Février 2023 : anecdotes

 

Ce soir on vous met le feu

Juste après le deuxième match du quart de finale de Ligue B suisse entre Sierre et La Chaux-de-Fonds, un incendie s'est déclaré dans la patinoire de Graben parce qu'une torche a enflammé une banderole qui était déposée par dessus les gradins en bois. Il s'agissait des restes du tifo d'avant-match. La fédération suisse a réagi en interdisant avec effet immédiat tout le matériel de supporters du HC Sierre, tant à domicile qu'à l'extérieur : tous les engins pyrotechniques, mais aussi drapeaux, tambours et mégaphones. Le club a appelé son public à suivre ces recommandations et déclaré qu'il appliquerait la tolérance zéro.

Un vrai but de gardien

Des gardiens buteurs, cela arrive (il y en a eu 13 en NHL après Linus Ullmark ce mois-ci), mais un gardien qui marque un but alors que la cage n'est pas vide, c'est rarissime. Michael Bitzer, portier de Selb en DEL2 allemande, y est parvenu lors d'un match à Ravensburg dimanche 5 février. Il a expliqué : "Franchement je voulais juste envoyer le palet dans l'axe pour que l'équipe adverse s'en empare afin que nous ayons un temps plus long à 5 contre 3. Quand je l'ai envoyé en l'air et que le défenseur de Ravensburg l'a laissé passer, j'ai vu que leur gardien [Jonas Stettmer] regardait dans une autre direction. Alors je savais qu'il finirait au fond." Le malheureux Stettmer n'avait pas vu que la pénalité était toujours différée et pensait que le jeu était arrêté... Après ce but égalisateur à 1-1, Selb a quand même perdu 3-5.

Crispation autour d'un hymne

Depuis environ vingt ans, les supporters du Sibir Novosibirsk ont pris l'habitude de substituer le dernier vers de l'hymne russe ("Slavsya strana !", c'est-à-dire Salut, pays !) en scandant à l'unisson Slavsya Sibir. Depuis vingt ans, tout le monde en avait pris l'habitude. Mais la fièvre nationaliste a pris une telle ampleur dans une Russie en guerre que ces supporters sont tout d'un coup accusés de "désacraliser l'hymne national". Certains brandissent même des soupçons de séparatisme. La KHL s'est sentie obligée de s'en émouvoir en demandant d'arrêter cela, mais d'un point de vue purement pratique, on voit mal comment les dirigeants du club sibérien peuvent procéder pour empêcher des milliers de supporters de prononcer ces mots comme ils le font depuis deux décennies.

"On lit mon nom sur toutes les glaces [...] Ma pomme, c'est moââââ !"

C'est l'agence russe Interfax qui l'a révélé mi-février. René Fasel, ancien président suisse de la fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) dont la russophilie, aurait franchis deux nouveaux pas. D'une part, il aurait pris la nationalité russe. D'autre part, il aurait racheté les 54% de parts de la société suisse Procuri SA dans l'Alma Holding, une société russe productrice de pommes située à Abinsk... à moins de 150 kilomètres du très symbolique pont construit par Vladimir Poutine pour relier la Crimée à la Russie. Cette société s'est d'ailleurs développée à partir de 2014, après l'annexion de la Crimée, quand la Russie sous sanctions a réduit ses importations de pommes européennes.

Si Procuri SA a vendu ses parts, c'est parce que l'autre co-actionnaire de la société est Gennadi Timchenko, dirigeant bien connu de la KHL, du SKA Saint-Pétersbourg et du Comité olympique russe. Timchenko possédait aussi partiellement les Jokerit Helsinki et la Hartwall Arena, mais ne peut plus jouir de ses actifs finlandais car il fait partie des oligarques sanctionnés par un gel des avoirs de l'Union Européenne depuis 2022 (il était déjà sous sanctions américaines depuis 2014). En prenant des intérêts financiers en Russie, à quelques centaines de kilomètres à peine d'une zone où des populations civiles sont régulièrement bombardées, Fasel met un peu plus dans l'embarras l'IIHF dont il est le président à vie (le comité d'éthique avait déjà été saisi de son cas avant ses dernières informations), mais aussi son ancien club Fribourg-Gottéron, dont le comité d'administration a courageusement décidé de... repousser à la fin de la saison la question de retirer ou pas son nom mis à l'honneur dans un tableau des légendes de la BCF Arena.

 

 

Les citations du mois

"La différence, c'est le professionnalisme. En France, on n'est pas au niveau des bons championnats européens. Dans la façon de se préparer, de s'entraîner... Chez nous, c'est amateur. On joue à l'arrache, sur le talent des gars. Il n'y a rien de construit. Ça fait mal, mais c'est comme ça. J'avais envie de revenir en France. Pour des raisons personnelles notamment. Cela faisait deux ans que j'étais sans ma femme ni ma fille. Ça devenait compliqué dans ma tête. Mais je suis critique. J'ai du mal à accrocher avec certaines choses. S'il y avait plus de joueurs français à l'étranger, ce serait mieux."

Valentin Claireaux, rentré de Tchéquie (Zlín) à Rouen en novembre, tire un constat sévère - mais juste ? - sur la Ligue Magnus dans L'Équipe.


"Ce n'était pas une simulation, c'est ridicule. J'ai reçu dans un duel un gant dans le visage et c'est une réaction humaine normale d'avoir un mouvement de recul de la tête pour se protéger. [...] Il y a beaucoup d'autres étrangers qui ont reçu la même amende que moi. J'ai le sentiment qu'on est plus dur avec nous qu'avec les Suisses. Je ne me souviens plus bien, mais il y a quelques années il y a eu 40 ou 50 amendes pour simulations et 80% d'entre elles visaient des étrangers."

Les propos de Carl Klingberg (Zoug) dans hockeynews.se suscitent la controverse et le débat en Suisse. Factuellement, les étrangers n'ont reçu que 53% des amendes cette saison, et c'était moins par le passé. Il est vrai que la chasse aux simulations est plus forte en Suisse qu'ailleurs, et que les joueurs locaux se sont adaptés. Cf Killian Mottet qui avait pris cinq amendes en deux ans mais n'en a plus pris depuis trois ans et demi.

 

 

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