Finlande 2015 : bilan de la saison et perspective

 

Les résultats du championnat finlandais

Le bilan précédent (2014)

 

La Finlande du hockey est en transition. Alors que la SHL suédoise s'élargit à quatorze, le voisin finlandais, toujours disposé à la surenchère vis-à-vis de la nation rivale, a étiré sa Liiga à quinze et la Mestis à douze. Un an après le Vaasan Sport, le Kookoo de Kouvola est le nouveau promu du championnat élite. Un promu sur dossier puisque la Liiga demeure un circuit fermé, idée proposée en Suède mais qui a été vivement rejetée.

Cette transition est d'autant plus délicate que plusieurs obstacles se sont dressés durant la dernière saison avec une fréquentation en baisse et plusieurs clubs en difficulté financière. Et l'écart de niveau entre la Liiga et la Mestis n'a jamais été aussi important.

Pour autant, au sommet de l'échelle, le spectacle a encore été au rendez-vous. Une domination écrasante, un retournement de situation, sept manches et un dernier but en prolongation, la finale 2014 est considérée comme l'une des plus passionnantes de l'histoire. Sauf que celle de 2015 a également tenu ses promesses. Les deux mêmes finalistes, Kärpät et Tappara, ont failli échanger les rôles : 3 victoires à 1 à l'avantage de Kärpät, Tappara qui se retrousse les manches, un septième match, une prolongation et... le sacre finalement pour Oulu !

 

Kärpät Oulu (1er) : l'appétit vient en gagnant

La dynastie de "l'hermine" d'Oulu a raflé sept médailles entre 2003 et 2009 dont quatre en or. Et cette fois-ci, les Nordistes ont remporté pour la deuxième fois de suite le Kanada-malja, le trophée du champion, après avoir terminé une seconde fois d'affilée en tête de la saison régulière. Et un an après Juhamatti Aaltonen, c'est le junior Sebastian Aho qui a offert le titre en prolongation à l'issue de la septième manche. Kärpät confirme encore sa domination sur l'échiquier finlandais.

Le héros Aho, repêché au second tour par la Caroline fin juin et qui a encore plein de choses à prouver, et Jesse Puljujärvi, un des talents les plus prolifiques à son âge, constituent de grands espoirs offensifs du hockey - même pas 35 ans à eux deux - et seront des attractions, à plus forte raison cette année avec encore un an de plus. Mais Joonas Donskoi (San José) et la révélation Joonas Kemppainen (Boston), duo à 46 points en play-offs, ont désormais pris le chemin de la NHL alors que Ben Maxwell souhaitait sonder le marché KHL. On rappellera toutefois que le surdoué Ville Pokka et Aaltonen avaient quitté le navire durant l'été dernier, ce qui n'avait pas empêché Kärpät de garder son statut de champion.

À l'attaque, Esa Pirnes et Ivan Huml seront reconduits. Une excellente chose car l'expérience et l'engagement de ces deux joueurs ont beaucoup pesé sur les performances de l'équipe. Sans Donskoi et Kemppainen, Kärpät devra se renouveler avec les arrivées des créatifs Mika Niemi, Juuso Ikonen et Miro Aaltonen (aucun lien). La défense ne sera pas chambardée. Devant les filets, Iiro Tarkki reste le titulaire désigné. Il a de toute façon subtilisé le poste de numéro 1 à Tomi Karhunen... qui l'avait subtilisé la saison précédente à Jussi Rynnäs.

On ne tient pas à se relâcher à Oulu. L'entraîneur Lauri Marjamäki soigne les détails, jusque... dans l'assiette ! Marjamäki ne veut pas de "simples hockeyeurs", il souhaite compter sur des athlètes adoptant un régime alimentaire adapté au sport de haut niveau. Avec un tel souci du détail, on imagine que l'hermine a encore de l'appétit !

 

Tappara Tampere (2e) : maudite hache

Tappara a donc perdu une troisième finale consécutive, la deuxième de suite en prolongation à l'issue du septième match. Le club de Tampere est pourtant revenue de loin, seulement 10e en décembre. Le siège de l'entraîneur Jussi Tapola a alors tremblé ! Son équipe a finalement renversé les situations les plus critiques. Même menée 3 victoires à 1 en demi-finale contre Lukko. Cela n'a malheureusement pas fonctionné en finale, en dépit d'un nouveau retour spectaculaire.

L'une des rares équipes de la Liiga à rivaliser avec Kärpät aura-t-elle davantage de réussite ? L'aile droite sera particulièrement dépouillée avec les départs de Pekka Jormakka, Antti Erkinjuntti et surtout la superstar, Olli Palola, l'homme aux 70 buts en deux ans, parti se frotter à la KHL. Palola a confirmé son explosion, hissant son équipe comme une locomotive, et paraît donc irremplaçable. Plusieurs joueurs sont tout de même versatiles dans leur positionnement et il faut souligner l'arrivée du champion de Suède Jani Lajunen (25 ans) qui revient en Finlande après avoir été exemplaire à Växjö.

La concurrence a eu raison du gardien Tomi Karhunen, médaillé d'or avec Kärpät, et qui passe dans l'autre camp en succédant au solide Juha Metsola, en partance vers la KHL. Karhunen n'aura pas devant lui Tuukka Mantylä. Le petit patron (1m71) de la défense avait signé un contrat long - chose rare en Finlande - d'une durée de dix ans en 2009 avec une clause libératoire pour trois expériences à l'étranger. Trois tentatives infructueuses en KHL plus tard, Mantylä aurait dû être disponible pour Tappara... mais, à 34 ans, Monsieur a encore le goût de l'aventure !

Mantylä avait commencé la saison 2014/2015 à Tampere avant de rejoindre Khabarovsk fin novembre. Cela n'avait pourtant pas empêché la "hache" de Tampere de conserver la deuxième défense la plus imperméable du championnat. Et bonne nouvelle, cette muraille devrait être préservée. Sera-t-elle cette fois-ci récompensée ?

 

JYP Jyväskylä (3e) : le départ de l'icône

C'est la fin d'une ère. Celle d'Éric Perrin, 39 ans, capitaine de l'équipe, au sein du club depuis 2010 et meilleur marqueur de l'équipe ces quatre dernières années. Sous les couleurs de JYP, il a inscrit 309 points en 342 matches, c'est le cinquième joueur le plus prolifique de l'histoire du club. En se plongeant dans les statistiques ou en le voyant se dépasser, même à l'aube de la quarantaine, on comprend facilement pourquoi le Québécois est devenu une véritable icône dans la capitale de la Finlande-Centrale.

Il va pourtant falloir faire sans. Ne croyez pas que Perrin part en retraite. Il a signé avec le TPS Turku, le JYP de Jyväskylä n'ayant plus les finances de le conserver. Le départ sera donc dur à digérer alors que la rigueur économique force à un recrutement raisonné. Une sixième médaille ces sept dernières années, le champion Kärpät poussé au septième match en demi-finale, le JYP de Jyväskylä a encore réalisé une belle saison, mais pourra-t-il en faire autant pour 2015/2016 ?

Outre Perrin, deux surdoués de l'organisation partent sous d'autres cieux : Juuso Ikonen (20 ans) et Markus Hännikäinen (23 ans). Ce dernier, qui a littéralement explosé, a d'ailleurs tapé dans l'œil des recruteurs de Columbus. Formé au JYP, Joonas Nättinen, revenant de quatre ans d'exil en AHL et en Suède, n'a lui jamais joué avec la section senior. Il aura à charge de se connecter à une offensive où tentera de briller encore une fois Jani Tuppurainen. L'ailier de 35 ans a passé le cap des 50 points pour la seconde fois en carrière.

Il y avait déjà du muscle en défense avec notamment le vétéran et chef de file Mikko Luoma. Il y en aura davantage avec Nolan Yonkman (1m98 / 114 kg, 800 parties en AHL) qui a attendu ses 34 ans pour rejoindre le continent européen ! L'expérience assurera-t-elle une nouvelle place sur le podium ?

 

Lukko Rauma (4e) : la méthode Dufva

JYP a donc confisqué à Lukko sa médaille de bronze. Le club de Rauma menait pourtant 1-0 à la mi-match avant de voir les portes du podium se refermer. Avant ce match pour la troisième place, Lukko était même proche d'éliminer Tappara en demi-finale en menant 3 victoires à 1. Il s'agit toutefois d'une troisième participation consécutive au dernier carré. Une réussite que Lukko doit surtout à son entraîneur. Risto Dufva est un ancien dirigeant influent justement de JYP qu'il a mené jusqu'à l'or après avoir été l'instigateur de la dynastie des Jukurit en Mestis au début des années 2000.

Mais les fans attendent la prochaine étape, la dernière finale datant tout de même de 1988. À la décharge de l'équipe, il faut reconnaître qu'elle n'a pas été épargnée par les blessures, particulièrement les trois grands atouts offensifs : Ville Vahalahti, Jarry Ahtola et Aaron Gagnon, le seul renfort étranger avec Ryan Zapolski. Mais selon l'expertise de Dufva, certaines blessures auraient pu être évitées. C'est pourquoi il souhaite renforcer la préparation estivale avec un programme personnalisé, adapté à chacun et conçu par le préparateur physique Risto Rosendahl.

Ce programme ne concernera plus Ville Nieminen, qui prend sa retraite. À 38 ans, "Nemo", l'homme aux 2000 matches officiels sur deux continents, a gagné la Coupe Stanley avec Colorado mais n'aura jamais été champion de Finlande malgré une dernière pige à Rauma. Ce personnage populaire, car ouvert au contact des supporteurs, ne sera pas forcément bien loin puisqu'il a déjà trouvé une activité : il entraînera KeuPa HT en Mestis, une équipe avec laquelle Lukko a conclu un partenariat.

Le Lukko Rauma a réalisé de bonnes touches pour son recrutement, notamment en défense où Janne Niskala, le meilleur défenseur de la Liiga, sera épaulé par Miika Koivisto, solide arrière de KalPa et capable de contribuer offensivement. De quoi permettre à Lukko, la "serrure", de ne rien céder face à ses adversaires.

 

Blues Espoo (5e) : piégés par l'indiscipline

Pour la deuxième année d'affilée, Espoo s'est incliné en quart de finale. Les Blues avaient donné du fil à retordre à Lukko en 2014 mais ils n'ont rien pu faire face à JYP qui n'a eu besoin que de quatre manches pour régler l'affaire. Si l'offensive a été satisfaisante tout au long de l'année, avec notamment le meilleur jeu de puissance de la Liiga, les phases d'infériorité numérique ont coûté très cher aux hommes de Jyrki Aho : plus de la moitié des buts encaissés en play-offs (8 sur 17) l'ont été en désavantage numérique, un pourcentage catastrophique qui a clairement hypothéqué les chances des Blues.

Cela dit, sous la baguette du coach Aho, certains se sont totalement sublimés. C'est le cas de Kim Hirschovits, capitaine de 33 ans qui a pratiquement doublé sa production offensive par rapport à l'année dernière. Hirschovits a terminé meilleur marqueur du championnat et il a été élu meilleur joueur. On peut également évoquer le cas d'Otso Rantakari. Parti pour être le septième défenseur de l'équipe, ce jeune homme de 21 ans est devenu un pilier majeur de la défensive alors qu'il disputait sa première année au plus haut niveau finlandais !

Pour la saison prochaine, l'ossature a été préservée avec très peu de départs et une dizaine d'extensions de contrat. Le groupe sera étoffé avec davantage de rigueur défensive (Mikko Kukkonen) et d'expérience (l'ailier Eero Somervuori). Il faut également signaler l'arrivée de Juuso Vainio, défenseur et membre du titre mondial junior en 2014 mais avec déjà plus de 100 rencontres de championnat au compteur. Il y croisera Veeti Vainio, qui n'est pas de la même famille mais lui aussi demeure un grand espoir de la Finlande en défense.

Le staff s'est toutefois vu dans l'obligation d'une refonte devant les filets. Le jeune Eetu Laurikainen aura été remarquable, ce qui lui a valu d'être contacté par les Oilers d'Edmonton. Et c'est un coup de poker que tente Espoo devant le but avec Christian Engstrand. Le Suédois de 26 ans allait connaître une expérience KHL à Zagreb l'été dernier, mais c'était avant que le Medvescak ne mette fin à son contrat... dix jours après ! Engstrand a finalement participé à la saison-fiasco de l'AIK en Allsvenskan avant de rejoindre la Hongrie et Székesfehérvár en décembre pour jouer en EBEL, le championnat autrichien élargi. Le voilà dans une équipe bien décidée à rejoindre un dernier carré qu'elle a côtoyé pour la dernière fois en 2012.

 

KalPa Kuopio (6e) : défense de fer mais comptes dans le rouge

La dernière place de la saison 2013/2014 ne fut qu'un incident de parcours. Lanterne rouge il y a un an, KalPa a accédé aux quarts de finale une quatrième fois en cinq ans alors que le club a fêté ses 85 ans d'existence. Certains jugent d'ailleurs étonnants les résultats de cette saison écoulée, surtout que le gardien n°1 Eero Kilpeläinen a dû laisser tomber en décembre en raison d'une hernie discale. De retour en forme en septembre prochain, Kilpeläinen demeure l'assurance d'une réussite.

Mais même sans sa star Kilpeläinen, la défense a été exemplaire puisque KalPa est le club qui a concédé le moins de buts du championnat : 115. Miika Koivisto ne sera plus là mais l'arrière-garde aura encore du répondant avec le taulier Jussi Timonen, ainsi que Juuso Riikola, Joonas Lyytinen et Niko Mikkola qui devraient assumer davantage de responsabilité.

Il le faudra car, pour la troisième année de suite, les finances sont dans le rouge. KalPa a généré une perte de 300 000 € qui se porte à 1 million depuis 2012. Ancien gardien et grand frère de l'ancienne superstar locale et planétaire Sami, le directeur sportif Kimmo Kapanen ne veut pas d'emballement mais une progression réfléchie, d'autant plus avec des caisses vides. L'objectif est avant tout de rester solidement dans le top 10 avant de faire d'éventuels plans pour les play-offs.

En dépit du départ définitif de Kasperi Kapanen, le dernier espoir de la famille, les jeunes seront particulièrement mobilisés. Un champion du monde junior de la promo 2014 (Joni Nikko) et un sniper hongrois arrivé en Finlande à 15 ans (Balázs Sebok) posent d'ailleurs leurs valises en Savonie du Nord. Ils aideront une attaque où ont brillé Janne Keränen, Mikael Ruohomaa et Jaakko Rissanen, principaux atouts offensifs de KalPa.

 

HIFK Helsinki (7e) : un volcan prêt à se réveiller

Le choix était audacieux. Après six ans à Jyväskylä, Yohann Auvitu avait rejoint la capitale l'été dernier pour un nouveau défi, celui du HIFK. Le défenseur français a d'abord débuté en troisième ligne avant de hausser progressivement son niveau de jeu, ce qui lui a valu de devenir titulaire sur la première. Un rôle qu'il a assumé pleinement en réalisant une excellente fin de saison avec un temps de jeu monstrueux en play-offs et un ratio remarquable de +20 sur l'exercice complet 2014/2015. De l'avis des connaisseurs, Auvitu est clairement devenu l'un des meilleurs arrières du championnat.

À l'image de son pilier tricolore, l'IFK d'Helsinki a réalisé une fin de saison très satisfaisante, résistant avec les honneurs face au grand favori Tappara en quart de finale. Le jeune Ville Husso a encore démontré qu'il est l'un des gardiens les plus prometteurs du pays. Comme l'autre espoir de la Finlande Juuse Saros, Husso a signé un contrat NHL, avec les Blues de Saint Louis, mais, bonne nouvelle, il sera laissé à disposition du HIFK. En attaque, ce sont Teemu Ramstedt, Arttu Luttinen et le buteur slovaque Tomas Zaborsky qui ont principalement assuré le show. Pour sa deuxième saison complète avec le club, le massif centre américain Corey Elkins a confirmé son influence sur le jeu, efficace et déterminant dans les unités spéciales.

Sans surprise, le HIFK n'a pu retenir le surdoué russe Nikolaï Goldobin, premier choix de repêchage des Sharks de San José en 2014, et parfaitement intégré au second trio à seulement 19 ans. Cependant, le staff est parvenu à attirer Roope Hintz, un autre "top prospect", cette fois-ci finlandais et éligible à la draft 2015.

Hintz, qui évoluait précédemment aux Ilves, se joint à un groupe où fourmille une pléiade de jeunes talents, en particulier en attaque. Citons notamment Matti Lamberg, Robert Leino, Thomas Nykopp, Miro-Pekka Saarelainen et Miihkali Teppo. L'entraîneur Antti Törmänen, viré par Berne il y a un an, effectuera sa deuxième saison derrière le banc helsinkien. Avec la conviction que, bien encadré, ce jeune groupe est prêt à bouillir.

 

Saipa Lappeenranta (8e) : l'équipe aux deux visages

Défait pour le bronze en 2014, SaiPa n'a pas eu les moyens de faire aussi bien en 2015. Inspiré et enthousiasmant en CHL - premier de son groupe - le club de Lappeenranta a eu davantage de difficulté à se faire respecter en Liiga. Les efforts collectifs ont été trop inconstants, SaiPa pataugeant dès l'automne. En play-offs, après avoir écarté Ässät, c'est la meilleure équipe du moment (Kärpät), comme en quart de finale de CHL, qui s'est dressée face aux hommes de Pekka Tirkkonen, qui ont facilement plié en raison de leur indiscipline.

Ajoutez à cela quelques déceptions, en particulier en attaque. Le Danois Patrick Bjorkstrand a débarqué tardivement de KHL pour pallier la blessure du scorer Janne Talvi mais il n'a pas répondu aux attentes. L'Italo-Américain Dave Spina a lui été très productif dès le début de la saison mais sa motivation a semblé s'effriter à mesure que les mois défilaient, ce qui lui a valu de terminer l'exercice sur la troisième ligne.

Malgré tout, les motifs de satisfaction sont nombreux et sont porteurs d'espoir pour la suite. À 40 ans, le gardien Jussi Markkanen a encore fait le job, voire plus en étant très solide durant les play-offs. Il a signé pour une saison de plus - qui devrait être la dernière - et sera secondé par Jani Nieminen. Ce dernier a perdu son poste de titulaire aux Blues d'Espoo mais saura soulager son coéquipier.

La révélation est en défense et américaine. Ce n'est pas Brian Salcido - partant vers un adversaire croisé en CHL (Ingolstadt) - qui a tout de même été bon, mais Sam Lofquist a été un cran au-dessus, probablement une des meilleures trouvailles du club ces dernières années. À 25 ans, après quelques années dans le second échelon suédois, Lofquist a navigué vers l'autre rive du golfe de Botnie. Avec un succès inespéré puisqu'il est désormais considéré comme l'un des meilleurs défenseurs offensifs de la Liiga. Autre réussite, celle du duo formé en fin de saison Chad Rau / David McIntyre, dont il s'agissait de la première année européenne, et qui a permis la présence de SaiPa en quart de finale. Même si les manœuvres sont à l'économie, comme pour plusieurs enseignes du championnat, le cœur du noyau a tout de même été conservé pour l'exercice à venir.

 

Ässät Pori (9e) : des As encore un peu timides

Champions en 2013, les "As" de Pori n'ont pas pris part aux quarts de finale pour la deuxième année consécutive, mis au placard par SaiPa. Après le triomphe initié par Karri Kivi, l'entraîneur Pekka Rautakallio n'a pas eu plus de réussite que son prédécesseur Pekka Virta.

Néanmoins, les nombreuses blessures ont forcé les jeunes à prendre leurs responsabilités. Un mal pour un bien car cela a permis l'éclosion de quelques joueurs, notamment le défenseur de poche Valtteri Viljanen et le colosse offensif Jarno Kärki. En parlant de blessure, Ville Uusitalo s'est fait taillader le poignet lors du dernier match de la saison. L'opération est nécessaire et il n'est pas sûr que ce défenseur expérimenté, capitaine exemplaire, soit opérationnel en septembre prochain.

Histoire de se faire justice, le coach Rautakallio veut plus de muscles car le physique et l'intensité ont parfois fait défaut. La défense sera ainsi gonflée par les arrivées de deux géants, Mikko Viitanen et l'Américain Troy Vance.

Anémique en 2013/2014, l'offensive de Pori a connu du mieux. En grande partie grâce aux créatifs Mika Niemi et Eero Elo qui ont percé au fil de la saison et assumé les premiers rôles. Avec les arrivées de Matti Kuparinen, Semir Ben-Amor et le jeune Juho Lammikko - puissant ailier qui a eu le temps de mûrir en OHL - l'attaque va clairement s'étoffer. Y compris devant les filets puisque, après une saison frustrante à Vladivostok, Ari Ahonen revient en Finlande pour seconder Juuso Riksman. Cela permettra-t-il aux As de revenir sur le devant de la scène ?

 

Ilves Tampere (10e) : le phénomène Suomi

La convalescence des "Lynx" continue. Les Ilves n'ont plus accédé au stade des quarts de finale depuis 2011 et au dernier carré depuis 2001, une éternité ! Pourtant, les quarts, les Ilves n'en ont jamais été aussi près puisque, sur les deux manches, ils ne se sont inclinés que par un petit but d'écart. Ils ont même forcé la prolongation lors d'un deuxième match épique qui a duré 134 minutes, soit le deuxième plus long de l'histoire du hockey finlandais !

Prêté par l'organisation de Columbus, le jeune gardien Joonas Korpisalo en a bluffé plus d'un en permettant aux Ilves de rester dans le coup, mais repartira définitivement en Amérique du Nord. Hannu Toivonen, qui a aidé dernièrement le promu Vaasa Bertrand, prendra la relève. Départ d'importance, celui de Tommi Kivistö qui a confirmé toutes les promesses que l'on pouvait voir en lui. À même pas 25 ans, ce cador de l'arrière-garde de Tampere a joué près de 25 minutes par match. La défensive pourra toutefois continuer de compter sur Blake Kessel. Le frère du Maple Leaf Phil est arrivé l'hiver dernier, la veille de la date limite des transactions. Il a rapidement fait ses preuves en s'adaptant facilement et, offensif et droitier, il présente des solutions intéressantes.

Saluons le retour en force de Tapio Laakso, qui avait perdu le capitanat en raison de performances décevantes au profit de Sami Sandell. Il a cette fois-ci été très impliqué, et ce dans tous les secteurs du jeu, tout comme le néo-capitaine. Autre satisfaction, la ligne des jeunes Roope Hintz - Aleksi Mustonen - Teemu Rautiainen a impressionné même si leur rythme s'est ralenti au fil de la saison. Hintz parti, les deux autres larrons devraient tout de même poursuivre leur développement, pour le plus grand bonheur des fans des Ilves.

Pourquoi pas aux côtés d'un petit phénomène. Eemeli Suomi pourrait bien faire des débuts remarqués dans la section senior : il est devenu le joueur le plus prolifique de l'histoire du championnat junior avec 79 points en seulement 48 parties, améliorant le record de 2 points de Ville Viitaluoma qui datait de 2001. Sur le plan du jeu, l'entraîneur Tuomas Tuokkola a vu une nette amélioration mais il en veut plus, souhaitant une orientation plus offensive. Il a les cartes en main pour y parvenir.

 

HPK Hämeenlinna (11e) : la petite révolution

Le HPK bondit dans une nouvelle ère. À l'heure où la Ligue Magnus veut accélérer les derniers passages en SASP, le dernier club de la Liiga structuré comme une association est enfin devenu une entreprise à part entière (HPK League Ltd) avec pour président du conseil d'administration Jari Koskinen, homme politique appartenant au Parti conservateur. La petite révolution à Hämeenlinna se définit également par l'important renouvellement de l'effectif. Cela paraît compréhensible car le HPK n'est pas parvenu à se qualifier pour les play-offs après deux participations consécutives aux quarts de finale. Le mois de décembre a d'ailleurs été cauchemardesque avec neuf revers en dix rencontres. Le retard est alors devenu insurmontable.

La principale raison, c'est que l'équipe a souvent été dominée. La défense du HPK aura été la plus exposée aux lancers adverses et il faut bien avouer qu'ils peuvent s'estimer heureux. Car on n'ose imaginer le résultat sans Juuse Saros. Encore plus cette année, cet autre grand espoir finlandais chez les gardiens s'est illustré en disputant la majorité des matches de son équipe, et avec brio. Saros est sur le départ en direction de Milwaukee, le club-école de Nashville avec qui il a signé un contrat de trois ans. Venu de Lahti, Jere Myllyniemi aura la lourde charge de le remplacer.

Autre joueur très convoité : Jesse Saarinen. Ce petit patineur de 29 ans, justement natif de Lahti, est devenu un grand maestro pour sa troisième année à Hämeenlinna. Il jouera désormais à Zagreb en KHL alors que les trois autres meilleurs marqueurs du club sont également sur le départ.

Les renforts étrangers sont souvent rares dernièrement à Hämeenlinna. L'unique représentant sera une fois de plus canadien avec le polyvalent Patrick Holland, ancienne propriété du Canadien de Montréal et blessé la majeure partie de la dernière saison. Le HPK acquiert une sacrée dose d'expérience avec le bourlingueur Antti Miettinen, leader en puissance. Mais autant de changements sera-t-il salvateur ?

 

Pelicans Lahti (12e) : une attaque frappée par les blessures

Pour la deuxième fois ces trois dernières années, les Pelicans de Lahti n'ont pu accéder aux play-offs. La fin de saison a été catastrophique avec neuf revers au cours des dix dernières rencontres, et le club de la ville bordant le lac Vesijärvi n'a cessé de glisser au classement. Des résultats principalement causés par le manque d'efficacité d'offensive.

Ce manque de réussite devant les filets est surtout due aux nombreuses blessures. C'est bien simple, aucun joueur de l'équipe n'a disputé les 60 parties de saison régulière. Et que dire de Vili Sopanen, top scorer ces dernières années, dont la saison n'a duré que 23 matches en raison d'un choc à la tête. Mais un autre Sopanen a attiré l'attention : le petit frère Eetu (19 ans), 1m96, défenseur qui est parvenu à se tailler une place en jouant avec calme et sérénité. Impressionnant, Eetu Sopanen peut devenir un arrière majeur de l'équipe.

Autre espoir qui s'est particulièrement illustré : le gardien Janne Juvonen, titulaire à 20 ans. Alors qu'il effectuait sa première année complète pour les Pelicans, il s'est vu obliger de remplacer Jere Myllyniemi, en proie à une absence prolongée. Juvonen, probablement le meilleur joueur de l'équipe, devra faire face désormais à la concurrence de Sami Rajaniemi, en provenance de Jyväskylä et avide d'un temps de jeu accru.

L'autre joueur qui a le plus profité de cet effectif décimé, c'est Teddy Da Costa. Une des victimes du mauvais rendement de Tappara a été transféré en janvier aux Pelicans. Son temps de jeu a alors largement augmenté avec 17 minutes par partie. Un engagement satisfaisant lui a permis de transférer ses droits contractuels à Lahti et de prolonger pour la session 2015/2016. Da Costa et ses coéquipiers suivront les directives d'un nouvel entraîneur : Petri Matikainen, qui n'a pu préserver un poste durablement en KHL mais qui a déjà été élu meilleur entraîneur de Liiga à deux reprises. Il a les références et un groupe peu bouleversé par les changements pour permettre aux Pelicans de retrouver les séries finlandaises.

 

TPS Turku (13e) : une génération en or à venir

Il y a une sorte de morosité qui s'est installée chez les fans du TPS à Turku. Cela paraît compréhensible puisque leurs favoris n'ont plus accédé aux play-offs depuis 2010, l'année de leur dernier titre. Les supporteurs sont désormais plus habitués à la valse des entraîneurs plutôt qu'aux performances éblouissantes. Deux coachs ont été remerciés cette saison, l'un pour le rendement de l'équipe (Kai Suikkanen) et l'autre (Miika Elomo)... pour s'être bagarré dans un bar ! Le nouveau commandant, Ari-Pekka Selin, sera le neuvième entraîneur depuis 2010 !

Les frustrés adorateurs du TPS ont néanmoins trouvé une alternative pour taper le tambour et hurler à la gloire de l'équipe : la section junior. Pour la première fois depuis 1998, les U20 ont été sacrés devant une foule incroyable de 10 620 spectateurs. Un record explosé puisque le précédent s'élevait à 5 500 ! C'est dire la passion, confinée ces dernières années par les piètres performances des aînés, qui anime les fans de hockey à Turku et qui ne demande qu'à se faire entendre.

S'orienter vers une nouvelle génération, cela tombe à pic car TPS connaît également une mauvaise passe financière. La perte est de 2 millions d'euros et c'est toute l'organisation qui a dû se restructurer pour économiser les coûts. Une levée de fonds a toutefois permis d'augmenter le capital. Mais l'arrivée d'une génération exceptionnelle, c'est du pain béni. Comment ne pas évoquer Mikko Rantanen, seulement 18 ans, premier Finlandais repêché à la draft 2015 (10e choix au total), attaquant imposant mais technicien hors-pair, nouveau Mozart du hockey qui a déjà flirté avec la trentaine de points chez les seniors. TPS senior out à l'issue de la saison régulière, Rantanen a retrouvé les U20 pour les play-offs et fut le grand artisan du sacre avec près de 2 points de moyenne par match. On n'ose imaginer ce dont sera capable à l'avenir ce talent rare qui fut l'un des prospects européens les plus développés et les plus scrutés par les recruteurs NHL.

Sa progression serait bénéfique pour le TPS Turku qui a été limité par une attaque peu efficace. Il y aura toutefois des renforts de poids pour la prochaine échéance avec Dave Spina et l'éternel Éric Perrin, qui ont terminé meilleurs marqueurs de leur équipe respective. À eux, aux Teemu Lassila et Petteri Nummelin - diminué par une courte saison - d'entourer cette génération en or, et le TPS retrouvera le devant de la scène.

 

Vaasan Sport (14e) : une lanterne rouge compétitive

Le promu sur dossier Vaasa n'a pu éviter la lanterne rouge, mais un bon recrutement a permis à l'aigle de demeurer au contact des autres pensionnaires de la seconde moitié du tableau. L'organisation a même annoncé un bénéfice de 400 000 €, une réussite pour une première saison en élite depuis plusieurs décennies. Il faut signaler que la Vaasa Arena a fait souvent salle comble alors que la majorité des clubs accusent une fréquentation en baisse. Les populaires Jokerit ont beau avoir disparu à l'échelle du championnat, beaucoup ont pris d'affection ce petit promu qui a réussi de bons coups pour sa venue.

Devant les poteaux, l'expérience et la régularité de Hannu Toivonen ont permis au Sport de garder le cap. Parti aux Ilves, il cèdera sa place à Mika Järvinen, gardien prometteur mais dont la carrière n'a jamais pris son envol. Il aura l'opportunité d'un nouveau départ au sein d'un groupe qui s'est étoffé.

Une des recrues qui attire le plus attention est Artur Gavrus (21 ans) qui a réalisé un excellent Mondial avec le Bélarus et qui a fait le choix de l'aventure finlandaise au détriment de la KHL. Il pourrait se joindre à une première ligne explosive. À 31 ans, le centre Jarkko Immonen a connu l'une de ses meilleures productions. Un retour grandement aidé par la résurrection Charles Bertrand, sensationnel. C'est le Français qui a marqué le premier but du club en Liiga depuis près de 40 ans et il n'a ensuite pas lâché son casque d'or, celui du meilleur marqueur. Encensé pour son engagement et sa production - septième meilleur pointeur du championnat - ce maillon fort, insoupçonnable car dans le doute ces dernières années, a convaincu le staff de le prolonger.

Bertrand est désormais vu comme un leader et devra confirmer les attentes autour de lui. Car on sait que l'entraîneur Tomek Valtonen est très attaché à l'engagement de ses joueurs. Kelsey Tessier a été prié de faire ses valises en début de saison et les motivations de Damien Fleury ont été remises en question en fin d'exercice lorsqu'il a émis le souhait de ne pas poursuivre l'aventure. Au nouveau groupe de satisfaire le coach et d'accrocher cette fois-ci le wagon des play-offs.

 

Il y aura donc un obstacle de plus pour le Vaasan Sport dans cette quête : le Kookoo de Kouvola. L'objectif de la formation de la Vallée de Kymi était clair : remporter la saison régulière ET le statut de champion de Mestis. Il n'en fut rien, la faute aux Jukurit de Ronan Quemener et Anthony Guttig qui ont à chaque fois barré le passage. Kookoo a semblé d'ailleurs émoussé en fin d'exercice. Mais deux séries de sept manches en quart puis en demi-finale, ça use forcément.

Encore heureux donc que le promotion ne soit pas sportive. Mais leur présence en élite est légitime : demi-finalistes ces six dernières années et finalistes en 2013, 2014 et 2015. Qui plus est, l'organisation de Kouvola est saine financièrement avec un budget évalué à environ 3,5 millions d'euros pour la prochaine saison.

Et Kookoo peut justement se féliciter d'avoir mis le grappin sur Guttig, élu meilleur joueur des play-offs de Mestis et qui effectuera des débuts mérités en Liiga à 26 ans. Une arrivée cohérente du joueur comme de son nouveau club parmi les meilleurs, il leur reste maintenant à faire leurs preuves !

 

Nicolas Jacquet

 

 

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