Grenoble veut rester au sommet
Il aura fallu attendre 10 ans pour voir les Brûleurs de Loups soulever de nouveau la Coupe Magnus ! Une longue attente qui est finalement arrivée à son terme lors du match 7 de la finale. Battu sèchement en finale 4-0 la saison précédente, Grenoble a pris sa revanche sur le champion sortant, Rouen, pour remporter la septième coupe Magnus de son histoire. Depuis les années 1980, les Brûleurs de Loups ont toujours remporté au moins une coupe Magnus par décennie, la série se poursuit donc avec un premier sacre dans les années 2010, dix ans après le quadruplé historique de 2009.
L’arrivée de Jacques Reboh a indéniablement été un catalyseur pour ramener les Brûleurs de Loups vers les sommets. Après avoir hérité d’une situation délicate, le président a remis le club sur pied financièrement avant de lui donner les moyens sportifs de prétendre de nouveau au titre suprême. En trois ans, la progression est évidente : une demi-finale perdue au match 7 contre Rouen, une coupe de France gagnée la même année en finale contre… Rouen puis une finale perdue en 4 matchs contre… Rouen et une finale gagnée au match 7 contre… Rouen. Et on peut supposer que désormais les deux équipes qui ont survolé la saison régulière en 2018-19 ne vont plus se quitter.
Les Dragons et les Brûleurs de Loups se sont en effet détachés très rapidement l'an passé au point de faire cavalier seul. Malgré une saison particulière aboutie avec 37 victoires en 44 matchs et 106 pts au compteur, les hommes d’Edo Terglav n’ont terminé qu’à la deuxième place puisque Rouen avait fait mieux (41 victoires et 121 pts). Dans l’optique des play-offs, les arrivées en janvier de Kyle Hardy et Antonin Manavian ont permis d’étoffer un effectif désormais à l’abri des risques de blessure. Avec une profondeur de banc inégalée en Ligue Magnus, Grenoble est allé au bout.
Malgré tout, la saison 2018-19 n’aura pas été parfaite, à cause du gros couac dès l’entrée en lice en coupe de France. Les Brûleurs de Loups se sont en effet inclinés à domicile (1-2) contre Lyon pour la première fois depuis la remontée des Lions en Ligue Magnus. Une fin de série qui arrivait au plus mauvais moment dans un match à élimination directe. La victoire en coupe Magnus a quasiment fait oublier ce raté mais on peut se douter que Grenoble sera ambitieux sur les deux tableaux lors de la saison à venir, sans oublier la CHL que Grenoble redécouvre après une première expérience en 2015.
Jacques Reboh et le staff ne considèrent pas le titre acquis comme une finalité, mais ils veulent installer le club dans le haut du tableau de la Ligue Magnus. Si officiellement, le titre n’est visé que tous les 3 ou 4 ans, on peut supposer que les Isérois voudront défendre chèrement leur titre en 2019-20. Et pour ce faire, le maître mot lors de l’intersaison aura été la stabilité en faisant confiance au groupe qui a soulevé la Coupe Magnus au printemps.
On ne change pas une équipe qui gagne !
Dans une grande majorité, le groupe grenoblois a donc été reconduit. Cela est valable pour le staff, à commencer par Edo Terglav qui savoure ce titre d’une façon sans doute particulière. Recruté à Briançon à la surprise générale par l’ancienne présidente Stéphanie Carrel-Magnan, il a été conservé à l’arrivée de Jacques Reboh à la tête de l’équipe première, gagnant petit à petit la confiance de son président grâce à son travail et son implication. Beaucoup d’observateurs grenoblois le jugeaient insuffisamment expérimenté pour mener Grenoble au titre, d’autres lui reprochaient des systèmes de jeu parfois un peu simplistes qui n’étaient pas toujours adaptés à des défenses très bien organisées. Mais Jacques Reboh lui a largement donné les moyens d’aller au bout, ce qu’il a réussi à faire. Contrat rempli, donc, ce qui lui permet de sortir renforcé de la saison 2018-19 et d’enchaîner une cinquième saison consécutive derrière le banc grenoblois. Romain Guibet est toujours son adjoint tandis que Jean-François Dufour est toujours là en tant que manager de l’équipe.
Du côté de l’effectif, la priorité était de conserver les joueurs arrivés en cours de saison qui ont pleinement donné satisfaction. Car le pari grenoblois de débuter avec un banc raccourci pour étoffer l’équipe petit à petit en cours de saison a été gagnant au moment des play-offs. Antonin Manavian et Patrick McEachen sont par exemple arrivés en décembre suite à quelques déconvenues rencontrées en EBEL, respectivement à Zagreb et Znojmo. Le premier, de retour à Grenoble après quatre saisons entre 2006 et 2010, a apporté une présence physique devant le filet qui manquait jusqu’à présent mais aussi un gros lancer, très utile en supériorité numérique. Le second a amené sa qualité de relance, sa capacité à sortir le palet de la zone et de créer le surnombre en attaque. Très important également en supériorité numérique, il fut l’un des défenseurs les plus utilisés par Edo Terglav lors des play-offs. Avec 14 pts en 15 matchs, il fut le défenseur leur plus productif en play-offs, tout en terminant troisième pointeur de l’équipe grenobloise derrière Leclerc et Fleury.
Puis en janvier, ce fut au tour de Sacha Treille et Kyle Hardy de fouler de nouveau la glace de Pôle Sud après également des situations de blocage dans leurs clubs respectifs. Pour Sacha Treille, formé au club, c’était un retour sous le maillot grenoblois qu’il n’avait plus porté depuis 2008. Après des années du côté de la Suède, de la République Tchèque et de… Rouen, il est venu apporter toute son expérience et son gabarit à l’attaque grenobloise, reformant souvent un trio international aux côtés de Teddy Da Costa et Danien Fleury. Quant à Kyle Hardy, il a connu une saison malheureuse puisqu’il s’est blessé dès son premier match avec sa nouvelle équipe du Medvescak (EBEL). En convalescence tout le reste de la saison, il est revenu à Grenoble en janvier comme "simple soldat", lui qui était encore capitaine des Brûleurs de Loups lors de l’édition 2017-18. Défenseur extrêmement offensif, Hardy a retrouvé petit à petit ses capacités lors de la toute fin de saison régulière et du premier tour des play-offs. Hardy a vite repris ses repères avec son compère Sébastien Bisaillon et des statistiques conformes à ses standards avec 13 points en 15 matchs.
En conservant ces 4 joueurs qui ont joué un rôle prépondérant dans la conquête du titre, on pourrait presque dire que les Brûleurs de Loups ont effectué leur recrutement par anticipation. Le plus important était de les voir s’inscrire dans la durée dans le projet grenoblois et pas seulement pour ajouter une ligne à leur palmarès en ne restant que quelques semaines. Le fait que trois d’entre eux aient déjà porté le maillot grenoblois a bien entendu pesé dans la balance. Le challenge de la CHL aussi. Les avoir dans l’effectif dès le coup d’envoi de la saison sera assurément un plus pour les Brûleurs de Loups.
Les autres cadres de l’équipe sont eux aussi quasiment tous restés. À commencer par Damien Fleury, symbole de l’ambition grenobloise lors de la dernière intersaison. L’international français a joué le rôle de leader qu’on attendait de lui. Avec 17 pts en 15 matchs de play-off, il a réussi son retour à Grenoble, lui qui avait quitté le club en 2010 pour la Suède. Et comme un symbole, c’est lui qui marque le but qui offre le titre aux Brûleurs de Loups lors du septième match de la finale. En recherche de stabilité, il va connaître une deuxième saison consécutive dans le même club, ce qui ne lui était plus arrivé depuis 2013 à Södertälje.
Autre élément essentiel de l’attaque grenobloise, Joël Champagne a endossé avec succès le rôle du capitaine en début de saison suite à la blessure de Teddy Trabichet. Avec 60 pts en saison régulière et 13 en play-offs, il a réussi une saison pleine offensivement tout en ne rechignant pas aux tâches défensives. Leader par l’exemple, il était au centre d’un trio extraordinairement productif et complémentaire avec Leclerc et Denny Kearney (photo). L’attaquant américain, longtemps meilleur compteur de la Ligue Magnus avant de se faire coiffer sur le fil par son coéquipier français, a réalisé un retour fracassant en France, lui qui avait permis à Briançon de remporter la Coupe Magnus en 2014. Deux saisons en France, deux titres de champion, qui dit mieux ? Il va donc tenter la passe de trois en restant pour la première fois dans le même club depuis son arrivée en Europe en 2013.
Pilier de la défense grenobloise, Sébastien Bisaillon rempile pour une cinquième saison consécutive en Isère après sa meilleure saison offensive puisqu’il a compté 11 buts et 32 points lors des 44 matchs de la saison régulière. Il a retrouvé un rôle plus défensif en play-offs avec le retour de Kyle Hardy à ses côtés. Défenseur extrêmement fiable au slap ravageur, il est devenu au fil des saisons un cadre des Brûleurs de Loups.
Grand artisan du titre après avoir su hisser son niveau de jeu lors des play-offs, Lukáš Horák sera de retour devant la cage grenobloise pour une quatrième saison d’affilée. Après des débuts délicats en saison régulière, il est monté en puissance pendant la saison avant de devenir un mur infranchissable en play-offs au point de rivaliser avec Pintaric lors de la finale et de prendre même le meilleur sur le portier rouennais lors des deux derniers matchs. À seulement 25 ans, il a réalisé sans aucun doute la plus belle saison de sa carrière et sera attendu lors des joutes de la CHL face aux cadors européens.
Le puissant attaquant québécois Maxime Legault repart également pour une troisième saison avec Grenoble. Moins pénalisé la saison dernière, il a revanche manqué une bonne partie de la saison sur blessure. Il a aussi retrouvé la réussite devant la cage avec un début de saison canon et six buts marqués en play-offs. Sa vitesse et son intensité en font un excellent attaquant d’appoint sur le troisième bloc.
Quant aux autres Français de l’équipe, ils ont pour la plupart donné satisfaction à commencer par Sébastien Rohat, auteur d’une saison exceptionnelle, la meilleure de sa carrière à 34 ans ! Avec 34 pts en 44 matchs de saison régulière, il a excellé offensivement tout en continuant à assumer avec régularité les tâches défensives dont il est le spécialiste. Ses performances lui ont même permis d’être convoqué pour la première fois en équipe de France puisqu’il a été appelé par Philippe Bozon lors de deux regroupements.
Les fidèles sont aussi reconduits. Christophe Tartari, reconverti en défense depuis deux ans, a fini la saison en attaque compte tenu de la densité de la défense grenobloise suite à l’arrivée de Kyle Hardy. Mais c’est bien comme défenseur qu’il va jouer cette saison dans son club de toujours. Quant à Julien Baylacq, il reste un attaquant défensif précieux qui ne rechigne pas aux tâches obscures. Essentiel sur le box play, il n’a lui aussi connu qu’un seul club depuis le début de sa carrière.
Les Brûleurs de Loups pourront compter sur un autre Grenoblois formé au club, Teddy Trabichet. Pas épargné par les blessures depuis deux ans, l’ex-capitaine n’a connu que 11 matchs de saison régulière au cours des deux dernières saisons. Il a pu retrouver la glace lors des play-offs et si le sort arrête de s’acharner sur lui, il pourrait être un renfort appréciable pour la défense grenobloise. Moins en réussite que la saison précédente, Vincent Kara prolonge tout de même son aventure avec les Brûleurs de Loups. Même si son rôle fut moins important puisqu’il a essentiellement joué sur la troisième ligne la saison dernière, Kara reste un attaquant rapide et adroit qui joue bien dans les deux sens de la patinoire. Enfin, le jeune et prometteur attaquant Dylan Fabre aura l’occasion d’aller chercher plus de temps de jeu cette saison alors qu’il avait terminé la saison du côté de Vaujany et Chambéry lorsque l’effectif grenoblois s’était étoffé en cours de saison dernière. Déjà très à l’aise à seulement 18 ans, sa vitesse pourrait lui permettre de grimper les échelons dans l’alignement grenoblois.
Un dégraissage nécessaire et quelques retouches
Avec une telle ossature, les Brûleurs de Loups n’avaient plus qu’à opérer quelques ajustements, à commencer par remplacer les partants. Car il y a tout de même quelques départs compte tenu de l’effectif pléthorique avec lequel Grenoble a terminé la saison. Le plus dommageable est sans doute celui de Guillaume Leclerc qui part en Slovaquie du côté de Poprad après une saison éblouissante puisqu’il a tout simplement terminé meilleur compteur devant tous les tous les attaquants étrangers du championnat de France qui ont l’habitude de truster les premières places. Le dernier tricolore formé en France à avoir remporté le trophée Charles Ramsay était un certain François Rozenthal en 2004 ! Leclerc n’a pas faibli en play-offs puisqu’il termine de nouveau en tête des pointeurs avec 21 pts. Il va évidemment laisser un gros trou dans l’attaque grenobloise cette saison.
Autre départ d’un international en attaque, celui de Teddy Da Costa qui repart en Pologne où il a ses attaches familiales. Arrivé en même temps que Damien Fleury la saison dernière, il n’a pas connu la même réussite sur les bords de l’Isère. Même s’il a parfaitement tenu son rôle défensivement, on pouvait attendre plus de lui sur le plan offensif. Avec 29 pts en 40 matchs de saison régulière, il n’a pas pesé autant qu’espéré. Plus régulier une fois venu le temps des play-offs, il a apporté de l’intensité mais a perdu sa place en équipe de France puisqu’il n’était que remplaçant pendant les championnats du monde.
Autre semi-déception de la saison dernière, Olivier Latendresse ne sera resté qu’une saison à Grenoble. Récupéré in extremis à Bordeaux en proie à des difficultés financières, il semblait être le gros coup de la dernière intersaison du côté des Brûleurs de Loups. Son CV très fourni et son début de saison canon ont fait espérer le meilleur. Mais le soufflé est vite retombé et Latendresse n’a plus trouvé le chemin des filets aussi régulièrement. Cantonné à la troisième ligne aux côtés de Legault et Kara, il s’est essentiellement consacré à un rôle défensif. Avec 30 pts et saison régulière et seulement 5 en play-offs, il n’a pas été un des fers de lance de l’attaque iséroise. Il a en revanche accepté son rôle plus secondaire sans rechigner et a pris sa part dans le titre grenoblois.
Un départ qui va laisser des regrets chez les supporters grenoblois est celui de Mathias Arnaud. À 32 ans, le généreux et fougueux attaquant prend un autre virage dans sa carrière en rejoignant Bordeaux. Arrivé sur la pointe des patins en cours de saison 2015-16, Arnaud s’est imposé durant trois saisons comme un leader charismatique de l’équipe grenobloise. Attaquant défensif très utilisé en infériorité numérique, il a aussi formé avec Baylacq et Rohat une des meilleures quatrièmes lignes de la Ligue Magnus. Il sera accompagné en Gironde par un autre attaquant très aimé du public grenoblois, Boštjan Golicic, qui vient de traverser une saison blanche, la faute à une grosse blessure au poignet subie au tout début de la saison. C’est donc des tribunes qu’il a suivi le sacre grenoblois et il tentera de relancer sa carrière avec les Boxers.
Le secteur défensif, en sureffectif en fin de saison, a connu quelques départs nécessaires pour alléger l’effectif. Dominik Kramar et Aleksander Magovac sont partis ensemble du côté du HK Poprad, le club formateur de Kramar qui accueille également Guillaume Leclerc. Éléments essentiels du début de saison, ils ont vu leur temps de glace chuter au fil de la saison suite aux arrivées successives de Manavian, McEachen et Hardy sans oublier le retour de blessure de Trabichet. Kramar, très précieux défensivement, a quand même conservé sa place jusqu’à la fin de la saison, au contraire de Magovac, au profil plus offensif, qui a suivi la plupart des play-offs depuis les tribunes, ne prenant part qu’à 4 matchs. Autre victime du nécessaire "dégraissage" en défense, le discret mais fiable Connor Hardowa qui a su se montrer indispensable jusqu’à la fin de la saison en compensant notamment son manque de vitesse par un jeu très complet et un gabarit intéressant.
Enfin, certains Français sont allés chercher du temps de glace ailleurs, à commencer par Antoine Bonvalot. Très fiable pour un gardien n°2, il a rebondi après une saison précédente assez délicate. Solution de secours en début de saison alors qu’Horak n’était pas au mieux, il a eu régulièrement du temps de glace, y compris en play-offs puisqu’Edo Terglav n’a pas hésité à le titulariser lors des matchs 4 des quarts de finale et des demi-finales pour préserver Horak. Il espérait évoluer comme n°1 à Lyon, mais ce plan de carrière a été brisé par ma non-validation des Lions en Ligue Magnus. Les jeunes Lucien Onno et Julien Munoz, qui ont brillé notamment lorsqu’ils étaient prêtés à Chambéry en D1, sont allés chercher plus de responsabilités du côté des Scorpions de Mulhouse.
Pour compenser les départs, le staff grenoblois s’est contenté de recrues ciblées de façon à réduire quantitativement le groupe, une nécessité dans le contexte de la réduction de la feuille de match à 20 joueurs au lieu de 22 la saison dernière. Le principal départ à combler sur les deux premiers blocs était celui de Guillaume Leclerc. Pour le remplacer, les Brûleurs de Loups sont allés chercher chez les rival rouennais Alex Aleardi, meilleur buteur de la Ligue Magnus avec 35 buts en 44 matchs ! Un choix qui peut paraître surprenant tant le joueur a été sifflé par le public grenoblois, mais depuis le recrutement de Dame-Malka, il faut croire qu’être hué à Pôle Sud n’est pas un facteur limitant pour ensuite revêtir le chandail des Brûleurs de Loups. Surtout, l’attaquant américain qui a flambé depuis son arrivée à Rouen apportera un brin de combativité supplémentaire à l’effectif. Et même s’il s’est fait une réputation à Grenoble par son sens inné de la provocation, Aleardi reste un joueur très talentueux, capable de faire la différence à lui tout seul sur une action.
Un international chasse l’autre… Alors que Teddy Da Costa s’en va, les Brûleurs de Loups font venir Peter Valier (photo ci-dessus) de Bordeaux. Dans le viseur depuis quelques saisons et notamment la saison dernière après sa très belle série avec Bordeaux contre Grenoble en demi-finales, Valier rejoint Grenoble juste après avoir disputé ses premiers championnats du monde. Il a connu la meilleure saison de sa carrière avec les Boxers. Très bon joueur dans les deux sens de la patinoire, il a une belle carte à jouer pour s’imposer dans l’effectif des Brûleurs de Loups.
En défense, le staff grenoblois avait besoin d’une recrue supplémentaire pour compenser les quatre départs. Et il a réalisé un joli coup en attirant Yann Sauvé qui jouait jusque-là en EBEL. Défenseur au gabarit imposant (1,91m), Sauvé a débuté la saison à Zagreb aux côtés de Hardy et Manavian avant de quitter également le club croate en difficulté financière. Il a posé ensuite ses valises à Villach avant d’arriver à Grenoble. Ancien choix de deuxième ronde des Vancouver Canucks (il avait été sélectionné au 41e rang de la draft 2008), Sauvé a joué 8 matchs en NHL et 243 matchs en AHL. À 29 ans, il a encore de belles années devant lui. Défenseur complet, capable d’imposer sa présence physique devant le filet tout en contribuant à l’offensive, il devrait être un atout supplémentaire pour une défense grenobloise déjà bien garnie.
Enfin pour remplacer Bonvalot, le club grenoblois a jeté son dévolu sur un ancien de la maison, Sébastien Raibon (photo). Après son départ de Grenoble en 2014, Raibon a connu 4 clubs en 5 saisons (Anglet, Lyon, Mulhouse et Montpellier). À 28 ans, il revient dans son club formateur avec lequel il avait un temps occupé le poste de gardien titulaire sans réussir à s’imposer complètement avec ses sautes d’humeur parfois spectaculaires. Désormais assagi, son rôle sera de soulager Horak au cours d’une longue saison. Les jeunes attaquants Aurélien Dair et Adel Koudri (20 ans tous les deux) ont été intégrés à l’effectif après avoir terminé leur carrière junior. Ils auront une belle carte à jouer pour percer dans l’alignement tout en continuant à progresser lors de leurs prêts à Chambéry en D1.
Grenoble construit pour durer ?
Avec un tel effectif, complet dans toutes ses lignes, les Brûleurs de Loups auront pour objectif de durer au sommet et bien entendu de conserver la Coupe Magnus. Pour un club qui souvent connu des hauts et des bas, être un prétendant au titre chaque saison comme peut l’être Rouen reste un objectif en soi. Cette année Grenoble aura en plus le redoutable défi de la CHL, une compétition qu’il va redécouvrir après une première expérience en 2015-16 qui les avait vus obtenir la première victoire française dans la compétition face aux Finlandais des Espoo Blues. Désormais l’objectif est de faire aussi bien que les Dragons l’an dernier qui avaient réussi la performance de finir deuxièmes de leur groupe pour disputer les phases finales. Mais le challenge s’annonce relevé puisque les champions de France auront dans leur poule le gratin du hockey européen avec les vice-champions de Finlande (Kärpät Oulu), les champions de Suisse (Berne) et les Suédois de Skellefteå.
Pour être compétitif dès le début de saison, la stabilité de l’effectif est sans aucun doute un atout de taille. Et même si la profondeur sera moindre que lors des derniers play-offs, le groupe grenoblois a gagné en qualité ce qu’il a perdu en quantité. À l’image d’une défense qui semble très solide sur le papier puisqu’avec Hardy, Bisaillon, Manavian et McEachen dès le début de la saison, Grenoble possède déjà un quatuor très solide. L’arrivée de Sauvé remonte encore le niveau d’un cran alors que les expérimentés Tartari et Trabichet postuleront pour une place de sixième défenseur, ce qui en dit long sur la densité de la défense grenobloise qui semble une des plus complètes alignées à Pôle Sud ces dernières années.
Avec des bons gabarits (Manavian, Sauvé), des défenseurs offensifs (Hardy, McEachen), des joueurs capables de jouer dans les deux sens (Sauvé, Bisaillon, Tartari) et un spécialiste défensif (Trabichet), les Brûleurs de Loups semblent bien armés à la ligne bleue. En plus, Edo Terglav aura l’embarras du choix pour choisir les joueurs à la ligne bleue en supériorité numérique puisque Manavian, Hardy, Bisaillon, McEachen et Sauvé sont tous dotés d’un très bon lancer.
Dans les cages, Lukáš Horák aura un beau challenge à relever en CHL pour montrer qu’il a le niveau européen après ses excellents play-offs de la saison dernière. S’il poursuit sur sa lancée, il pourrait attirer des regards sur la scène européenne mais il devra aussi se montrer capable de rester constant sur ses performances sur une saison complète alors qu’il avait été plus irrégulier en début de saison dernière. Avec Raibon, Grenoble peut compter sur un back-up d’expérience qui aura le défi de remplacer Bonvalot auteur d’une très belle saison.
En attaque, les Brûleurs de Loups auront déjà des repères. Les duo Kearney-Champagne et Treille-Fleury se connaissent déjà bien. Il faudra leur trouver un joueur capable de compléter les trios et les recrues Valier et Aleardi semblent toutes désignées. Grenoble possède ainsi un top 6 intéressant, avec des joueurs physiques, des buteurs, des créateurs et des attaquants responsables défensivement. La question du recrutement d’un autre centre de premier plan se posera peut-être en cours de saison mais la reconversion de Fleury à ce poste règle momentanément le problème.
Derrière, l’attaque grenobloise pourra compter sur les joueurs vifs et rapides comme l’inusable Rohat qui sort d’une excellente saison et Vincent Kara, toujours présent. Legault continuera à apporter sa vitesse et son physique tout en ayant montré sa capacité à marquer la saison dernière. Les trois semblent désignés pour former un troisième trio intéressant. Enfin le fidèle Julien Baylacq sera toujours dévolu aux tâches défensives avec un rôle clé en infériorité numérique. À ses côtés, on attend beaucoup des trois jeunes qui viennent du centre de formation : Dylan Fabre, Aurélien Dair et Adel Koudri. Fabre pourrait être l’attraction de la saison côté grenoblois. Avec un beau temps de jeu la saison dernière, il avait montré des aptitudes intéressantes avant d’être victime de la concurrence en attaque. Désormais il pourrait gravir les échelons grâce à sa vitesse et son habileté technique. Un joueur à suivre.
En jouant la carte de la stabilité, le staff grenoblois a voulu construire sur la durée après les nombreux changements survenus en cours de saison dernière. L’équipe constituée est expérimentée tout en faisant la place à quelques jeunes espoirs. Elle a du répondant sur le plan physique tout en ne négligeant pas la vitesse. Un renfort offensif en cours de saison n’est pas à exclure. Mais quoi qu’il en soit, la confirmation est attendue et une saison sans trophée (Coupe de France ou Coupe Magnus) serait sans doute vécue comme un échec du côté de Pôle Sud où le public grenoblois, toujours exigeant, risque de s’habituer aux succès…
Christophe Laparra
Effectif :
Gardiens
N° NOM Prénom Naissance cm kg Club formateur Club & Chpt 2018/19 MJ Min. Moy. % 40 RAIBON Sébastien 03/11/1990 179 86 Grenoble Montpellier FRA-1 13 771 3,90 87,7% 61 HORAK Lukas 05/10/1993 186 78 (Tchèque) Grenoble FRA-1 47 2765 1,97 93,0%
Défenseurs
N° NOM Prénom Naissance cm kg Club formateur Club & Chpt 2018/19 MJ B A Pts +/- Pén 2 BISAILLON Sébastien 08/12/1986 183 93 (Canadien) Grenoble FRA-1 59 13 27 40 +22 65' 4 MANAVIAN Antonin 26/04/1987 191 100 Courbevoie Medvescak AUT-1 21 0 6 6 -6 38' Grenoble FRA-1 32 7 14 21 +27 131' 22 SAUVÉ Yann 18/02/1990 191 96 (Canadien) Med./Villach AUT-1 49 8 18 26 -23 38' 47 HARDY Kyle 09/08/1988 175 78 (Canadien) Medvescak AUT-1 1 1 0 1 -1 0' Grenoble FRA-1 18 5 9 14 +12 6' 50 McEACHEN Patrick 07/02/1991 183 90 (Canadien) Znojmo AUT-1 12 0 4 4 -9 8' Grenoble FRA-1 40 7 35 42 +24 22' 57 TRABICHET Teddy (A) 10/03/1987 179 82 Grenoble Grenoble FRA-1 21 0 1 1 +4 35' 73 TARTARI Christophe(A) 03/12/1984 189 85 Grenoble Grenoble FRA-1 57 6 33 39 +34 44'
Attaquants
N° NOM Prénom Naissance cm kg Club formateur Club & Chpt 2018/19 MJ B A Pts +/- Pén 3 DAIR Aurélien 10/09/1999 186 74 Chambéry Grenoble FRA-1 12 0 1 1 -1 0' 10 FLEURY Damien (A) 01/02/1986 181 84 Caen Grenoble FRA-1 56 31 33 64 +27 104' 13 BAYLACQ Julien 10/04/1989 183 86 Grenoble Grenoble FRA-1 58 4 9 13 +7 47' 17 KARA Vincent 09/07/1992 180 86 Chamonix Grenoble FRA-1 57 4 16 20 +20 26' 18 KOUDRI Adel 14/05/1999 182 78 Annecy Grenoble FRA-1 4 0 0 0 0 2' 19 KEARNEY Denny 27/01/1988 185 88 (Américain) Grenoble FRA-1 59 26 47 73 +47 86' 21 VALIER Peter 27/07/1992 180 82 Cergy Bordeaux FRA-1 49 15 22 37 +8 115' 42 ALEARDI Alex 30/07/1992 175 77 (Américain) Rouen FRA-1 60 43 31 74 +48 115' 54 LEGAULT Maxime 28/03/1989 188 89 (Canadien) Grenoble FRA-1 41 21 7 28 +7 75' 64 CHAMPAGNE Joël (C) 24/01/1990 193 99 (Canadien) Grenoble FRA-1 59 20 53 73 +40 100' 77 TREILLE Sacha 06/11/1987 195 96 Grenoble Pardubice TCH-1 25 4 4 8 -14 18' Grenoble FRA-1 18 9 9 18 +7 28' 78 FABRE Dylan 10/11/2000 177 68 Grenoble Grenoble FRA-1 25 1 2 3 +2 2' 85 ROHAT Sébastien 18/02/1985 175 74 Briançon Grenoble FRA-1 59 17 22 39 +33 28'
Entraîneur : Edo Terglav (SLO, 39 ans).
Partis : Antoine Bonvalot (G, 14MJ à 93,2%, Lyon), Dominik Kramar (D, 1+14, Poprad, SVK), Aleksander Magovac (A, 5+16, Poprad, SVK), Connor Hardowa (D, 4+8), Lucien Onno (D, 1+3, Mulhouse), Guillaume Leclerc (A, 36+46, Poprad, SVK), Teddy Da Costa (A, 14+28, Katowice, POL), Olivier Latendresse (A, 10+25, Angers), Mathias Arnaud (A, 9+8, Bordeaux), Boštjan Golicic (A, 2+2, Bordeaux), Julien Munoz (A, 1+1, Mulhouse).
Revoir la présentation 2018/19