Lettonie - France (8 mai 1997)
Championnats du monde 1997, poule de maintien.
Pas de quoi critiquer
45 minutes avant le début de ce match, les dirigeants de l'équipe de Lettonie - le président de la fédération Uģis Magonis et Kirovs Lipmans - sont arrivés en salle de presse. Ils ont déclaré aux journalistes lettons que les hockeyeurs avaient été très déçus à la lecture des articles publiés dans au pays qui leur avaient été expédiés par le président du comité olympique letton Vilnius Baltiņš. La presse aurait brodé sur des évènements et les conflits inexistants. Les propos des joueurs après le match confirmeront leur opinion. On remarquera tout de même que le sélectionneur Leonids Beresņevs avait lui-même évoqué un conflit avec ses dirigeants en conférence de presse (il a déclaré dans les jours suivants que le sujet était réglé). Pour que son discours n'ait pas l'air d'une simple réprimande, Kirovs Lipmans - ce dirigeant extraverti qui signe des autographes (photo) - a aussi promis une meilleure communication de la part de la LHF, qui n'a plus d'attaché de presse comme elle en avait jusqu'en 1994... quand il en était le président.
Les performances sportives de la Lettonie, pour son arrivée dans l'élite mondiale, ne méritent pas la critique. Dans ce match qui permettra au vainqueur de rejoindre la Slovaquie en tête de cette poule de relégation, elle ouvre le score dès la première minute sur une combinaison de sa première ligne : Igors Pavlovs passe devant le but à Harijs Vītoliņš qui contrôle du patin et tire au-dessus de la jambière de François Gravel.
Mais en ayant très tôt dominé la partie, la Lettonie tombe un peu dans l'excès de confiance, peut-être parce qu'elle se souvient de sa large victoire lors du match houleux de préparation. Leonids Tambijevs part en échappée, poursuivi par défenseur français qui finit dans les filets... Pas le palet qui n'a heurté que le poteau ! Les Bleus se battent et proposent une intensité plus élevée qu'en amical. Philippe Bozon et Christian Pouget trouvent tour à tour les montants. À 5 contre 3 (avec Laviņš et Cipruss en prison), le poteau résonne une fois de plus sur un tir de Roger Dubé et Stéphane Barin prend alors le rebond au vol pour égaliser à 1-1.
Le deuxième tiers-temps est perclus d'énormes erreurs. La première est celle de la paire Perez-Dewolf qui laisse Sergejs Žoltoks seul devant la cage. Il feinte une passe vers Kercs, Gravel rétracte ses bottes pour fermer l'entrejambe et l'attaquant letton a alors beaucoup de place pour marquer à ras glace le long du poteau. La seconde erreur est celle de l'autre joueur de NHL, le gardien Arturs Irbe : alors que Dewolf est en prison pour cinglage, il sort devant Pierre Allard pour relancer le jeu mais s'embrouille et dégage sur son défenseur Laviņš, surpris, qui n'arrive pas à contrôler : le palet revient à Allard qui a la cage vide ! Il y a des occasions de 3-2 de part et d'autre : pour Senins seul au poteau droit, mais aussi pour Zwikel et Mortas. Les Lettons sont un peu plus percutants dans l'enclave et ce sont eux qui prennent à l'avantage quand un tir à mi-distance de Žoltoks frappe la transversale, retombe derrière Gravel et rentre.
La Lettonie réduit sa rotation à trois lignes pour la troisième période et fait circuler le palet plus vite. Alors qu'un lancer de la bleue de Sergejs Čudinovs passe entre les bottes de François Gravel, Christian Pouget donne un méchant coup de crosse à Vītoliņš et est renvoyé aux vestiaires par l'arbitre. Les Bleus résistent à ces cinq minutes d'infériorité. Dans les dernières secondes de la pénalité, Bozon part même seul vers Irbe et est accroché par Maticins, mais la France n'utilise pas ce dernier avantage numérique. Elle n'arrive plus à retrouver son rythme de jeu habituel. Le score est alourdi dans les deux dernières minutes par un arrêt raté de Gravel sur un lancer de la bleue de Maticins (après une interception de Žoltoks) et par un but chanceux sur un palet qui échappe de la crosse de Beļavskis.
Commentaires d'après-match
Dany Dubé (entraîneur de la France) : "Ce qu'a fait Pouget dépasse toute critique. Les hockeyeurs n'agissent pas ainsi, donc je m'excuse au nom de toute l'équipe. Son expulsion nous a durement atteints."
Arturs Irbe (gardien de la Lettonie) : "Cette année, après une longue période, je suis revenu au Mondial A [NDLR : il y avait joué pour l'URSS avant l'indépendance] et je dirai franchement que je n'avais encore jamais joué dans une telle unité. L'équipe de l'an dernier était très bonne, mais celle-ci est encore meilleure. J'ai un peu honte des unes de certaines publications en Lettonie. Je comprends que la presse est libre et peut écrire ce qu'elle veut, mais à mon avis, c'est le genre de sélection que la Lettonie pourrait ne jamais plus avoir. C'est difficile pour moi de comprendre le besoin d'allumer un feu quand le hockey letton est à son sommet. Les joueurs ont le sentiment que personne n'a besoin de nous. Il y a des gens ici qui sont venus d'ailleurs et, en défendant l'honneur de la Lettonie, ont obtenu ou attendent la citoyenneté de notre pays. Vraiment, si l'équipe fonctionne bien, pourquoi présenter les choses d'une façon que ceux qui les vivent ne pensent pas ? La vie n'est jamais lisse. Par conséquent, il ne faut pas croire que nous avons de gros problèmes à résoudre sur les entraîneurs, les joueurs, les relations mutuelles et avec la fédération. Pour le moment, peu importe qui est le boss, qui ne l'est pas, qui donne de l'argent ou pas. On pourra voir ça après la fin du championnat."
Lettonie -
France 6-2 (1-1, 2-1, 3-0)
Jeudi 8 mai 1997 à 19h30 au Hakametsä de Tampere. 6285 spectateurs.
Arbitrage de Marc Joannette assisté d'Aleksandr Poliakov
et Rudolf Lauff
Pénalités : Lettonie 6' (4', 0', 2'),
France 37' (4', 6', 2'+5'+20').
Tirs : Lettonie 38 (14, 11, 13),
France 27 (11, 11, 5).
Évolution du score :
1-0 à 00'55" : Vītoliņš assisté de Pavlovs et Bondarevs
1-1 à 17'41" : Barin assisté de Dubé et Bozon (double sup. num.)
2-1 à 21'39" : Žoltoks
2-2 à 29'36" : Allard (inf. num.)
3-2 à 34'33" : Žoltoks assisté de Skrastiņš et Kerčs
4-2 à 46'24" : Čudinovs assisté de Sējējs et Vītoliņš (sup. num.)
5-2 à 58'41" : Maticins assisté de Žoltoks
6-2 à 59'39" : Beļavskis assisté de Boldaveško et Laviņš
Lettonie
Attaquants :
Igors Pavlovs (+1) - Harijs Vītoliņš (A, +1) - Olegs Znaroks (C, +2)
Aleksandrs Kerčs (+2) - Sergejs Žoltoks (+3) - Aigars Cipruss (+3, 2')
Sergejs Boldaveško - Aleksandrs Semjonovs - Aleksandrs Beļavskis
Aleksandrs Macijevskis - Sergejs Seņins - Leonids Tambijevs
Défenseurs :
Normunds Sējējs (A) - Igors Bondarevs (+1)
Karlis Skrastiņš (+4) - Andrejs Maticins (+3, 2')
Rodrigo Laviņš (2') - Sergejs Čudinovs
Gardien :
Artūrs Irbe
Remplaçants : Peteris Skudra (G), Arturs Kupaks. En réserve : Juris Klodāns (G), Andrejs Ignatovičs (coupure par un patin).
France
Attaquants :
Stéphane Barin (-1) - Christian Pouget (A, 5'+20') - Philippe Bozon (C, -2, 2')
Pierre Allard (-1) - Robert Ouellet (-2) - Roger Dubé (-2)
Guillaume Besse - Anthony Mortas (-1) - Laurent Lecomte
Laurent Gras (-1) - Jonathan Zwikel (-2, 4') - Maurice Rozenthal (-1)
Défenseurs :
Jean-Marc Soghomonian (-3) - Serge Djelloul (-3)
Denis Perez (A, -2) - Karl Dewolf (-2, 4')
Jean-Christophe Filippin (+1) - Steven Woodburn (+1, 2')
Gardien :
François Gravel
Remplaçant : Cristobal Huet (G). En réserve : Fabrice Lhenry (G), Jean-Philippe Lemoine (mâchoire), Arnaud Briand (adducteurs).