Bilan de la division 2 française

 

Résultats du championnat de France 2002/03 de division 2

 

À force d'absorber ce qui reste de la division 3, on se demande parfois quel est le rôle de la division 2. Elle devrait théoriquement permettre aux clubs de se structurer dans un championnat national à même d'attirer le public. Mais la lecture des comptes de certaines équipes témoigne qu'on est loin de cet esprit bâtisseur et que les maux d'en haut sont aussi ceux d'en bas. Débarrassée des armadas de Besançon (RIP) et Brest, cette division est désormais mieux équilibrée et aurait dû retrouver son objectif premier. Pourtant, on constate encore que des masses salariales débordent dangereusement. Ces excès sont d'autant plus risibles quand on constate le niveau de jeu réel de la D2, où la qualité générale du patinage ou des défenses laisse à désirer. Cette division ferait mieux de retrouver sa vocation formatrice et de fournir une vraie base de hockeyeurs au lieu de se payer des "stars" à un niveau où ce terme est forcément galvaudé. Pourtant, le titre obtenu par Avignon prouve qu'il n'y a pas besoin de clinquant pour réussir.

 

Premier : Avignon. C'est l'histoire d'un vilain petit canard qui s'est transformé en beau cygne blanc... Ou comment un ex-relégable en D3 (il y a deux saisons) a trouvé le moyen d'obtenir sa promotion en division 1. Là où trop de clubs se reposent sur quelques individualités, Avignon est presque la seule équipe à avoir mis en place un véritable collectif. Elle a pris le temps de progresser, ce que chacun a fait au-delà des espérances. En première phase, certains pensaient que les Vauclusiens profitaient seulement de l'effet de surprise, ou qu'ils valaient surtout par leur renfort américain Andrew Beasley. Alors que celui-ci est reparti dans son pays pour raisons professionnelles et que tout le monde était prévenu de la valeur des Castors, cela ne les a pas empêchés de gérer leur avance en poule finale, solides et volontaires.

Deuxième : Caen. Les Drakkars ont trouvé le bon courant pour les porter. Non seulement ils ne seront restés qu'une seule saison en division 2, mais en plus, ils n'ont finalement pas sacrifié au résultat l'objectif premier qui est de se reconstruire une équipe. En début de saison, les jeunes se plaignaient d'être des faire-valoir trop souvent laissés sur le banc. Mais peu à peu, Rodolphe Garnier a commencé à leur faire confiance, jusqu'aux juniors et même aux cadets, surprenants vainqueur du championnat de France excellence. Ces anciens laissés-pour-compte ont gagné le respect de tous, et ont montré que le vivier local permet effectivement d'entretenir une équipe de D1.

Troisième : Lyon. Bien sûr, les Lyonnais ont beau jeu de montrer que les chiffres sont en leur faveur, qu'ils ont été invaincus en poule finale, et qu'ils ont engrangé plus de points qu'Avignon ou Caen sur l'ensemble de la saison (ces équipes ont en effet connu des contre-performances sans conséquences, respectivement contre Toulouse et Cholet, des équipes qui ont terminé en poule de maintien). Mais le règlement est le même pour tous, et ils ont été les seuls à feindre de ne pas l'avoir lu. Il fallait être compétitif dès les premières rencontres, ce qu'ils n'ont pas su faire. Pourtant, Lyon aurait pu s'en sortir malgré ce retard, il aurait suffi de battre une moitié de La Roche-sur-Yon, qui s'était déplacé en effectif réduit. Après le résultat nul contre les Vendéens, il n'y avait plus d'excuses. Roger Dubé, dont l'auto-critique n'est pas le principal talent, en a pourtant trouvé, en rejetant la faute sur le gardien polonais Marek Raczka. Il est plus facile de jeter l'opprobre sur tel ou tel joueur que de montrer soi-même l'exemple pour instaurer une discipline acceptée en confiance par tous. Il est quand même dommage qu'il y ait deux mille spectateurs dans les tribunes de la patinoire Charlemagne, et qu'une seule ait droit de cité sur la glace...

Quatrième : Bordeaux. Il y avait quatre équipes, d'un niveau assez proche, qui pouvaient en fin de compte prétendre à la montée. Dans ce quatuor, c'est assez logiquement que Bordeaux a terminé quatrième. Même si Christophe Tartari et le Slovaque Pavol Frano se sont bien entendus et ont servi de locomotives, les Boxers étaient un petit peu inférieurs et un peu moins constants que leurs principaux rivaux. Mais la saison a été satisfaisante et a même permis de voir à l'œuvre le gardien cadet Romain Taberne, lorsque Latxague a été absent sur blessure pendant plus d'un mois. Les Bordelais se trouvent donc dans une bonne position d'attente avant la rénovation de Mériadeck.

Cinquième : Garges-lès-Gonesse. Le club du Val d'Oise a été emmené par trois fortes individualités, à savoir ses joueurs tchèques. Jaroslav Sikl est toujours aussi présent même si deux blessures ont amputé sa saison. L'incroyable défenseur offensif Petr Jaros (23 buts !) n'a pas d'égal dans son registre en D2 et peut évoluer une classe au-dessus de tout le monde dans ses bons jours, mais il n'a pas été très constant. La régularité, c'est en revanche le point fort du gardien Milan Zpevak qui a donné confiance à l'équipe en début de saison. Ce trio a permis à Garges de tenir tête à Caen en poule nord, mais la poule finale a tout de même mis en lumière le principal handicap du club, encore plus visible avec les absences : son effectif restreint, malgré l'adjonction du joker canadien Daniel Larin (ex-Asnières). Le contingent des joueurs du club, brillamment emmené par Vincent Villette, est toujours limité, et l'éclosion du junior polyvalent Guillaume Langlois est à ce titre encourageante.

Sixième : La Roche-sur-Yon. Si le gros potentiel offensif des Vendéens a été conforme à ce à quoi on s'attendait sur le papier, puisque La Roche-sur-Yon a eu la meilleure attaque de D2, les lacunes défensives ont été rédhibitoires pour prétendre jouer vraiment les premiers rôles. Dans une compétition comme la division 2, la sélection se fait généralement par les points faibles, et les quatre-cinq équipes qui savaient défendre ont logiquement trusté les premières positions. La prochaine étape de la progression du Hogly passe donc par un travail sur ses lignes arrières.

Septième : Toulon. Toujours solides physiquement, les Varois ont également pratiqué un jeu bien au point et efficace dès les premiers matches de la saison, obtenant d'entrée trois victoires qui allaient prendre une importance cruciale. Pourtant, la suite fut plus pénible. Jean-Philippe Pacull, qui s'était bien adapté et avait tenu son rôle de buteur, est reparti comme prévu s'occuper de son restaurant à Briançon lors de la saison hivernale. Ensuite, c'est la légion étrangère qui a été amputée, avec le départ de Pär Torstensson. En évitant de justesse le forfait à Bordeaux après avoir prouvé qu'une partie des joueurs avait bel et bien été bloquée par la neige, Toulon a quand même réussi à se qualifier parmi les quatre dans une poule sud pourtant très relevée. Mais en poule finale, son effectif réduit n'était pas supérieur à ceux des nordistes.

Huitième : ACBB/Paray. Le HC Athis-Paray a profité de sa collaboration avec l'équipe de l'ACBB, obligée de quitter Boulogne-Billancourt en attendant la rénovation de sa patinoire, pour réveiller son club et promouvoir le hockey sur glace. Il a ainsi bénéficié d'une sympathique ambiance et s'est surpris à se qualifier pour la poule finale en réussissant à devancer sur le fil Cholet grâce à deux étonnantes victoires sur Caen et la Roche. Mais ces deux succès resteront les seuls à son actif au classement de la poule finale, car la comparaison avec des équipes du sud. Avec une meilleure assiduité à l'entraînement, l'ACBB aurait peut-être pu rivaliser. Mais en pratique, il n'en a jamais eu l'occasion.

Neuvième : Chambéry. Dans un contexte de ville moyenne où le hockey reste le parent pauvre, le Président Bouiller ne peut être que modeste et réaliste. Abandonnant le leadership départemental à Vanoise, le club de la Cité des Ducs mise sur la formation. Cette année, on a vu les juniors Fontanel, Bouvier, Allemoz et Charles rejoindre Fauge, Oliva et Rol dans le groupe des Chambériens de souche. C'est, avec la première place dans la poule de maintien, un aspect positif de cette saison, qui n'a pas été exempte de passages à vide. Certains furent masqués par le réalisme et l'efficacité des buteurs Sébastien Messon, Joël Raymond et Dimitri Artano, une ligne d'attaque capable du meilleur... D'autres se soldèrent par des résultats décevants et la qualification ratée de peu pour le groupe A. Chambéry a les moyens de sortir du ventre mou de la D2, il doit le faire pour satisfaire un public qui reste fidèle à Buisson-Rond même lorsque la température flirte avec le zéro dans les gradins !

Dixième : Toulouse. Tout comme Chambéry, Toulouse avait un potentiel qui le destinait plutôt à faire partie du grand huit. La poule de maintien a d'ailleurs été une formalité avec huit victoires obtenues haut la main face aux clubs du nord. Regrets éternels, donc, sur ce début de championnat complètement manqué. Après trois premières défaites, les Toulousains auraient pu briser le cercle vicieux en menant 4-0 contre Avignon à l'abord du dernier tiers-temps. Mais ils se firent rejoindre à 4-4, un résultat qui provoqua un déclic chez le futur champion de la division, mais qui conditionna au contraire la saison ratée des Bélougas. Sans la moindre victoire lors des matches aller de la poule sud, Toulouse faillit pourtant ensuite réussir le retour de l'année en enchaînant trois victoires et deux nuls, dont le point de revanche obtenu à Avignon. Mais deux nouvelles défaites barrèrent la route de la poule finale.

Onzième : Nantes. La jeune équipe nantaise a réussi à prendre ses marques sans trop tarder en division 2, mais un gros passage à vide courant novembre a fait craindre le pire. Néanmoins, puisque l'objectif essentiel était de se maintenir dans de bonnes conditions, il a été atteint sans trop de mal. François Dusseau, qui devait en plus assumer la fonction de joueur alors qu'il avait initialement l'intention de se consacrer uniquement à sa charge d'entraîneur, a finalement réussi l'essentiel, en ramenant dans cette équipe le goût du jeu. Elle est ainsi repartie du bon pied en laissant derrière soi les récents ennuis financiers.

Douzième : Cholet. Dans le duel qui l'opposait à l'ACBB/Paray, Cholet semblait avoir pris un avantage décisif dans les confrontations directes, mais il a finalement été devancé pour un petit point, alors que son jeu, plutôt attentiste et fondé sur les contre-attaques, semblait mieux au point. Néanmoins, c'est presque un mal pour un bien quand on devine le challenge très difficile qui aurait attendu les Choletais face aux meilleurs clubs du sud. Dans la poule de maintien, ils ont relativement bien tiré leur épingle du jeu, et ont terminé par une victoire sur le leader Chambéry pour passer devant Viry et devenir le meilleur club du nord dans cette poule.

Treizième : Viry-Châtillon. Les Castelvirois ne se sont pas drapés dans la nostalgie de l'élite, et on n'a donc pas assisté à un bal des vieilles crosses. De toute manière, Olivier Monneau n'a plus sa forme de l'époque et ne travaille plus autant son physique, tandis que Sébastien Roujon s'est blessé au genou, ce qui a obligé les jeunes à prendre leurs responsabilités et à ne pas compter sur lui pour les buts. Les matches de Viry ont donc généralement donné lieu à des démonstrations de fougue juvénile, et à de belles preuves de talent de la part des jeunes Romain Danton, Kévin Ledoux et Mickaël Marouillat. Mais le visage de cette équipe pouvait changer radicalement d'un match à l'autre, selon qu'elle jouait à quatre lignes et débordait d'énergie, ou bien en effectif plus réduit, quand les nombreux juniors avaient pour consigne de se ménager pour leur propre championnat. Conformément à la volonté formatrice du club, priorité a en effet toujours été donnée au hockey mineur, et Peter Almasy ne coachait les seniors que si l'équipe cadette, finalement championne de France, n'était pas en déplacement. Dans ce contexte et compte tenu du manque d'expérience, le bilan comptable de l'équipe a sans doute été inférieur à son potentiel technique. Mais c'était une année "pour voir" et pour prouver la vitalité du club, en attendant mieux.

Quatorzième : Valenciennes. Le VHHC a vécu une année mouvementée, et pas en raison de ses résultats sportifs qui lui ont permis de se maintenir. Le fait marquant, c'est l'assemblée générale de janvier, qui a finalement désavoué le président Jean-Pierre Gomaere, à qui était reproché depuis longtemps son manque de présence au club, sa politique de relations humaines (un joueur de D2 a été exclu après une prise de bec) et son actions envers le hockey mineur, qui a vu ses licenciés baisser et dont la vocation formatrice est mise à mal par l'absence d'équipe en juniors et en cadets. C'est Jean-Claude Tanguy, ancien président dans les années 80, qui revient aux commandes. Reste à savoir comment se fera la reconstruction du club dans un contexte difficile.

Quinzième : Grenoble II. Le bilan sportif de la réserve des Brûleurs de Loups semble plutôt décevant, même si la plupart de ses défaites ont été concédées par de petits écarts. Elle a néanmoins permis de voir à l'œuvre Bastien Sangiorgio, peut-être le meilleur junior grenoblois, rapide, technique et adroit devant le but, mais qui pour des raisons d'emploi du temps ne s'entraînait pas avec l'équipe senior, avec laquelle il n'a joué qu'un match. Cependant, cette équipe a dû jouer dans la plus grande confidentialité et il était difficile d'aménager le calendrier des uns et des autres entre Super 16, division 2 et juniors. L'arrêt en cours de saison de joueurs qui avaient pourtant le profil justifiant l'existence de cette équipe, comme Laurens ou Bellet, n'a pas non plus conforté les dirigeants dans l'idée de poursuivre l'expérience. Mais ce qui a ôté à cette réserve cette raison d'être, c'est la création l'an prochain d'une catégorie espoir, qui regroupera les juniors et les seniors 1è année, et qui empiète sur les plates-bandes de cette équipe 2 en allongeant la transition entre le hockey junior et senior. On s'étonne toutefois du manque de cohérence d'une année sur l'autre, même si le président de l'association a changé. Ce qui était primordial hier est devenu inutile aujourd'hui, alors même que d'autres réserves s'apprêtent au contraire à franchir le pas de la D2.

Seizième : Le Havre. Toujours sous perfusion avec l'apport des juniors rouennais, Le Havre n'a toujours pas confirmé sur la glace sa place en division 2. Pratiquant un niveau de jeu assez faible, les Normands ont terminé derniers pour la seconde saison consécutive, et ont à nouveau été relégués sportivement, à l'issue d'un barrage de relégation qui les a opposés à la réserve amiénoise, et qui rappelait en partie les affrontements entre les juniors élite de Rouen et d'Amiens, qui se retrouvaient là sous des maillots différents.

Marc Branchu

 

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