Finlande 2008/09 : bilan de la saison

 

Les résultats du championnat finlandais

 

Pour la première fois depuis dix ans, c'est une équipe 100% finlandaise qui a remporté la SM-liiga. Le championnat de Finlande est à l'heure actuelle le plus autochtone des grands championnats européens. Elle avait longtemps été la demeure de quelques attaquants tchèques, avant qu'une filière nord-américaine ne se fasse jour, mais les clubs, déjà touchés par la récession avant la crise, n'ont guère les moyens d'attirer des vedettes étrangères. Quant à recruter des joueurs de troisième ligne à moindre coût, ils n'en ont pas la volonté.

Avant la saison qui vient de s'achever, les clubs s'étaient donc entendus pour réduire le nombre d'étrangers sur la feuille de match de quatre à trois. Dans le même temps, la SM-liiga s'est empressée d'annoncer que les joueurs de l'Union Européenne ne seraient plus comptés comme étrangers l'an prochain. Elle montre ainsi patte blanche aux instances européennes et donne l'impression d'être en règle. En pratique, et sans que personne n'en parle officiellement, le "gentleman agreement" précédent est maintenu. Aucun des clubs n'a plus de trois Finlandais dans ses effectifs prévisionnels 2009/10...

 

SM-liiga

 

Premier : JYP Jyväskylä. Enfin du changement ! Huit villes seulement avaient vu un de leurs clubs sacrés champions de Finlande, et Jyväskylä est donc la neuvième. Cette ville célèbre pour son université, la seule de Finlande a posséder une section sportive, a la plus petite patinoire du championnat (4500 places). Le JYP est parvenu au sommet avec une équipe sans renfort étranger (l'international slovaque Jiri Bicek est parti à Bienne en cours de saison), et composée en grande partie de joueurs formés au club, y compris des hommes-clés comme l'international Tuomas Pihlman ou le défenseur offensif Jyrki Välivaara.

Il ne suffit cependant pas d'avoir une pyramide de formation bien organisée comme c'est le cas à Jyväskylä, il faut aussi conserver ou faire revenir les meilleurs éléments, ce que le JYP s'est appliqué à faire ces dernières années. Et il faut y adjoindre un leader sur la glace. Il y a deux ans, le "petit club" n'a pas hésité à casser sa tirelire pour faire revenir Jarkko Immonen, qui avait auparavant passé trois saisons au club. Son salaire de 340 000 euros nets est le plus élevé de la SM-liiga. À ce prix-là, Immonen a été critiqué à chaque fois qu'il n'était pas au niveau attendu, comme ce fut le cas au début des play-offs. Des joueurs de l'ombre ont alors fait la différence à sa place, et il est ensuite redevenu décisif. La ligne "V.I.P." (Virtanen, Immonen et Pihlman) était la meilleure du championnat, et Immonen le meilleur joueur de ces deux dernières saisons, même s'il était vite pointé du doigt pendant ses passages à vide. Le problème avec les V.I.P., c'est qu'ils ont des goûts de luxe : c'est à Kazan qu'Immonen ira boire le champagne l'an prochain.

La domination incontestable du JYP n'a toutefois pas été bâtie sur une ligne offensive, mais sur la meilleure défense de la ligue. L'autoritaire Risto Dufva, pas toujours aimé du public finlandais, a mis en place un système défensif et agressif dont la clé de voûte a été la recrue défensive Olmi Malmivaara. Avec ses 108 kilos, il a obtenu la meilleure fiche +/- à la fois en saison régulière et en play-offs. Il protégeait bien son gardien... qui changeait à chaque match.

Un système d'alternance a en effet été mis en place dans les cages entre le vieux Sinuhe Wallinheimo et le jeune Pekka Tuokkala. Une alternance si parfaite que la SM-liiga a annoncé une grande première en attribuant le prix du meilleur joueur des play-offs... aux deux gardiens ex-æquo ! "Je pense que Tuokkala était meilleur et aurait mérité ce prix tout seul", a pourtant annoncé, grand seigneur, un Wallinheimo élu conseiller municipal de la ville depuis novembre dernier.

 

Deuxième : Kärpät Oulu. La domination de l'hermine a cessé, mais elle le savait après avoir perdu la plupart de ses meilleurs joueurs. Elle aura quand même chèrement vendu sa peau avant de céder.

L'attaque était amoindrie par les départs conjoints de Hyvönen, Pesonen et Bros, elle n'en est pas moins demeurée la meilleure du championnat, car leurs remplaçants les ont fait oublier. Le centre canadien Daniel Corso a réussi une saison régulière exceptionnelle. Toni Koivisto, le meilleur marqueur venu d'Ilves, et Jonas Andersson, le grand gabarit au tir du poignet imparable, ont explosé tous leurs records personnels. Comme le premier partira en Suède et les deux autres en KHL, tout sera cependant à refaire.

La vraie difficulté, Kärpät l'a connue derrière. Le gardien Tuomas Tarkki a connu une saison moyenne, avant de retrouver son niveau en play-offs. Le départ du défenseur Jaakola devait être compensé par l'arrivée de Martti Järventie, mais celui-ci a connu une longue blessure de quatre mois. Il a fallu attendre qu'il sorte de l'infirmerie, et que le joker Josef Boumedienne arrive en même temps, pour que les lignes arrières soient enfin techniquement au niveau.

Parti de la cinquième position, Kärpät est devenu redoutable en play-offs. En demi-finales, il a battu les Blues sur un incroyable scénario lors de la sixième manche, après avoir sorti son gardien pour jouer le tout pour le tout. Vesa Viitakoski a égalisé dans cette configuration à 34 secondes de la fin, puis a dégagé trois fois le palet pendant une situation de 3 contre 5 en prolongation, avant que Juhamatti Aaltonen ne marque au retour au complet, poteau rentrant. Toute la Finlande rêvait de voir Viitakoski champion, car c'est un joueur qui va là où ça fait mal et prend des coups pour donner des espaces à ses camarades. Jamais titré à 38 ans, Viitakoski était venu pour cela à Oulu, mais le pauvre a eu de la fièvre en finale et a même manqué un match. Une finale très frustrante pour toute l'équipe de Kärpät, battue 4 victoires à 0 alors qu'elle était à chaque fois capable de gagner.

À défaut d'avoir soulevé le trophée, l'entraîneur Matti Alatalo l'a un peu fait par procuration. Il avait coaché le JYP pendant cinq ans (2002-07) et a forcément une part dans son succès actuel. Son contrat avec Kärpät a été prolongé vers Noël, au moment où l'équipe retrouvait confiance. Il a prouvé qu'il était capable de diriger un grand club.

 

Troisième : KalPa Kuopio. La dernière fois que KalPa avait joué les play-offs, c'était en 1995. Depuis cette date, le club avait terminé deux fois avant-dernier, quatre fois dernier, et avait passé sept années en division inférieure. Pourtant, avant même que la saison ne commence, il se passait quelque chose à Kuopio. 1300 abonnements avaient déjà été vendus. Les sponsors sonnaient à la porte.

Cet engouement avait une seule cause, il portait un seul nom : Sami Kapanen. Le champion du monde 1995 avait décidé de mettre un terme à sa carrière NHL (831 matches, 458 points) et de revenir jouer dans son club formateur, dont il était devenu propriétaire. Avec Kapanen, le KalPa tenait un leader exemplaire, respecté de toute la Finlande. Un respect qui n'a fait que grandir grâce à ce qu'il a apporté à son équipe cette saison (il a même joué défenseur pour servir quand Janne Jalasvaara s'était blessé), et ce n'est pas un hasard s'il a été nommé capitaine de l'équipe nationale. Dès les premières semaines, l'équipe de Kuopio "Kapanen inclus" s'est mise à gagner, et l'engouement ne s'est jamais démenti même si elle a reculé à la sixième position après quelques contre-performances en fin de saison.

Le joueur-propriétaire n'arrivait pas dans le désert. Si les résultats tardaient à venir en seniors, KalPa était devenu champion de Finlande junior l'an dernier. Dix joueurs de cette génération dorée ont donc été intégrés dans l'équipe première. Deux d'entre eux ont particulièrement brillé. Le premier, c'est Teemu Hartikainen. Même s'il doit encore améliorer son patinage et son jeu défensif, il a fait preuve d'un sens du but étonnant pour un débutant de 18 ans, avec 17 buts en saison régulière et 3 en play-offs, soit mieux qu'un certain... Sami Kapanen au même âge (15 buts).

La seconde révélation, c'est le gardien Mika Järvinen. Il a marqué l'histoire très rapidement en devenant le premier gardien de SM-liiga à marquer un but ; c'était début décembre dans la cage vide du Lukko. Il venait à peine de fêter ses 20 ans. En play-offs, néanmoins, il a débuté sur le banc, l'expérience étant essentielle dans ce type de rencontres. Mais il est rentré au troisième match du quart de finale, et c'est lui qui a alors éliminé le HPK... son club d'origine qu'il avait quitté à 17 ans ! Il a toutefois reperdu sa place au troisième match de la demi-finale. C'est l'autre gardien Mika Oksa qui a gagné le match pour la troisième place, celui qui a offert à KalPa la deuxième médaille de bronze de son histoire après celle de 1991... l'année où un gamin nommé Sami Kapanen faisait ses premiers coups de patin chez les grands !

 

Quatrième : Blues Espoo. Éliminés en demi-finales en championnat (par Kärpät) comme en Ligue des Champions (par Zurich), les Blues n'ont pas totalement été à la hauteur de leurs ambitions. Mais ils n'étaient pas les plus à plaindre, étant les seuls de leur espèce : unique club finlandais dans la compétition européenne, et unique club de la côte sud en demi-finale face aux trois équipes les plus au nord de la SM-liiga. Les formations de la capitale, proches voisines, n'ont pas fait mieux.

La belle histoire de la saison aura été la résurrection de Ben Eaves, rattrapé par des problèmes de genou. Mi-décembre, le club et le centre américain se séparaient : à cet instant, la carrière de l'ancien champion universitaire paraissait très compromise, lui qui avait déjà connu une saison blanche. Pourtant, à dix journées de la fin, l'Américain, guéri, faisait un retour-surprise. Non seulement sa carrière n'était pas finie, mais il s'en donnait à cœur joie lors des play-offs en marquant 24 points, battant ainsi le record finlandais qui était détenu conjointement par Kari Jalonen et Hannes Hyvönen (21 points).

Avec 31 joueurs sous contrat, les Blues sont cependant en surcharge. En quatre ans, ils ont accumulé 8 millions d'euros de pertes ! Les joueurs vont devoir accepter une baisse de salaire de 20%, et le président Tom Kivimäki a précisé que le club ne s'opposerait à aucun départ vers des championnats plus lucratifs en Suède et en Russie. Le gardien autrichien Bernd Brückler est déjà parti vers Nijni Novgorod en KHL.

Brückler avait de toute façon été supplanté comme titulaire par les deux mètres de Mikko Koskinen. Ce jeune joueur a lui aussi une histoire étonnante : il avait arrêté le hockey quand il avait été relégué troisième gardien de l'équipe junior, à une époque où sa croissance très rapide avait bouleversé tous ses automatismes. Mais lorsque les deux gardiens juniors s'étaient blessés, le coach avait rappelé Koskinen, qui a fini par maîtriser ce corps longiligne pour en faire un atout.

Après avoir dilapidé des millions, Espoo veut reconstruire sur les jeunes. La chance des Blues et qu'ils sont un environnement idéal pour des jeunes joueurs. Ils ont en effet comme entraîneur Petri Matikainen, ancien sélectionneur national des moins de 20 ans. Et ils ont des internationaux juniors de talent comme Joonas Nättinen, des mains en or à chacune de ses apparitions (rares pour l'instant, mais cela ne va pas durer), ou Jani Lajunen. Celui-ci a été le meilleur pointeur des défenseurs d'Espoo en saison régulière, mais a été laissé un temps sur le banc en play-offs pour lui faire comprendre qu'il doit encore progresser sur le plan purement défensif.

 

Cinquième : HPK Hämeenlinna. Pendant la rénovation de sa patinoire, le HPK a débuté par dix rencontres consécutives à l'extérieur. Ensuite, il n'a jamais retrouvé sa force d'antan à domicile. Il semble que sa "tribune des porcs", connue pour insulter les joueurs adverses, ait elle aussi été nettoyée par les travaux, ce dont peu de monde se plaindra en Finlande.

Le nouvel entraîneur Jukka Rautakorpi était censé amener à la fois un style de jeu plus défensif et sa connaissance de la condition physique : doublement raté puisque son équipe a peiné en défense où elle a de nouveau accumulé les blessures. Comme à son habitude, le HPK a donc été porté par un trio offensif éclatant : cette fois, il était composé de Steve Kariya, de Janne Laakkonen et surtout de Jussi Makkonen. Ce centre complet de 1,93 m plafonnait à 20 points dans son club d'origine le HPK, mais il a réussi une incroyable percée en marquant 59 points. Après avoir fini la saison régulière en trombe par un titre de meilleur joueur du mois de février, Makkonen a remis ça en avril avec l'équipe nationale, même si ses bonnes performances en préparation n'ont pas suffi à lui faire gagner une place dans la sélection pour les Mondiaux.

Entre-temps, malheureusement, il y a eu le mois de mars. Le trio de Makkonen n'a pas pu faire la différence tout seul en quart de finale contre le KalPa de Sami Kapanen, par manque de soutien des autres lignes offensives.

 

Sixième : Jokerit Helsinki. Lorsque le Bélarus a battu la Finlande aux championnats du monde, c'était une sorte de revanche pour le sélectionneur biélorusse Glen Hanlon. Pendant toute la saison qu'il a passée au Jokerit, le Canadien a été critiqué parce que son style passif et prudent était contraire aux préceptes finlandais qui préconisent un hockey rapide et agressif.

On pourrait discuter de la véracité de ces arguments : le championnat européen où l'on marque moins de buts, ce n'est pas la Russie de Piotr Vorobiev, ce n'est pas la Suède et sa sacro-sainte tactique, c'est la Finlande, et c'était déjà le cas avant Hanlon. Toujours est-il que celui-ci n'a pas vu son contrat reconduit. L'annonce a été effectuée au mois de janvier, alors que les résultats étaient pourtant encore convenables, en grande partie grâce aux statistiques exceptionnelles du gardien Juuso Riksman (94,4% d'arrêts).

L'expérience nord-américaine s'est terminée en eau de boudin. Les renforts étrangers ont été pointés du doigt et ont surtout payé l'attitude de David Ling, dont les pénalités stupides ont été éliminatoires en quart de finale. Le Jokerit, quatrième de la saison régulière, y a été balayé 4 victoires à 1 par le Kärpät et l'a mal vécu. Après une telle humiliation, le milliardaire Harry Harkimo a incliné le pouce vers le bas quant à la présence des Canadiens dans l'équipe : "Le Jokerit a eu trop de joueurs étrangers ces dernières années. Pourquoi avoir plus de 300 licenciés juniors si nous ne les utilisons pas ? Nous devons développer notre hockey mineur et offrir de meilleures conditions."

Un changement radical dans la politique du Jokerit. Il prépare maintenant une équipe entièrement finlandaise, qui a tout pour faire plaisir aux supporters : des joueurs attachés au maillot du club, avec de longs contrats pour les cadres qui augurent d'un noyau stable.

 

Septième : Pelicans Lahti. Le départ du gardien Antti Niemi, qui a eu le malheur de se retrouver derrière le duo le plus cher de la NHL (Khabibulin et Huet) à Chicago, interromprait-il le vol du pélican ? La question taraudait ses supporters avant le début de saison, mais ils ont pu être rassurés. L'équipe a conservé son éthique de travail, bien maintenue par Hannu Aravirta, devenu à l'automne l'entraîneur ayant dirigé le plus de matches en SM-liiga (dépassant le légendaire Jortikka, retraité en 2007). La réussite de Lahti dure depuis l'arrivée de l'ancien sélectionneur national, mais Aravirta ira au Jokerit l'an prochain, et cette perte pourrait être plus lourde.

Aravirta avait su utiliser de gros travailleurs capables d'étouffer leurs adversaires, comme Arsi Piispanen ou encore Leo Komarov. Ce joueur, né en Estonie où vivait son père russe avant de déménager en Finlande, est le grand gagnant de la saison. Le "gros bec" du logo de l'équipe lui va comme un gant, lui qui est réputé pour user son adversaire, avec la bouche comme avec les muscles. Komarov, digne émule de Jarkko Ruutu, a eu le privilège de pouvoir évoluer aux championnats du monde à côté de son idole. Et il n'est pas passé inaperçu puisque, titulaire d'un passeport russe, il a signé pour deux ans au Dynamo de Moscou.

Rassurons-nous, tout le monde ne s'en va pas : Marko Jantunen restera, lui qui ne faiblit toujours pas à 38 ans. D'une remarquable régularité en trois saisons à Lahti (41, 42 et 47 points), le magistral technicien est la référence de l'équipe. Le classement final de celle-ci présente la même stabilité : 8e, 6e, 7e. Il y avait pourtant la place pour mieux faire cette saison. En quarts de finale, les Pelicans ont gagné trois fois sur la glace du favori Espoo, mais n'ont jamais su confirmer à domicile. La défense et les gardiens Nikkilä et Jovinen ont complètement explosé dans les deux dernières rencontres, avec notamment un 4-0 en neuf minutes au match 7. C'est à ce moment-là que, peut-être, on a regretté Niemi...

 

Huitième : TPS Turku. Cela aurait dû être la chronique d'un désastre annoncé. Un désastre sportif tout d'abord, puisque le coach Hannu Virta s'est fait virer dès la fin octobre, remplacé par Kai Sukkinen qui avait connu le succès en Mestis avec le Hokki. Un désastre populaire ensuite, puisque le TPS n'a jamais dépassé le cap des 7000 spectateurs de toute la saison régulière. Un désastre financier enfin, car compte tenu du loyer qu'il paye, le club perd jusqu'à 15 000 euros par match à cause de la chute des affluences.

Le club dominant du tournant du siècle semblait promis à sa première non-qualification en play-offs depuis vingt ans. Il n'était même plus totalement maître de son destin. Et pourtant...

La qualification en play-offs relevait du cadeau de la providence. Le messie se nommait alors Alexander Salak : les performances du gardien tchèque ont permis d'éliminer le HIFK lors du tour préliminaire, devant plus de 8000 personnes, puis de résister en six manches au futur champion JYP, pourtant bien supérieur. L'Elysée Arena (11820 places), à moitié vide toute la saison, a affiché soudain complet, ce qui n'était plus arrivé depuis plus de quatre ans, depuis le retour de Saku Koivu lors du lock-out en fait.

Grâce à ces recettes tombées du ciel, le TPS n'a affiché "que" 6% de pertes dans son budget, quatre fois moins que l'an passé, et il semble enfin entrevoir le bout du tunnel.

 

Neuvième : HIFK Helsinki. Après plusieurs années tumultueuses sous la direction de coaches canadiens, le HIFK avait décidé de remettre de l'ordre dans la maison. Kari Jalonen, l'entraîneur champion avec Kärpät, était recruté pour ramener un esprit plus positif dans le vestiaire et dans les tribunes. Symbole de ce retour aux valeurs, le club abandonnait dans le même temps son "gros chat rouge" pour revenir à son ancien logo traditionnel, le bouclier.

L'image du bouclier a malheureusement peiné à se concrétiser dans les faits, car le HIFK a eu la troisième moins bonne défense de la SM-liiga. Il a souffert pour se trouver un gardien. Ni Juha Pitkamäki ni Alexis Ahlqvist n'ont convaincu, et c'est finalement le troisième larron Jani Nieminen, 21 ans, qui est devenu titulaire. Les diverses expériences étrangères en défense (Tom Walsh, Ivan Majesky) n'ont pas fonctionné.

Heureusement, Kim Hirschovits est revenu au club après deux années au Jokerit et a mené l'offensive comme au bon vieux temps. Mieux même, puisque cet excellent passeur a été le meilleur marqueur du championnat.

Il n'a cependant pas été d'une grande utilité en play-offs où le HIFK, correct septième de la saison régulière a été balayé (1-3, 1-4) par le dixième, le TPS revenu d'entre les morts. Le club de Helsinki n'a donc pas failli à sa réputation : la paye y est bonne et la saison y est courte...

 

Dixième : Ilves Tampere. Le lynx est le club finlandais qui produit actuellement le plus de joueurs de talent. Dans les quatre dernières années, 7 de ses joueurs ont été draftés en NHL, en attendant le nouveau grand espoir Toni Rajala en 2009.

Le problème, c'est qu'Ilves en bénéficie peu. Les joueurs partent tôt en Amérique du nord sans forcément se développer, et quand ils reviennent, ce n'est pas forcément à Tampere. Après une saison en AHL, Lindgren est ainsi rentré en Finlande... mais au Lukko Rauma, et sans retrouver son niveau antérieur.

Il est difficile dans ces conditions pour l'entraîneur "à l'ancienne" Sakari Pietilä de développer sa jeune équipe. Autrefois, le mythique Raimo Helminen assurait à lui seul la continuité. Dans l'An 1 après "Raipe", il a fallu trouver de nouveaux cadres. La révélation à ce titre se nomme Markus Seikola, un potentiel connu mais pas vraiment exploité jusqu'ici. L'arrière n'avait jamais dépassé les 19 points en une saison - c'était en Suède à Frölunda - il en a cette fois marqué 45 et s'est imposé comme le meilleur défenseur offensif de SM-liiga (derrière son ex-coéquipier au HPK Mikko Mäenpää). La progression de Seikola a été si éclatante qu'il a été prolongé jusqu'en 2012. À défaut d'être sûr de garder ses jeunes, Ilves a peut-être trouvé un pilier.

 

Onzième : Tappara Tampere. Chaque année, les observateurs prédisaient le déclin de Tappara, qui maintenait toujours son rang. Cette saison leur aura quand même donné raison. Le retour de Ville Nieminen, très populaire dans les tribunes de la patinoire Hakametsä, n'aura pas suffi. En se blessant à la cuisse, le malheureux Janne Ojanen a dû anticiper sa fin de carrière de quelques semaines et n'a pu qu'égaler et non battre le record de points en SM-liiga d'Arto Javanainen (792), objectif avoué.

Tappara est parvenu tant bien que mal à maintenir sa tradition de solidité défensive malgré l'inexpérience de ses arrières, par contre l'attaque n'a donc pas délivré autant que prévu. Un joueur est cependant sorti du lot, le centre de 21 ans Jori Lehterä. Une préparation estivale intense lui a permis de travailler son point faible dans le patinage, et il est devenu le meilleur marqueur de l'équipe grâce à sa maîtrise du palet et à sa vision du jeu.

La passation de témoins entre générations a aussi eu lieu devant les filets : l'irrégulier Mika Lehto s'est fait sortir après deux tiers-temps dans le premier match de play-out, et c'est donc le junior Harri Säteri qui a assuré le maintien en battant Ässät par trois fois.

 

Douzième : Saipa Lappeenranta. Le SaiPa avait augmenté son budget cette saison et s'était offert des joueurs confirmés de SM-liiga comme le puissant Canadien Shayne Toporowski (190 cm, 100 kg), qui a effectivement été son meilleur marqueur.

Malheureusement, les blessures s'en sont mêlées. Elles ont été nombreuses, touchant parfois des joueurs-clés comme le buteur Jarkko Immonen (un homonyme du joueur-phare du JYP). Les résultats ont donc été décevants, et dans un championnat assez serré, le club de Lappeenranta a été le seul à se faire distancer, avec 12 points de retard sur l'avant-dernier Tappara. Cette position "acquise" lui a cependant permis de se préparer mentalement aux barrages de relégation.

Face au Lukko, qui rêvait de play-offs et s'est retrouvé du jour au lendemain à jouer le maintien, le SaiPa a ainsi facilement remporté sa série de play-out 3 victoires à 0. La formule a cependant été très critiquée, et la SM-liiga la modifiera l'an prochain : cette fois, le dernier de la saison régulière n'aura pas droit au rattrapage et jouera directement le barrage de promotion/relégation contre le vainqueur de Mestis. Le SaiPa est prévenu, il ne pourra pas faire le même coup deux fois...

 

Treizième : Lukko Rauma. C'est un contrat de quatre ans que l'entraîneur Rauli Urama a signé avec le Lukko. Un objectif à long terme lui a donc été assigné : rebâtir le programme de formation et faire en sorte que les jeunes restent à Rauma. La première année de son mandat n'aura pas été de tout repos.

Le club avait abandonné son traditionnel maillot jaune à domicile, au profit du bleu : cela ne l'a pas empêché de finir cocu ! Après un excellent mois de septembre, au cours duquel il a figuré au sommet du classement, l'équipe a doucement décliné et a tout perdu en perdant son dernier match de la saison régulière (0-1 contre Ilves).

Joueurs et supporters ont alors peiné à se re-mobiliser pour les barrages de maintien. Il a fallu passer par un derby de la côte ouest contre Ässät pour sauver la saison et éviter le barrage de promotion/relégation.

 

Quatorzième : Ässät Pori. En 1988, Penttu Matikainen coachait la Finlande vers une médaille d'argent olympique à Calgary. Vingt ans plus tard, l'influent "Pena", ex-gérant du HIFK, éjecté du club à force d'être conspué par les supporters, marqué par le stress et l'alcool, se retrouvait devant les tribunaux pour un faux témoignage dans l'affaire Karalahti : tout ça parce qu'il avait déclaré aux policiers que le joueur avait une dette envers son ancien club, alors qu'il avait dit le contraire à la justice...

Tombé bien bas, Matikainen a alors été recruté l'été dernier par Ässät, lui aussi vite descendu de son piédestal après sa finale de 2006. Sa mission était de recruter, y compris en préparant la saison suivante. Mais il ne dispose pas du tout des mêmes moyens qu'au HIFK. Le club de Pori a été affaibli par les départ de ses meilleurs joueurs (tel l'espoir Jesse Joensuu en NHL). De son équipe junior talentueuse, ceux qui ne sont pas partis ont éprouvé de grandes difficultés à s'adapter au niveau senior.

L'as de pique n'a plus beaucoup de cartes dans sa manche : la moins bonne attaque, et la moins bonne défense, dont le meilleur joueur - de loin - est Ville Uutisalo, un arrière passé en ces jeunes années par les troisièmes niveaux français (Brest) et suédois (Pantern). La douzième place en saison régulière était déjà une anomalie, vite corrigée par les barrages.

C'est donc Ässät qui s'est logiquement retrouvé à jouer le barrage de promotion/relégation face au Sport Vaasa. L'affiche ne manquait pas de piquant, c'était un vrai match des célébrités entre les entraîneurs Alpo Suhonen (Ässät) et Juhani Tamminen (Sport), deux hommes qui se relaient sur le plateau de la télévision finlandaise comme consultants lors des championnats du monde. L'équipe de SM-liiga restait favorite, mais elle a été menée 3 victoires à 2 avant d'être soulagée par un but dans un angle impossible de Severi Sillanpää après 24 minutes d'une interminable prolongation. Ässät reste donc dans l'élite, au bout du suspense.

 

 

Mestis

Cette montée manquée a de quoi décevoir le Sport Vaasa, qui y a vraiment cru. Il a touché un poteau lors du match 6, et à quelques centimètres près, il serait aujourd'hui dans l'élite. Ce barrage de promotion aura en tout cas constitué une belle démonstration, et pas uniquement de son niveau sportif. En se déplaçant à un millier pour le premier match à Pori, ses supporters ont en effet voulu indiquer à tout le monde qu'ils constitueraient un vrai enrichissement pour la SM-liiga. Doté des bases les plus solides parmi les clubs de Mestis, le Sport devrait retenter sa chance dans les prochaines années.

Si le Sport a enfin remporté les play-offs, il n'a toujours pas eu la partie facile. En finale, il a affronté le coriace Jokipojat Joensuu, qui l'avait devancé de trois points en saison régulière. L'équipe de Carélie n'a gagné qu'une manche, grâce à un doublé de Tomi Karlsson (recruté ensuite par Épinal), mais elle a défendu chèrement sa peau dans les autres rencontres, ne s'inclinant que d'un but, dont deux fois en prolongation. Cela avait été encore plus dur lors des demi-finales face au Hokki Kajaani, qui a pris goût à la finale après en avoir disputé deux de suite. Le gardien Teemu Seppänen a fait souffrir les attaquants du Sport, qualifié en cinq manches avec un écart infime.

Le TuTo Turku, époustouflant offensivement un an plus tôt, a pâti de la blessure de son habituel leader Tero Forsell, mais il a quand même gardé la meilleure attaque. Il a trouvé quelqu'un d'autre pour remporter le classement des marqueurs, la jeune recrue Jarmo Jokila. C'est cependant le vétéran de l'équipe Markku Vuorisalo qui a marqué les buts les plus importants en quart de finale. Le TuTo s'est qualifié à la prolongation du cinquième match en éliminant un autre favori, le KooKoo Kouvola. Celui-ci aura terminé sa saison plus tôt que prévu : il visait clairement le barrage de promotion après avoir engagé des recrues de prestige comme Jarno Kultanen, un ancien défenseur de NHL formé au club, ou encore Lou Dickenson, un joueur à plus d'un point par match en ECHL (et aussi en Mestis) passé par la série A2 italienne, l'Écosse et la Slovénie.

Bonne saison du K-Vantaa, toujours emmené par son passeur en or Jussi Haapasaari. Il a mené 2 victoires à 0 contre le Hokki en quart de finale, mais s'est fait remonter. C'est à ce moment-là que le buteur slovaque Tomas Jasko - venu du LeKi - a manqué : après avoir marqué 20 buts en 24 matches, il a été capté en janvier par le SaiPa.

Le D-Team Jyväskylä a contribué à la bonne saison du hockey dans la ville championne, même s'il n'a pas tenu après avoir été en tête à mi-parcours. Le modeste LeKi Lempäälä a pris la dernière place en play-offs en devançant d'un point le Jukurit Mikkeli de l'international français Nicolas Besch, qui aura connu une saison décevante (moins bonne fiche des défenseurs de son équipe avec -11).

Le HeKi Heinola, avec deux recrues américaines d'ECHL, a obtenu son maintien de justesse devant le Titaanit Kotka et le SaPKo Savonlinna, qui se sont retrouvés en poule de promotion/relégation. Le Titaanit, monté il y a deux ans, est alors redescendu, devancé par le Roki Rovaniemi : c'est la première fois qu'une équipe de Laponie accède à une des deux premières divisions nationales en hockey sur glace. Assez curieusement compte tenu du climat, la capitale lapone Rovaniemi était plutôt jusqu'ici une ville de football - un sport d'été dans les pays nordiques. Le hockey finlandais élargit ainsi son horizon, à dix kilomètres à peine du cercle polaire.

Marc Branchu

 

 

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