Allemagne 2017/18 : présentation

 

Sans avoir rien résolu des questions fondamentales (naturalisations utilisées à outrance, développement défaillant des jeunes joueurs et promotion/relégation toujours pas actée avec la DEL2), la DEL a trouvé cet été une mesure pour faire parler d'elle très positivement : la liste noire des "plongeurs", ces joueurs qui en rajoutent ou qui simulent une blessure pour faire siffler une faute à l'adversaire. Au bout de la troisième occurrence, le hockeyeur concerné aura une amende, et à la cinquième, c'est son coach qui sera pénalisé ! On peut imaginer que la simple idée pour un joueur de mettre à l'amende son coach ait un effet assez dissuasif !

Cette liste a été citée comme une bonne pratique par la presse sportive allemande, et un exemple dont d'autres sports pourraient s'inspirer. On n'ose concevoir la longueur de la liste s'il fallait l'appliquer au football...

 

 

Plus encore que l'an passé, Munich reste le prétendant naturel pour se succéder à lui-même. Non seulement l'EHC Red Bull a conservé l'essentiel de son effectif, mais comme Cologne s'est fâché tout seul avec Patrick Hager, il a pu récupérer un an avant la date prévue celui qui est unanimement considéré comme le meilleur centre allemand actuel.

Munich peut paraître affaibli par la perte de quatre défenseurs, mais ils n'occupaient en réalité que trois places (Regehr était surnuméraire depuis l'arrivée tardive de Yann Sauvé, déjà reparti). Les anciennes gloires Deron Quint et Richie Regehr étaient sur le déclin, et Matt Smaby est rentré au pays pour raisons familiales. Il n'y a que deux recrues pour compenser puisqu'une solution interne a été retenue par la reconversion à l'arrière de l'attaquant international Yannic Seidenberg. Il s'agit de l'international danois Markus Lauridsen pour l'aspect physique et du bon relanceur Ryan Button, en qui l'entraîneur Don Jackson voit un grand potentiel. À 26 ans, ils amènent du sang frais à une équipe expérimentée, mais toujours en bonne condition physique.

Button a un passeport allemand, et cela pourrait être imminent pour l'international danois Mads Christensen. Le pire est que Munich n'a même pas besoin de cette naturalisation : il n'y a déjà que 7 étrangers "officiels" quand on peut en aligner neuf. Quelle meilleure définition du luxe ! Et avec quatre licences étrangères libres sur les 11 autorisées au cours de la saison, le club bavarois peut parer à toute éventualité.

 

Pour douloureuse qu'elle fût, l'élimination en quart de finale n'a pas dévié Mannheim de son chemin. Les Adler sont convaincus du potentiel de leur équipe. Hormis Danny Richmond (parti à Berlin), les sept autres défenseurs sont restés pour être titulaires. Cela note la satisfaction envers en particulier les deux jokers arrivés en cours de saison dernière, Carlo Calaiocovo qui a repris le rôle du défenseur offensif et l'international italien Thomas Larkin pour l'impact physique.

Les ambitions de Mannheim s'incarnent en un nom : Devin Setoguchi, seule recrue en provenance directe de NHL cet été en DEL. Après avoir surmonté dépression et alcoolisme, Setoguchi est devenu père et cherche plus de stabilité familiale. Cantonné désormais à un rôle défensif en NHL, il souhaitait aussi retrouver du temps de jeu en première ligne et en supériorité numérique.

Néanmoins, Mannheim n'a pas reconduit deux attaquants défensifs qui ont arrêté leur carrière après avoir rendu de précieux services : Andrew Joudrey et Ronnie Arendt, devenu préparateur physique du club. Les Adler commencent ainsi la saison avec juste le nombre de joueurs nécessaires (plus l'espoir Phil Hungerecker qui peut être prêté à Kassel), ce qui évite les problèmes de concurrence délicats à gérer. Difficile de demander à des hockeyeurs de plus de 26 ans de se montrer patients et de ronger leur frein en tribunes...

La compétition existe en revanche pleinement dans les cages : Dennis Endras, déçu d'avoir perdu sa place en équipe d'Allemagne, sait qu'il devra s'imposer toute la saison vis-à-vis de Chet Pickard, habitué à partager le filet à Iserlohn. L'Allemagne espère retrouver un grand Endras pour les Jeux olympiques... et Mannheim aussi. Les deux beaux succès en CHL sur le champion de Suède ont déjà donné faim.

 

L'ambition de Nuremberg est forte et réaffirmée chaque année. L'omniprésence - jusque dans le nom de l'équipe - du propriétaire Thomas Sabo (qui annonce déjà vouloir se qualifier pour la prochaine Ligue des Champions) pourrait être étouffante, mais les supporters sont satisfaits et le groupe vit bien. Ville où il fait bon vivre, Nuremberg a abrité au fil des ans nombre d'anciennes stars de NHL.

Le défi posé à l'intersaison était pourtant redoutable : Jesse Blacker ayant activé sa clause de sortie vers la KHL, ce n'était soudain pas un mais deux défenseurs offensifs qu'il fallait trouver. Défi relevé ! Taylor Aronson, moins bon patineur que Blacker mais dont le staff ne cesse de vanter le "QI hockey" très élevé, a fait le chemin inverse en arrivant de KHL. Et surtout, les Ice Tigers ont attendu l'ouverture du marché des agents libres en NHL pour engager un nouveau joueur à plus de 650 parties en NHL (en plus de Reinprecht) : l'Américain Tom Gilbert, qui y comptait 223 points mais a été rétrogradé en AHL depuis quelques semaines.

Après avoir pâti des blessures de ses défenseurs défensifs aux derniers play-offs, Nuremberg s'est aussi densifié en dédommageant Sasa Martinovic de son contrat en cours pour engager Patrick Köppchen, lui-même écarté avec indemnité à Ingolstadt. Une défense renforcée qui s'ajoute à une attaque toujours redoutable qui comptait quatre des cinq meilleurs marqueurs du dernier championnat : Steven Reinprecht, Patrick Reimer, Yasin Ehliz et Leo Pföderl.

Seule réserve : le club a fait des économies à un seul poste, mais le plus important, celui de gardien. Il a proposé un salaire revu à la baisse au souvent blessé Jochen Reimer (qui a décliné l'offre) et a engagé à sa place Niklas Treutle. Lui et Andreas Jenike forment un duo équilibré, mais aucun n'a l'étoffe des titulaires des autres prétendants au titre.

 

Quinze ans que Cologne n'a pas gagné le titre. Pour un club aussi important et aussi en vue, cela paraît une éternité. Les Haie (requins) nagent depuis plusieurs années en eaux troubles entre changements d'entraîneurs et de dirigeants.

Comment rebondir après l'éviction si controversée de Patrick Hager ? Remplacer un centre allemand de premier plan est presque impossible. Il n'y en a aucun sur le marché. Sauf... Ah oui, l'éternel voyageur Felix Schütz, qui n'est jamais resté deux ans dans un même club depuis... son passage à Cologne entre 2011 et 2013, juste avant d'attirer l'attention de la KHL. Son arrivée ne fait pas l'unanimité car il a une réputation d'infidélité. Père d'un second enfant depuis décembre, Schütz n'envisage certes plus un autre périple en Russie, mais il a toujours la bougeotte. Il a signé pour seulement un an et pourrait repartir en 2018... au moment où Hager serait parti à Munich si on ne l'avait pas mis dehors plus tôt. Comme solution de long terme, on n'est donc pas forcément plus avancé.

Pour cette saison, néanmoins, la précision des passes de Schütz peut être très utile. Lui aussi forme un bon duo avec Philipp Gogulla, duo formé "au berceau" au Mondial d'Amiens 2006. Mais tout l'enjeu pour Cologne est de ne plus se contenter d'une seule ligne qui fonctionne. Pour ne plus être déçu des recrues, on a fait le choix d'un recrutement "sûr", strictement interne à la DEL : Ben Hanowski, qui a dépassé le plateau des 20 buts ces deux dernières saisons à Augsbourg, doit être le buteur qui manque tant, surtout qu'il arrive avec son coéquipier Justin Shugg. Ces nouvelles forces offensives viennent s'ajouter à une équipe disposant déjà d'un gardien de haut niveau (Gustaf Wesslau) et d'une défense forte et expérimentée.

Malheureusement, l'attaquant Alexandre Bolduc s'est blessé au début du camp de préparation et doit être opéré de la jambe. Le nom de son substitut a interloqué : Blair Jones avait été viré d'Iserlohn pour un problème d'attitude, et Cologne a feint l'ignorance dans un communiqué officiel très lisse, sans faire la moindre allusion à des problèmes, ne serait-ce que par des arguments à décharge pour rassurer le public.

 

Lorsqu'il faut citer un favori, personne ne cite Wolfsburg. On sait bien que ce club existe, mais ce n'est jamais le premier nom qui vient à l'esprit. C'est parfaitement injuste sur le plan des résultats, puisque l'équipe est en finale depuis deux ans et en demi-finale depuis cinq ans ! Cette discrétion convient très bien à ce club sans histoires qui ne peut surprendre que positivement. Ces performances supérieures aux attentes ont permis au club de survivre à la tourmente de son sponsor : le nouveau conseil d'administration composé du maire de la ville et de quatre pontes du groupe Volkswagen est garant d'avenir.

On peut bien s'amuser même avec les miettes de ses adversaires directs. Les Grizzlys ont ainsi récupéré deux joueurs victimes de la concurrence à Cologne : le grand défenseur Torsten Ankert, très solide dans sa zone, et le petit attaquant Marcel Ohmann, condensé d'énergie dans les coins qui s'est néanmoins coincé un nerf du dos... en déménageant dans son nouvel appartement !

Deux changements en troisième ou quatrième ligne, donc, et un nouveau second gardien (Gerry Kuhn de Bremerhaven) parce que le très bon Felix Brückmann a besoin de pauses dans une longue saison. Et c'est tout ! Les neuf étrangers étaient tous déjà là l'an passé. On a donc un modèle de constance et de persévérance. Comme son rythme de patinage. Et comme ses parcours en play-offs...

 

Le rapprochement beaucoup plus concret entre les Kings de Los Angeles et les Eisbären de Berlin a été symbolisé par un échange symbolique de maillots devant la Mercedes-Benz-Arena (quartier en travaux pour construire un bowling et de nouveaux équipements de loisirs) entre les maires de Berlin et de Los Angeles pour le cinquantième anniversaire du jumelage entre les deux villes. L'implication du groupe Anschutz est double : d'un côté, plus de moyens alloués, et de l'autre, des entraîneurs et conseillers venus de Californie pour attester de leur bonne utilisation. Des recommandations ont aussi été formulées sur le recrutement, par exemple du rapide ailier Sean Backman.

L'investissement se traduit par trois étrangers au lieu de deux en défense, en plus des cadres Hördler, Braun et Baxmann. Jonas Müller ayant bien progressé, les autres jeunes qui avaient beaucoup joué l'an passé - Kai Wissman et Maximilian Adam - risquent donc de ne plus avoir de place. La spécificité de Berlin, seul club de DEL qui formait vraiment des jeunes joueurs et les développait en équipe première, sera peut-être de l'histoire ancienne.

En attaque, le portefeuille d'Anschutz a été sorti pour racheter les contrats de Kyle Wilson et Barry Tallackson, qui ne remplissaient pas ou plus leurs rôles attendus de buteurs. Trouver le chemin des filets : cette mission impérieuse sera désormais assignée à James Sheppard (29 ans, venu de Kloten en Suisse après 396 matches de NHL) et à Thomas Oppenheimer, qui arrive d'Ingolstadt en même temps que Martin Buchwieser. Ces deux hommes forment une deuxième ligne 100% bavaroise avec Florian Busch.

 

Il y a en fait eu une négociation quadripartite pour que Thomas Oppenheimer, malheureux dès sa première saison à Ingolstadt alors qu'il avait signé pour 5 ans (!), soit échangé à Berlin contre le centre bi-national Darin Olver, qui était autrefois l'ancien protégé de Larry Mitchell à Augsbourg avant de partir dans la capitale.

Or, justement, Larry Mitchell a été engagé comme directeur sportif, et ce sans cumuler la fonction de coach comme il l'a souvent fait. Dans une équipe à reconstruire après deux saisons décevantes, il peut se consacrer entièrement à ce qui a fait sa réputation : le recrutement. Mais s'il bâtissait jadis ses effectifs en piochant avec soin en Amérique du Nord, cette source s'est tarie en DEL : les salaires en AHL ont en effet beaucoup augmenté. On retrouve quand même d'anciens joueurs d'AHL - comme Kael Mouillerat qui y a connu quatre saisons à plus de 50 points - mais tous évoluaient déjà en Europe la saison dernière. L'adaptation à la grande glace sera déjà un sujet en moins.

Mitchell a poursuivi deux objectifs majeurs. D'une part, accroître la compétition interne, y compris dans les cages où Timo Pielmeier aura désormais la concurrence de Jochen Reimer. D'autre part, améliorer le bilan désastreux en infériorité numérique, avec le recrutement de spécialistes comme Brett Olson (Salzbourg) et Laurin Braun (Berlin). On a aussi versé pour cela une grosse indemnité de départ à l'ancien pilier Patrick Köppchen : la protection du slot sera confiée dorénavant aux 107 kilos de Matt Pelech.

Malgré toutes les précautions, les appels à la discipline et les prises de référence ne sont pas une garantie totale contre les fausses notes. Dès la fête de présentation de la nouvelle équipe, premier scandale : Brock Trotter a été arrêté pour conduite en état d'ivresse en retournant chez lui. Il a été licencié et remplacé par Greg Mauldin (Fribourg-Gottéron).

 

On a cité les six clubs à plus de 10 millions d'euros de budget plus le très régulier Wolfsburg, soit les sept candidats naturels au haut du tableau. Mais Augsbourg a fait irruption dans le top-6 l'an passé et espère recommencer l'exploit d'une qualification directe en quart de finale. Le défi est forcément compliqué face à des adversaires renforcés, mais les Souabes ont un atout inédit : les supporters qui s'habituaient à repérer de nombreuses nouvelles têtes chaque été n'auront à découvrir que 3 arrivées (pour 4 départs car on compte le dixième étranger et joker Shugg).

Deuxième marqueur de l'équipe derrière Trevor Parkes, Hanowski est remplacé par Matt White, joueur de 28 ans qui reste sur une saison pleine : 41 points en AHL puis un titre de champion du monde de hockey-inline en juin à Bratislava en tant que meilleur marqueur de son équipe des États-Unis. Même s'il n'a pas une grande renommée sur les aspects défensifs, Daniel Schmölz a déjà inscrit 4 points pendant la présaison quand son prédécesseur Adrian Grygiel en avait 6 au compteur sur l'ensemble du championnat. Matthew MacKay est substitué au centre de la quatrième ligne par Christian Kretschmann, plus efficace aux mises au jeu. Des changements limités qui ne remettent donc pas en cause l'équilibre de l'effectif.

Tout le secteur défensif a été intégralement conservé après s'être constamment amélioré au cours de la saison dernière. Augsbourg tient une belle équipe qui n'a peut-être pas fini de surprendre.

 

Une page d'histoire s'est tournée à Düsseldorf puisque Daniel Kreutzer, avec son épaule en souffrance, a annoncé sa retraite. Le capitaine était le symbole du club et une des grandes figures du hockey allemand. Un jubilé sera organisé pour lui cet hiver. Il n'y aura donc plus aucun Kreutzer puisque son frère Christoph a été viré de son poste d'entraîneur cet été. Un licenciement assez coûteux après deux ans de contrat.

La pression est donc forte sur son successeur Mike Pellegrims, mais le Belge a l'expérience du public exigeant d'un club traditionnel pour avoir refait de Klagenfurt le champion d'Autriche dès sa première saison comme entraîneur-chef. Il connaît bien Düsseldorf : il y a joué cinq ans de 2001 à 2006 et il dormait même alors dans les bureaux du club au sein de l'ancienne patinoire de la Brehmstraße pour s'éviter le long voyage jusque dans sa maison belge. Entre-temps, Pellegrims s'est formé cinq ans comme adjoint de Pavel Gross à Wolfsburg, et a été nourri au biberon de coach par un style fondé sur l'intensité de patinage. Il a d'ailleurs tout de suite exigé un camp de préparation de neuf semaines, au risque de déplaire à ceux qui tiennent à leur confort estival. Pellegrims a aussi imposé une série de règles internes très précises.

De telles exigences s'accommodent mal de vétérans, mais ils seront moins nombreux. Le recours aux joueurs expérimentés a montré ses limites, et ceux qui restent semblent heureusement suivre le rythme. Le repère offensif de la DEG est devenu Maximilian Kammerer, seul joueur né en 1996 (ou après) à tenir un rôle non marginal dans une DEL dont les jeunes sont absents. Meilleur buteur de l'équipe avec ses 15 buts, Kammerer pourrait le rester si les recrues ne convainquent pas. Les résultats médiocres en préparation face aux clubs suisses ont déjà provoqué un changement. Le Hongrois longuement formé en Suède Janos Hari a été écarté pour être remplacé par Rob Bordson, ce qui fait un second membre de l'étonnante première ligne de Bremerhaven après Jeremy Welsh. C'est sur ce duo que reposent maintenant les espoirs de Düsseldorf.

 

Si les politiques des deux clubs étaient opposées, Iserlohn a ceci de commun avec Düsseldorf qu'une saison noire vient de suivre deux saisons de rêve. Les Roosters sont déjà repartis de l'avant car leur manager Karsten Mende a réalisé d'une pierre deux - voire trois - coups. En apprenant que Cologne voulait se défaire de Travis Turnbull, il a appelé l'Américain, qui lui a répondu qu'il s'entraînait chez lui à Saint-Louis avec... son ami Jack Combs, le meilleur buteur de la dernière saison de DEL avec Bremerhaven ! Et de fil en aiguille, Combs a suggéré Chad Costello, avec qui il formait une paire dévastatrice dite "CoCo" en ECHL entre 2010 et 2012. Costello continue d'affoler les compteurs de cette ligue : cela fait trois ans qu'il est chaque année meilleur marqueur d'ECHL avec un total astronomique de 350 points sur trois saisons (+ 76 en play-offs). Iserlohn n'a pris Costello qu'à l'essai pour s'assurer qu'il pouvait être performant en dehors de sa ligue mineure, et est maintenant convaincu de tenir un beau trio américain pour mener l'offensive.

L'autre joli coup est la signature de Sebastien Dahm, qui ne cesse de briller en championnat du monde avec l'équipe du Danemark. Le plus fort est qu'on apprend que Dahlm, sitôt débarqué, peut disposer d'un passeport allemand (ce document qui pousse dans les arbres dans l'étrange microclimat d'Iserlohn selon les concurrents dubitatifs...). Ce passeport est une condition essentielle : en apprenant que la recrue potentielle Chris Langkow n'en aurait pas, Iserlohn a rappelé le vétéran Boris Blank, qui a accepté de rester alors qu'on lui avait initialement dit qu'on ne le déclarerait pas.

Les Roosters commencent la saison avec 8 étrangers officiels, mais s'ils ont fait tant d'efforts de "germanisation" (par les papiers), c'est que la place d'étranger libre risque d'être utilisée sans trop tarder. La profondeur de banc est en effet limitée au strict nécessaire. La densité semble notamment bien faible en défense, où l'on attend beaucoup de l'international norvégien Aleksander Bonsaksen, double champion de Finlande avec Tappara.

 

Bill Stewart avait entraîné en DEL pendant dix ans, de 2000 à 2010, et remporté un titre au passage avec Mannheim. Mais ses excès et ses diverses incartades ont fini par excéder. On ne pensait plus le revoir, et Straubing a surpris en engageant le Canadien, qui se dit assagi. Il a développé depuis deux ans à Dresde un système à vocation offensive qu'il veut maintenant implémenter au niveau supérieur.

L'offensive devrait faire la force de Straubing, dont le centre de gravité s'est déplacé vers l'avant au fil des ans. Le gardien Dimitrij Pätzold a été rejoint par Sebastian Vogl qui rentre dans sa région natale (il a été formé à Landshut), les Tigers ont maintenant deux vétérans éprouvés en DEL dans les cages. Cela leur permet d'utiliser 7 des 9 licences étrangères pour l'attaque. Les trois meilleurs marqueurs (Michael Connolly, Mike Hedden, Jeremy Williams) sont restés, et Mike Zalewski, a été rejoint par son jeune frère Steven, également assez créatif. Mais la surprise du camp de préparation est venue de Kyle MacKinnon, engagé comme centre défensif après deux saisons pourries par les blessures et qui a pourtant pris place en première ligne.

C'est la preuve que les périodes d'inactivité ne sont pas nécessairement un mal. Tant mieux car c'est la principale interrogation qui pèse sur l'effectif : la présence de deux défenseurs germano-canadiens restant sur une saison presque blanche, Austin Madaisky qui revient de convalescence et Sam Klassen qui n'avait pas retrouvé de poste depuis la disparition des Freezers de Hambourg.

 

On dit que la deuxième saison est la plus difficile, mais quand on a fini au meilleur classement d'un promu dans l'histoire, ça l'est encore plus. Bremerhaven a été dépouillé à l'intersaison de ses deux atouts-clés : son gardien Gerry Kuhn et toute sa première ligne offensive.

Le petit poucet a très bien réagi pour ce qui est des portiers. Il s'est servi sur le marché tchèque en engageant Tomas Pöpperle - champion d'Allemagne avec Berlin dans sa jeunesse - bien doublé par Jaroslav Hübl, qui avait amené Bolzano à la victoire en ligue autrichienne et qui dispose d'un passeport allemand. Belle réussite à ce poste-clé.

Remplacer le premier trio s'annonçait beaucoup plus compliqué. Les 54 buts du trio Welsh-Bordson-Combs ne seront probablement pas atteints par leurs successeurs, l'international slovène Jan Urbas - qui a ses bons jours mais est irrégulier - et les joueurs d'AHL Kris Newbury et Chad Nehring. Il faudra donc compter sur la solidarité de tout le groupe pour combler ce manque. Le reste de l'équipe-surprise est en effet inchangé, avec même un second participant aux championnats du monde en prime, le gros défenseur danois Nicholas B. Jensen qui remplace Atte Pentikäinen.

 

Quand les rivaux se gorgent de doubles passeports, Schwenningen est plus que jamais le seul club de DEL à faire confiance aux hockeyeurs allemands : il commence la saison avec 8 étrangers sur 9, ce qui est culotté et inédit pour une équipe de bas de tableau, mais laisse de quoi réagi en cas de blessure ou de pépin. Qualifier cela de "politique des jeunes" est très relatif par rapport à ce qui se passe dans les autres pays, puisque le plus jeune joueur est l'arrière Tim Bender à déjà 22 ans. La plupart sont donc à un âge où il est plus que temps de devenir titulaires : l'attaquant Mirko Höfflin et le défenseur Dominik Bittner ne risquaient pas de se développer en cirant le banc de Mannheim, et à 25 ans heureusement que Schwenningen leur donne de véritables responsabilités.

L'exemple le plus extrême de cette confiance a lieu dans les cages : là où les autres clubs misent de plus en plus sur un duo de gardiens, Schwenningen laisse Dustin Strahlmeier devenir pleinement titulaire à 25 ans avec une doublure totalement inexpérimentée (Marco Wölfl). La défense a pour sa part été blindée par le Finlandais Jussi Timonen, le pilier de la défense du KalPa possédé par son frère Kimmo.

L'attaque, pourtant pas rayonnante, a reçu peu de renfort. L'unique nouvel étranger est celle d'Anthony Rech : le Français est arrivé très tôt au camp d'entraînement sur les bords du lac de Constance, en même temps que les joueurs allemands, et cette implication précoce a permis sa bonne intégration au sein de l'équipe. Contrairement à son court passage avorté en LNB suisse, le meilleur joueur de la Ligue Magnus a trouvé les conditions idéales pour franchir une nouvelle étape dans son développement.

 

Un étranger qui arrive dès la préparation estivale habituellement réservée aux joueurs allemands, c'est aussi ce qui s'est passé pour Matthias Trettenes à Krefeld, un club où les tiraillements entre les Allemands d'un côté et les étrangers de l'autre ont souvent été un problème. Le club, dont la situation financière est très délicate, espère avoir fait une bonne pioche avec deux attaquants norvégiens, Trettenes et le joueur de slot Tommy Kristiansen. Tout ne peut pas reposer uniquement sur la forme du duo Daniel Pietta - Marcel Müller.

Le pari est en revanche déjà raté pour ce qui est du défenseur français Antonin Manavian, non conservé après la pré-saison. Les lignes arrières sont donc encore en chantier, notamment pour ce qui est de la présence physique à accroître, même si le petit Kurt Davis (Düsseldorf) semble en mesure d'améliorer les relances.

Le salut peut venir du nouveau gardien Andrew Engelage. Champion d'Italie avec Renon puis meilleur gardien de l'Allsvenskan suédoise avec le BIK Karlskoga, il reste sur deux belles saisons à près de 94% d'arrêts. S'il démontre une aussi bonne régularité en DEL, il peut rassurer une équipe de Krefeld de plus en plus dans le doute après une saison catastrophique à la dernière place.

 

Marc Branchu

 

 

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