Estonie 2006/07 : le bilan

 

Bien chers tous,

Je vous envoie ce petit mot depuis Tallinn. Il fait beau, la mer est calme et le ciel sans nuage.

Comment ça, c'est où Tallinn ? Vous ne connaissez pas l'Estonie ? Mais si, souvenez-vous, le 15 avril 2007, dans la riante cité mandchoue de Qiqihar, l'équipe nationale de hockey sur glace d'Estonie battait son homologue française, en prolongation, 4 buts à 3. Bon d'accord, par la suite, les Estoniens ont été moins brillants, avec trois défaites (certes très courtes) contre le Kazakhstan (1-2), les Pays-Bas (3-4), et la Pologne (3-4) et une victoire (également serrée) face aux Chinois (5-4). Au final, l'Estonie se classe à la quatrième place, mais après avoir prouvé qu'elle a désormais toute sa place en D1 mondiale.

Une équipe nationale senior dont les joueurs s'exportent de plus en plus, preuve de l'augmentation du niveau du hockey estonien. Neuf joueurs internationaux évoluent à l'étranger. Deux en élite bélarussienne, la star de l'équipe, Andreï Makrov, qui joue au Dynamo Minsk, et Toivo Suursoo au Keramin Minsk, un en Ligue Magnus, le défenseur angevin Lauri Lahesalu, un en Italie, à Valpellice, Alexandre Petrov, et puis les autres dans les ligues inférieures suédoises, finlandaises ou encore en République Tchèque, comme Ilia Urusev à Usti nad Labem (également junior 20 ans).

Malheureusement pour le hockey estonien, les juniors n'ont plus leurs places en D1 mondiale. Les moins de 20 ans ont terminé derniers de leur poule de D1 à Odense au Danemark. Cinq matches et autant de défaites face au voisin letton (0-6), à la Slovénie (1-4), à la Pologne (3-6), le Danemark, le promu en élite (1-7), et l'Ukraine (0-2). Les moins de 18 ans ont eux terminé bien au chaud, à la troisième place, de leur poule de D2, à Miskolc, en Hongrie. Un bilan très mitigé pour les jeunes Estoniens, avec deux victoires dans le temps réglementaire, contre la Belgique (8-3) et Israël (9-0) et une aux tirs au but, contre... le Mexique, après un score de 2-2 après prolongation. Le reste n'est pas tip-top avec deux lourdes défaites 0-7 contre la Hongrie, et surtout 1-11 face aux futurs promus néerlandais.

En féminine, l'Estonie est au plus bas niveau, en D3. Les Estoniennes ont disputées leur mondial à Miercurea-Ciuc, en Roumanie, avec une "petite" quatrième place. Deux victoires, contre la Turquie (14-1) et l'Islande (4-3 aux tirs au but), pour trois défaites : contre la Croatie (0-12), la Nouvelle-Zélande (0-9) et la Roumanie (3-5). Au final, les Estoniennes sont quatrièmes...

Le bilan international est donc plus que mitigé. À part l'équipe-phare, solidement en D1, le reste connaît des difficultés. Des difficultés symbolisées par l'absence d'un club estonien en Coupe Continentale. Le club qui aurait dû représenter l'Estonie, c'est le club champion 2006 qui a gardé son sceptre en 2007, le HK Stars Tallinn.

 

Premier : HK Stars Tallinn. La ballade a été tranquille cette saison pour les étoiles de la capitale estonienne, avec seulement quatre défaites en vingt-quatre journées, dont une anecdotique lors de la dernière journée à Tartu (13-4). À ce moment, la victoire dans le championnat d'Estonie était déjà acquise depuis longtemps puisque les play-offs ont été supprimés cette saison. Les Stars ont brillé au firmament du ciel estonien avec un fort contingent étranger. Sept Russes tout d'abord : le gardien de 38 ans Andreï Bounine (c'est cependant le junior estonien Kristjan Eerme qui a joué la majorité des matches), le défenseur Dimitri Suur (parti en cours d'année en Slovaquie, à Nitra), et cinq attaquants, l'ancien lyonnais Alexandre Vinogradov, Mikhaïl Merkoulov, Alexeï Popov, Marat Salimov et Igor Starkovski, arrivé en cours de saison du Spartak Saint-Pétersbourg. Et deux Finlandais : le gardien Petteri Kokki, reparti chez lui durant la saison, et l'attaquant Jussi Nieminen. L'équipe entraînée par Iouri Tsepilov compte également cinq internationaux, les défenseurs Kaupo Kaljuste et Roman Potsinok et les attaquants Maxime Ivanov, Eduard Valliulin et Aleksandr Kuznetsov.

Au classement des buteurs, derrière le trio de Tartu, on trouve deux joueurs des Stars, l'international Maksim Ivanov (ex-Spinalien, 18 buts et 27 assists en 24 rencontres) et le Finlandais Jussi Nieminen (20 buts, 20 assists en 20 matches !). L'autre ancien Spinalien, Mikhaïl Kozlov, s'est classé onzième pointeur de la saison avec 13 buts, 18 assistances en 22 rencontres.

Tout va bien donc pour les Étoiles de Tallinn. Seul point noir, mais c'est le problème de toute l'Estonie, c'est celui des patinoires. La capitale estonienne n'a pas vraiment de patinoire digne de ce nom. Les Étoiles naviguent donc entre la Linnahalli Jäähall, qui compte quand même 3 000 places, et la plus modeste Jeti Jäähall, où l'on peut donc croiser l'abominable homme des neiges !

 

Deuxième : Välk-494 Tartu. Et la preuve que cela sert d'avoir une nouvelle patinoire. La réussite de Tartu, le club de la principale ville universitaire d'Estonie, dans le sud du pays, est certainement liée à sa nouvelle structure. Le Välk-494 évolue désormais dans la Lounakeskus, située dans un centre commercial. Une nouvelle structure de 600 places, où l'entrée est libre, ce qui permet aux chalands du samedi après-midi de découvrir le hockey. Certes, les débuts sont encore modestes avec seulement 200 spectateurs en moyenne, mais c'est toujours mieux que dans le passé avec la vieille patinoire en plein air de l'Annelinn, ou que les matches à "domicile" disputés à Tallinn. L'expérience des patinoires dans les centres commerciaux semblent d'ailleurs se développer en Europe orientale, puisque le Berkout kiévien évolue également depuis cette année à l'intérieur du centre commercial "Terminal" à Brovary, dans la banlieue de la capitale ukrainienne.

Tartu a fêté cette nouvelle installation en conservant sa deuxième place dans la hiérarchie nationale, avec seize victoires, sept défaites et un nul. Mais surtout, le Välk-494 a été des plus offensifs. Une véritable attaque mitraillette : 193 buts en 24 journées ! Et les trois meilleurs scoreurs du championnat : l'international Vassili Titarenko avec l'impressionnante fiche de 76 points, qui devance le Russe Ivan Loguinov et son coéquipier de l'équipe nationale Maksim Semjonov. L'attaque de Tartu a passée à la moulinette tous ses adversaires : les Eagles de Tallinn (11-0 et 7-3), Narva (12-3), Kohtla-Järve (de 10-3 pour la victoire la plus gentille à 23-0 pour la plus sévère) et même deux fois les Étoiles championnes (7-4 et 13-4). La défense a également tenu avec 76 buts encaissés, soit juste cinq de plus que le champion. Tartu avait envoyé quatre joueurs au Mondial de Qiqihar : outre les buteurs Semjonov et Titarenko, il y avait deux autres attaquants, Aleksei Filippov et Dmitri Raskidajev.

Le Välk-494 a également évolué cette saison avec neuf étrangers. Cinq Finlandais, le gardien junior Janne Karvonen en provenance de Karhu-Kissat Helsinki, le défenseur, également junior, Jani Kaasinen, de Järvenpää, et les attaquants Simo Hyypiä, repartit aux Hunters Porvoo en décembre, Tuomu Martinmäki, et l'autre junior de Järvenpää, Aki Laine.

Si Tartu attire des jeunes Finlandais, c'est simplement grâce à son université de renommée mondiale. Le club a également fait jouer deux attaquants russes, le buteur Loguinov déjà cité et Andreï Tikhomirov (30 points cette saison). À signaler que cette équipe très internationale est entraînée par un Finlandais, Jorma Räisänen. Enfin, on en avait déjà parlé sur ce site, Tartu a fait dans l'exotique cette saison avec l'arrivée en cours de saison de l'international... mexicain, Brian Arroyo Baxter-Lopez. Il n'a finalement joué aucun match de championnat, mais a marqué trois buts dans un match amical face à l'équipe nationale d'Estonie des moins de 18 ans en pleine préparation (oui, celle qui allait justement battre le Mexique aux tirs au but !).

La création récente (il y a un peu plus d'un an) d'une université dans la capitale Tallinn risque cependant, à terme, de tarir, ou au moins de limiter la source des étudiants hockeyeurs pour Tartu.

 

Troisième : Paemurru Sport Klub Narva. Club de la ville frontalière avec la Russie peuplée à 90% de russophones, le PSK Narva complète le podium de cette Meistriliiga. Narva termine à six points seulement de Tartu. Narva a même réussi l'exploit, en janvier de battre les Stars à Tallinn (4-2) pour un match à "domicile", mais disputé quand même dans la capitale. La Narva Jäähall, 1500 places dont 500 assises, était indisponible à cette date. Narva a également battu Tartu à l'extérieur 6-2 en février.

L'équipe évolue sans renforts étrangers, sauf un junior russe de 18 ans, Alexandre Bogdanov, et compte trois joueurs sélectionnés en équipe nationale lors des derniers championnats du monde : le gardien Aleksei Terentjev, le défenseur Aleksandr Ossipov et l'attaquant Aleksei Sibirtsev. Sixième meilleur pointeur de la ligue, Sibirtsev a 19 ans à peine, tout comme le deuxième meilleur marqueur de l'équipe Ilja Iljin. Le PSK Narva a évolué toute la saison avec une équipe très jeune, composée pratiquement entièrement de joueurs âgés entre 17 et 22 ans avec même un joueur de 15 ans : Maksim Silantjev.

Preuve que cette équipe progresse, elle a réussi sa meilleure performance à la fin de la saison, lors de la Coupe d'Estonie organisée pour compenser l'absence de play-offs. Elle a en effet éliminé Tartu pour se qualifier pour la finale, où le champion était qualifié d'office. Elle a étonné en remportant 7-1 la première manche à Tallinn. Il faut dire que les Stars avaient aligné pendant les deux premiers tiers-temps leur troisième gardien Aleksei Ostaptsuk. Le vétéran russe Bounine a ensuite repris sa place et le champion a ramené les jeunes de Narva à la raison dans les deux matches suivants (4-2 et 3-2).

 

Quatrième : HC Eagles Tallinn. Promu cette saison en élite, le deuxième club de la capitale n'a pas encore totalement remplacé le HC Panter Tallinn, champion il y a trois saisons et seul club qui pouvait concurrencer les Stars, mais qui a dû jeter l'éponge financièrement.

Récupérant Pelle Sildre, âme de feu les Panters, rentré de Suède (Rönnangs IK) en cours de saison, les Aigles n'ont pas pu voler bien haut et ont du se contenter de la quatrième place. Les volatiles de la capitale étaient quand même représentés à Qiqihar par leur gardien de 17 ans, Mark Rajevski. Symbole de ces difficultés, la place, modeste, du meilleur marqueur des Aigles dans le classement national : une treizième place pour Dmitri Kisselevits (entraîneur-joueur jusqu'à l'arrivée en octobre de Nikolaï Virjassov en provenance du Riga 2000 junior) avec 29 points. Mais, là aussi, comme pour Narva, l'équipe est jeune et composée de beaucoup de juniors. Les Eagles ont cependant réussi une performance de choix en allant battre les Stars dans l'un des derbies de Tallinn, une victoire mémorable en prolongation sur un but de l'inévitable Pelle Sildre, qui a signé 10 buts et 8 assistances sur les huit matches qu'il a disputé. Évoluant la plupart du temps dans l'antre du Jeti, les Eagles doivent encore se remplumer avant d'aller tutoyer de plus près les Étoiles.

 

Cinquième : Viru-Sputnik de Kohtla-Järve. Le Spoutnik de la ville industrielle de l'est de l'Estonie, économiquement sinistrée, continue à tourner dans le vide. Éternel dernier du championnat, Kohtla-Järve n'a toujours pas gagné le moindre match cette année. Les meilleurs joueurs ont quitté le club depuis longtemps, ou ont arrêté plutôt que de continuer à jouer dans de telles conditions. Cinq jeunes joueurs ayant la citoyenneté russe, venus de Saint-Pétersbourg pour avoir du temps de glace supplémentaire, y sont retournés après quelques semaines de championnat. L'entraîneur Aleksandr Romantsov a été remplacé à la nouvelle année par Gennadi Jeremejev, qui s'occupait des féminines du Viru-Sputnik. Avec pratiquement que des juniors et des cadets, le Viru-Spoutnik a encaissé un nombre impressionnant de cartons. Alors, soyons charitable, et notons plutôt les matches perdus de peu, comme ce 4-5 à Tallinn chez les Eagles en décembre, ou un 3-5 à Narva, dans le derby de l'est, en février. Le reste tiens en quelques chiffres : 24 matches, 38 buts inscrits et 277 encaissés.

 

Pour être complet, signalons qu'il existe également une D1, la Esliiga C'est d'ailleurs pour cela que l'élite a désormais un nom propre, la Meistriliiga. Cette D1 est composée de quatre clubs, tous de Tallinn. C'est le Sokol qui remporte le championnat (30 points) devant les Magic Wings (23), le Save (13) et le Unistar (6 points). Il n'y a pas de promotion pour l'instant, ce championnat est en test et s'est monté avec difficulté, pour essayer de constituer un second échelon national.

Voilà, j'espère que ces nouvelles estoniennes vous ont intéressées. Ici, il pleut, alors je vous laisse.

Portez-vous bien.

Grosses bises de Tallinn

Bruno Cadène

 

 

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