Lettonie - Allemagne (6 mai 1997)
Championnats du monde 1997, poule de maintien.
Humiliés par une équipe "pas organisée"
Une demi-heure avant le coup d'envoi, l'entraîneur-adjoint de l'équipe allemande Jim Setters arrive en salle de presse. Le Canadien installé depuis 20 ans en Allemagne vient donner les dernières nouvelles aux journalistes de son pays, mais d'autres oreilles sont attentives, celles de certains représentants de la presse balte qui comprennent aussi l'allemand. Setters explique que la consigne principale était d'accentuer la présence physique dans les coins pour empêcher les attaquants baltes d'utiliser leur vitesse. Il est ainsi confiant de pouvoir renverser les résultats en préparation (2 victoires à 1 pour la Lettonie). Surtout, il décrit l'équipe de Lettonie comme "peu organisée", et certainement moins que l'Allemagne.
Cette déclaration fera le sel des articles des journalistes, lettons comme allemands, tant elle va revenir à la figure comme un boomerang. Après 56 secondes, Sergejs Zoltoks prend un rebond face au but à trois mètres de distance (image de gauche). À la deuxième minute, le défenseur Normunds Sejejs se joint à l'attaque et convertit la passe de Senins. Le premier tiers-temps est une véritable correction : 16 tirs cadrés à... 0 ! L'Allemagne n'a tenté que neuf tirs, tous hors cadre. Loin de l'engagement physique annoncé, elle a manqué de volonté et rentre aux vestiaires avec quatre buts encaissés, dont un à deux secondes de la pause.
La démonstration de la Lettonie se poursuit en deuxième période. Maintenu devant le filet allemand, le malheureux Peppi Heiss encaisse le cinquième but sur un tir croisé de Leonids Tambijevs, côté mitaine. Une passe subtilement déviée par Znaroks permet à Igors Pavlovs de marquer dans le dos du gardien dans un angle fermé. Puis c'est Aleksandrs Kerčs qui feinte la passe, fixe le défenseur et place un tir du poignet fulgurant. Peppi Heiss, qui avait été une des rares satisfactions du tournoi, quitte tristement la scène après quarante minutes pour laisser entrer Olaf Kölzig. Le gardien de Cologne a été laissé en plan par sa défense, mais a lui aussi sa part de responsabilité avec des défauts de concentration.
Le chemin de croix de l'Allemagne ne s'arrête pas, elle encaisse même un dernier but inscrit par Tambijevs en infériorité numérique. Elle ne sauvera même pas l'honneur, Arturs Irbe ne le permettra pas. Chacun de ses arrêts est célébré par les jeunes spectateurs finlandais qui ont pris le parti des Baltes.
Les Allemands n'avaient plus subi une pareille défaite depuis onze ans et un 1-10 contre la Finlande au Mondial 1986 de Moscou. Jim Setter subira autant de critiques pour ses props d'avant-match que pour sa déclaration d'après-match ("On ne peut faire aucun reproche aux joueurs qui ont tout donné"). Quant à l'entraîneur principal George Kingston, qui a beaucoup protégé ses joueurs, il semble à bout. Il ne rentre pas avec ses hommes dans le bus de l'équipe et préfère rentrer à pied à l'hôtel pour faire retomber sa colère...
Désigné joueur du match : Olegs Znaroks pour la Lettonie.
Commentaires d'après-match
Franz Reindl (directeur sportif de la DEB) : "Pour la performance contre la Lettonie, chaque critique que nous devons encaisser est justifiée. Pendant ce match, je me suis senti pour la première fois de ma vie comme un chien battu."
Rainer Gossmann (président de la DEB, la fédération allemande) : "Certains internationaux se plaignent toujours que les étrangers scient les chaises sur lesquelles ils sont assis en DEL. À ces championnats du monde, ils avaient l'occasion de montrer qu'ils sont meilleurs. Ils ont manqué cette chance."
George Kingston (entraîneur de l'Allemagne) : "Sachant que le point fort de la Lettonie est l'attaque, nous voulions jouer défensivement, mais notre plan a échoué dès la deuxième minute. Nous avons essayé de redémarrer de zéro en deuxième période, mais nous avons subi trois buts de plus. L'équipe n'a pas pu s'en remettre. Nous avons essayé de corriger les erreurs, mais c'était bien trop tard. Nous savions que les Lettons avaient un très bon gardien, mais il a dominé tout le monde. Je félicite la Lettonie pour son jeu de très grande qualité, et bien organisé. il faut oublier tous ces échecs et nous battre dans les deux dernières rencontres."
Leonīds Beresņevs (entraîneur de la Lettonie) : "Je suis satisfait du résultat et de la performance. Je suis fier de nos hockeyeurs qui ont réussi dans tous les aspects du jeu, tant en attaque qu'en défense. J'espère que tout le monde a apprécié. Il n'y a pas de conflit [avec Zoltoks]. Quelqu'un a juste inventé ça. J'admets qu'il y a eu quelques questions méritant clarification, mais il n'est pas question de conflit. Nous avons tout discuté et nous sommes arrivés à une conclusion commune. S'il a plus joué aujourd'hui [présences supplémentaires à la place de Macijevskis en quatrième ligne], c'est parce qu'il a bien mieux joué que contre la Suède et la Norvège. Nous connaissions bien les forces et faiblesses de nos adversaires après les matches de préparation. Nous avons analysé la vidéo du match Allemagne-Slovaquie. Il n'y a pas eu de problème et il ne devrait pas y en avoir après-demain car l'équipe de France nous est familière. Ce devrait être plus difficile d'affronter les Slovaques."
Lettonie - Allemagne 8-0 (4-0, 3-0, 1-0)
Mardi 6 mai 1997 à 19h30 au Hakametsä de Tampere. 5641 spectateurs.
Arbitrage de Don Adam assisté d'Aleksandr Poliakov et Rudolf Lauff
Pénalités : Lettonie 14' (2', 4', 8'), Allemagne 18' (4', 8', 6').
Tirs : Lettonie 35 (16, 11, 8), Allemagne 23 (0, 11, 12).
Évolution du score :
1-0 à 00'56" : Žoltoks assisté de Maticins
2-0 à 01'47" : Sējējs assisté de Seņins
3-0 à 16'18" : Znaroks assisté de Pavlovs (sup. num.)
4-0 à 19'58" : Čudinovs assisté de Vītoliņš et Znaroks
5-0 à 26'13" : Tambijevs assisté d'Irbe
6-0 à 29'58" : Pavlovs assisté de Znaroks et Vītoliņš (sup. num.)
7-0 à 34'54" : Kerčs assisté de Cipruss et Čudinovs
8-0 à 56'23" : Tambijevs assisté de Bondarevs et Skrastiņš (inf. num.)
Lettonie
Attaquants :
Igors Pavlovs (+1) - Harijs Vītoliņš (A, +1, 2') - Olegs Znaroks (C, +1, 2')
Aleksandrs Kerčs (+2) - Sergejs Žoltoks (+3) - Aigars Cipruss (+2)
Sergejs Boldaveško (2') - Aleksandrs Semjonovs - Aleksandrs Beļavskis
Aleksandrs Macijevskis (+1) - Sergejs Seņins (+3) - Leonids Tambijevs (+3)
Défenseurs :
Normunds Sējējs (A, +1) - Igors Bondarevs (+2)
Karlis Skrastiņš (+4) - Andrejs Maticins (+2)
Rodrigo Laviņš (+1, 2') - Sergejs Čudinovs (+2, 6')
Arturs Kupaks
Gardiens :
Artūrs Irbe
Remplaçant : Peteris Skudra (G). En réserve : Juris Klodāns (G), Andrejs Ignatovičs (coupure par un patin).
Allemagne
Attaquants :
Jan Benda (-3, 4') - Mark MacKay (-2, 4') - Jochen Hecht (-2)
Reemt Pyka (-1) - Martin Reichel (-1) - Alexander Serikow (-1)
Dieter Hegen (C, -1) - Jürgen Rumrich (A, -1) - Marco Sturm (-1, 2')
Andreas Lupzig (-1, 2') - Peter Draisaitl (A, -2) - Leo Stefan (-2)
Défenseurs :
Jochen Molling (-1) - Brad Bergen (-1, 2')
Mirko Lüdemann (-1, 4') - Torsten Kienass (-1)
Daniel Nowak (-4) - Erich Goldmann (-3)
Markus Wieland (-1)
Gardien :
Joseph Heiss puis à 40'00" Olaf Kölzig
En réserve : Marc Seliger (G), Daniel Kunce (claquage à la cuisse).