Russie - Slovaquie (31 août 1996)

 

Match comptant pour le groupe Amérique de la Coupe du monde 1996.

Si la fédération russe se voit reprocher dans son pays de s'être couchée devant la NHL qui l'a placée de force dans le groupe nord-américain, on n'entend pas de tels propos en Slovaquie, petite nation déjà bien contente d'avoir été invitée, même si on ne lui pas demandé son avis pour la faire affronter trois grosses écuries (Canada, États-Unis, Russie) dans une mission quasi-impossible.

Vyacheslav Fetisov, qui jouit d'une telle autorité parmi les Russes expatriés que sa non-sélection était impensable, considérait que sa blessure au coude ne le gênerait pas pour jouer ce tournoi. N'ayant plus sa vitesse d'antan, il avait l'intention de laisser au rancart ses raids offensifs d'autrefois pour mieux se concentrer sur sa tâche première, la défense. Malheureusement, la lenteur de Fetisov apparaît au grand jour lorsque Peter Bondra déborde l'idole de sa jeunesse dans une ample trajectoire pour fondre sur le but de Trefilov. Le Slovaque, décrit comme le meilleur pur buteur de NHL, ne manque pas cette occasion de donner l'avantage à son équipe.

Mais la Russie, qui avait déjà réagi à la première ouverture du score de Jergus Baca en supériorité numérique, égalise encore dans la foulée, puis reprend l'avantage en fin de tiers-temps. Ce n'est pas forcément mérité car elle a fait vingt minutes assez médiocres. Elle ne vaut que grâce à un formidable duo Fedorov-Mogilny. De quoi accentuer la déception de ne pas les voir à l'śuvre en compagnie de Pavel Bure. Lorsqu'ils jouaient ensemble en juniors au CSKA, Viktor Tikhonov avait pour ambition de faire de ces trois-là les successeurs des légendaires troïkas Kharlamov-Petrov-Mikhaïlov et Krutov-Larionov-Makarov. Mais le projet a fait long feu parce que l'URSS s'est effondrée et que ces joueurs sont partis en NHL à la première occasion. On aurait dû les voir ensemble dans cette Coupe du Monde, mais à trois jours du début de celle-ci, Pavel Bure a pris un coup au niveau du rein dans un choc avec Brian Leetch lors d'un match de préparation contre les États-Unis. En voyant son urine se teinter de sang en allant aux toilettes à l'issue du match, il a compris que son rêve de jouer enfin pour la Russie attendra.

La frénésie de buts ne s'interrompt pas en deuxième tiers-temps. Ziggy Palffy égalise, puis Vyacheslav Kozlov redonne l'avantage aux Russes. Et c'est à deux secondes de la sirène que Sergueï Fedorov creuse l'écart pour la première fois du match.

Les Slovaques pourraient être démoralisés en rentrant aux vestiaires, mais ils repartent au contraire bien décidés à tout donner, et Zdeno Ciger les ramène à un but de retard. Mais la Russie creuse ensuite l'écart pour s'assurer la victoire, et Sergueï Nemchinov prouve qu'il peut aussi faire l'affaire sur la première ligne même s'il n'a pas la vitesse exceptionnelle d'un Bure.

L'entraîneur slovaque Jozef Golonka, qui succède à Julius Šupler puisque le premier candidat Štastný n'a pas pu trouver d'accord avec la fédération, avait dit que beaucoup de choses dépendraient de ses gardiens, présumés faibles. Effectivement, Jaromir Dragan, qui a notamment dégagé un palet dans la crosse de Mogilny, a encaissé sept buts ce soir. Mais il n'en porte pas la totale responsabilité, et le score est lourd pour lui comme pour ses coéquipiers, qui ont rivalisé avec courage mais ont payé leur inexpérience. Les Russes ne sont pas d'ailleurs pas plus rassurés sur cette défense qui a été présentée comme leur point faible, surtout depuis que Vladimir Konstantinov s'est blessé au tendon d'Achille pendant une partie de tennis au cours de l'été.

Étoiles du match : *** Sergei Fedorov (RUS), ** Aleksandr Mogilny (RUS), * Peter Bondra (SVK).

Marc Branchu

 

Russie - Slovaquie 7-4 (3-2, 2-1, 2-1)
Samedi 31 août 1996 à 17h00 au Forum de Montréal (CAN). 10733 spectateurs.
Arbitrage de Mark Faucette (USA) assisté de Kevin Collins (USA) et Scott Driscoll (CAN).
Pénalités : Russie 16' (4', 4', 8'), Slovaquie 16' (4', 8', 4').
Tirs cadrés : Russie 27 (10, 12, 5), Slovaquie 26 (9, 10, 7).

Évolution du score :
0-1 à 00'43" : Baca assisté de Svehla et Palffy (sup. num.)
1-1 à 09'37" : Fedorov assisté de Gonchar et Kasparaitis (sup. num.)
1-2 à 11'08" : Bondra assisté de Droppa
2-2 à 12'14" : Mogilny assisté de Fedorov et Zhitnik
3-2 à 18'31" : Mogilny assisté de Fedorov et Fetisov
3-3 à 27'53" : Palffy
4-3 à 32'42" : Kozlov assisté de Larionov et Trefilov (sup. num.)
5-3 à 39'58" : Fedorov
5-4 à 41'57" : Ciger
6-4 à 45'28" : Gonchar assisté de Mogilny et Nemchinov
7-4 à 55'26" : Nemchinov assisté de Mogilny et Gonchar
 

Russie

Attaquants :
3 Sergei Nemchinov (+2) - 91 Sergei Fedorov (A, +3) - 89 Aleksandr Mogilny (+3)
13 Vyacheslav Kozlov (-1, 4') - 8 Igor Larionov (A, -1) - 10 Aleksei Zhamnov (4')
20 Sergei Berezin (-1) - 19 Aleksei Yashin (-1, 2') - 27 Aleksei Kovalev (-1)
51 Andrei Kovalenko (-1, 2'), 18 Valeri Bure (2')

Défenseurs :
11 Darius Kasparaitis (+1) - 55 Sergei Gonchar (+1)
2 Vyacheslav Fetisov (C, -2) - 7 Oleg Tverdovsky (-1)
26 Dmitri Yushkevich (+1) - 44 Aleksei Zhitnik (+2, 2')
25 Aleksandr Karpovtsev

Gardien :
30 Andrei Trefilov

Remplaçant : 35 Nikolaï Khabibulin (G). En réserve : 31 Mikhaïl Shtalenkov (G), 4 Igor Ulanov, 38 Vladimir Malakhov, 56 Sergei Zubov (D), 16 Valeri Zelepukin, 18 Valeri Bure, 28 Aleksandr Semak, 33 Andrei Nikolishin (A).

Slovaquie

Attaquants :
24 Zigmund Palffy - 16 Jozef Stümpel (+1) - 12 Peter Bondra (C, +1)
20 Zdeno Ciger (A, 2') - 10 Oto Hascak - 28 Lubomir Kolnik (-1)
22 Richard Zednik (-1) - 26 Pavol Demitra (-1, 2') - 18 Miroslav Satan (-1)
19 Jozef Voskar - 23 Lubomir Rybovic - 9 Vlastimil Plavucha

Défenseurs :
27 Jan Varholik - 3 Ivan Droppa (2')
5 Marian Smerciak (-2, 4') - 7 Lubomir Sekeras (-3, 2')
2 Jergus Baca (+2) - 8 Robert Svehla (A, +1, 4')

Gardien :
30 Jaromír Dragan

Remplaçant : 35 Roman Mega (G). En réserve : 1 Igor Murin (G), 4 Stanislav Jasecko, 6 Lubomir Visnovsky, 25 Stanislav Medrik, 29 Matej Bukna (D), Peter Bartos, 17 Slavomir Ilavsky (A).

 

Retour à la Coupe du monde