Allemagne 2014/15 : bilan

 

Les résultats du championnat allemand

 

Les clubs de DEL

 

Mannheim (1er) : une domination implacable

Les Adler de Mannheim ont nettement dominé la saison et n'ont pas failli à porter le poids du favori en play-offs. Ils ont reconquis le titre qu'ils attendaient depuis trop longtemps, huit longues années.

L'effectif était le plus fort et aussi le plus dense, en qualité comme en expérience. Cette équipe avait tant de profondeur que le danger pouvait venir de partout. Même quand la recrue quarantenaire Glen Metropolit a baissé de forme après un début de saison étincelant, d'autres ont pris le relais. Les quatre meilleurs marqueurs de Mannheim en saison régulière (Metropolit, Rhéault, Plachta et Richmond) ont donc été tous différents des quatre principaux scoreurs en play-offs. Jochen Hecht, qui a vécu les titres de 1997 et 1998 (époque Bozon) avant de partir en NHL, a connu une seconde jeunesse dans ces séries et y a devancé Frank Mauer, qui avait pourtant commencé le quart de finale en tribune comme joueur surnuméraire et se savait non reconduit, Kai Hospelt, qui a persévéré après avoir attendu très longtemps son premier but de la saison, et Christoph Ullmann, le vétéran international qui n'a jamais rechigné même au centre de la quatrième ligne.

Tous les joueurs ont été prêts à se fondre dans le rôle qui leur a été assigné, et toutes les recrues se sont parfaitement intégrées. Le défenseur allemand aux racines turques Sinan Akdag s'est développé encore plus fort qu'attendu, avec la troisième fiche de la DEL (+24) en saison régulière et la meilleure de toutes (+11) en play-offs. Le gardien Dennis Endras a retrouvé sa confiance et son niveau pour devenir pour la première fois champion d'Allemagne.

Mannheim a donc enfin formé un groupe sans faille avec le meilleur effectif sur le papier. Le mérite en revient au nouvel entraîneur Geoff Ward, qui a fait l'unanimité par son souci du détail et son investissement total, à son bureau chaque jour au petit matin. Malheureusement, le coach avait une clause de sortie pour retourner en NHL, et il l'a activé pour reprendre un poste d'adjoint, avec un motif familial sous-jacent (seul son fils l'avait suivi en Allemagne). L'intersaison s'annonce moins simple que prévu.

 

Ingolstadt (2e) : l'eldorado suisse

Personne ne pensait Ingolstadt capable d'accéder à une seconde finale de suite après avoir changé l'entraîneur et la moitié de l'équipe. Et pourtant, le champion sortant était encore là, à l'image de son inoxydable capitaine Patrick Köppchen, le défenseur dont l'engagement sans faille en championnat a valu un retour en équipe nationale... 13 ans après ses premiers (et jusqu'alors derniers) championnats du monde ! Ceci dit, le niveau international est un cran au-dessus de DEL, il a pu en faire le constat. Le champion d'Allemagne et ses confrères s'en étaient déjà rendu compte en Ligue des Champions.

Contrairement au tournant du siècle, la DEL ne se prétend plus supérieure à aucun des grands championnats. La Suisse fait ainsi figure d'eldorado, et les recrues venues de ce pays (Petr Taticek, Ryan McMurchy et Brandon Buck) ont formé du coup une des lignes les plus spectaculaires du championnat. L'entraîneur qui a tout gagné en Suisse (et en France), Larry Huras, a failli enrichir son palmarès en amenant son expérience à Ingolstadt.

Pour la seconde année de suite, pourtant, Ingolstadt devra changer de coach ! L'hypothèse d'un départ de Larry Huras vers un plus grand championnat (il s'agira en l'occurrence de la Suède avec Modo) avait cependant été anticipée. C'est pour cela que l'ex-sélectionneur autrichien Manny Viveiros avait été embauché comme adjoint. Il prendra "naturellement" la succession après avoir appris une saison aux côtés d'un spécialiste aussi expérimenté que Huras.

L'été sera donc plus calme, d'autant que le club a réappris à faire confiance à ses joueurs et leur avait accordé des contrats plus longs. Le seul départ (très ?) important est celui de l'international allemand Patrick Hager, qui a obtenu le meilleur total de points de sa carrière tout en excellant en infériorité numérique aux côtés de Christoph Gawlik.

 

Düsseldorf (3e) : survivante d'un coma profond et de trois impacts de foudre

Les grands clubs ne meurent jamais. Mais parfois, ils voient une grande lumière blanche, entendent une voix qui les appelle et... reviennent à la vie. C'est le cas de la DEG, plongée pendant deux ans dans une expérience de mort imminente. Sous perfusion grâce au soutien constant de sa grande famille, et après une injection de capital en dernière urgence, la comateuse s'est réveillée et a remarché comme une jeune fille ! Son cas paraissait pourtant désespéré : l'encéphalogramme du classement était plat, et toutes les alarmes sonnaient pour signaler la défaillance de ses organes, faute d'oxygène financier.

La voie de la résurrection a été semée de rechutes. Un 0-7 à la première journée puis un 0-8 à la sixième journée semblaient annoncer un nouveau chemin de croix. Premier coup de tonnerre inquiétant : le gardien Bobby Goepfert, qui a porté Düsseldorf à bout de bras pendant les deux saisons de galère à la dernière place, s'est blessé à la hanche dès le quatrième match de championnat. La DEG a alors engagé un jeune Canadien au chômage qui ne participait même pas au moindre camp de sélection, Tyler Beskorowany, sans se douter que celui-ci serait élu six mois plus tard meilleur portier de DEL !

La défense était frappée à son tour quand son pilier Tim Conboy s'est rompu les ligaments croisés début novembre. Recruté pour le suppléer dans l'impact physique, Shawn Belle avait souvent un temps de retard au début. Il a mis du temps à trouver sa meilleure forme (venue en play-offs), mais les lignes arrières ont tenu quand même.

La foudre s'est abattue une troisième fois, et pour ne pas faire de jaloux, l'attaque qui avait été épargnée en a été victime. Le meilleur marqueur Michael Davies a été suspendu pour un médicament pris depuis l'adolescence et non déclaré. Les explications contradictoires du club et du joueur n'ont jamais été éclaircies, et le joueur, retiré par précaution, aligné de nouveau puis contrôlé positif, a été suspendu la moitié de saison avant de revenir en play-offs.

Ces trois impacts n'ont pas empêché Düsseldorf de finit cinquième de la saison régulière puis de se qualifier en demi-finale. L'entraîneur Christoph Kreutzer, pur produit du club, est devenu le symbole d'une approche locale qui fait et donne confiance aux joueurs allemands. Quant aux jeunes espoirs qui avaient à l'origine complété une équipe en détresse, ils ont bien mérité désormais un vrai contrat professionnel !

 

Wolfsburg (4e) : la constance discrète

Toujours présent en quart de finale depuis sept ans, qualifié 5 fois sur 7 en demi-finale, Wolfsburg est le club le plus régulier de DEL, alors que ses concurrents déploient des budgets de plus en plus hors de sa portée.

Une telle constance va d'autant moins de soi que les stars Norm Milley et Matt Dzieduszycki ont fortement décliné par rapport aux saisons antérieures. Le meilleur marqueur fut longtemps Mark Voakes (qui avait fini surnuméraire à Krefeld la saison précédente)... mais il a subi une commotion cérébrale en décembre. Le seul modèle de régularité, c'est une nouvelle fois le meilleur buteur Sebastian Furchner, qui a encore dépassé de trois buts ses records personnels de l'an passé.

L'entraîneur Pavel Gross a souvent remanié ses lignes et cherché la méthode pour que ses joueurs donnent le meilleur d'eux-mêmes. Il a même modifié son système et adopté une stratégie plus défensive, mais cela ne suffisait qu'à se placer en milieu de tableau. En play-offs, il a surpris en ne titularisant pas le gardien Sebastian Vogl, rentré dans le rang après deux saisons excellentes, mais l'espoir Felix Brückmann. Débutant en play-offs, le jeune portier a conduit sa nouvelle équipe jusqu'en demi-finale face à son ancien club Mannheim.

De la colonne vertébrale de centres, Voakes, Milley et Haskins s'étaient tour à tour blessés, et il ne restait plus qu'un seul joueur valide, le meilleur marqueur Marco Rosa. Impossible dans ces conditions d'espérer gêner Mannheim, qualifié en quatre manches.

 

Munich (5e) : tout ça pour ça

Auparavant, Wolfsburg a tout de même sorti en quart de finale Munich, le deuxième de la saison régulière. Le EHC Red Bull a longtemps enchanté son public par son jeu offensif. Il a gagné plus de 600 spectateurs de moyenne, la plus forte progression de la ligue hors évènements exceptionnels. Et à mi-saison, il était même en tête de la DEL.

La situation a commencé à se dégrader fin décembre, avec une dizaine de joueurs blessés. L'effectif le plus pléthorique de DEL était réduit à tout juste trois lignes ! Il n'était plus question de briguer la pole position, mais la deuxième place suffisait à se qualifier en Ligue des Champions.

Malgré tout, les blessures n'avaient jamais frappé les éléments moteurs de l'équipe. Quand cette dernière perdit son meilleur marqueur Garrett Roe au premier match de play-offs, elle fut étonnamment incapable de réagir, prise de court et mal préparée à la combativité défensive de Wolfsburg. Touché également, le meilleur passeur Mads Christensen, que l'entraîneur Don Jackson avait connu à Berlin et rappelé. Un recrutement critiqué mais réussi. Le Danois aura lui aussi manqué dans ce quart de finale.

Les Munichois auront aussi déploré la blessure du jeune gardien Niklas Treutle juste avant les play-offs. Florian Hardy, qui avait perdu sa place de titulaire depuis un mois, devait revenir dans le bain dans des circonstances compliquées, sachant qu'on ne lui faisait plus trop confiance. Le Français n'a pu renverser cette dernière impression, mais il n'y avait plus grand-chose à faire dans une équipe qui n'a marqué que cinq buts en quatre manches de quart de finale.

 

Hambourg (6e) : Laporte a pris la porte

L'entraîneur qui avait la plus grande longévité à Hambourg aura peu duré cette saison : après une Ligue des Champions ratée et quatre défaites en championnat, Benoît Laporte a justement pris la porte (non, on ne lui a jamais faite, pensez donc...). Les tensions étaient devenues fortes dans le vestiaire, mais son ancien adjoint Serge Aubin les a apaisées, sans sombrer non plus dans le syndrome du coach-copain. Il a très vite su imprimer sa marque et mener efficacement un groupe uni.

Aubin a très rapidement ramené Hambourg vers son objectif d'une qualification directe en quart de finale avec une satisfaisante quatrième place. La déception d'une élimination à domicile au septième match contre Düsseldorf n'en a été que plus dure à avaler. La défense était peut-être plus meurtrie qu'il n'y paraît : outre la perte de Brett Festerling (nerf de la main coupé), le spécialiste défensif aligné systématiquement face aux meilleurs attaquants adverses, les deux piliers des lignes arrières Mathieu Roy et Christoph Schubert jouaient en effet avec une épaule endolorie.

En attaque, seuls deux joueurs n'ont connu aucun pépin physique de toute la saison. Il s'agit de Kevin Clark et Marty Sertich, les deux recrues chargées de compenser le départ outre-Atlantique du meneur combattant David Wolf. Après une adoption difficile, Sertich a surtout démontré sa créativité en jeu de puissance par ses passes. Quant à Clark, il est tout simplement devenu le premier homme à être désigné "joueur de l'année" en DEL pour deux clubs différents. Ses performances ont été remarquées jusqu'en Suisse : démentant par les faits les rumeurs de relation difficile entre Clark et Laporte, les deux hommes se retrouveront à Langnau, dont ils seront les atouts pour le retour en LNA.

 

Iserlohn (7e) : "Mais où sont les Allemands ?"

Les remarques les plus innocentes - ou les plus malicieusement taquines ? - sont souvent les plus percutantes. L'ancien centre-vedette d'Iserlohn, Robert Hock, ex-international allemand (lui-même d'origine tchèque), a rendu une petite visite à son ancienne équipe et s'est interrogé : "Mais où sont les Allemands ?"

C'est la question de tout le pays se pose, car les Roosters ont poussé la logique de la naturalisation jusqu'à la caricature. Seuls deux joueurs titulaires ont effectivement été formés en Allemagne, leurs collègues en ont juste des passeports. Et les autres clubs de s'étonner qu'il soit difficile de se procurer un passeport à Iserlohn auprès d'une administration locale complaisante alors que c'est un parcours du combattant dans d'autres régions.

D'autres pourtant citent Iserlohn en exemple comme la seule méthode pour un club à petit budget d'être compétitif face aux grosses écuries qui raflent tous les meilleurs joueurs allemands. Karsten Mende a ainsi été élu "manager de l'année" par un collège d'experts composé majoritairement de ses pairs et des entraîneurs de DEL. La moitié des votants étaient donc étrangers et moins sensibilisés à cette polémique. Ils ont surtout reconnu les Roosters comme l'équipe qui a le plus surpris par rapport à son niveau attendu et à ses moyens.

La présence des doubles passeports a en effet apporté à Iserlohn une densité inédite avec onze attaquants (tous nés à l'étranger) à plus de 20 points. Le club du Sauerland, pour qui la dixième place constituait généralement un plafond de verre, a ainsi fini sixième et s'est qualifié directement pour les quarts de finale. Il y a dominé le champion Ingolstadt, mais sans réussir à arracher le succès à l'extérieur qui aurait renversé l'avantage de la glace. Le public très chauvin a en tout cas adhéré à la stratégie de son club à qui il a toujours tout pardonné (Kadhafi...). Seule compte pour lui la victoire. Et avec 4290 spectateurs de moyenne, nouveau record et hausse de près de 10%, les dirigeants sont confortés dans leur politique.

Passeports, passeports, qui veut des passeports... (Euh, pour les Syriens et Érythréens, il ne faut pas très rêver, je ne suis pas sûr que la prodigalité d'Iserlohn s'adresse à vous...).

 

Nuremberg (8e) : un trio... tout seul

Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas vu en DEL une ligne aussi dominante, par rapport à ses adversaires mais surtout par rapport au reste de leur équipe. Le capitaine Patrick Reimer, le vétéran de NHL Steven Reinprecht et le jeune international Yasin Ehliz ont terminé avec des fiches (cumulant saison régulière et play-offs) de +29/+28/+27, alors que tous les autres attaquants de Nuremberg sauf un (le volontaire Jason Jaspers à +2) présentaient des bilans négatifs quand ils étaient sur la glace ! Mais, dans le hockey moderne, un trio offensif ne suffit pas.

Les Ice Tigers ont donc passé toute la saison dans un confortable milieu de classement. La seule fois où ils sont descendus sous la barre de la dixième place, un voyant rouge s'est allumé et les sièges éjectables du commandant Tray Tuomie et de son copilote Maurizio Mansi se sont déclenchés automatiquement. Le manager Martin Jiranek, seul maître à bord, est alors venu lui-même sur le banc, en convainquant Rob Wilson - récemment viré par Straubing - de devenir son entraîneur-adjoint. Pas facile à accepter pour quelqu'un qui ne se voyait que comme coach principal, mais Jiranek lui a promis qu'il aurait voix au chapitre. Promesses tenues : Jiranek redeviendra simple assistant et rendra les clés à Wilson la saison prochaine.

Avec une défense à nouveau stabilisée, et malgré la blessure du gardien Jochen Reimer (bien substitué durant cette phase par Andreas Jenike), Nuremberg a bien fini la saison et a même passé un tour. Cela n'a l'air de rien comme ça, mais pour un club qui a connu tant de déconvenues dans les séries finales, c'est déjà énorme.

 

Berlin (9e) : l'aura s'est éteinte

Berlin était censé partir avec un avantage psychologique lors de la phase à élimination directe, grâce à sa dynastie de 5 titres en 6 ans. Mais l'élimination contre Nuremberg est la deuxième en deux ans au stade des pré-playoffs. Il ne reste plus rien de l'aura d'invincibilité d'un club rentré dans le rang.

On ne trouvait plus d'excuses à l'entraîneur Dave Tomlinson, qui s'est fait licencier en novembre. À sa place est arrivé l'ancien sélectionneur national Uwe Krupp. Loin de se réjouir de cet effectif riche en internationaux (et plus encore depuis l'arrivée de Marcel Noebels en octobre), Krupp faisait la moue à la vue de la durée des contrats qui ne laissent aucune marge de manœuvre. Darin Olver et Barry Tallackson ne sont plus que l'ombre du duo qui dominait autrefois les compteurs de DEL, et leur goût du palet est peu productif : il faudra pourtant les garder.

Il n'y a que quatre joueurs en fin de contrat, dont trois constituent des déceptions majeures (on met à part Matt Foy qui pâtit surtout d'être trop souvent blessé) : les défenseurs James Sharrow - par ses relances imprécises - et Casey Borer - par ses duels perdus - ont abandonné trop d'occasions à l'adversaire, et le lent Antti Miettinen n'a jamais été l'attaquant défensif espéré. Berlin devra donc trouver de meilleurs étrangers à keur place, et espérer que Krupp fasse de nouveau progresser les joueurs allemands.

 

Krefeld (10e) : deux poids, deux mesures ?

Les mêmes reproches reviennent sans cesse sur l'entraîneur Rick Adduono, malgré six années de bilan sportif positif : il favoriserait ses compatriotes et négligerait des joueurs allemands aux performances pourtant meilleures. Le développement fantastique de Sinan Akdag en un an après son départ de Krefeld vers Mannheim donne assez raison à ses détracteurs.

Cette saison plus que toute autre, les faits sont là et plaident en faveur des hockeyeurs allemands : le capitaine Daniel Pietta et le joker Marcel Müller ont mené l'équipe avec plus d'un point par match et des fiches excellentes (+23/+22) dans une équipe par ailleurs négative. Dans le même temps, les recrues canadiennes Colin Long et Tyler Beechey ont grandement déçu par leur engagement physique très en retrait.

Désormais nanti d'un contrat d'une durée inédite (il a resigné pour 10 ans avec son club formateur), Pietta s'est même permis de sortir de sa réserve pour souligner un autre constat parlant : les seuls joueurs à ne jamais avoir manqué un match sont des Allemands qui ont suivi la préparation estivale organisée dès le mois de juin en petit comité... et sans le coach canadien. Les Nord-Américains qui s'accordent de longues vacances arrivent moins bien préparés, et se plaignent ensuite de blessures musculaires qui aurait pu être évitées. En prêchant par l'exemple, Pietta peut-il faire évoluer le modèle de Krefeld ?

 

Cologne (11e) : le gâchis

La description de la saison de Cologne est indéniablement celle d'un gros gâchis. Toute l'Allemagne du hockey est restée stupéfaite en apprenant que l'entraîneur le plus respecté et le plus connu du pays, Uwe Krupp, s'était fait jeter comme un malpropre avec ses adjoints après seulement un mois de championnat. Le manager Lance Nethery, en désaccord avec cette décision, a remis sa démission. Certes, la situation sportive était préoccupante avec une avant-dernière place, mais un seul mois pouvait-il décemment effacer le travail effectué pendant deux ans (deux fois vice-champion) ?

Le nouveau coach Niklas Sundblad n'avait pas la même cote d'amour que Krupp, même s'il pouvait se targuer de l'avoir battu en finale avec Ingolstadt. Après deux mois également difficile, il a connu un excellent mois de décembre qui a ramené Cologne dans la zone des pré-playoffs... avant d'en ressortir en fin de saison. Jamais l'équipe n'a trouvé la régularité requise.

Les défenseurs suédois Andreas Holmqvist et Daniel Tjärnqvist - qui incarnaient le succès de Cologne en 2012/13 - accusent leurs âges et ont décliné à vue d'œil. Le premier, jamais revenu à son niveau après sa convalescence post-commotion, a mis un terme à sa carrière, et le second a finalement vu son contrat racheté par le club.

Le gardien Danny aus den Birken a quant à lui exprimé sa joie de partir car il ne sent plus la confiance de ses dirigeants. Privé d'une doublure jugée fiable (le nouveau numéro 2 Stefaniszin n'a presque jamais été aligné), il a dû assumer comme titulaire unique sa part de responsabilité dans l'inconstance de son équipe, même s'il n'était pas mis dans d'aussi bonnes conditions qu'avant.

Niklas Sundblad aura donc carte blanche pour reformer l'équipe à son image, car beaucoup d'hommes-clés de l'ère Krupp ne seront plus là.

 

Augsbourg (12e) : la fin de l'ère Mitchell

Le seul licenciement qui paraissait plus improbable que celui de Krupp, c'était celui de Larry Mitchell. Depuis sept ans, il avait façonné l'équipe d'Augsbourg grâce à sa connaissance des joueurs nord-américains.

Après onze journées, les "Panther" pointaient en deuxième position. Le contrecoup de la blessure définitive de Ryan Bayda dès le sixième match a sans doute été fatal : il était alors sur un nuage et avait déjà inscrit 10 points. En son absence, Daniel DaSilva était moins performant et témoignait surtout d'un trop faible souci du collectif. Le rapide centre Luigi Caporusso était alors bien seul, et sa phase de doute (deux mois sans but) a contribué au renvoi de Mitchell fin novembre.

Augsbourg avait alors 4 points de retard sur une place en play-offs : l'écart passera à 23 avec l'adjoint Greg Thomson aux commandes. Sans volonté à l'extérieur (19 défaites de suite), l'équipe traînait sa peine avec la pire défense du championnat. L'écart de performance était trop grand entre le toujours remarquable Steffen Tölzer (+13 alors qu'il rentrait d'une longue convalescence de son genou) et le décevant duo André Reiss - Jeff Woywitka (-17 / -12).

En plus, le gardien Chris Mason, que Grenoble voulait tant avoir, a accusé le poids des ans. Le vétéran de NHL n'était plus le cador annoncé, et Markus Keller n'a pas pu pallier les déficiences du numéro 1 prévu une seconde saison de suite.

 

Straubing (13e) : le début de l'ère Larry Mitchell

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, et assurément Straubing peut se féliciter que Larry Mitchell ait été libéré par Augsbourg. L'identité et le modèle de jeu du petit club bavarois étaient en train de s'essouffler. Dix jours plus tôt, les Tigers s'étaient séparés de leur nouvel entraîneur Rob Wilson avec un bilan désastreux de 18 défaites en 21 journées.

Mitchell n'est donc pas resté longtemps au chômage et a vite été réembauché. Il a pu se rendre compte de l'ampleur de la tâche en commençant par six défaites. Mais par la suite, son équipe a remonté la pente et abandonné la dernière place, revenant presque sur les talons d'Augsbourg.

C'était une confirmation que Straubing fait le bon choix et tient la personnalité idéale pour reconstruire. Trop de castings ont été ratés dans le recrutement de ces dernières années. Et même ceux qui avaient donné satisfaction initialement auront de plus en plus déçu au fil des ans : le gardien Jason Bacashihua et le défenseur Andy Canzanello sont très loin de leur forme et de leur concentration d'antan.

Larry Mitchell rebâtira forcément l'équipe à son image, essentiellement sur des hockeyeurs nord-américains dont il connaît le pedigree sur le bout des ongles. Laurent Meunier (meilleur marqueur) et Sacha Treille (meilleur buteur) savaient déjà qu'ils ne seraient plus de l'aventure, même si les deux Français ont apporté leur écot jusqu'à la fin. Il ne restera plus que deux étrangers, le défenseur offensif Dylan Yeo et le principal talent de l'attaque Blaine Down (victime d'une blessure à la jambe à mi-saison). Mitchell a donc une "carte blanche" presque immaculée.

 

Schwenningen (14e) : on repart d'une page blanche

Schwenningen a pu constater les difficultés inhérentes à une deuxième saison. Dès la préparation, le jeu proposé s'éloignait des attentes suscitées par un recrutement assez ambitieux. L'équipe a fait illusion pendant onze journées, avec un bilan positif et une neuvième place, jusqu'à la blessure à la main du meilleur marqueur de la saison précédente Ryan Ramsay, qui paraissait de toute manière hors de forme avec 3 maigres points au compteur. Le joker recruté à sa place, Nick Palmieri, s'est plus illustré par ses nombreuses pénalités (88 minutes) que par son apport offensif (10 points) et s'est ajouté à la liste des déceptions.

Celle-ci était déjà longue. Annoncé comme la recrue-phare, l'attaquant d'AHL Jon Matsumoto a fait un grand flop. Les onze nouveaux ne se sont jamais bien intégrés, mais certains des joueurs de la saison précédente ont aussi décliné, notamment le vieux centre international danois Morten Green.

Après huit défaites d'affilée, l'entraîneur italien Stefan Mair a été viré mi-novembre et a cédé sa place à son adjoint Dave Chambers. Peine perdue. L'équipe s'est irrémédiablement enfoncée jusqu'à finir bonne dernière. Si Chambers a été choisi, c'est surtout que les autres candidats approchés exigeaient un contrat couvrant la saison prochaine. Or, les dirigeants voulaient confier cette liberté de décision au futur manager car ils avaient décidé de se séparer d'Alexander Jäger. Celui-ci a finalement été limogé dès l'automne et s'est mis à régler ses comptes dans la presse avec Mair. De quoi conforter la direction - qui jugeait Jäger incompétent - dans la volonté de mettre en place un staff nouveau et cohérent pour tout reconstruire.

 

 

Les clubs de DEL2

 

Premier : Bietigheim-Bissingen. Champions pour la deuxième fois en trois ans, pour la troisième fois en sept ans, les Steelers sont vraiment le club dominant de la DEL2, celui qui mériterait une montée lorsque la porte s'ouvrira de nouveau (on évoque toujours 2018 comme horizon lointain...).

Ayant passé l'essentiel de la saison régulière avec vingt points d'avance, l'entraîneur Kevin Gaudet craignait que son équipe s'amollisse un peu. Et comme Bietigheim-Bissingen a toujours privilégié la qualité à la quantité dans son recrutement, le moindre pépin aurait pu s'avérer fatal en play-offs.

Même pas. La blessure de son centre attitré Matt McKnight en quart de finale n'a pas calmé la verve de l'attaquant David Wrigley qui a dominé les phases finales. Quant au gardien international croate Sinisa Martinovic, il a montré qu'il n'avait plus besoin de doublure en faisant preuve d'une belle constance. Le fait de jouer à trois lignes contre quatre ne rend pas non plus l'équipe plus fatiguée, car c'est généralement elle qui use l'adversaire à patiner après le palet, grâce à la tactique toujours très offensive de Gaudet. La preuve est que les cinq prolongations en play-offs ont toutes été remportées par Bietigheim-Bissingen, dont le titre était donc une évidence.

 

Deuxième : Bremerhaven. Le hockey sur glace continue de s'imposer dans le paysage de la cité portuaire, et ses 3658 spectateurs de moyenne le placent tout près des basketteurs, qui jouent en première division et qui en rassemblent 3909 dans la même aréna. La Coupe Continentale a permis au club de faire encore parler de lui, mais elle a aussi coûté des forces et entraîné quelques reports en championnat. Bremerhaven n'était donc que onzième à mi-parcours, mais le classement était trompeur avec les matches en retard. La compétition européenne a en fait renforcé l'équipe et l'a rendu plus forte en fin de saison.

Deuxième en Coupe Continentale, en saison régulière puis en play-offs, Bremerhaven pourrait s'avouer frustré de cette accumulation. Ce n'est pas le cas. Dans une ligue où aucun champion n'a jamais conservé son titre, c'est déjà un beau succès pour l'entraîneur canadien Mike Stewart, qui aura marqué le club de son passage en trois ans. Même si la nouvelle n'était pas officielle tant que la saison n'était pas finie, tout le monde connaissait déjà la rumeur - fondée - qui faisait de Stewart le prochain entraîneur d'Augsbourg. Il y emmènera avec lui le gardien Ben Meisner, vite devenu le chouchou après son arrivée comme joker peu avant Noël, et laisse un grand vide dans les cœurs des supporters.

 

Troisième : Francfort. Après une saison en dents de scie, où les séries de victoires ont parfois alterné avec les séries de défaites, le retour au haut niveau de Francfort a connu une fin triomphale : huit succès d'affilée pour finir la saison, et même quatre de plus pour éliminer Ravensburg en quart de finale, puis une sortie avec les honneurs en six manches face à Bremerhaven.

Arrivé sans pression, le promu a largement dépassé ses objectifs. La difficulté sera de rassasier les 4426 spectateurs de moyenne qui ont évidemment constitué la meilleure affluence de la division. Quand on a connu les gloires d'un titre de champion d'Allemagne (2004, avant la faillite en 2010), on a forcément de l'appétit. Et l'entraîneur Tim Kehler de promettre aux spectateurs la victoire en DEL2 pour l'an prochain. Attention, ce n'est pas tombé dans l'oreille de sourds...

 

Quatrième : Landshut. Désigné parmi les favoris, l'EVL n'a jamais véritablement tenu son rang. Il a passé toute la saison au cœur du peloton et a mis pas mal de temps à retrouver la forme. Une fois en play-offs, il a tout de même trouvé la force de renverser Kassel, avant d'être complètement balayé par le futur champion Bietigheim-Bissingen.

Si cette saison a été aussi compliquée, c'est en grande partie parce que l'entraîneur Andreas Brockmann est tombé gravement malade et a dû se retirer pour raisons de santé en décembre. Un mois plus tard, Landshut a voulu engager Toni Krinner, mais celui-ci ne s'était pas libéré de ses obligations contractuelles envers Riessersee même s'il n'était plus physiquement en poste. Il aura fallu un mois de polémique parfois vile et de procédure judiciaire pour aboutir à la seule solution possible : verser un dédommagement à son ancien club pour pouvoir engager Krinner.

L'épilogue de cette histoire est néanmoins tragique, et elle relativise beaucoup la bile dépensée pendant ce mois de tiraillements (notamment la lamentable pendaison d'une effigie à son image dans les tribunes de la patinoire de Garmisch...) : en juin, on a appris que Toni Krinner était à son tour atteint par une grave maladie ! À la réprobation et à polémique ont donc succédé les messages de solidarité de tout le pays.

 

Cinquième : Kassel. Après une intersaison très turbulente, les Huskies ont été repris en mains - après une négociation en force - par le propriétaire de l'aréna, leur ancien patron du temps de la DEL Simon Kimm, qui a confié la gestion sportive à son homme de confiance, le même qu'à l'époque, le manager Joe Gibbs. Celui-ci a démontré qu'il était toujours capable de monter une équipe compétitive, et en très peu de temps.

Le gardien international danois Simon Nielsen, immédiatement désigné comme une erreur de casting, a été très vite écarté au profit de Mika Järvinen, joker provisoire puis définitif qui a conquis les supporters. Il pensait d'abord repartir rapidement, il est resté toute une saison et a eu la surprise d'être couronné gardien de l'année, mais a sauté sur une offre venue d'élite finlandaise (Vaasa) pour la saison prochaine. L'autre révélation, le meilleur marqueur du championnat Mike Collins, ira au niveau supérieur à Krefeld : il aura illuminé la première ligne par son excellente vision du jeu. Collins a emmené le promu à une troisième place totalement inattendue en saison régulière, même si elle n'a pas été confirmée en quart de finale.

 

Sixième : Ravensburg. Il y a quatre-cinq ans, les Towerstars avaient systématiquement une des meilleures affluences de la ligue. Aujourd'hui, ils tournent toujours autour de 2500, mais ne sont plus que huitièmes, parce que des adversaires ont emménagé dans des enceintes neuves (Bietigheim, Bremerhaven), ont fait un effort de reconquête du public (Landshut) ou sont arrivés (Francfort, Kassel). Pour autant, Ravensburg sent le soutien de son public, puisqu'elle a été la meilleure équipe à domicile... mais seulement la onzième à l'extérieur.

Le déclin progressif de Ravensburg témoigne que la division est devenue de plus en plus compétitive. Alex Leavitt, meilleur marqueur du titre de 2011, a été beaucoup moins productif pour son retour. Shawn Weller a aussi déçu, et n'a pas supporté la concurrence après l'engagement d'un cinquième étranger (Austin Smith) : il aura suffi de deux rencontres en tribunes pour qu'il file à Dresde. La meilleure recrue étrangère aura finalement été le défenseur offensif Maury Edwards, élu meilleur arrière de DEL2, et qui a tapé dans l'œil de la DEL et plus précisément de Straubing.

 

Septième : Rosenheim. Le recrutement de trois joueurs ayant connu la DEL à Augsbourg était censé placer les Starbulls parmi les favoris. Ils n'ont pas répondu à ces attentes. Si Mario Valery-Trabucco a au moins fini meilleur marqueur (mais en étant moins convaincant en play-offs), son collègue Sergio Somma a carrément fini la saison en tribune.

La déception la plus triste vient cependant du gardien Patrick Ehelechner, dont on attendait monts et merveilles pour son retour dans sa ville natale après de belles années en DEL. Il a progressivement perdu sa place au profit d'un jeune portier également formé au club, mais beaucoup plus jeune : un espoir de 20 ans nommé Timo Herden. La saison aura prouvé que les noms ronflants ne font pas tout, mais que Rosenheim reste une bonne adresse formatrice. Un beau legs laissé par le trio de dirigeants qui ont redémarré depuis le bas de l'échelle (la "Bezirksliga", qui était la septième division en 2000) et ont accompli du chemin en quinze ans. Ils laissent la main cet été après avoir remonté un club de niveau professionnel.

 

Huitième : Dresde. La DEL2 était si serrée cette saison qu'on pouvait grimper ou chuter au classement en quelques semaines. Le public de Dresde a dû avoir le cœur bien accroché pour résister aux haut-le-cœur pendant ce parcours en montagnes russes. Leur équipe est d'abord passée rapidement de la dixième à la troisième place après une série de six victoires en décembre. Puis elle a continué à faire le yo-yo, sans son meilleur marqueur Kris Sparre qui a utilisé une clause de sortie pour repartir en DEL au Nouvel An. Une série de six défaites a alors fait reculer les Eislöwen à la onzième place. Ils ont cependant attrapé in extremis la qualification, et ont même éliminé Riessersee en pré-playoffs pour un bilan sportif satisfaisant.

Plus satisfaisant encore, le bilan financier qui affiche un exercice bénéficiaire. Comme quoi il n'y a pas de malédiction liée à quelque microclimat local. Il suffisait de recruter (à l'extérieur) un dirigeant ayant démontré sa compétence, Volker Schnabel. Cet éternel club de hockey à problèmes est alors devenu fiable, au point de proposer de rembourser par anticipation - et avec les remerciements - le prêt consenti par les collectivités locales. La relation de confiance est ainsi pleinement rétablie.

 

Neuvième : Riessersee. Le SCR était en route pour une excellente saison, bien parti pour le top-6 synonyme de qualification directe en quart de finale, lorsque "l'affaire Krinner" a éclaté. Que le coach veuille quitter son poste parce qu'il avait été désavoué sur une décision concernant l'effectif (conserver un joueur à l'essai) était une chose ; que l'on apprenne deux jours plus tard qu'il voulait en fait signer chez un concurrent (Landshut) en était une autre. Le directeur Ralph Bader a senti un coup monté et a tenu à défendre les droits de son club jusqu'au bout. Mais la fin de saison de l'équipe en a quand même pâti.

La saison prochaine devrait être plus calme sur le banc : après y avoir assuré plusieurs fois des intérims, le capitaine Tim Regan raccroche définitivement les patins pour devenir l'entraîneur du club. L'Américain est une idole parfaitement adoptée à Garmisch-Partenkirchen et dans la région, il est même devenu conseiller municipal dans le village d'origine de son épouse. Il y a donc peu de chance qu'il provoque une esclandre. Il va en revanche changer le style de jeu, voulu plus physique, et renoncer de ce fait aux Tchèques pour recruter des compatriotes nord-américains.

 

Dixième : Weißwasser. Les "Lausitzer Füchse" (Renards de Lusace) avaient monté rapidement une équipe alléchante et affiché de belles ambitions en indiquant même un top-6 et une demi-finale comme objectifs. Cela pouvait paraître présomptueux, avec une défense assez faible, et - qui plus est vite - diminuée par des blessures. Mais grâce à une tactique "tout pour l'attaque", Weißwasser était troisième au dernier match de l'année 2014, un match au cours duquel le meilleur marqueur Jonas Johansson s'est cassé une côte. C'est ce soir-là qu'a commencé une série de neuf défaites en dix rencontres qui a fait plonger l'équipe au classement, malgré le retour des blessés.

Avoir voulu se faire plus gros n'aura donc pas réussi. L'exercice a laissé un trou dans la caisse, et Weißwasser va devoir redevenir le petit club qu'il n'a jamais cessé d'être. Ce sera malheureusement sans Jonathan Boutin. Autrefois meilleur gardien de ce championnat, le Canadien n'a toujours pas retrouvé son meilleur niveau depuis sa mononucléose de fin 2013.

 

Onzième : Bad Nauheim. Pour sa seconde saison après sa propre montée, Bad Nauheim a bénéficié de la promotion des deux autres clubs de Hesse - Francfort et Kassel - qui a assuré des derbys passionnés et a encore fait grimper sa moyenne de spectateurs (2615). Le public a cependant connu une déception, car sur les onze clubs compétitifs en lutte pour dix places en play-offs, il fallait bien qu'un passe à la trappe. Bad Nauheim, qui n'avait pas suivi la course aux renforts de ses rivaux, fut celui-là.

Cela ne remettra toutefois pas en cause la continuité recherchée. Après avoir assuré un intérim, le directeur sportif Daniel Heinrizi avait introduit l'été dernier comme coach le Finlandais Petri Kujala, qu'il connaissait bien puisqu'ils avaient passé leur diplôme d'entraîneur ensemble. L'élimination n'a pas remis en cause la prolongation de contrat de Kujala : les dirigeants ont conscience qu'ils restent un petit club dans cette DEL2 et ont fixé des objectifs à long terme avec un "agenda 2020".

 

Douzième : Crimmitschau. Décrochés dès les premières semaines de la saison, les Eispiraten n'avaient plus guère de chance de revenir sur un peloton bien groupé. Ils ont donc passé l'essentiel du temps en "chasse-patates", sans personne devant et personne derrière, en douzième position. Ils se seront au moins épargnés les frayeurs de l'an passé : le maintien a été assuré assez facilement, 4 victoires à 1, lors du premier tour des barrages de relégation contre Heilbronn.

Le club saxon a trop longtemps tâtonné avec ses étrangers : les bonnes pioches nord-américaines sont arrivées un peu tard, et le Tchèque Jakub Langhammer, pour un joueur au passé d'Extraliga, a été bien en dessous des attentes. Lorsqu'il fut envoyé en tribune comme surnuméraire (après le recrutement du joker Eric Lampe), le centre tchèque a fait ses valises, sans qu'on le regrette. Le plus difficile pour Crimmitschau, afin de ne pas subir les mêmes difficultés, sera de se mettre d'accord avec ses attaquants étrangers pour les garder, car ceux qui réussissent se montrent plus gourmands à leur seconde saison.

 

Treizième : Kaufbeuren. Après quatre victoires pour commencer la saison, l'euphorie commençait déjà à gagner l'ESVK, et personne ne se doutait de ce qui allait suivre. La nouvelle blessure de son gardien Stefan Vajs, le joueur-clé de l'équipe, a replongé Kaufbeuren dans une crise inexorable. La solution de virer à la fois le directeur sportif Dieter Hegen et l'entraîneur Uli Egen n'aboutissait à rien, d'autant que le nouveau coach finlandais Kari Rauhanen ne faisait pas mieux et était licencié à son tour deux mois plus tard. Dirigé par les entraîneurs du hockey mineur, Kaufbeuren finissait par sauver encore une fois sa peau au courage, grâce au retour de l'indispensable Vajs.

Ces souffrances récurrentes pour survivre en valent peut-être la peine. Pendant que l'équipe se battait en fond de classement, le conseil municipal votait en effet la reconstruction de la patinoire aux piliers de béton fragiles : l'ESVK aura donc dans quelques années une nouvelle enceinte pour lui assurer un avenir, et cela vaut le coup de se battre jusque là pour rester en DEL2.

 

Quatorzième : Heilbronn. Le bilan des années de gestion d'Ernst Rupp expliquait pourquoi il était si pressé de passer la main : l'exercice en cours était sans cesse bouclé avec des avances des partenaires, et le nouveau manager Attila Eren s'est très rapidement résolu à un plan d'économies, loin de ses ambitions initiales. Il a alors laissé l'entraîneur Igor Pavlov bâtir son équipe comme il le souhaitait, engageant notamment des joueurs qu'il avait connu à Hanovre (Sachar Blank et les frères Janzen).

Le but de Pavlov était de disposer de jeunes joueurs, qui ont une marge de progrès plus importante... et qui sont peut-être plus aussi plus malléables pour accepter sa discipline. Mais quand Pavlov a été viré en décembre, les défaillances de l'équipe construite par et pour lui étaient déjà évidentes. Malgré un nouvel appel à des renforts à la sauve-qui-peut, Heilbronn ne pouvait éviter un barrage à la mort contre Kaufbeuren, sans réussir cette fois à s'en sortir.

 

 

Oberliga

 

Heilbronn sera remplacé par Fribourg-en-Brisgau, dont le seul regret est que la capacité de sa vieille patinoire ait été limitée au fil des ans pour raisons de sécurité, car il aurait pu remplir bien plus que 3000 places lors des play-offs. Le EHC Freiburg s'est appuyé sur une équipe à 90% formée au club, avec comme fer de lance le grand espoir Niko Linsenmaier. Celui-ci serait certainement parti si le club n'était pas monté cette année, mais la montée coïncide parfaitement avec son développement personnel.

Premier avec une bonne avance dans la zone la plus compétitive, le Sud, Fribourg a remporté l'Oberliga après une finale de haut niveau contre l'autre candidat majeur à la montée Duisburg, dominateur à l'Ouest. Celui-ci a progressivement abandonné son projet de pépinière pour les jeunes joueurs prêtés par les grands clubs rhénans. Franz Fritzmeier, initiateur de cette stratégie, a en effet été engagé comme entraîneur-adjoint de Cologne en octobre, pendant qu'arrivait en sens inverse l'ancien manager de DEL Lance Nethery. Un profil tel que lui est le signe que Duisburg a des ambitions au niveau supérieur et fera tout pour monter l'an prochain. La nouvelle Oberliga Nord, qui remplacera dans une poule unique à 18 les trois anciennes zones géographiques au niveau disparate (nord, ouest et est), lui permettra sans doute de mieux se préparer avant les play-offs face aux équipes du Sud.

 

Marc Branchu

 

 

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