Interview d'Arturs Irbe

 

À 38 ans, Arturs Irbe effectue son retour dans son club formateur de Riga. Favoris du troisième tour de la Coupe Continentale à Jesenice en Slovénie, les Lettons ont répondu présent et se hissent en finale qui aura lieu en Hongrie en janvier.

- Comment es-tu devenu hockeyeur ?

J'ai appris à patiner à l'âge de 10 ans. J'ai commencé au poste de défenseur. J'étais assez bon, mais trop petit. J'ai appris à bloquer les tirs, à jouer défensivement et à prendre connaissance du rôle de chaque joueur sur la glace. J'ai toujours rêvé d'être gardien. Un jour, il manquait un gardien. Je me suis porté volontaire, j'avais 13 ans. Après, on ne se posait plus la question de ma place sur la glace.

J'ai joué à Riga jusqu'à 24 ans et je suis parti en NHL. J'y suis resté treize années. Il y a peut-être une opportunité pour que j'y retourne prochainement, je peux rompre mon contrat avec Riga à tout moment. Je recherche toujours à jouer dans les meilleurs championnats. J'avais des opportunités, mais je voulais surtout aider Riga lors de la Continental Cup. Nous sommes en finale, c'est un grand succès pour nous tous, y compris pour moi. Maintenant, j'ai besoin d'aller plus loin, de retrouver une compétition de plus haut niveau. Les Jeux Olympiques approchent et les championnats du monde auront lieu à Riga (après les championnats du monde 2005 en Autriche, Irbe avait informé son staff qu'il préférait être spectateur pour les Mondiaux à Riga).

- Quels étaient tes joueurs préférés quand tu étais jeune ?

Mes joueurs préférés étaient locaux, ceux à qui je pouvais m'identifier. J'allais aux matchs avec mon oncle depuis l'âge de trois ans, j'étais très jeune. J'adorais le jeu et l'ambiance. Les fans étaient excellents, tout comme ici ainsi que les supporters de Grenoble. C'est ce que nous aimons voir lors des matchs. C'est excitant de voir que les fans supportent leur équipe tout le temps.

- Quels souvenirs as-tu gardé de ton premier match en NHL ?

Je me souviens juste que l'on a gagné contre les Edmonton Oilers. Pour un jeune joueur comme moi, c'était un excellent début. À l'époque, les gardiens européens avaient du mal à se faire une place en NHL. Aujourd'hui, il y a un Français en NHL, Cristobal Huet. Il y a de plus en plus de gardiens européens en NHL. Avec Hasek, nous étions la première génération de gardiens européens. Ce n'était pas facile, mais très excitant.

- As-tu rencontré Cristobal Huet ?

Nous nous sommes vus une fois, lors d'une réunion des joueurs (NHLPA). Je suis toujours les jeunes joueurs européens, il y a une sorte de camaraderie entre nous.

- Quels sont les meilleurs souvenirs de ta carrière ?

Il y a trois moments importants.

Le premier dans le championnat soviétique 1988, avec Riga, juste avant de rejoindre la NHL. Nous avons gagné la médaille d'argent, ce qui n'avait jamais été accompli auparavant, ni réédité après d'ailleurs. Nous avions seulement perdu en finale contre le CSKA, avec des joueurs comme Makarov, Krutov... C'était une équipe incroyable. Puis la finale de la Coupe Stanley avec les Carolina Hurricanes que nous avions perdue contre Detroit en 2002. Enfin, une victoire contre la Russie chez eux lors d'un match de championnat du monde.

- As-tu déjà joué contre une équipe française ?

Oui. La première fois que j'ai rencontré l'équipe de France, c'était en décembre 1988. Nous effectuions des matchs amicaux avec Riga. Je ne me rappelle des autres confrontations, mais la plus dure fut en Norvège en 1999. Nous avions battu la France 8-5, un score dont un gardien ne doit pas être fier. Philippe Bozon m'avait vraiment donné du fil à retordre.

- A propos de ce 3e tour de la Continental Cup. Est-ce que vous vous attendiez à un tel match de Grenoble après leur défaite contre Jesenice (6-2) ?

Je ne pense pas qu'ils aient fait un si mauvais match contre Jesenice, leur gardien était très bon. J'ai vu les statistiques. 45 tirs, c'est beaucoup pour un gardien. Grenoble avait mis la pression sur lui. Nous savions qu'aucune équipe ne serait facile à battre. Le dernier match de Grenoble contre Minsk était différent puisqu'ils n'avaient plus rien à espérer.

Contre nous, ils avaient toujours une chance de rester dans la compétition. Ils ont joué très vite, très physique. De plus, c'est l'équipe qui a marqué le plus de buts contre nous, ce qui prouve qu'ils ont des capacités à marquer.

Aucun de ces matchs n'a été facile pour moi. Comme je l'ai dit après la première conférence de presse, tous les matchs seront difficiles et serrés. C'est ce qui s'est passé pour nous.

Interview réalisée par Jean-Christophe Salomé le 20 novembre 2005 à Jesenice

 

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