Suède 2020/21 : présentation

 

Comme la plupart des championnats, la SHL et la SDHL, respectivement ligues masculine et féminine suédoises, ont mis fin prématurément à leur saison 2019-2020 à cause du covid-19. Aucun titre de champion n'a été décerné. Luleå chez les hommes avait largement dominé la saison régulière sans avoir l'opportunité de disputer le trophée tandis que la situation était pire chez les femmes. La section féminine du HV71 a vu le rideau tomber à une seule victoire du titre.

En dépit des frustrations et de la colère légitime des joueuses du HV71, la machine est désormais relancée pour la saison 2020-2021 tout en respectant les mesures propres à la crise sanitaire. À la mi-août, le président de la fédération suédoise Anders Larsson, les représentants de la ligue Anders Källström et Jenny Silfverstrand (future présidente de la SHL) avaient rencontré la Ministre de la Culture, Amanda Lind, pour mettre en place un protocole de reprise. Distanciation physique, système de réservation des places, aucun voyage de supporteurs extérieurs, etc, tout a été étudié. Mais la limite des rassemblements à 50 personnes obligera à jouer le début de saison dans des arènes vides... en espérant que la situation sanitaire s'améliore réellement.

 

Luleå HF : qui pour les arrêter (à part la pandémie) ?

Les nordistes de Luleå avaient réalisé une saison SHL 2019-2020 exemplaire, le coach Thomas Berglund, élu meilleur entraîneur de SHL, a poursuivi un cycle qui menait l'équipe tout droit vers le titre. Le club du Norrbotten avait pris les commandes du championnat dès l'automne 2019 sans jamais lâcher les rênes. La deuxième meilleure équipe de notre top 250 européen a remporté la saison régulière avec 14 points d'avance sur ses deux plus proches poursuivants, grâce à une attaque efficace et surtout à une défense imperméable. Luleå n'a encaissé que 98 buts, la meilleure performance de ces 15 dernières années dans le championnat suédois. Les brillants résultats sportifs (victoire en saison régulière, demi-finale européenne en CHL et finale chez les féminines en SDHL) ont éclipsé les résultats financiers négatifs, qui se sont élevés à 180 000 €, quand bon nombre de grands clubs n'ont pas réellement été affectés par l'interruption due à la crise sanitaire.

Luleå devra néanmoins faire désormais sans son gardien numéro 1, Joel Lassinantti, rarement décevant, auteur du deuxième meilleur pourcentage d'arrêts et parti tenter sa chance en KHL. Le LHF misera sur une coopération expérience / jeunesse avec le cadre de longue date David Rautio et le plus jeune gardien de l'histoire à avoir disputé une recontre du championnat suédois, Jesper Wallstedt, déjà perçu comme un gardien d'exception. Le défenseur Nils Lundkvist, les attaquants Isac Brännström et Filip Hållander sont également des talents d'exception qui pourront se développer davantage pour la saison à venir. Hållander, qui a vu ses droits passés de Pittsburgh à Toronto, sera un allié de poids, lui qui avait manqué la moitié de la saison à cause d'une blessure au pied. Le LHF a connu peu de départs (dont celui de Yohann Auvitu, qui aura joué 18 matchs), la direction s'est assurée de remplacements poste par poste, mais elle a surtout mis la main sur un gros scoreur. Après six saisons à Lugano, l'artiste Linus Klasen revient, à 34 ans, à Luleå, capable d'apporter une fantaisie et une puissance de feu qui auraient pu manquer au LHF en playoffs. Luleå est armé pour arracher un nouveau titre, le seul et unique datant de 1996.

 

Färjestads BK : une puissance de feu toujours redoutable

Vainqueur de la saison régulière en 2019, deuxième en 2020, Färjestad est clairement une équipe d'élite de la SHL. Un statut acquis par l'entraîneur Johan Pennerborn qui a privilégié un jeu offensif et rythmé (en plus d'être un hockey divertissant) finalement payant encore une fois. Le club de Karlstad avait déjà marqué 40 buts après 10 journées, 95 après 26 journées, puis 173 à l'issue de la saison régulière. Marcus Nilsson a terminé meilleur marqueur de la SHL avec 54 points, Per Åslund a fini septième de ce classement. Färjestad possédait également trois des meilleurs buteurs du championnat, avec Gustav Rydahl, Victor Ejdsell et Jesper Olofsson. Et dire que le FBK a dû se passer des services de Michael Lundqvist en tout début d'année 2020, auteur de 25 points en 26 matchs mais gravement touché au genou.

Si Sotchi a mis la main sur le duo Nilsson / Johansson, et si Olofsson est parti tenter sa chance en Amérique du Nord, le staff s'est assuré de conserver la même puissance de feu. L'excellente nouvelle, c'est de pouvoir compter sur Joakim Nygård qui revient à Karlstad après avoir joué une saison à Edmonton ; il a été prêté par les Oilers. Nygård est un joueur créatif et très populaire auprès des fans, et une future star pour la saison à venir. L'autre retour qui doit faire plaisir aux supporteurs, c'est celui du défenseur très offensif Jesse Virtanen. En plus de Jonathon Blum et Sebastian Erixon, Färjestad sera de nouveau redoutable et devrait conserver le meilleur powerplay du pays. Il faudra néanmoins combler les trous en défense, car si le FBK marque beaucoup, il encaisse beaucoup trop pour un prétendant au titre. La défense devra se consolider davantage, elle sera aidée par Henrik Haukeland, gardien de 26 ans élu meilleur hockeyeur de Norvège en 2020 après de fantastiques performances devant le but de KooKoo en Finlande. Si son arrière-garde ne l'abandonne pas trop, alors Färjestad sera un favori bien difficile à contrarier.

 

Rögle BK : le challenger venu de loin

Troisième de la saison régulière 2020, Rögle s'assurait une place en quart de finale, stade que le club d'Ängelholm atteignait pour la première fois depuis 1994... avant que les playoffs ne soient annulés à cause de la pandémie. Pour autant, Rögle est devenu une puissance de la SHL, un statut obtenu grâce aux jumeaux Abbott, Chris le manager et Cam l’entraîneur. Le travail du duo canadien a permis de moderniser et de mener le RBK vers une autre dimension. Ils se sont d'ailleurs entendus pour prolonger l'aventure jusqu'en 2023. Mais une telle percée sur la scène suédoise poussera à satisfaire des attentes devenues forcément exigeantes.

Ce sera sans le meilleur joueur du championnat, nommé "Guldhjälmen" (casque d'or) 2020 : le défenseur canadien Kodie Curran, également deuxième meilleur marqueur du championnat avec 49 points. En fait, le RBK a perdu les meilleurs joueurs de chaque poste de la saison passée : Curran, le gardien Roman Will et l'attaquant Ted Brithén. Pour autant, l'équipe scanienne semble s'en être bien sorti dans le recrutement en conservant Leon Bristedt (36 points en 40 matchs et supervisé par plusieurs clubs NHL) et le jeune Nils Höglander, cédé par Vancouver et dont la marge de progression devrait être profitable au rendement de l'équipe. En conservant du punch en attaque avec Bristedt, Daniel Zaar, Dennis Everberg et la nouvelle recrue Olli Palola (prolifique en Finlande et en Suède mais plus en difficulté en KHL), et si le jeu défensif tient encore la route, alors Rögle pourra poursuivre son étonnante percée dans le hockey suédois.

 

Skellefteå AIK : fini de surfer sur l'âge d'or

L'organisation de Skellefteå a tenté de se reposer le plus longtemps possible sur les acteurs de son âge d'or. Une option qui peut s'avérer intéressante à court terme, moins ensuite, notamment après un échec comme celui de 2019 en quart de finale. La retraite du guerrier Jimmie Ericsson, longtemps en suspens, a définitivement tourné la page, tout comme l'orientation prise par le manager Erik Forssell, un ancien joueur-clef de l'équipe. Ce dernier a décidé de privilégier les joueurs à fort potentiel plutôt que les anciennes gloires.

D'ailleurs, Skellefteå a la chance de posséder deux grands espoirs : l'attaquant Jesper Frödén et le défenseur Philip Broberg. Frödén (meilleur espoir du championnat après avoir inscrit 29 points à sa première saison) et Broberg (huitième choix de la draft NHL 2019 et une nouvelle fois cédé par les Oilers pour la saison à venir) occuperont une place de choix. Tout comme le gardien Gustaf Lindvall, élu meilleur gardien de la saison avec le meilleur pourcentage d'arrêts de la ligue (93,5%). Ils représentent la nouvelle ère du SAIK, même s'il reste encore quelques bribes de la précédente. Oscar Möller et Joakim Lindström, respectivement capitaine et assistant-capitaine, jouent toujours le rôle de locomotive, devant Jacob Olofsson et Andreas Wingerli, qui marchent dans leurs pas. Et l'arrivée du petit attaquant canadien Tyler Morley, après une saison remarquable en Finlande, permettra de pallier le départ de Robin Alvarez, qui avait réalisé la meilleure saison de sa carrière. Ce sont donc des leaders confirmés et de nombreux jeunes talents sur lesquels pourra s'appuyer le trio d'entraîneurs Stefan Hedlund, Stefan Klockare et Andreas Falk, le coaching partagé étant une option souvent prise par Skellefteå sur la dernière décennie. Le trio succède à Tommy Samuelsson et tentera de guider Skellefteå vers un meilleur résultat encore que la quatrième place en 2020.

 

HV71 : Lias Andersson, star bienvenue à Jönköping

En meilleure forme après deux saisons difficiles, le HV71 devra poursuivre sa progression, cette fois-ci sous la direction du coach Nicklas Rahm, huit ans adjoint à Växjö puis au HV71 et pour la première fois entraîneur en chef d'une équipe. L'urgence était de trouver un centre fort, une position qui faisait défaut au club de Jönköping, en particulier les mises en jeu. Le HV71 l'a trouvé... et l'avait sous la main en fin de saison 2019-2020 puisqu'il s'agit de Lias Andersson. L'attaquant de 22 ans est en froid avec les New York Rangers, il aurait semble-t-il émis le souhait d'être échangé et il ne voulait pas se retrouver en AHL. Après 66 rencontres en NHL, il a disputé 15 matchs en 2020 avec le HV71, récoltant 12 points et obtenant le taux de réussite aux tirs le plus élevé de la SHL avec 22,6%, et ce avec une forme manifestement loin d'être optimale. Les Rangers (dont les droits prendront fin prochainement, à moins d'un renouvellement peu probable de contrat) le cédant de nouveau au HV71, Andersson, sur une saison complète, devrait avoir un impact important sur la santé de l'équipe. Lias Andersson, mais aussi Linus Sandin comme jeune flèche, prêté par les Flyers de Philadelphie, devraient briller en plus de Linus Fröberg et Alexander Bergström, des leaders Simon Önerud et les frères Sandberg, le HV71 se débarrassant de ses flops (dont Juuso Ikonen).

En défense, le club de Jönköping devra se passer des services pendant un certain temps d'un de ses piliers, Jesper Williamsson, pour des problèmes de dos. Encore heureux qu'Eric Martinsson ait pu récupérer de sa commotion. Devant les filets, c'est l'un des meilleurs duos de la ligue qui gardera les buts. L'expérimenté Jonas Gunnarsson devrait voir son jeune collègue Hugo Alnefelt (19 ans), un des gardiens les plus prometteurs du pays, prendre part à davantage de matchs. Une concurrence saine et peut-être une passation de pouvoir dans une équipe du HV71 qui devrait finir une fois de plus dans la partie haute du tableau. Sera-ce suffisant pour conquérir le titre ?

 

Djurgårdens IF : un costume de favori trop grand ?

Finaliste en 2019, Djurgården a plutôt bien négocié une saison 2019-2020 axée sur le renouvellement. Le club de Stockholm a terminé sixième de la saison régulière mais à seulement quatre points du deuxième, une performance d'autant plus méritoire que l'entraîneur Robert Ohlsson a dû composer sans plusieurs de ses leaders, qui n'ont pas été à 100% de leurs capacités. C'était le cas notamment de Dick Axelsson, Olle Alsing, Alexander Holtz et Jacob Josefson. Jacob Josefson, le centre numéro 1 de l'équipe, manquera d'ailleurs le début de saison. Étant donné que le DIF a perdu ses deux meilleurs marqueurs, et en l'absence d'un top-joueur dans le recrutement, les yeux seront rivés vers les nombreux jeunes qui composent l'effectif. En particulier Alexander Holtz, 18 ans et top-prospect de la prochaine draft NHL. Holtz a éclos la saison dernière et devrait prendre une place plus importante en offensive. Tout comme Albin Grewe, prêté pendant un temps par Saginaw étant donné que le début de la Ligue d'Ontario a été retardée en raison du contexte sanitaire.

Les jeunes espoirs ne manquent pas, y compris en défense avec Tobias Björnfot. Mais le départ de Linus Hultström, à l'influence énorme sur le jeu - et peut-être celui d'Olle Alsing - est regrettable. Ce seront aux Marcus Högström, Tom Nilsson, Jesper Pettersson d'assurer la transition. Devant les filets, Niklas Svedberg a démontré encore une fois qu'il était l'un des tout meilleurs gardiens, Djurgården s'assurant de lui offrir une bonne doublure avec le Lituanien Mantas Armalis. Malgré tout, l'équipe semble manquer d'envergure pour viser le titre cette année.

 

Frölunda HC : éviter une nouvelle défaillance

À la rentrée 2019, tout allait pour le mieux pour le champion en titre et grand favori. La majorité de la saison a d'ailleurs été très convaincante pour l'équipe de Göteborg qui est également devenue quadruple vainqueur de la Champions Hockey League. Le Frölunda HC a gagné 87% des rencontres qu'il menait après le premier tiers-temps, et 82% après avoir ouvert le score. Avant que le FHC ne connaisse une incroyable défaillance au printemps dernier, qui l'a fait plonger à la septième place du classement. C'est le pire résultat de l'ère Rönnberg. Roger Rönnberg avait pris en charge le club en 2013, il est l'architecte de cet incroyable rayonnement sur la scène suédoise, le grand club de Göteborg se classant dans le top 3 suédois durant six années consécutives.

Mais l'échec en 2020 a poussé à une remise en question. Les Nord-Américains Karl Stollery, Brandon Gormley et Rhett Rakhshani ont été priés de plier bagages. En revanche, Frölunda aurait aimé conserver Ryan Lasch, le joueur nord-américain le plus prolifique de l'histoire du championnat suédois et qui a mené les compteurs du FHC pour la troisième année de suite. Mais Lasch a semble-t-il voulu tourner la page, désormais orienté vers la Suisse. Stefan Elliott - défenseur membre de la sélection olympique du Canada en 2018 - Robin Alvarez - qui ressort d'une excellente saison à Skellefteå - et l'ancien joueur slovène de KHL Jan Muršak seront probablement des options gagnantes. En plus de talents confirmés, Frölunda compte encore et toujours sur son important contingent de jeunes talents. Theodor Lennström et Jesper Sellgren font l'objet de prêts de la part de leurs clubs NHL et les regards seront évidemment tournés vers le super-talent Lucas Raymond, estimé dans le top 3 de la draft NHL repoussée à l'automne et qui connaîtra sa première saison complète. Avec un bon duo de gardiens en Johan Mattsson et Niklas Rubin, Frölunda a les cartes en main pour montrer que 2020 n'était qu'un incident de parcours.

 

Örebro HK : le pire est derrière l'ÖHK

Frölunda n'est pas la seule équipe à avoir connu une baisse de régime puisque Örebro a connu un chemin identique, leader en novembre et clairement l'une des toutes meilleures équipes durant l'automne. Si l'ÖHK a connu moins de réussite en début d'année, la triste saison 2018-2019 fait désormais partie du passé, et le staff mené par le coach Niklas Eriksson - dont il s'agissait du premier exercice complet - a assuré les fondations d'un nouveau cycle prometteur. Pour plusieurs observateurs, le gardien Dominik Furch - de loin le portier le plus utilisé de la ligue - et l'attaquant Mathias Bromé étaient les meilleurs à leur poste. Örebro ne pourra plus compter sur eux, en tout cas Furch car Bromé sera prêté pendant un temps avant d'être surement rappelé par Détroit sitôt la nouvelle saison NHL commencée.

Pour autant, malgré le départ de pions essentiels, l'ÖHK a peut-être en sa possession une équipe encore meilleure. Reviennent à Örebro le gardien Jhonas Enroth - ex-champion du monde et très bon il y a deux ans lors d'une pige - le précieux Letton Rodrigo Abols et l'excellent défenseur Nick Ebert, un leader indiscutable à la ligne bleue. Point noir tout de même, Ebert sera absent trois mois en raison d'une opération à l'épaule. Par ailleurs, deux top-scoreurs arrivent, un de DEL avec le Croate Borna Rendulic et un de Liiga avec Robert Leino. Enfin, Örebro a pu conserver deux jeunes jokers qui ont brillé dès leur arrivée en cours de saison, l'ailier Robin Kovács et le défenseur finlandais Robin Salo. Si l'on ajoute les Kristian Näkyvä - qui est parvenu à défier un cancer des testicules - Rasmus Rissanen, Emil Larsson ou Christopher Mastomäki, l'organisation est parvenue à reconstituer une escouade très compétitive en dépit du fait d'avoir perdu des plumes à l'intersaison.

 

Malmö Redhawks : l'heure à l'économie

C'est la fin d'une ère à Malmö, celle de l'entraîneur Peter Andersson, en poste pendant quatre ans et qui avait toujours mené les Redhawks en playoffs. Si ceux-ci ont fini à la neuvième place en 2020, le moins bon résultat de ces dernières années, Andersson a été salué pour avoir tiré le meilleur de la majorité de ses joueurs. D'autant plus que l'époque où la direction injectait de l'argent à tout-va est définitivement révolue, Andersson a dû s'accomoder d'une masse salariale limitée. Et ce sera évidemment le cas pour son successeur Joakim Fagervall, qui sait justement faire bien avec peu. Si le pandémie n'avait pas interrompu la saison 2019-2020, la petite équipe de Björklöven, le club qu'entraînait Fagervall, était un candidat sérieux pour la montée en SHL. Ce n'est donc pas étonnant d'entendre Fagervall dire aux médias qu'un budget limité ne doit pas être une raison invoquée lors de mauvais résultats.

Malmö peut tout de même se targuer d'avoir l'un des meilleurs gardiens de SHL avec Oscar Alsenfelt, qui a signé un pourcentage d'arrêts de 92,8% en 2019-2020. En revanche, la déconvenue est en attaque puisque le leader incontesté et incontestable, Fredrik Händemark, a signé un contrat NHL avec San José. Si le centre de 27 ans débutera bien la saison avec les Redhawks, il serait étonnant de ne pas le voir rejoindre ensuite l'Amérique du Nord. La recrue Jan-Mikael Järvinen, expérimenté et polyvalent, est bien un leader en puissance mais ses coéquipiers sauront-ils le suivre dans son sillage ? Malmö devrait pouvoir compter sur les jumeaux Westerholm, Emil Sylvegård ou Lars Bryggman, mais sera-ce suffisant ? Quant à la défense, le Danemark sera (encore) à l'honneur avec cinq joueurs originaires du pays frontalier à une demi-heure du centre de Malmö : Jesper Jensen Aabo, Malte Setkov, Matias Lassen et les frères Oliver et Markus Lauridsen. Lassen sera d'ailleurs indisponible jusqu'à la fin de l'année en raison de douleurs à la hanche. Ces blessures, l'équipe de Malmö, qui manque de profondeur, ne devra pas s'y exposer sous peine de devoir jouer le maintien.

 

Växjö Lakers : éviter un nouveau cauchemar

Växjö peut-il tomber plus bas ? Les champions 2018 ont connu une saison 2019-2020 cauchemardesque. Les Lakers ont réalisé le pire début de saison de leur histoire, et les résultats ne se sont pas améliorés par la suite. Au final, Växjö a obtenu 34 points de moins que la saison précédente. Pour autant, malgré la violente tempête qui a sévi dans le Småland, l'entraîneur Sam Hallam est resté à la barre de l'équipe, lui qui est en poste depuis huit ans.

Si le coach n'a pas été éjecté - la solution vite adoptée quand il y a défaites à répétition - l'échec 2020 a eu une influence sur l'effectif. Une douzaine de joueurs ont quitté la formation, des cadres comme Daniel Rahimi, Brendan Shinnimin ou Oliver Bohm, mais aussi les jokers Casey Bailey, Niclas Lundgren et Jacob Micflikier. Växjö est donc en reconstruction. Pour assurer cette période délicate, le staff a fait revenir deux étoiles. Le centre Robert Rosén a une alchimie naturelle depuis de nombreuses années avec Richard Gynge, cela devrait donner un élan offensif bienvenu. Gynge a d'ailleurs inscrit 7 buts en 7 matchs de pré-saison. Le défenseur Joel Persson est lui considéré comme l'un des meilleurs arrières évoluant en Europe, il sera le patron d'une brigade plus solide. En défense justement, les blessures cet été d'Ilari Melart (dernièrement opéré au genou et à la main) et Miika Koivisto - les deux seront absents entre deux et trois mois - ont finalement forcé le recrutement d'un autre défenseur (finlandais), Teemu Eronen. Le gardien Viktor Fasth devrait retrouver ses sensations si la défense tient le choc. Cela éviterait au siège du coach d'Hallam de trembler, durant une probable saison de la dernière chance.

 

Linköpings HC : une belle équipe sur le papier qui doit confirmer

Si la plongée de Växjö peut surprendre, les mauvais résultats de Linköping ne surprennent, en revanche, plus personne, le LHC faisant du surplace en fond de classement depuis plusieurs années. Là encore, l'entraîneur, Bert Robertsson, n'a pas fait les frais des mauvais résultats mais un important renouvellement a été imposé. Disons-le clairement, pour redresser la trajectoire, le recrutement est réussi. Mais prudence, car souvent ces dernières années, Linköping a déçu malgré un effectif clinquant. Les supporteurs de Linköping le savent pertinemment et attendront le club au tournant.

Meilleur buteur de la ligue avec 24 réalisations et meilleur buteur de l'histoire du club, Broc Little demeure une valeur sûre pour mener l'offensive. Si son complice Andrew Gordon, gêné par les blessures la saison passée, retrouve la forme, alors le duo jouera un rôle clef. Un autre duo fait saliver : l'ex-doublette de Djurgården Patrik Lundh / Markus Ljungh. Lundh a été une recrue décevante l'année dernière mais l'arrivée de Ljungh est la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Complicité, c'est probablement ce que recherche le staff qui a désormais en sa possession six Finlandais. Petteri Nikkilä était champion et meilleur défenseur du championnat finlandais 2019. La même année, Oula Palve a connu une saison à plus de 50 points en Liiga. Quant à Niko Ojamäki, il a fait partie de l'improbable titre de champion du monde de la Finlande, également en 2019. Ils rejoignent à Linköping Jarno Kärki et Jaakko Rissanen. Enfin, l'expérimenté Jussi Rynnäs, qui a connu de très bonnes saisons en Liiga et dernièrement en DEL, gardera les filets, sa venue permettant au LHC de bien négocier le cas Jonas Gustavsson. Ce dernier a en effet décidé de faire une pause, à 35 ans et avec encore un an de contrat. Linköping s'en sort bien, avec bon nombre d'arguments pour retrouver les playoffs.

 

Brynäs IF : stopper la chute

Brynäs, pris dans un mauvais tourbillon depuis plusieurs années, est aussi à la recherche de solutions. Dixième en 2018, onzième en 2019 et douzième en 2020, le BIF est en pleine régression. La saison dernière a vu se poursuivre la valse des entraîneurs avec, pour la troisième année de suite, un adjoint promu au poste d'entraîneur pour tenter d'inverser la tendance, en vain. La direction a décidé cette fois-ci de remettre les compteurs à zéro en faisant confiance cette fois-ci à Peter Andersson, en provenance de Malmö.

La défense très faible sera toute heureuse de retrouver Simon Bertilsson, de retour de KHL et auparavant un pilier de Brynäs. Les lignes arrières seront d'ailleurs étoffées, avec notamment John Nyberg, Marcus Björk et Kristofer Berglund. Des renforts bienvenus pour les très utilisés Jonathan Sigalet et Niclas Andersén. Un autre Berglund (aucun lien) dépose ses valises à Gävle, Patrik Berglund, qui avait réalisé un retour convaincant à Djurgården après onze années en NHL, un leader en puissance. Berglund se joint à une attaque tranchante avec Nicklas Danielsson, Anton Rödin et Greg Scott. Toutefois, il faudra peut-être un temps d'adaptation pour aborder ce nouveau cycle sous la direction de Peter Andersson. Les résultats en pré-saison n'ont pas été vraiment satisfaisants, et Brynäs devra débuter la saison sans plusieurs de ses leaders. C'est le cas de Rödin, Scott et du jeune gardien Samuel Ersson - qui avait joué la majorité des matchs la saison dernière - tous blessés. Ce sera Viktor Andrén qui commencera le nouvel exercice devant les filets, un bon suppléant qui apportera du soutien au jeune Ersson, encore un peu tendre. Car du soutien, Brynäs en aura bien besoin.

 

Leksands IF : stabilité mais une équipe améliorée

Deux séries noires de neuf revers conséuctifs, dès le début de saison - la pire performance du championnat en 44 ans - puis en début d'année, Leksand n'a jamais décollé du fond de classement. Leksand n'est pas une grande ville (6 000 habitants) mais son club, culte, déchaîne les passions. Alors, même si le club de Dalécarlie était promu en 2019, les mauvais résultats ont agacé les nombreux supporteurs. Le contexte extrêmement tendu, dans les tribunes mais aussi sur les réseaux sociaux, ont finalement eu raison du coach Roger Melin, remplacé par la légende Ulf Samuelsson. Samuelsson n'est pas resté à Leksand, c'est Björn Hellkvist, qui compte dix ans de coaching en SHL, qui le remplace.

Finalement, l'effectif n'a pas été bouleversé. Leksand est parvenu à conserver son noyau, en particulier son solide gardien Axel Brage, qui a fait très bonne figure dans une équipe de bas de tableau, et son meilleur marqueur Marek Hrivík, auteur de 30 points à sa première saison en SHL. Son association avec un autre Slovaque, Peter Cehlárik, qui a fait quelques apparitions avec les Boston Bruins et qui s'est avéré prolifique en AHL, a redonné le sourire aux supporteurs, qui étaient prêts à financer une partie du contrat de Cehlárik ! Surtout qu'une autre pointure d'AHL devrait faire sensation : l'Américain Carter Camper, que le directeur sportif Thomas Johansson compare déjà à Ryan Lasch. Ajoutez le meilleur défenseur, l'Américain Matt Caito, et l'un des meilleurs centres de Liiga, Otto Paajanen, la direction de Leksand a clairement amélioré l'équipe, désormais plus à même de rivaliser face aux cadors du championnat.

 

IK Oskarshamn : bouleversée mais améliorée

Si l'interruption générale provoquée par la pandémie a apporté beaucoup de frustration, cela aura permis à Oskarshamn d'éviter une relégation potentielle et surtout de pouvoir constituer, comme Leksand, une équipe plus affûtée pour la saison à venir. Car Oskarshamn part de loin, avec une attaque faible et la pire défense de la SHL en 2020. Des querelles en interne en plus d'une équipe peu préparée à l'élite, la saison 2019-2020 était si compliquée que son interruption était un mal pour un bien. Mais l'équipe semble désormais plus forte pour ainsi éviter la situation d'être lanterne rouge de manière constante, comme en 2019-2020 (après avoir été leader après quatre journées !). Martin Filander, qui a là sa première expérience d'entraîneur en chef de SHL, aura pour tâche de modeler un groupe totalement bouleversé, avec une quinzaine de départs.

Tout d'abord, un nouveau gardien arrive, et non des moindres puisqu'il s'agit du phénomène de Björklöven, l'Américain Joe Cannata. Cannata a été élu meilleur gardien d'Allsvenskan et il formera avec Tex Williamsson un duo intéressant. Devant eux, ce sera une brigade défensive quasiment neuve avec Brian Cooper (coéquipier de Cannata à Björklöven), l'international danois Oliver Joakim Larsen, le Slovaque Adam Jánošík, Philip Samuelsson (le fils d'Ulf) passé par Leksand la saison dernière et le revenant canadien Nolan Zajac. En attaque, l'IKO a réussi à garder ses trois meilleurs marqueurs (Tyler Kelleher, Johannes Salmonsson, Filiph Engsund) auxquels s'ajouteront le duo de MODO Kim Rosdahl / Fredrik Olofsson, le top scoreur finlandais de KooKoo Kim Strömberg et un ailier tchèque possédant une marge de progression, Jan Ordoš. Il ne reste plus qu'à Filander de trouver la recette pour que ce petit monde travaille dans le même sens, et Oskarshamn pourra montrer davantage les crocs.

 

Nicolas Jacquet

 

Les pronostics des experts sur la SHL

Tomas Hedlund (Hockeybladet) : 1 Färjestad, 2 HV71, 3 Frölunda, 4 Örebro, 5 Brynäs, 6 Luleå, 7 Djurgården, 8 Rögle, 9 Skellefteå, 10 Växjö, 11 Leksand, 12 Linköping, 13 Oskarshamn, 14 Malmö.

Pär Arlbrandt (shlbloggen) : 1 Luleå, 2 Växjö, 3 Frölunda, 4 Örebro, 5 HV71, 6 Färjestad, 7 Skellefteå, 8 Rögle, 9 Linköping, 10 Brynäs, 11 Djurgården, 12 Leksand, 13 Oskarshamn, 14 Malmö.

 

 

La dernière saison suédoise 2019/20