Mulhouse veut asseoir son avenir en élite
Une saison au-delà des espérances. C'est ainsi que les supporters mulhousiens jugent la dernière saison en date de leurs Scorpions fétiches. Pourtant, à l'aube de leur troisième remontée en Elite, les doutes auraient pu être de mise après le retour raté de 2012, puis l'accession de 2017, un peu plus rapide que l'objectif initial. Il n'en fut rien, le public de l'Illberg a rapidement retrouvé ses marques au cours d'une saison riche en rebondissements. Déjà au niveau des recrutements, puisque pas moins de 5 recrues initiales étaient parties et remplacées avant la fin de la période autorisée.
Rebondissements permanents il y eut aussi au niveau du classement, tantôt dans le groupe des play-offs, tantôt à la lisière de la poule de relégation, avant qu'un bon coup d'accélérateur salvateur en début 2018 ne mette définitivement les Scorpions à l'abri. Rebondissements enfin quand Grenoble, l'ogre craint durant la saison régulière, fut envoyé au tapis par deux fois en play-offs, sans compter les parties qu'il aura gagnées avec le minimum d'écart, avant le dernier match où les organismes alsaciens ont abdiqué, fautes de ressources. Bref, le petit poucet (pas si petit que ça) avait fait parler de lui et s'était fait craindre, comme au bon vieux temps.
Côté chiffres, Mulhouse eut la 8e attaque et la 9e défense, illustrant bien son classement final (8e de saison régulière). Plus intéressant, Mulhouse fut l'équipe (avec Angers) dont le destin se joua le plus en prolongations : 9 victoires et 4 défaites. Il a donc fallu batailler, pour Mulhouse comme ses adversaires, pour prendre des points. Les Scorpions ont eu un jeu de puissance efficace à 22,7% et un jeu en infériorité culminant à 82,3%, ce qui les classe au 3e rang pour les unités spéciales. Enfin, les Alsaciens furent deuxièmes au fair play.
Autant dire que les Scorpions ne furent pas faciles à manipuler, que leur discipline les a bien servis, et que quasiment toutes les équipes ont mordu la poussière au moins une fois contre les bleus et rouges - qui, pour information, redeviennent noirs et rouges cette saison.
Ceci dit, tout ne fut pas non plus idyllique la saison dernière dans les rangs haut-rhinois. Certains estiment, en effet, qu'avec un peu plus de régularité et de concentration, la qualification pour les play-offs eût pu être acquise plus rapidement et sereinement. Christer Eriksson, au-delà du premier constat positif, souhaitait recruter des joueurs pouvant corriger les défauts de ce récent exercice, afin de gagner un peu plus de matches de rang. Pour ce faire, pas forcément d'aller bien loin : les carences étant connues, autant aller chercher les palliatifs dans le même championnat, chez les concurrents, car ils ne seraient ainsi pas recrutés en aveugle.
Pour garder la cage, toutefois, pas de gros chamboulement, contrairement à l'année dernière. Jiri Blazek sortait tout auréolé de son titre de champion de France de D1, mais la fin de l'intersaison s'est mal passée pour lui : la compétition interne avec Sébastien Raibon ne lui garantissait pas automatiquement la place de titulaire, les deux parties se sont donc séparées d'un commun accord. C'est donc l'ancien Grenoblois qui assura le poste en première partie de saison, suppléé par Mickaël Muller. Le club était cependant toujours à la recherche d'un renfort et finit par le trouver en la personne de Martin Surek, en provenance de Norvège. Très rapidement, le Slovaque montra d'excellentes dispositions, au point d'être surnommé The Wall, tant ses prestations écœurèrent nombre d'attaquants adverses, tout en permettant à son équipe de rester à flot.
Eriksson souhaitait disposer d'un troisième gardien disponible, surtout pour faciliter les entraînements. Surek et Muller, conservés, seront donc rejoints par Landry Macrez, véritable globe-trotteur du hockey, avec pas moins de 10 clubs à son actif et une belle expérience de Magnus et de D1 qu'il compte mettre à profit en tant qu'entraîneur des jeunes gardiens mulhousiens.
Devant eux, peu de changements sont (pour le moment) à noter. Là aussi, la saison dernière s'était terminée prématurément pour Maxime Suzzarini, jugé trop lent pour contrer les petits nerveux de la Magnus. Kevin Hecquefeuille, longtemps en préparation avec les Alsaciens, avait fini par les rejoindre, tout en gardant une clause de séparation, pour le cas où une bonne proposition d'un club étranger lui parvenait. Ce fut le cas quelques journées avant la fin de saison régulière, après avoir bien aidé durablement les Scorpions en relances et en initiatives offensives. Le club, qu'on voyait dangereusement affaibli par ce départ, sut pourtant rapidement s'en remettre pour le dénouement que l'on sait.
Aujourd'hui, sont restés quasiment tous les blocs puisque Guiguiz Cruchandeau, Michal Seda, Hubert Genest (promu de plus préparateur physique de l'équipe), Pierrick Hoehe (arrivé en cours de saison, après les départs de Théo Lanvers puis du furtif Jesse Jyrkkiö) et Andreï Esipov (dont l'une des missions sera de servir de mentor aux U20) continuent l'aventure.
Seul Benoît Quessandier s'en va, pour prendre sa retraite après un parcours incluant plusieurs titres, finales et autres participations aux compétitions de l'équipe de France. Joona Kunnas, en provenance de Grenoble, fut un moment mis à l'essai pour le remplacer, mais le géant finlandais n'a pas laissé un souvenir impérissable à l'encadrement mulhousien, qui a préféré s'en séparer rapidement, dès les premières rencontres de pré-saison.
L'encadrement a, par contre, fait une bonne pêche en faisant revenir l'international Damien Raux, reconverti depuis quelques années avec succès en défense, d'abord pour l'équipe nationale, puis pour les clubs où il a officié. Ce Normand d'origine ne cache pas qu'il a à cœur de donner son meilleur afin de ne pas revivre la même saison mulhousienne qu'en 2011-2012, qu'il a ressentie comme un échec. Il suit donc la voie de son collègue amiénois (et peut-être futur partenaire) Hecquefeuille, reconverti lui aussi avec succès au poste de défenseur international, après avoir passé ses premières saisons professionnelles en attaque.
Cette parenthèse n'est pas fortuite puisque le même Kevin Hecquefeuille s'entraîne de nouveau, depuis quelques jours, avec les Scorpions. La recrue serait intéressante tant sur le point de vue compétitif que sur le point de vue numérique, au niveau des JFL. Il reste juste à trouver un accord entre les deux parties, notamment afin de bénéficier de son apport durant toute la saison (et donc d'exclure toute clause de sortie éventuelle pour une offre étrangère).
À l'offensive, là aussi, le début de saison dernière ne fut pas de tout repos. Rapidement, Kevin Bruijsteen, puis Jérémy Arès, et enfin Axel Rioux (visiblement pas dans son assiette) quittèrent l'Illberg. Plusieurs noms furent recrutés pour les remplacer, de façon définitive (Paakkolanvaara, Tomanek), ou intérimaire (Santavuori). Hélas, la bonne volonté de certains (Rubes, Paakkolanvaara) ne pallièrent pas certaines défections, inconstances ou mauvaises intégrations (Tomanek, Havlik voire Rehus).
Force est constater qu'à ce niveau, les anciens champions de D1 (Milan Jurik, Rolands Vigners, Arturs Sevcenko, Anton Ostman, Bryan Ten Braak, Kenny Martin) s'en tirèrent plus qu'honorablement, chacun dans leurs tâches respectives, puisque les deux premiers nommés finirent premiers et seconds pointeurs du club, en saison régulière, sans compter leur travail de sape durant les play-offs.
Ils purent ainsi pallier la baisse de régime et la blessure de fin de saison de Yorick Treille, longtemps à l'avant-garde des pointeurs de la ligue. L'ancien Rouennais re-signe d'ailleurs pour une nouvelle saison mulhousienne, avec en prime la responsabilité d'être un tuteur pour les U20.
Premier pressenti, Jordan Draper, en provenance des Aigles de Nice, après une saison tout aussi prolifique à Strasbourg. Sur la glace, c'est quelqu'un qu'on ne voit pas forcément, mais qui est très souvent là quand il faut, constamment en embuscade pour démarrer un sprint ou quand il faut prendre un rebond. C'est le "sniper" par excellence.
Deuxième nom, bien connu de part et d'autre des Vosges : Kevin Lorcher. C'est un profil nettement plus accrocheur qui arrive à l'Illberg, après avoir officié à l'Iceberg puis à Poissompré. Habitué aux troisièmes lignes, c'est un travailleur qui sait être marqueur quand il le faut, comme en témoigne sa dernière saison au sein du Gamyo spinalien en perdition.
Troisième recrue, de nouveau un ancien Strasbourgeois (décidément), Sébastien Trudeau. Le petit stratège avait bien commencé en France, associé à Jan Pardavy pour une première ligne prolifique. Ses deux dernières saisons furent nettement plus contrastées et timides. Il faut dire que les blessures à répétition n'ont pas arrangé sa cause. Son retour sur la glace de Cronenbourg arriva au moment de la déconfiture sportive bas-rhinoise ; pas facile de retrouver ses marques dans un collectif en manque de cohésion. Le challenge haut-rhinois sera pour lui une opportunité de retrouver ses pleines sensations.
Le quatrième... ex-Strasbourgeois à arriver à l'Illberg n'est pas un inconnu puisque Roope Nikkilä y fut, il y a deux ans, sacré champion de France de Division 1. La saison dernière n'a pas été aussi heureuse à l'Iceberg entre les résultats négatifs et les pépins physiques à répétition. On peut néanmoins souligner qu'il fut souvent présent dans les bons coups, notamment lors des supériorités numériques. Pour lui aussi, l'important sera de retrouver ses sensations après un exercice pour le moins traumatisant. Le club l'a contacté afin de pallier le renvoi (plus ou moins) controversé de la révélation Valérian Mathieu. L'Alsacien effectuait par là même un retour aux sources puisque qu'il est mulhousien d'origine, mais son séjour chez les Scorpions n'aura finalement duré que deux mois.
La filière lettone n'étant pas, jusque là, une mauvaise opération, si l'on se réfère aux deux compères Vigners et Sevcenko, encore diaboliques en fin de saison, le staff alsacien avait donc approché deux espoirs baltes, Bruno Zabis et Sandis Zolmanis, internationaux juniors voire seniors dans leur pays, disposant de bonnes références à leur actif. Sur la glace des premières rencontres de pré-saison, le premier nommé ne laissa malheureusement pas une grande impression. Il fut donc rapidement congédié. Son compatriote Zolmanis fut conservé : ce grand attaquant s'est exilé, lors de ses années juniors, deux ans en Suède, puis deux autres aux États-Unis, avant de revenir dans son pays, tout d'abord à Zemgale, puis à Kurbads où il vient d'être sacré champion avec la double récompense du meilleur buteur de saison régulière et meilleur pointeur des play-offs. On attend donc avec curiosité de voir s'il peut devenir aussi intenable que (et avec ?) ses deux compatriotes.
Pour compléter l'effectif, un autre nouveau JFL a été invité sur le glaçon haut-rhinois : il s'agit du Savoyard Lou Bogdanoff, formé essentiellement au Mont-Blanc et à Grenoble, avant de revenir ensuite sévir dans les clubs de Chamonix et de Nice. Ses bonnes performances chez les juniors (notamment U22) restent cependant à confirmer, ce que ce grand attaquant essaie de montrer assidûment depuis deux saisons en Magnus.
Enfin, Christer Eriksson pourra compter sur le développement de la filière colmaro-mulhousienne. Les deux clubs ont officialisé, en fin de saison dernière, une entente au niveau des U17 et U20. Cet accord permettra au club de la préfecture haut-rhinoise de disposer de structures plus attrayantes pour son vivier (jusque là sans solution pour ces deux classes d'âge), quand le club de la cité du Bollwerk disposera, lui, d'une solution idéale pour faire épanouir sportivement ses jeunes dans une compétition relevée (le championnat de Division 2 où les Titans colmariens vont évoluer cette saison). Le défenseur Julien Maricato, le polyvalent Jonathan Estienne, comme les attaquants Maximilien Lambolez, Maxime Leroux (tous deux en provenance de Strasbourg) et Corentin Cruchandeau, entre autres, auront donc un tremplin idéal pour pouvoir ensuite espérer intégrer les rangs de l'équipe fanion mulhousienne.
Les observateurs habitués des Scorpions relèveront que le noyau dur, celui qui a fait ses preuves en D1 puis a confirmé en Magnus, est conservé.
Les nouvelles recrues sont censées remplacer des joueurs dont la régularité ne fut pas très probante, la saison dernière. En théorie, Mulhouse accueille devant au moins trois, sinon quatre, nouvelles gâchettes qui ont déjà fait leurs preuves, essentiellement à Strasbourg, diront les mauvaises langues. Il est vrai que l'effectif de cette année est le plus bas-rhinois des effectifs mulhousiens, ce qui est assez singulier quand on connaît l'antagonisme sportif et hockeyistique (mais pas que...) entre les deux métropoles alsaciennes.
En y ajoutant l'apport du gardien Surek, normalement en piste pour toute une saison (on l'espère), le club mulhousien doit pouvoir raisonnablement viser les play-offs. La question sera de savoir si la défense sera compétitive sur la durée, et notamment qui sera le remplaçant de Kunnas (en filigrane : est-ce qu'Hecquefeuille va signer ?)
Stéphane Rault
Effectif :
Gardiens
N° NOM Prénom Naissance cm kg Club formateur Club & Ch 2017/18 MJ Min Moy. % 35 MACREZ Landry 30/04/1982 177 76 Amiens Montpellier FRA-2 6 267 1,58 65 SUREK Martin 22/08/1987 178 80 (Slovaque) Manglerud NOR-1 24 1403 3,13 87,9% Mulhouse FRA-1 21 1193 2,62 92,1% 67 MULLER Michaël 12/04/1990 178 76 Mulhouse Mulhouse FRA-1 7 277 4,56 84,9%
Défenseurs
N° NOM Prénom Naissance cm kg Club formateur Club & Ch 2017/18 MJ B A Pts +/- Pén 3 MARICATO-NUNEZ Julien 11/02/2000 185 74 Mulhouse Mulhouse FRA-1 9 0 0 0 0 0' Amnéville FRA-2 11 0 1 1 8' 14 ESIPOV Andrey 05/09/1980 181 90 (Russe) Mulhouse FRA-1 50 2 3 5 -12 18' 26 CRUCHANDEAU Hugues 09/09/1987 177 82 Strasbourg Mulhouse FRA-1 46 1 10 11 -1 30' 28 RAUX Damien 03/11/1984 179 80 Rouen Gap FRA-1 39 7 11 18 +9 18' 41 ESTIENNE Jonathan 05/09/1999 175 78 Lyon Mulhouse FRA-1 22 0 0 0 0 0' Amnéville FRA-2 11 1 1 2 4' 44 GENEST Hubert 07/10/1989 186 88 (Canadien) Mulhouse FRA-1 45 4 17 21 -17 38' 57 HOEHE Pierrick 04/10/1994 178 83 Strasbourg Nice/Mulh. FRA-1 47 0 1 1 -5 51' 82 SEDA Michal 15/10/1982 182 90 (Tchèque) Mulhouse FRA-1 46 1 4 5 -8 42' 84 HECQUEFEUILLE Kévin 20/11/1984 181 84 Amiens Mulhouse FRA-1 39 6 22 28 -7 73' Pantern SUE-2 11 0 4 4 -7 4'
Attaquants
N° NOM Prénom Naissance cm kg Club formateur Club & Ch 2017/18 MJ B A Pts +/- Pén 7 TREILLE Yorick 15/07/1980 190 89 Grenoble Mulhouse FRA-1 47 18 18 36 -13 36' 10 MARTIN Kenny 22/06/1991 180 81 Grenoble Mulhouse FRA-1 50 2 6 8 -15 8' 15 BOGDANOFF Lou 15/06/1994 189 75 Vanoise Nice FRA-1 50 8 7 15 -17 12' 19 ZOLMANIS Sandis 20/08/1994 184 85 (Letton) Kurbads LET-1 38 20 28 48 22' 27 SEVCENKO Arturs 24/04/1994 183 82 (Letton) Mulhouse FRA-1 44 11 12 23 -5 16' 37 JURIK Milan 28/02/1988 190 92 (Slovaque) Mulhouse FRA-1 49 20 17 37 +1 42' 58 TRUDEAU Sébastien 24/07/1991 175 83 (Canada) Strasbourg FRA-1 34 8 17 25 -6 26' 77 TEN BRAAK Bryan 24/02/1990 188 82 Dammarie Mulhouse FRA-1 50 5 4 9 -20 34' 81 LORCHER Kevin 26/05/1992 183 88 Courbevoie Épinal FRA-1 46 7 14 21 -6 40' 84 NIKKILÄ Roope 02/05/1990 184 83 (Finlandais) Strasbourg FRA-1 39 18 14 32 -15 24' 89 DRAPER Jordan 12/05/1989 183 84 (Canadien) Nice FRA-1 36 18 20 38 -1 24' 91 VIGNERS Rolands 07/03/1991 188 88 (Letton) Mulhouse FRA-1 49 20 18 38 +8 18'
Entraîneur : Christer Eriksson (SUE, 55 ans).
Partis : Sébastien Raibon (G, 29MJ à 88,8%), Benoît Quessandier (D, 2+9, arrêt), Raphaël Papa (A, 0+4, Annecy, FRA-3), Adam Havlik (A, 12+21, Kitzbühel, AUT-2), Tomas Rubes (A, 11+21, Mörrum, SUE-3), Anton Östman (A, 17+10, Fassa, AUT-2), Branislav Rehus (A, 7+19, Havirov, TCH-2), Tommi Paakkolanvaara (A, 5+17), Roman Tomanek (A, 3+10, Oswiecim, POL), Aurélien Haaser (A, 0+0, Briançon, FRA-2).
Revoir la présentation 2017/18