Bilan des championnats du monde 2015

 

Résultats et comptes-rendus de la compétition

 

"Hockey and Smile" était le slogan de ce championnat du monde, et tout le monde (sauf les équipes reléguées) est effectivement reparti avec le sourire. Prague et Ostrava n'auront perdu le record d'affluence que l'espace d'une année. Avoir deux équipes à domicile a aidé, puisque la Slovaquie a joué chaque match à guichets fermés à Ostrava. Les organisateurs avaient tout prévu pour le record. Ils avaient d'abord distribué des tickets à la journée pour appâter les spectateurs tchèques qui s'arrachaient les billets pour voir leur équipe. Ils ont su faire venir des scolaires pour quelques moindres affiches. Et la destination Prague magnétise les touristes. Il n'y a eu qu'une journée "mal dosée", celle des quarts de finale dans la moins attractive Ostrava, quand les prix des billets augmentent et qu'il est plus difficile aux supporters de programmer leurs déplacements sans connaître les affiches à l'avance.

Le chiffre établi à Minsk en 2014 a donc été pulvérisé de plus de cent mille personnes, avec un total de 741 690 spectateurs. On a beaucoup parlé de cette valeur absolue, mais une valeur est encore plus parlante, la moyenne par match. Ce record-là datait du Mondial de Moscou 1979 (11 078 personnes), et il a été battu avec 11 588 spectateurs en moyenne à chaque rencontre. Avec deux patinoires de 17 383 et 8 812 spectateurs, cela signifie un très bon taux de remplissage.

Ce qui est tout aussi important, c'est que les chiffres décrivent bien la réalité. L'ambiance était au rendez-vous quantitativement, mais aussi qualitativement. Les relations ont été sympathiques et amicales entre les participants venus de tous les pays, et les "fan zones" ont été le lieu de convivialité attendue. Tous ont donc salué un des plus beaux championnats du monde de l'histoire. Le spectacle était en effet présent sur la glace, avec un grand vainqueur.

 

Canada (1er) : le meilleur champion du monde post-soviétique

Était-ce un des plus beaux champions du monde de l'histoire ? Depuis la chute de l'URSS, aucune équipe n'avait autant dominé. Le Canada avait trois super-lignes... et c'est la quatrième ligne qui a fait la différence en finale, preuve d'une profondeur de banc inégalée. L'attaquant défensif Sean Couturier a d'ailleurs réalisé un tournoi exceptionnel puisque son équipe n'a encaissé aucun but quand il était sur la glace.

Beaucoup de Canadiens avaient tôt fait de décrier le gardien Mike Smith comme leur point faible. Il a bien failli réussir un exploit historique en passant toutes les phases finales sans prendre de but, ne cédant que dans les dix dernières minutes de la finale, quand il n'y avait plus de conséquence. Il a bien sûr été protégé par une défense souveraine. Brent Burns a été dominant face aux meilleures lignes adverses. Son partenaire Dan Hamhuis reste un modèle de fiabilité.

On glosait aussi sur le goût excessif de la passe aveugle de Jordan Eberle et Taylor Hall. Ce jeu à haut risque, pas vraiment dans la tradition canadienne, a pourtant amené des actions magnifiques. Certains sont allés jusqu'à comparer le jeu de ce Canada au hockey soviétique, ce qui est excessif. Les fondamentaux restent parfumés d'érable, dans le forecheck, dans les duels le long de la bande, dans les mises au jeu, dans la prise de pouvoir dans le slot.

Meilleur marqueur du Canada, Jason Spezza, éternel frustré des sélections olympiques, a bien mérité cette première médaille d'or de sa carrière. Claude Giroux a pris les engagements-clés et a eu le plus gros temps de jeu de l'équipe en tenant des rôles importants en supériorité et en infériorité. Il s'est maintenant rendu indispensable en équipe canadienne, sans que la rivalité supposée ne puisse l'empêcher de jouer avec Crosby.

Comment ne pas enfin mentionner Sidney Crosby, qui a maintenant tout gagné comme capitaine ? Les commentaires sur sa fiche +/-, la moins bonne de l'équipe (+1) et même un temps négative, ont été balayés comme ridicules par son coach. Crosby reste précieux, tant sur la glace qu'en dehors comme point de rassemblement. Après l'échec tout relatif du Mondial 2006 à Riga, où il était encore jeune et découvrait la compétition, Crosby a toujours amené le Canada à la victoire, et s'impose plus que jamais comme le meilleur joueur du monde.

Le Canada, redevenu n°1 mondial, est chammpion olympique, champion du monde et champion du monde junior. Et dire qu'il y a deux ans, il se plaignait de ne plus goûter à l'or...

 

Russie (2e) : sortie par la petite porte

La Russie a subi la défaite la plus cinglante de l'histoire des finales des championnats du monde, et ses stars offensives au grand complet (il ne manquait que Datsyuk et Radulov) n'ont tiré que douze fois sur la cage canadienne... Pour un tenant du titre, qui avait gardé 16 joueurs médaillés d'or à Minsk, c'est un peu humiliant. Pourtant, cet échec n'a pas provoqué de réaction outrée et scandaleuse. Beaucoup pensent qu'il fait du bien à un an des Mondiaux de Moscou pour se remettre en question, et se satisfont d'une deuxième place après un tournoi peu satisfaisant.

Le pessimisme avait gagné dès le premier tour, après de premières défaites contre les Américains et les Finlandais. Or, depuis la chute de l'URSS, la Russie n'est jamais devenue championne du monde dès lors qu'elle a perdu un match. Comme on le craignait, la faiblesse de ses défenseurs - réduits à six après les blessures de Medvedev et Biryukov en cours de tournoi - a été rédhibitoire. Dans ces circonstances, il aurait été courageux, mais pas envisageable, de dire non à Ovechkin et de prendre un septième arrière. Les Russes ont en effet l'habitude de jouer à huit en défense, et un jeune comme Andrei Mironov (20 ans) n'était pas prêt à jouer autant de minutes. Difficile de lui en vouloir d'avoir été complètement mis dans le vent sur le deuxième but canadien, après lequel la finale est devenue à sens unique.

Si les défenseurs ne ressortent pas de bons palets, les meilleurs attaquants du monde ne peuvent rien. Bien sûr, il leur faut aussi une cohésion collective qui met souvent du temps chez les joueurs russes. C'était évident en phase de poule où la ligne du SKA (Panarin-Shipachyov-Dadonov) était la seule à fonctionner pendant que les trois autres tâtonnaient. La ligne de Malkin est devenue au point pour les phases finales, permettant au buteur Sergei Mozyakin de débloquer à chaque fois la situation, enfin décisif en championnat du monde à 34 ans. Vladimir Tarasenko est enfin devenu un joueur important de l'équipe lors du quart de finale pour éliminer la Suède. L'arrivée d'Aleksandr Ovechkin a transformé la quatrième ligne en premier trio théorique.

En tenant compte de ceux qui ont joué en étant blessés (tel Shipachyov avec son doigt cassé), il n'y a donc pas lieu d'accabler l'attaque où un seul homme, finalement, a déçu du début à la fin. Le problème, c'est que cet homme était le capitaine, Ilya Kovalchuk. En plus de sa contre-performance sportive (mais n'était-il pas lui aussi blessé ?), il a été pointé du doigt comme celui qui se tenait à la porte pour inviter ses coéquipiers à sortir en pleine cérémonie d'après-match. Une poignée d'entre eux sont restés voir le trophée remis à Crosby, mais tous sont ensuite partis avant l'hymne des vainqueurs.

L'absence de l'équipe russe lors du "Ô Canada" a fait couler beaucoup plus d'encre que la finale et a occulté le bilan sportif. Ce "manque de respect" a été décrit comme "absolument inacceptable" par le président de l'IIHF René Fasel. La cérémonie n'était pourtant pas plus longue que les autres années et suivait exactement le même déroulement... Les Russes, eux, plaident l'incompréhension et l'inadvertance, et renvoient la faute aux organisateurs tchèques qui ont passé une musique de discothèque peu cérémonielle et qui ont ouvert la porte. Encore une divergence de points de vue entre la Russie et le reste du monde...

 

États-Unis (3e) : les étudiants ont donné la leçon

Deux médailles de bronze en trois ans, soit autant que dans les cinquante années qui précédaient, cela attire forcément l'attention. Quand on parle des progrès des États-Unis, on a tendance à évoquer le programme de développement de USA Hockey qui rassemble des espoirs à plein temps pendant une saison entière, ce qui les fait gagner très régulièrement des Mondiaux U18. Mais en fait, seule une demi-douzaine des joueurs sélectionnés sont passés par ce programme.

La réalité, c'est que les Américains forment de plus en plus de joueurs. La présence de cinq universitaires a contribué à les négliger, mais ces "étudiants" se sont en fait montrés tout aussi forts que les joueurs de NHL, ne déparant absolument pas dans l'effectif. Le rapide arrière Mike Reilly porte bien le palet et prend de bonnes décisions. Dylan Larkin a été un attaquant défensif solide. Jimmy Vesey, qui a décidé de continuer en université l'an prochain et de ne pas encore intégrer les Nashville Predators, a des qualités polyvalentes. Et bien sûr, le prospect Jack Eichel a démontré une belle maturité en étant déjà le troisième marqueur de son équipe.

Mais celui qui s'est le plus mis en évidence n'est plus universitaire depuis un an. Connor Hellebuyck, qui détient le record du pourcentage d'arrêts en carrière NCAA (94,6%), était le troisième gardien américain aux derniers championnats du monde, sans jouer. Cette année, il a été justement élu dans l'équipe-type, et la médaille américaine lui doit énormément.

L'autre joueur-clé de l'équipe fut le meilleur marqueur Brock Nelson, descendant de la célèbre famille Christian dont le grand-père et le grand-oncle furent champions olympiques en 1960, et l'oncle Dave en 1980. Il était déjà là l'an passé, mais a été encore plus efficace avec son gros gabarit et ses mains rapides qui en ont fait un redoutable chasseur de rebonds. Nelson est devenu un nouvel élément majeur pour les États-Unis, et sans doute plus à l'aile gauche, à un poste différent que celui de centre qu'il occupe le plus souvent aux Nex York Islanders.

 

République Tchèque (4e) : le doyen-star et le sacrifice des jeunes

Jaromir Jagr aura attendu 43 ans pour être élu meilleur joueur des championnats du monde. Il s'est lui-même amusé de cette élection lors du vote des médias, qu'il a expliquée par le vote massif des journalistes tchèques, évidemment majoritaires. C'est la seconde fois dans l'histoire du tournoi que le MVP ne fait pas partie des équipes finalistes, le cas précédent remontant au gardien allemand Dennis Endras en 2010, déjà un joueur évoluant devant la presse de son pays.

Mais si amener l'Allemagne à la quatrième place d'un championnat du monde est un succès, on ne peut pas en dire autant de la même position pour la République Tchèque. Si Jaromir Jagr a été décisif en quart de finale, établissant le nouveau record du plus vieux buteur dans la compétition, il n'a en effet rien pu faire ensuite face au Canada, accusant nettement la fatigue dans le match pour le bronze le lendemain contre les Américains. N'est-ce pas un problème prévisible quand une équipe a comme meilleur joueur a 43 ans ?

De toute manière, Jagr va cette fois prendre sa retraite définitive, car seul le fait de jouer à Prague l'a fait revenir cette année. Les supporters tchèques se sont remis de l'absence de médaille, car ils ont beaucoup apprécié l'ambiance de ce championnat du monde. Ce qui les inquiète plus, c'est ce qui va se passer ensuite.

Il n'y avait que deux joueurs de moins de 23 ans dans l'effectif, et ils ont été sacrifiés sur la fin, du fait de la venue du joker Plekanec. Tomas Hertl s'est retrouvé remplaçant le week-end final, alors que sa connaissance de la NHL aurait pu servir face aux nations nord-américaines, même s'il avait peu convaincu jusqu'alors. Quant à Dominik Simon, les 6 minutes de temps de glace qui lui ont été accordées dans ces rencontres décisives sont d'autant moins justifiées qu'il avait très agréablement surpris et apporté beaucoup de dynamisme à une bonne quatrième ligne (avec les trententaires Koukal et Zatovic). L'entraîneur Vladimir Ruzicka n'a ni rapporté de médaille, ni préparé le renouvellement. Et le hockey tchèque craint les lendemains qui déchantent.

 

Suède (5e) : la faute aux absents

C'est la deuxième fois seulement dans ce siècle (après 2012) que la Suède perd en quart de finale, et pourtant il n'y a rien eu que de logique dans son championnat. Elle n'a subi que deux défaites, contre le Canada après avoir mené 3-0, et contre la Russie malgré les trois buts de retard remontés après le changement de gardien, Anders Nilsson ayant remplacé un décevant Jhonas Enroth, plus aussi solide que durant le titre 2013. Mais au-delà de ces péripéties de match, le constat s'imposait à chaque fois : ces adversaires étaient plus forts.

La Suède n'avait que peu de joueurs de classe mondiale, et certains sont encore en devenir. Oliver Ekman-Larsson a battu le record de points de Börje Salming pour un défenseur suédois dans un championnat du monde. Le jeune Filip Forsberg a quant à lui démontré tout son potentiel et marqué huit buts. Malgré quelques erreurs, le défenseur offensif John Klingberg a une belle conduite de palet, et ses tirs ont failli renverser le quart de finale.

Si certains joueurs ont agréablement surpris, comme l'attaquant défensif Mattias Sjögren, qu'on n'attendait pas si en vue, peu de joueurs ont franchement évolué en dessous de leurs possibilités. Il s'agit surtout d'Oscar Klefbom qui a accumulé les pertes de palet aboutissant à des buts adverses.

Il s'agit donc moins d'accabler ceux qui étaient là que ceux qui n'étaient pas là. Pour que la Suède ne rétrograde pas, elle a besoin que ses meilleurs joueurs ne fassent pas défection. C'est la grande différence avec les Russes, qui rappliquent sans faute et qui l'ont logiquement éliminée. Sans les meilleurs talents, pas de jeu de possession à la suédoise, il faudrait changer de style. Or, le positionnement en zone défensive a parfois été aléatoire, ce qui est fatal contre des équipes plus fortes.

 

Finlande (6e) : le pays du Père Noël et des blanchissages

L'absence dans le dernier carré de toute équipe nordique, pour la première fois depuis vingt ans, a forcément remué les consciences. Faut-il y voir une tendance lourde ? Franchement pas. La Finlande a montré sa solidité coutumière avec ses quatre rencontres de suite sans encaisser le moindre but. La blancheur immaculée de ses paysages se retrouve souvent sur les statistiques des buts encaissés.

Pekka Rinne mérite-t-il pour autant son titre de meilleur gardien ? Il est le meilleur des portiers présents dans l'absolu, oui, celui qui happe les rebonds comme aucun autre au monde, au point d'apparaître comme une anomalie statistique unique chez les décortiqueurs de chiffres de la NHL. Mais son record d'invincibilité depuis l'après-guerre (238'50") a été un peu survendu, car il a été obtenu face à des attaques faiblardes (Danemark, Norvège, Slovénie). Le blanchissage le plus remarquable (contre la Slovaquie) a d'ailleurs été obtenu par le jeune Juuse Saros. Auparavant, Rinne avait totalement raté le match d'ouverture contre les Etats-Unis, et surtout, il n'a pas secouru son équipe dans le match-clé, le quart de finale. Dans une telle compétition, on attend d'un gardien qu'il soit présent le jour J, même si cela n'enlève rien aux qualités intrinsèques de Rinne.

Malgré l'échec, le sélectionneur Kari Jalonen a un contrat de deux ans et aura une seconde chance l'an prochain. À bien y regarder, les choix qu'il a opérés ont fonctionné. La complémentarité Barkov-Jokinen, douteuse en préparation, a ensuite été avérée avec l'adjonction de Joonas Donskoi : ces trois hommes ont marqué la moitié des buts. Le jeu de puissance a fonctionné grâce à deux débutants, le défenseur Esa Lindell à la ligne bleue et le centre de quatrième ligne Joonas Kemppainen dans le slot.

Si les nouveaux venus ont éclaté, le tournoi aura en revanche terni l'aura des championnats du monde 2012. La réputation de porte-bonheur de Tuomo Ruutu, avec qui la Finlande était censée toujours remporté une médaille, est maintenant remisée au placard comme une superstition idiote. Jarkko Immonen, qui n'avait jamais inscrit moins de cinq points en cinq championnats du monde, a connu son premier "zéro pointé". Janne Pesonen a perdu le palet sur le but éliminatoire. Ces trois joueurs ont 32 ou 33 ans, et le rajeunissement pourrait s'accélérer dans cette équipe de Finlande.

 

Bélarus (7e) : une performance avec lendemain

Quand on se fait éliminer 9-0 en quart de finale, normalement, ça picote un petit peu. Mais la gifle reçue des maîtres canadiens, pas plus que le 7-0 infligé par les Russes, ne trouble le sentiment très positif du Bélarus après ce tournoi.

Ce pays avait déjà réussi quelques bons championnats par le passé, mais ils n'en avait jamais enchaîné deux de suite. Et franchement, un an après leur Mondial à domicile, personne ne s'attendait à ce que les Biélorusses conservent leur septième place. Ils avaient pourtant beaucoup de cadres absents.

Il ne restait que trois stars : le capitaine Aleksei Kalyuzhny et les frères Kostitsyn. Ces trois hommes étaient ensemble en première ligne, et ils ont parfaitement joué leur rôle de leaders avec une fiche de +5 chacun. Et s'ils ont été efficaces, c'est peut-être parce qu'on a su les préserver sans les sur-utiliser. Ils n'ont joué que 16 minutes et demie par match, à comparer aux 14 minutes du centre de quatrième ligne Aleksandr Kitarov : cet attaquant défensif, très critiqué toute la saison au Dynamo Minsk, a dévoilé une activité offensive insoupçonnée.

Cette capacité à répartir les temps de jeu est à porter au crédit de l'entraîneur canadien Dave Lewis. L'ancien coach aux trois saisons de NHL (dont deux à Detroit où il avait assuré l'héritage de Scotty Bowman), nommé en décembre, a réussi l'exploit de faire oublier en à peine six mois son prédécesseur, l'ancienne icône nationale Glen Hanlon.

Le Bélarus sait bien que le succès de l'année dernière était dû à l'euphorie et au soutien du public qui ont transcendé quelques joueurs-clés. La performance de cette année, plus discrète, est beaucoup plus rassurante sur le fond. On peut en effet espérer qu'elle ne soit pas sans lendemain. Mais attention : généralement, c'est quand le Bélarus se met à raisonner comme ça et à viser trop haut qu'il commence à redescendre...

 

Suisse (8e) : le retour en arrière

On peut toujours essayer de faire comme l'entraîneur Glen Hanlon et voir le verre à moitié plein : puisque c'est seulement le deuxième quart de finale en cinq ans pour la Suisse, c'est donc un bon résultat. Mais atteindre les quarts de finale grâce à un pénible - dans tous les sens du terme - 1-0 contre l'Allemagne, est-ce vraiment l'objectif ultime de la Nati ? Si c'est le cas, cela veut dire qu'on est revenu à l'ère Krueger. C'est un retour en arrière, à la passivité et à la prudence, après les quatre années de Sean Simpson qui avaient pourtant bousculé ces habitudes...

Quand Hanlon se plaint de la difficulté à marquer des buts mais ajoute que la France, l'Allemagne et la Lettonie ont eu les mêmes problèmes, la comparaison a de quoi inquiéter les supporters suisses. Ils préfèreraient certainement que leur équipe regarde vers le haut. Si on se satisfait à nouveau de succès poussifs contre plus petit que soi, la finale 2013 restera un rêve sans lendemain...

Malheureusement, ce problème d'efficacité, tous les entraîneurs de la Suisse y ont été confrontés. Ils ont seulement essayé de provoquer plus ou moins la chance... On cherche toujours vainement un buteur. Denis Hollenstein l'a été en se montrant décisif contre la France et l'Allemagne, les deux uniques victoires helvétiques. Mais alors que ses coéquipiers se sont améliorés au fil des rencontres, lui a disparu... Damien Brunner et Andres Ambühl, les deux attaquants suisses les plus actifs, ont quant à eux peiné à conclure devant la cage.

Le seul homme capable de faire différence offensivement, c'est donc... le défenseur Roman Josi. Ce fut le cas contre la France quand sa montée a mis Huet dans le vent, il l'a refait en quart de finale en perçant toute la défense américaine pour un but magistral qui n'aura pas suffi. Ce que réalise Josi à chaque apparition sous le maillot suisse est fascinant, et contraste avec les déboires de Mark Streit : comme en 2012, le défenseur expérimenté aux 0,59 points par match en NHL a été nommé capitaine mais a terminé avec la moins bonne fiche +/- de son équipe. Sa mauvaise passe fatale en prolongation contre la Lettonie et son absence d'apport à un jeu de puissance défaillant ont aussi été pointées du doigt. La Suisse, qui portait au pinacle sa star de NHL Streit, doute aujourd'hui de lui et découvre que Josi est meilleur et bien plus complet.

 

Slovaquie (9e) : un potentiel inexploité

Tout avait été fait pour que les Slovaques, venus en nombre et en voisins soutenir leur équipe, et se sentent comme chez eux à Ostrava. Dans la gare de la ville, le premier portrait qui annonçait les championnats du monde était celui de... Miroslav Šatan. Le capitaine de l'équipe championne du monde 2002 a rejoint cette année l'équipe de commentateurs pour la télévision slovaque. Les membres de la génération dorée sont derrière le micro, mais plus sur la glace.

Après un bail de quatre années bien commencé (vice-champion du monde 2012) mais mal terminé, l'entraîneur tchèque Vladimír Vujtek est parti avec une prédiction funeste : "Le hockey slovaque est tombé quelque part entre la septième et la dixième place. Ce sera dur pour les Slovaques de gagner des médailles." C'est à la fois réaliste et pessimiste. Bien sûr, la Slovaquie reste derrière les grandes nations, mais elle est clairement septième ou huitième, selon qu'on considère que la Suisse lui est passée devant. On peut critiquer tant qu'on veut la formation défaillante des jeunes, il n'empêche que les moins de 20 ans ont toujours atteint les quarts de finale depuis quinze ans.

Comment se fait-il donc que les seniors aient manqué trois fois de suite (en comptant les JO) ces mêmes quarts de finale ? Parce que la régularité n'est toujours pas la qualité première des hockeyeurs slovaques. C'est pour ça qu'ils sont capables du meilleur comme du pire, y compris à l'intérieur d'un même match. C'est ainsi qu'ils ont gâché une avance de deux buts contre la Norvège, mais remonté un retard de trois buts contre les États-Unis. Ils restent donc un adversaire dangereux en cas de quart de finale... mais ils n'ont aucune garantie d'y être qualifiés !

Est-ce un défaut des joueurs ou du coach ? Les deux, à en croire des critiques professionnels comme le grand ancien Josef Golonka, qui ne mâche toujours pas ses mots ("nous sommes plus faibles en patinage que la majorité des équipes, et nous ne jouons pas l'homme du tout") et a relevé comme tout le monde les incessants changements de lignes qui n'ont jamais trouvé la bonne formule. La décision de nommer TomᚠKopecký capitaine pour ensuite le sanctionner en l'envoyant un match en tribune a été jugée incohérente. Elle n'a pourtant si mal fonctionné, car Kopecký a fini le tournoi très fort sur une quatrième ligne combative avec Vladimír Dravecký et un Richard Pánik enfin à la hauteur, sinon par l'efficacité, au moins par l'effort.

À l'heure de distribuer des compliments individuels, Vujtek n'a su citer que "peut-être Dravecký, ou même Adam Janosik, et bien sûr Július Hudácek." Le premier n'a eu que 11 minutes de temps de jeu moyen, le second était seulement son septième défenseur, et le troisième n'a eu le droit de débuter comme titulaire qu'au sixième match... Par cette énumération, Vujtek se tire un peu une balle dans le pied quant à l'utilisation faite de ces joueurs. Mais surtout, il avoue indirectement combien ses joueurs-vedettes ont peiné à porter leur équipe. Marián Gaborík en a été le meilleur marqueur sans beaucoup briller, mais la grande déception vient de TomᚠTatar, indolent, impécis, et auteur de 0 but alors qu'il en a mis 32 cette saison en NHL. Le potentiel de cet effectif, si tous les attaquants slovaques se mettaient à jouer ensemble à leur meilleur niveau, vaut bien plus que les pays de milieu de tableau. Mais ces moments sont de plus en plus rares.

 

Allemagne (10e) : si prévisible

Comme on s'y attendait, Pat Cortina n'a pas été prolongé aux commandes de l'équipe nationale. Sa succession n'est pas officielle, mais tout porte à croire qu'Uwe Krupp fera son retour. Le concept de la fédération allemande - dont le nouveau président Franz Reindl a toujours soutenu Krupp - prévoit en effet la mise en place d'un directeur sportif aux pouvoirs élargis, chargé des relations avec les clubs et les joueurs. L'entraîneur n'aurait plus qu'à coacher, ce qui lui permettrait d'officier également en club, condition qui avait provoqué à l'époque le départ de Krupp.

En trois années, Cortina a surtout une non-qualification olympique à son passif, mais ce n'est pas sa faute si sa prise de fonction ne précédait que de trois mois cette échéance capitale. En championnats du monde, il a juste mis l'Allemagne à sa place, ni plus ni moins. Il ne pouvait guère faire beaucoup mieux avec les joueurs à disposition. Il faudra surtout comprendre pourquoi les défections ont été plus nombreuses depuis trois ans, et si un entraîneur allemand aura une influence et/ou un charisme suffisants pour rassembler tout le monde.

En l'état, l'Allemagne a été tristement prévisible. Voilà une équipe qui risque rarement de faire mentir la description donnée en présentation du tournoi. Sa capacité en infériorité numérique ? Avérée. L'absence de défenseurs offensifs ? Vérifiée aussi dans les faits. Le duo Justin Krueger - Moritz Müller a été solide, mais ce sont des arrières de protection et pas des soutiens de l'attaque que l'on s'attend à voir sur une première paire défensive. Ils s'en sont cependant bien mieux sortis que leurs collègues, en grande difficulté dans leur zone et montrant leurs limites (de patinage pour Björn Krupp, de physique pour Benedikt Kohl).

L'absence de buteurs, enfin ? Une évidence. Et cela pourrait s'aggraver. Le capitaine Michael Wolf a marqué à lui seul 4 des 11 maigres buts de son équipe... et il a surpris en annonçant à 34 ans sa retraite internationale, une décision dont seul Reindl était prévenu par avance. Il pense déjà à sa reconversion et ne se voit pas continuer à ce niveau jusqu'aux Mondiaux 2017 à domicile. Il laissera un vide supplémentaire. Patrick Reimer (photo) a réussi son retour et a aussi un bon lancer, tout comme Matthias Plachta, qui a néanmoins cumulé beaucoup de mauvais choix pour un joueur suivi par les scouts NHL. Ces deux-là ont mis deux buts chacun... et on a déjà fait le tour des armes offensives. Malgré un joli but en solo, Daniel Pietta s'est rendu compte de la différence de niveau entre la DEL, où il domine, et le jeu international. Un constat qu'ont fait beaucoup de ses coéquipiers. La combativité sans faille des joueurs allemands ne suffit pas, et il faudra se servir de cette expérience pour réussir les prochains Mondiaux à domicile comme ceux de 2010.

 

Norvège (11e) : la satisfaction Nørstebø

Battre la Slovaquie n'a pas suffi à la Norvège pour atteindre les quarts de finale, puisqu'elle a ensuite abandonné toute chance en cédant pour la première fois en élite face au Danemark, qu'elle se plaisait à battre systématiquement. De quoi remettre en cause des certitudes.

Avec douze petits buts marqués, la Norvège est apparue extrêmement dépendante de ses deux stars offensives, l'expérimenté Patrick Thoresen et le technique Mathis Olimb. Ils ont marqué 15 points à eux deux, contre... 9 à tous les autres attaquants réunis. Depuis la retraite internationale de Skrøder l'an passé, il manque une force offensive que n'est pas le grand Andreas Martinsen (1 but et 3 assists en six championnats du monde), même si la NHL vient de l'embaucher. Si encore les joueurs de soutien menaient bien leurs tâches spécifiques, notamment en infériorité numérique... Mais les Norvégiens n'ont tué que 65,5% des pénalités, et les joueurs missionnés pour ce faire - notamment le duo Stene-Roest - en portent forcément une part de responsabilité.

Néanmoins, ce Mondial aura surtout apporté une vraie grande révélation. On sait que Roy Johansen intègre rarement de nouvelles têtes, et on n'avait donc jamais vu un junior aussi éclatant que Mattias Nørstebø. Il était encore sur le banc au premier tiers-temps du premier match, mais dès qu'il a foulé la glace, il s'est imposé. Selon la division du travail chère à Johansen, on lui a épargné les tâches les plus défensives pour l'aligner en revanche en supériorité numérique, où il a été décisif par ses deux buts contre la Slovaquie. Enfin, la Norvège n'aura plus à se reposer sur le même quatuor de défenseurs (Holøs-Tollefsen-Trygg-Bonsaksen) qui commencent à fatiguer. Rappelons que Mats Trygg aura 39 ans le mois prochain, et que ça se sent un peu à son patinage...

 

France (12e) : l'expérience a compensé l'indiscipline

On avait dit que le premier week-end serait déterminant, et il l'a été. Les deux défaites face à l'Allemagne, plutôt contre le cours du jeu d'après les adversaires eux-mêmes, et la Suisse, après une méconduite pour le match pour une faute reconnue par tous comme inexistante, ont contraint la France à trembler jusqu'au bout. Le staff a été contraint de revoir ses plans. Cristobal Huet, qui ne devait jouer contre aucun des trois gros pour donner de l'expérience aux autres gardiens, a finalement débuté face à la Suède. Aurait-il mieux fallu le lancer contre le Canada, où Ronan Quemener, sans démériter pour ses débuts en championnats du monde, a encaissé deux buts évitables que le vétéran aurait pû arrêter ?

Il ne sert plus à rien de réinventer l'histoire de chaque match et de refaire chaque décision (y compris arbitrale) a posteriori. Dans cette formule en sept rencontres, chaque équipe traverse des hauts et des bas et doit soutenir physiquement et mentalement le marathon. Les Bleus l'ont fait, obtenant leur maintien au bout du suspense grâce à une incroyable force psychologique. Ils l'ont réussi parce qu'ils ont battu leurs adversaires directs, l'Autriche dans ce qui est peut-être paradoxalement leur match le moins abouti, puis la Lettonie qui était plus craintive qu'eux. Ils le méritent de toute façon surtout parce qu'ils ont été compétitifs à chaque match, et même ceux qui ont été le plus près de prendre un point aux invincibles Canadiens.

Ce Mondial de la peur a encore augmenté l'expérience acquise par cette équipe de France, une expérience dont on a pu mesurer l'importance dans les rencontres décisives. Ces joueurs savent vendre chèrement leur peau. Ce n'est pas une raison pour ne pas apprendre de ses erreurs : la France a été l'équipe la plus pénalisée, et elle a laissé échapper beaucoup de points sur ces fautes idiotes. L'indiscipline aurait pu coûter très cher. Antoine Roussel, qui n'a cessé de vitupérer contre les arbitres, doit apprendre en particulier le mutisme sur la glace : un muet, ça n'est pas moins efficace pour rendre un gardien aveugle !

En fin de compte, les Français ont encaissé autant de buts que l'an passé, mais ils ont marqué deux fois moins (13 buts au lieu de 25). Ce n'est pas étonnant puisque le trio étincelant l'an passé a été presque anéanti. Pierre-Édouard Bellemare s'était blessé un mois plus tôt, Roussel a joué avec une cheville diminuée, et Stéphane Da Costa a subi une entorse du genou au deuxième match. Leur ligne avait mis 15 buts, elle n'en a inscrit qu'un... En compensation, Damien Fleury, moins bonne fiche en 2014 (-9), a été cette fois le moteur offensif, avec 5 buts, mais aussi 33 tirs cadrés, trois fois plus que tous les autres attaquants tricolores ! La France a donc appris à survivre dans la souffrance, sans ses meilleurs joueurs valides (ce qui était aussi le cas de ses rivaux directs), sans circonstances favorables. Cela ne peut la rendre que plus forte.

 

Lettonie (13e) : la ligne des D et le monument

La Lettonie a eu chaud, très chaud. La réminiscence du breakaway de Julien Desrosiers, sur ce tir de Kristaps Sotnieks contré à dix secondes de la fin contre la France, lui provoque encore des frissons. Les Baltes se sont maintenus par la toute petite porte.

La densité reste plus que jamais un problème. Avec plusieurs absences notables, les Baltes s'en sont remis à une seule ligne. On n'aura jamais vu une répartition aussi caricaturale ! Lauris Darzins et Kaspars Daugavins ont inscrit 8 buts à eux deux, leurs compagnons de ligne 2 buts (le défenseur Guntis Galvins et le centre Andris Dzerins), et tout le reste de l'équipe... 1 petit but (Mikelis Redlihs).

La Lettonie se repose donc toujours sur les mêmes joueurs, y compris dans les cages. Ervins Mustukovs a pourtant été envoyé dans les cages au début du premier match, mais face à l'attaque canadienne, c'était un honneur piégé. Il a pris 5 buts en 23 minutes. Une fois de plus, Edgars Masalskis a donc repris son poste. Cela fait deux ans qu'il peine à trouver un club de façon stable, et pourtant il reste toujours aussi indispensable...

Après la victoire-clé sur l'Autriche, son collègue Kaspars Daugavins ne pouvait rendre plus bel hommage : "Il faut ériger un monument à Masalskis. Le Dinamo Riga a fait une erreur en le laissant partir [NB : pour une affaire extra-sportive]." Masalskis a pourtant battu un "record négatif" en devenant le gardien ayant comptabilisé le plus de défaites en championnat du monde. Des défaites, oui, mais aussi quelques victoires qui lui doivent beaucoup.

 

Danemark (14e) : demain, toujours demain

On se plaignait depuis deux ans que le meilleur marqueur soit le vieux Kim Staal. Cela ne risquait plus d'être le cas puisqu'il a tenu un rôle marginal sur une quatrième ligne à faible temps de jeu. Pour autant, le constat est le même : le Danemark n'a toujours pas de leader offensif. Le top-3 est composé de deux attaquants qui ont surtout bien travaillé défensivement, Morten Madsen (0+4) et Julian Jakobsen (2+1), ainsi que d'un défenseur, Daniel Nielsen (2+1), dont le retour a fait beaucoup de bien.

On comptait éventuellement sur Oliver Bjorkstrand pour ranimer l'offensive. Les débuts internationaux du grand espoir de 20 ans étaient attendus avec impatience. Après avoir marqué 76 buts cette année en WHL, la meilleure ligue junior canadienne, il a certes démontré plus d'activité offensive que ses collègues en arrivant en cours du tournoi, mais son bilan reste aussi bloqué à zéro point.

Non, ce Danemark n'a pas été flamboyant. Mais il a bien défendu, on ne peut pas lui enlever ça. Jusqu'ici troisième gardien, Sebastian Dahm a eu enfin sa chance à 28 ans et a terminé sa meilleure saison par une victoire historique sur le grand rival, la Norvège, une victoire dont il restera le héros. Les Danois ont ainsi pu se maintenir sans même attendre le match-couperet contre la Slovénie... et heureusement puisqu'ils l'ont perdu 0-1. Le signe, une fois de plus, de leurs limites offensives. Jamais les Slovènes n'avaient blanchi personne.

Présent dans l'élite en U18, en U20 et en séniors, le Danemark sait avoir l'avenir pour lui. Mais à force de le dire, on attend que ce futur sans cesse repoussé devienne le présent. L'objectif est fixé à 2018, avec les championnats du monde à Copenhague mais aussi avec les Jeux olympiques, dont la qualification, en septembre 2015, passera par le Bélarus.

 

Autriche (15e) : la frustration remettra-t-elle en cause la stratégie ?

Les Autrichiens ont de quoi être frustrés et amers. Depuis que la formule en poules de huit a été instaurée en 2012, il n'est arrivé que deux fois qu'une équipe soit reléguée avec 5 points. À chaque fois, ce fut l'Autriche ! Être le meilleur promu lui fait une belle jambe, puisqu'elle subit le même sort que les autres : la redescente immédiate. C'est encore plus frustrant de croire avoir fait le plus dur et de se faire éliminer sans rien pouvoir y faire sur le "scénario-catastrophe" qu'elle craignait (victoire en prolongation ou aux tirs au but de la France sur la Lettonie). C'est pourquoi elle en veut maintenant au gardien balte Edgars Masalskis d'avoir été si inutile face aux pénaltys français.

Comme il convient d'abord d'analyser ses propres performances avant celles des autres, commençons le bilan de l'Autriche par les unités spéciales, sans équivoque : il valait autant pour elle jouer à 4 contre 5 qu'à 5 contre 4 ! Elle n'a encaissé qu'un seul but en 44 minutes d'infériorité numérique, avec le capitaine Thomas Raffl en modèle exemplaire pour bloquer les tirs et se sacrifier. A contrario, elle n'a marqué aucun but en supériorité numérique... et en a même encaissé un. Après les récentes retraites volontaires (Trattnig), il manque à l'Autriche un joueur au slap puissant à la ligne bleue, mais peut-être aussi une présence devant le but. Le naturalisé Brian Lebler n'a pas été aussi tranchant qu'espéré et a beaucoup vendangé. Le seul joueur de NHL Michael Raffl a par contre été décisif pour prendre deux points face à la Suisse puis à l'Autriche.

C'est pour cela que resurgit la question Michael Grabner, justement un finisseur. Le lendemain de l'élimination, l'attaquant des New York Islanders s'est étonné dans un journal (le Kleine Zeitung) qu'on ne l'ait pas appelé. C'est facile de venir se lamenter après coup en connaissant le résultat. La stratégie du nouveau sélectionneur Dan Ratushny avait le mérite d'être claire : ne pas intégrer de jokers NHL qui n'étaient pas disponibles dès le camp de préparation, car en play-offs (comme Grabner libéré quelques jours avant le début de la compétition).

Certes, c'est une stratégie originale, à rebours de celle de tous les autres participants qui déroulent le tapis rouge à leurs stars d'outre-Atlantique, mais elle est parfaitement compréhensible dans le contexte autrichien quand on sait combien le comportement desdites stars aux JO a ruiné les efforts de tout un groupe. L'esprit d'équipe est le plus important, car le vestiaire a assez souffert comme ça. Ratushny a été conforté dans ses choix car l'Autriche a très bien mis en place son système. Son organisation collective, en net progrès, a compensé le manque d'expérience individuelle de ses joueurs. Pour ses débuts à ce niveau, le défenseur de petite taille Dominique Heinrich, chef d'orchestre dans la première passe et dans la conduite du palet, a été en particulier le "grand bonhomme" de cette formation autrichienne.

 

Slovénie (16e) : Kopitar ne marque pas, Kopitar démissionne

La Slovénie abordait ce championnat du monde avec des attentes revues à la hausse. Le maintien ne paraissait plus une utopie. Avec la superstar Anze Kopitar, tout devenait possible. Malheureusement, et malgré 22 minutes par match sur la glace, le double vainqueur de la Coupe Stanley n'a marqué qu'un but, et n'a tiré que 8 fois sur le but adverse en 7 rencontres. Une contribution offensive vraiment faible, même si Kopitar ne se résume pas à ça car il travaille toujours dans les trois zones.

Mais ce qui a surtout déçu, c'est que la Slovénie n'a pas joué avec la même énergie qu'à l'accoutumée. La ligne qui incarnait l'enthousiasme slovène, Sabolic-Ticar-Jeglic, était méconnaissable. Le trio que l'on pensait à jamais indissociable ne fonctionnait plus. Il a été séparé un jour de suspension de Robert Sabolic, mais le coach avait prévu de modifier cette ligne même sans cette sanction disciplinaire.

La Slovénie refait donc l'ascenseur, et après cette troisième descente, le sélectionneur Matjaz Kopitar a jeté l'éponge, une heure seulement après le dernier match. Une décision définitive, à laquelle il dit avoir déjà songé l'an passé. Il restera comme l'homme qui a conduit ce petit pays en quart de finale des Jeux Olympiques. Il n'a pas voulu épiloguer sur son choix, mais a pointé du doigt ces "vilains" critiques qui prévalent en Slovénie, en ajoutant que ses joueurs mériteraient un meilleur soutien. Particulièrement visé par ces propos, le "chef de l'opposition", Nestl Aljancic, un ancien président de la fédération.

Avant papa Kopitar, la Slovénie avait été dirigée pendant une décennie par des entraîneurs étrangers. Faut-il et peut-on faire venir un nouveau spécialiste de l'extérieur, malgré des moyens économiques très limitées ? Les dirigeants s'orientent plutôt vers une solution de continuité, puisqu'ils ont demandé à l'entraîneur-adjoint Nik Zupancic de prendre la suite. Mais celui-ci a demandé un délai de réflexion.

 

Marc Branchu (photos Francis Larrede)

 

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