en poste depuis un mois a démissionné après une photo d'un tabloïd le montrant sortant d'un restaurant censé être fermé (où se tenait une réunion d'affaires et non un repas, s'est-il défendu). Avec le changement d'interlocuteur, les négociations sont au point mort.

Capitaine en double

Des jumeaux désignés capitaines d'une même équipe, c'est la décision insolite qu'a prise les Yorkton Terriers, une équipe junior de la ligue du Saskatchewan. Les élus sont Keenan et Kaeden Taphorn, deux attaquants de 20 ans qui sont justement natifs de cette ville de 16 000 habitants.

MIK en voie de disparition

Bon nombre de clubs souffrent désormais de la crise économique en plus de la crise sanitaire. C'est le cas en Suède du Mora IK, pensionnaire de l'Allsvenskan mais qui jouait encore en élite en 2019, et dont l'existence même est en danger. On estime que le MIK a dernièrement contracté des pertes à hauteur de 19 millions de couronnes (près de 2 millions d'euros) à cause des effets de la pandémie. La mobilisation est désormais de rigueur, et l'opération "Mora for Life" a été enclenchée... par un chanteur.

Joacim Cans est le chanteur du groupe de Metal HammerFall, un groupe que l'on associe à Göteborg mais Cans est natif de Mora et il est donc un fan assidu du MIK. "Mora for life" a pour vocation de rechercher des sponsors et récupérer des fonds via des enchères ou des loteries.

Arizona dans la tourmente

Les Coyotes de l'Arizona n'allaient pas faire de vague lors de la draft 2020... Leur premier choix n'avait lieu qu'au 4e tour, à la 111e position : les chances d'y obtenir un joueur d'impact restent modestes et généralement, personne ne parle de ces joueurs choisis si loin. Pourtant, le défenseur Mitchell Miller se retrouve au coeur d'une importante polémique. Ce joueur repéré par les États-Unis - il porte le maillot national pour le World Junior A Challenge - a été rattrapé par des faits avérés de harcèlement extrêmement graves envers Isaiah Meyer-Crothers, un jeune Afro-Américain au léger handicap mental. Miller a été en effet convoqué par la justice il y a quatre ans pour des faits récurrents. Parmi les "blagues" atroces, citons le bâtonnet de bonbon passé dans un urinoir pour piéger sa victime. Il a reconnu les faits au cours de cette convocation, sans jamais s'excuser.

Sa sélection lors de la draft termine un long processus où les institutions du hockey ont fermé les yeux sur ces faits d'un jeune de 14 ans, en se disant qu'il allait changer, grandir. Pourtant, les quelques équipes NHL qui l'ont interviewé n'ont jamais lu le moindre remors dans ses yeux. Bref, que plusieurs équipes conservent malgré tout le joueur dans leurs listes apparaît comme une confirmation qu'on passera à peu près tout à un joueur blanc de talent, plus ou moins issu du sérail. La vie chamboulée de Isaiah Meyer-Crothers, qui a dû subir de nombreux tests (HIV, hépatite...) après cette scandaleuse histoire de bonbon et a vécu l'enfer pendant des années n'a pas semblé peser pour Arizona.

Les révélations dans la presse cette semaine ont cependant fait basculer les choses. Devant le tollé provoqué par cette affaire, le staff des Coyotes, bien embarrassé, a décidé de renoncer officiellement à ce choix de draft. Le CEO Xavier Gutierrez, très engagé sur les thématiques de diversité et d'anti-racisme pendant les affaires Black Lives Matter, se retrouve un peu en posture d'arroseur arrosé... Il avoue offiellement dans son communiqué avoir eu connaissance des faits reprochés à Mitchell Miller et avoir eu le désir de s'en servir comme d'une "éducation", de le rendre plus responsable. Dans une NHL où Akim Aliu ou Josh Ho-Sang ont perpétuellement été rejetés à cause d'accusations infondées sur "l'attitude", ce genre de passe-droits pour un blanc a forcément fait grincer des dents.

Miller a été le tout premier choix du nouveau manager général d'Arizona, Bill Armstrong, qui s'est réfugié derrière une transition précipitée à son nouveau poste : selon un accord avec son ancienne équipe de St. Louis, il n'avait pas le droit de travailler sur cette draft. Une façon de se défausser sur ses scouts, pas très glorieuse. Arizona déclare ainsi "devoir faire le bon choix", "travailler pour devenir une franchise modèle sur et en dehors de la glace". Des mots bien creux, car si la pression médiatique n'avait pas pesé, Mitchell Miller aurait sans aucun doute suivi sa route tranquillement dans le système. Le voici désormais agent libre et disponible pour toute équipe NHL... mais, chat échaudé, il serait surprenant d'en voir une tenter sa chance. Reste maintenant une décision : celle de l'université North Dakota, que Miller devait rejoindre en NCAA, et qui n'a à ce jour pas réagi...

Le derby de la bonne cause

L'Ak Bars Kazan de Stéphane Da Costa et le Barys ont un point en commun, les deux clubs KHL ont le même symbole : l'once ou panthère des neiges. Au-delà de la rivalité, les deux organisations se sont entendues pour soutenir la protection de ce magnifique félin menacé de disparition. La création d'activités thématiques à chaque rencontre entre les deux équipes - dont le 23 octobre, journée internationale de la panthère des neiges - permet de collecter des fonds.

Chacun de leur côté, les clubs sont mobilisés. L'Ak Bars et son principal sponsor Tatneft investissent dans des pièges photo / vidéo pour mieux comprendre les habitudes de ce gros chat des montagnes, aussi pour lutter contre le braconnage, des initiatives concrétisées dans le Parc National de Saylyugemsky, situé dans les montagnes de l'Altaï. Le Barys n'est pas en reste et coopère avec le Programme des Nations Unies pour le développement du Kazakhstan qui possède un plan de sauvegarde de la panthère des neiges.

Le gardien boulanger

Évoluer de manière pérenne en NHL, c'est en quelque sorte avoir le don du hockey, l'avoir dans le sang. Mais certains joueurs ont bien d'autres talents. C'est le cas de Louis Domingue, gardien de 28 ans qui a régalé cet été dans la bulle NHL ses coéquipiers des Canucks de Vancouver. Domingue est en effet un boulanger-pâtissier chevronné. Plus jeune, il a travaillé chez Duvernay-Tardif, une boulangerie renommée de sa ville natale de Mont-Saint-Hilaire. Alors le Québécois n'hésite pas à en faire profiter son entourage quand il le peut.

Dernièrement, dans une boulangerie de Montréal, Domingue a préparé 40 tartes aux pommes, 90 chaussons et 120 pains aux raisins pour la bonne cause : récolter des fonds pour la fondation Véro & Louis, une association venant en aide aux adultes souffrant d'autisme. Côté hockey, Louis Domingue quittera Vancouver pour Calgary, dans le sillage de son complice Jacob Markström, qui pourra continuer de profiter des compositions sucrées du Québécois.

 

 

Les citations du mois

 

"Le coronavirus a un peu changé mes plans, il m'a donné une motivation supplémentaire. Il faut voir le bon côté des choses."

Jaromír Jágr a confirmé à isport.cz qu'il jouera bien au hockey jusque ses 50 ans, il en aura 49 en février prochain. Annoncerait-on un confinement de dix ans qu'il parlerait peut-être de jouer à 60 ans...
 

"Je crois qu’une fois que le championnat du monde sera annulé, il faudrait stopper la saison et la reprendre en mars… Je ne vois que cette issue pour sauver le hockey français et ses clubs."

Jérôme Escallier, président de Gap, dans le Dauphiné Libéré
 

"On me laisse aller jusqu'au bout, je dépose un protocole qui fait 100-150 pages en préfecture en étant le seul club en France qui l'ait fait valider par l'AFNOR pour protéger son public. [...] Lorsqu'on a validé tous ces préalables et qu'on reçoit un mail laconique qui dit non, vous ne jouez pas, au-delà de tout contexte, c'est un manque de respect. [...] Vous me posez la question directement, je vous dis que la crash économique n'arrivera jamais ; vous posez la question à la préfecture, ils vous disent les BDL je les ai déjà enterrés."

Jacques Reboh, président de Grenoble, en conférence de presse
 

"Tant que je n'ai pas de position ferme et définitive pour la suite, il n'y aura pas de matches pour les Ducs d'Angers. [...] J'arrête de perdre du temps à ça. Quand on me dira que les conditions sont réunies pour reprendre correctement, on le fera. Que ce soit en novembre, en décembre, en janvier, en février, en mars voire en septembre."

Mickaël Juret, président d'Angers, dans le Ouest France.
Malheureusement pour tous les présidents, joueurs, supporters, etc, bien au-delà du hockey, aucun "on" n'affirmera qu'on peut reprendre en mars ou même en septembre 2021 car personne ne peut garantir qu'un vaccin sera attesté et suffisamment déployé d'ici là.
 

"Je pense qu'ils joueront dans une division purement canadienne. Ils ne traverseront pas la frontière."

Bill Foley, président des Vegas Golden Knights, répond à une question innocente de KSHP Radio sur les retrouvailles face à Nate Schmidt que sa franchise vient d'échanger aux Vancouver Canucks et lâche une "bombe" sur la possible organisation de la prochaine saison NHL. Une solution logique car le Canada maintient sa frontière fermée avec les États-Unis tant que les cas de Covid ne chutent pas.

 

 

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