Bilan de la division 2 française

 

Résultats du championnat de France 2004/05 de division 2

 

Premier : Annecy. Le SGA a encore dû traverser pas mal de turbulences au cours de la saison. Il y a d'abord eu une enquête diligentée par le procureur de la république, sur "dénonciation", pour voir si le club n'était pas en cessation de paiement, ce qu'il n'était pas puisqu'il résorbait comme prévu son passif. Il y a ensuite eu la plainte d'un ex-entraîneur du hockey mineur, dont la convention n'avait pas été renouvelée, pour demander au tribunal de grande instance de statuer sur sa réintégration. Là encore, le club était blanchi et le plaignant dut même lui verser 1500 euros de dommages et intérêts. Enfin, il y a eu les menaces de réclamation en raison du retour au club de Yoann Crettenand, qui était arrivé comme joker médical pour la poule finale alors qu'il avait joué la première phase dans un autre club qui ne s'y était pas qualifié, Toulouse. Il est vrai que le procédé peut paraître incongru, mais on a vu beaucoup plus bizarre cette année (voir plus bas). Et le transfert avait été tout à fait validé par la fédération. Annecy n'a donc pas trop eu à s'inquiéter pendant une saison finalement assez tranquille sportivement. Les deux défaites-surprises à domicile, contre la réserve amiénoise et contre La Roche, ont servi de piqûres de rappel salutaires, et les Chevaliers du Lac ont vite retrouvé leur concentration. Ils ont bien négocié les rencontres importantes, en particulier le match retour contre Viry où ils ont renversé la situation dans les toutes dernières minutes grâce à une supériorité numérique providentielle. Les deux favoris étaient bel et bien au-dessus du lot, et le SGA, conforté dans sa politique par le retour de l'enfant du pays Thomas Bussat, avait l'avantage de l'expérience par rapport aux Jets. La remontée en D1 a presque été une évidence.

Deuxième : Viry-Châtillon. Chaque année, les Jets opèrent un recrutement "interne" en intégrant les meilleurs espoirs première année dans la catégorie senior afin qu'ils cumulent les deux championnats, comme ils le faisaient déjà entre cadets et espoirs. Et le filon de la formation castelviroise ne se tarit toujours pas. Cette saison, et sans oublier non plus Mathias Arnaud, deux internationaux juniors ont réalisé des débuts remarqués. Le centre Clément Masson, au petit gabarit mais au gros cœur, abat déjà un travail phénoménal dans les deux sens de la patinoire, notamment en infériorité numérique. Le défenseur Yvan Kerneis, après avoir canalisé ses excès de nervosité de début de championnat, a pris visiblement de plus en plus confiance en lui au fil de la saison, en se permettant de belles montées de palet de plus en plus fréquentes quand il fallait redonner une impulsion à son équipe. Car, avec ces jeunes qui se sont ajoutés aux générations précédentes, dont celle du buteur patenté Kévin Ledoux, ce sont les juniors qui ont souvent porté Viry à bout de bras, là où on aurait attendu mieux de la part des seniors. Les Jets ont ainsi fait peur jusqu'au bout à leurs supporters, y compris lors du barrage contre Asnières, avant d'obtenir enfin la promotion. Mais le VCEH n'est pas encore au bout de ses peines. Alors que la fête devait être complète, la patinoire de Viry partait en flammes, alors que, un peu plus haut sur la Nationale 7, celle de Paray était menacée de fermeture pour raisons de sécurité. C'est donc tout un club qui cherche un asile après avoir encore fait la preuve de ses capacités pour former des joueurs et pour les amener à haut niveau.

Troisième : Nantes. Le NAHG disposait cette saison du meilleur duo de gardiens de la division, puisque l'espoir Florian Hardy a réussi à concurrencer la valeur sûre Paul Charret. L'entraîneur-joueur Dany Fortin, dont l'engagement physique va souvent à la limite, s'est en outre trouvé un complice offensif avec Yohann Bidet. Grâce à une préparation commencée début août, le groupe a donc rapidement pu exprimer son potentiel, mais en fin de saison il a flanché physiquement et mentalement, payant le manque d'expérience de ses nombreux juniors. La troisième place est donc satisfaisante, car il n'y avait pas mieux à espérer... pour l'instant.

Quatrième : Cholet. L'irrégularité dans les résultats choletais trouve sans doute sa source dans une défense un peu juste. Avec les blessures et le départ du renfort canadien Manseau, l'effectif était réduit en fin de saison, et c'est ce qui a coûté le podium, après avoir un temps espéré la place de barragiste. Par contre, Cholet a su profiter de sa belle patinoire pour fidéliser un public, en attirant une moyenne de huit cents spectateurs. Dommage que parmi eux se trouvent une poignée d'énergumènes déjà rendus célèbres pour leur pratique du "lancer de canettes" chez plusieurs des adversaires rencontrés. Il sera peut-être nécessaire de séparer le bon grain de l'ivraie dans ces tribunes bien garnies.

Cinquième : Nice. Il y avait le plus souvent du spectacle de qualité cette saison à la patinoire Jean-Bouin. Non seulement l'équipe locale joue un hockey propre et a été la moins pénalisée du championnat, mais en plus sa force se situe à l'offensive. Une première ligne très technique, avec Pascal Margerit et Josef Hopjak, et une deuxième ligne très rapide, avec les frères Laplace, cela donne un cocktail détonant capable de dérouter plus d'un adversaire. Le retour en division 2 s'est donc idéalement passé et ouvre à d'autres ambitions.

Sixième : Le Havre. Avec son statut particulier sous l'aile du grand frère rouennais, le HAC se taille une place de choix en division 2, et la patinoire normande est déjà devenue une destination redoutée. Les juniors ont pu engranger de l'expérience, même si c'est sur le Canadien Guy Bouchard qu'on a compté pour marquer des buts. En revanche, le parcours des Havrais en Coupe de France suscite plus d'interrogations. Car on a vu des joueurs disputer un tour de coupe avec Rouen un jour puis avec Le Havre le lendemain ! A-t-on jamais vu un sport autoriser ainsi des compétiteurs pouvoir se présenter sous deux couleurs différentes ? Le problème n'est d'ailleurs pas exclusivement havrais, puisqu'il se pose exactement de la même manière avec la réserve amiénoise. Cette OPA des deux gros clubs du nord sur la coupe, en alignant deux équipes, est une bizarrerie dont il faut absolument se débarrasser, pour la crédibilité du hockey.

Septième : La Roche-sur-Yon. Avoir des joueurs avec la classe d'un Juraj Ocelka ou même d'un Tomas Kaspar est une bénédiction en division 2. Mais le Hogly manquait de densité pour entourer suffisamment ces deux pépites. Du coup, les Vendéens ont plus que jamais alterné le meilleur et le pire. Qualifiés en phase finale uniquement grâce à une erreur administrative bordelaise, ils ont été les seuls à pouvoir se vanter de gagner chez les deux cadors, à Annecy et à Viry, mais ils ont aussi pris des roustes (0-9 et 1-10) à domicile contre ces mêmes adversaires. Curieusement, ces deux performances notables à l'extérieur ont été obtenues après le départ des frères Sarno. Ces Italo-Américains arrivés après tout le monde et partis prématurément ont quand même eu le temps de marquer leur passage chacun à leur manière : John en inscrivant son but par match et Anthony en finissant trois fois (sur treize) aux vestiaires. Dommage qu'il ne soit pas resté plus longtemps, le titre de recordman des pénalités était pour lui.

Huitième : Chambéry. Dans une moindre mesure que Reims qui a alors accumulé les défaites, les Savoyards ont eux aussi connu des problèmes de patinoire en début de saison, mais ils ont été masqués par une série de bons résultats. Ces points pris très tôt ont permis d'assurer la qualification. Mais cette période où tout réussissait et où l'on arrivait à marquer dans les moments importants n'a pas duré. Les Éléphants essoufflés avaient de plus en plus de peine à rentrer dans un match offensivement. L'attaque n'avait pourtant subi qu'un seul changement, l'arrivée d'Aurélien Sarzier, habitué à utiliser sa puissance en D1 et qui a dû s'adapter à l'arbitrage de D2, à la place de Pacull. Après deux saisons où il s'est contenté de gagner la poule de maintien, Chambéry s'est donc enfin qualifié... pour ne gagner au bout du compte qu'une seule place.

Neuvième : Amiens II. Le fait d'évoluer dans un club qui laisse notoirement une bonne place aux joueurs français peut avoir un effet pervers, celui de se croire vite arrivé dès qu'on a posé une fois le patin en Ligue Magnus. Comme certains vilains gestes n'avaient rien à faire sur les patinoires, l'état d'esprit a nécessité un recadrage de l'entraîneur Sacha Kalisa. A l'issue de la saison, les Gothiques se sont même interrogés sur la pérennité de leur équipe-réserve. Des exemples prouvent cependant que, pour ceux qui ne figurent pas parmi les talents évidents de leur génération, elle peut constituer un palier entre les espoirs et les seniors. Lionel Wiotte, habitué de la D2 l'an passé, a ainsi été de plus en plus souvent intégré avec la une cette saison. Il a même contribué à éliminer à la fois Asnières et Neuilly-sur-Marne en marquant dans deux matches différents des huitièmes de finale de Coupe de France... mais il me semble qu'on a déjà évoqué ce sujet quelque part...

Dixième : Reims. Avec ses deux patinoires en rade, le RCH a dû s'entraîner quelquefois à Charleville-Mézières avant de récupérer Bocquaine à la mi-septembre et Barot début octobre. En plus, Vladimir Kovin s'est fracturé l'avant-bras lors d'un entraînement fin août, obligeant le duo Bouché/Maujean à assurer l'intérim pour entraîner les seniors. Les conditions étaient donc réunies pour que les Rémois loupent leur départ, ce qu'ils ont fait en beauté avec cinq défaites. Ils ont bouleversé leur système de jeu pour adopter un jeu plus offensif et physique tout en maintenant une tactique collective, mais les résultats venus tardivement n'ont pas permis de rattraper le retard concédé et d'éviter la poule de maintien. Reims y a remporté toutes ses rencontres et a prouvé qu'il n'y était pas à sa place.

Onzième : Toulon. Le HCAT s'est retrouvé ces dernières années dans une situation particulière, avec la création d'un club concurrent orienté loisir par un ennemi acharné de l'équipe dirigeante actuelle... le directeur de la patinoire lui-même. Pas évident après cela de négocier des heures de glace ! C'est pour cela que la fédération interdisait autrefois la coexistence de deux clubs dans une même patinoire, mais elle n'a malheureusement pas de fondement juridique, et la "jurisprudence Besançon" (deux entités distinctes créées à la mort des Séquanes) menace de se reproduire au moindre déchirement dans un club, ce qui n'est pas la meilleure façon d'optimiser les équipements sportifs. Dans ces conditions, il est méritoire d'avoir trusté tous les classements "toutes poules confondues" avec sa première ligne : Nicolas Casini meilleur buteur et marqueur, Christian Ferland meilleur assistant, et Julien Rives... homme le plus pénalisé du championnat. Bon, il est vrai aussi que, ce dernier cas mis à part, la trentaine de buts passée à des Volants en déroute a un peu aidé à établir ces scores.

Douzième : Bordeaux. S'il est agréable de ré-emménager dans des vestiaires neufs et dans une patinoire spacieuse (qu'il est tout de même difficile de remplir sauf opération promotionnelle spéciale), le retour à Mériadeck ne s'est pas fait sans contraintes. Pour compenser les pertes d'exploitation dues à la fermeture d'un an pour travaux, la société gestionnaire Axel Véga a augmenté la fréquence des concerts en demandant aux clubs sportifs de se serrer la ceinture quant à leurs heures de glace. Le partenariat avec Anglet en cadets et en espoirs élite a ainsi permis d'envoyer les jeunes jouer sur la côte basque plutôt que sur la glace bordelaise surchargée. Mais cette entente, qui a permis à des espoirs de l'Hormadi comme Thomas Decock de renforcer Bordeaux à l'occasion, a eu une conséquence imprévue. Le BGH2000 a cru bon de se faire aussi prêter un senior, Jérôme Patard, ce qui n'était pas prévu au programme. Il a donc perdu cinq points sur tapis vert et a dû jouer sa qualification sur la glace face à La Roche-sur-Yon, qui se pensait déjà éliminé quelques jours plus tôt et n'a pas manqué de saisir l'aubaine. Dommage pour les Bordelais qui avaient déniché un gardien rapide et bien placé avec le jeune Suédois Daniel Spasic. La saison a été un peu frustrante pour l'équipe la plus pénalisée du championnat. Après un début idéal, la première incartade avait été l'œuvre d'un des piliers offensifs Stéphane Labayle, suspendu un an pour une charge dangereuse contre la bande à la quatrième journée avant de faire appel et de pouvoir revenir au jeu pour les cinq dernières rencontres.

Treizième : AC Boulogne-Billancourt. Avec un homme de métier comme Éric Lamoureux, un buteur comme Florent Fauvre et des éléments qui ont connu une expérience même brève du plus haut niveau comme Raby ou Becaglia, il était presque inexplicable que l'ACBB termine la première phase avec zéro point, même dans une poule est très relevée. Peut-être tout simplement fallait-il que les juniors passent par une phase d'observation de la division. Les débutants en D2 comme le physique arrière William Gillot ont ainsi eu un impact grandissant. Et si on s'attendait à un duel francilien à trois pour le maintien, les Boulonnais se sont rapidement dégagés du duo Meudon/Volants lors de la poule de relégation. Si on leur avait dit quelques mois plus tôt qu'ils finiraient devant Toulouse au classement...

Quatorzième : Toulouse-Blagnac. Le président Jean-Pierre Van den Bulcke se retire après avoir bien mené sa barque dans des temps difficiles. La part des sponsors a été doublée cette saison avec l'arrivée de symboles régionaux comme Airbus et La Dépêche du Midi. Le club vient de boucler la quatrième des cinq années du plan de remboursement de sa dette (pour un total de 130 000 euros), et il voit bientôt le bout du tunnel, puisque des ambitions supérieures seront permises dans un an. Mais sportivement, on n'imaginait pas voir Toulouse atterrir aussi bas. Peter Matousek a fait un très bon boulot avec le hockey mineur, dans la continuité de son travail avec le CHAR, mais ne s'est pas entendu avec certains seniors. Et comme certains joueurs avaient terminé leur saison prématurément sur blessures (Corbarrieu, Van den Bulcke, Bobillier, Solvès) ou sur départ (Crettenand à Annecy), le TBHC n'a pas joué à sa valeur en poule de maintien, d'où cette quatorzième place indigne.

Quinzième : Meudon. L'étonnante victoire contre Cholet à la quatrième journée n'a pas eu beaucoup de lendemains, et l'objectif essentiel de Meudon a été de rester devant à tout prix dans son duel direct contre les Français Volants. Les adversaires se sont partagé les victoires, mais un début de poule de maintien exceptionnel (trois matches d'affilée sans défaite) a rassuré le MHC sur son maintien. Il était plus régulier en défense que les Parisiens et moins sujet à des passages à vide, mais son talent offensif était quand même limité. Les complices Libat et Jolly ont fait figure de leaders faute de mieux, mais en supériorité numérique en particulier, il n'y avait pas de vrai buteur pour mettre le palet au fond, comme il en existe ailleurs. Le travail collectif a compensé.

Seizième : Français Volants. Comment un club avec le prestige des Français Volants peut-il accepter de se faire humilier à Toulon dans un championnat de division 2, avec un résultat comme on n'en a pas vu dans une division nationale depuis des décennies ? Et d'ailleurs, de combien est-il, ce score honteux ? Les Parisiens disent avoir perdu 29-1, mais la feuille de match s'obstine à comptabiliser 30-1. Absent ce jour-là car en vacances, l'entraîneur Manuel Cuesta n'en a pas moins vécu une saison chahutée. Il a été contesté à l'intérieur du club, y compris par les minimes qui ont fait grève lors d'un entraînement en ne se présentant pas. Les dirigeants ont eux aussi très critiqués, et l'on se demande encore comment les Volants ont pu tomber aussi bas. Et pourtant, la large victoire en barrage de relégation contre Rennes a prouvé que l'équipe parisienne était capable de pratiquer un jeu décent. Pourquoi ne pas l'avoir montré plus tôt ?

Marc Branchu

 

 

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