Allemagne - Bélarus (1er mai 1998)
Championnats du monde 1998, premier tour, groupe A.
On se croirait en Allemagne, visuellement par les nombreux drapeaux noir-or-rouge et les maillots colorés qui garnissent les tribunes, mais aussi par l'ambiance sonore incomparable qui rappelle les patinoires germaniques. Les supporters allemands de toutes obédiences sont nombreux à avoir fait le court voyage vers Bâle, et certains ont même enfilé des costumes originaux réservés aux Mondiaux. Ce soutien aidera-t-il les joueurs en noir qui ne partent pas favoris après une cascade de blessures ? Le Bélarus est novice dans l'élite mais il est quart de finaliste olympique après donné la leçon (2-8) aux Allemands à Nagano. Le sélectionneur allemand George Kingston ne tarit pas d'éloges : "Le Bélarus a une équipe incroyablement forte. Ils me rappellent par leur culture de jeu les grandes équipes russes d'autrefois."
La technique biélorusse est certes supérieure à 5 contre 5, mais on joue peu dans cette configuration en première période. Les pénalités sont nombreuses sans que l'arbitre sanctionne tout, car les duels sont déjà très rugueux et laissent les défenseurs physiques comme Nowak ou Mikulchik faire la loi. Le powerplay allemand fait une meilleure première impression, bien dirigé depuis le côté droit par Didi Hegen. L'excellente passe du coin du capitaine n'est toutefois pas convertie par Mark McKay face au but pendant la prison de Vassili Pankov (qui a retenu Micheller en zone neutre).
Dans le camp biélorusse, un joueur sort du lot : Ruslan Salei. Non seulement il montre l'exemple en se sacrifiant devant les lancers en infériorité, mais il est aussi à l'origine des fautes adverses. La première obstruction d'Erich Goldmann à la ligne bleue a pour objet d'empêcher Vassili Pankov de recevoir une longue passe de Salei. La crosse haute de Pyka vise encore Salei. Le défenseur de NHL doit décidément tout faire. Alors que ses collègues ont ralenti le jeu sur le premier avantage numérique (Matushkin s'est même fait carrément voler le palet en le gardant trop longtemps), Salei, plus mobile, marque d'un tir masqué de la ligne bleue (0-1). Les blancs continuent d'enchaîner les pénalités : Stas accroche Draisaitl puis Khmyl donne un coup de crosse à Stefan. Mais ils peuvent compter sur un incroyable temps de jeu de Salei pour rentrer aux vestiaires en avantage au score... et même au nombre d'hommes, car Sascha Goc a retenu un Aleksei Lozhkin qui aimante la rondelle.
Revenue au complet, l'Allemagne se relance grâce à sa star Dieter Hegen. Parti de la ligne bleue, le vétéran dribble entre Antonenko et Kalyuzhny, s'infiltre seul vers le but au milieu des défenseurs statiques Erkovich et Mikulchik (ce dernier a la crosse coincée par Stefan), fait se coucher le gardien Andrei Mezin et lève le palet en angle. Une action magistrale qui démontre que le vieux "Didi" n'est pas encore fini ! De quoi le faire réfléchir sur sa retraite internationale pourtant annoncée ? Sergei Erkovich voit son tir contré par Sven Felski, qui lance la contre-attaque et est parfaitement resservi par une bonne passe du revers de Florian Keller à 2 contre 1. Erkovich revient accrocher le Berlinois et, à la fin de la pénalité différée, le public s'étonne de voir l'arbitre croiser les bras au-dessus de sa tête pour un tir de pénalité. Qui est envoyé le tirer ? Didi Hegen bien sûr, qui a un soupçon de réussite car son tir du poignet touche le haut de la botte droite de Mezin (2-1).
L'Allemagne a le vent en poupe, mais quand les Biélorusses repassent en contrôle de la rondelle, il redevient très difficile de leur prendre au vu de leur habileté technique. À force de jouer sans palet en zone défensive, Leo Stefan retient le bras d'Antonenko le long de la bande. À 4 contre 5, les Allemands sont piégés par une passe géniale en zone neutre du capitaine Aleksandr Andrievski pour le défenseur Oleg Matushkin monté dans l'axe pour percer entre les défenseurs et dribbler magnifiquement le gardien Peppi Heiss (2-2).
Les noirs repartent de l'avant mais Mikulchik et Felski sont envoyés après une altercation surtout provoquée par le Biélorusse. En accrochant paresseusement Kovalev en zone neutre, Draisaitl laisse alors son équipe à 3 contre 4 pendant 1'19". Dans cette situation de jeu à haut risque, un slap puissant d'Oleg Romanov rebondit sur le corps du défenseur Micheller et le gardien Peppi Heiss arrête le palet juste avant la ligne d'un réflexe miraculeux de la crosse avant de jeter sa mitaine pour le geler. Un sauvetage fantastique ! Hecht puis Pyka font du très bon travail pour tuer le reste de la pénalité.
Le Bélarus est le plus dangereux en début de troisième période, notamment sur un revers de près d'Andrievsky ou un tir en pivot de Dmitri Pankov. Sur cette dernière action, Reemt Pyka a mis Salei au sol par une prise de lutte pour le priver du rebond. La boîte allemande est très active pour empêcher les blancs d'installer son jeu de puissance, mais deux secondes avant la fin de la pénaité, Mark McKay en prend une autre pour cinglage. Le duo d'infériorité Stefan/Draisaitl fait encore du bon travail de harcèlement, mais la paire qui le remplace (Hecht/Rumrich) est plus passive et laisse le palet circuler facilement. Malgré ses efforts, le défenseur Erich Goldmann n'arrive pas quant à lui à déloger Andrievsky du slot, ce qui permet le slap gagnant de la ligne bleue d'Oleg Romanov (2-3). Trois buts en supériorité numérique du Bélarus ont décidé du match. Après 40 minutes encourageantes, l'Allemagne, "KO debout" selon les propos de Mark MacKay, n'a plus grand-chose à proposer offensivement. Andrievsky solde les comptes à la dernière minute (2-4).
Désignés joueurs du match : Dieter Hegen pour l'Allemagne et Andrei Mezin pour le Bélarus.
Étoiles du match Hockey Archives : *** Dieter Hegen / ** Ruslan Salei
/ * Aleksandr Andrievsky
Marc Branchu
Commentaires d'après-match (dans Eishockey News)
Dieter Hegen (capitaine de l'Allemagne) : "Quand on voit avec quelle jeune équipe nous sommes venus ici, nous avons joué de façon excellente, chaque joueur s'est donné à 120%. Je ne déciderai définitivement que cet été si j'arrête ou si je rempile encore un an. Je suis à chaque fois très fier de pouvoir jouer pour l'Allemagne."
Klaus Micheller (défenseur de l'Allemagne, rappelé il y a 5 jours) : "Bien sûr, j'avais espéré [depuis deux ans et demi] revenir dans l'équipe. Mais j'ai accepté la décision de l'entraîneur national de s'appuyer sur des jeunes joueurs. Hormis un peu de vélo et quelques séances de jogging autour du paté de maisons, je n'ai rien fait depuis la fin de saison [il y a 3 semaines]. Mais je n'ai pas hésité une seule seconde quand j'ai reçu l'appel. C'est un grand honneur pour moi de représenter l'Allemagne en championnat du monde. C'est curieux de jouer à côté de Stefan Mayer, nous venons tous deux de Kaufbeuren, nous n'avons jamais joué ensemble nulle part et nous voilà ensemble à un championnat du monde. Nous nous sommes soutenus l'un l'autre. Il m'a aidé parce qu'il a plein de jus et j'ai pu le prendre sous mon bras avec mon expérience."
Allemagne -
Bélarus 2-4 (0-1, 2-1, 0-2)
Vendredi 1er mai 1998 à 20h00 à la St. Jakobshalle de Bâle. 5200 spectateurs.
Arbitres : Tor Olaf Johnsen assisté de Panu Bruun
et Stefan Danielsson
Pénalités : Allemagne 16' (0', 2', 2') ;
Bélarus 10' (6', 2', 4').
Tirs cadrés : Allemagne 21 (13, 7, 1) ;
Bélarus 23 (5, 9, 9).
Engagements : Allemagne 37 (13, 13, 11) ;
Bélarus 25 (8, 9, 8).
Évolution du score :
0-1 à 14'49" : Salei assisté de Khmyl et Galchenyuk
1-1 à 22'58" : Hegen assisté de
Stefan Draisaitl
2-1 à 25'26" : Hegen (tir de pénalité)
2-2 à 30'29" : Matushkin assisté d'Andrievsky (sup. num.)
2-3 à 47'21" : Romanov assisté de
Matushkin et Bekbulatov (sup. num.)
2-4 à 59'07" : Andrievsky assisté de Bekbulatov et Skabelka
en noir, la feuille de match officielle ; en rouge, les corrections de Hockey Archives
Allemagne
Attaquants :
23 Dieter Hegen (C, +1) - 81 Mark MacKay (2') - 20 Jürgen Rumrich (A)
22 Andreas Lupzig (-1) - 17 Peter Draisaitl (A, 2') - 13 Leo Stefan (2')
91 Florian Keller - 29 Jochen Hecht - 11 Sven Felski (2')
10 Reemt Pyka (4') - 28 Rainer Zerwesz - 19 Christopher Straube
Défenseurs :
36 Erich Goldmann (-1, 2') - 2 Michael Bresagk (-1)
25 Daniel Nowak (+1) - 24 Sascha Goc (+1, 2')
12 Klaus Micheller - 32 Stefan Mayer
Gardien :
30 Joseph Heiss
Remplaçants : 40 Marc Seliger (G), 21 Lars Brüggemann (D), 88 Christoph Sandner (A).
Bélarus
Attaquants :
9 Aleksandr Andrievsky (C, +1) - 11 Vadim Bekbulatov (+1) - 16 Andrei Skabelka (+1)
8 Aleksei Lozhkin - 24 Aleksandr Galchenyuk - 13 Andrei Kovalev
18 Oleg Antonenko (-1) - 10 Viktor Karachun (-1) - 17 Aleksei Kalyuzhny (-1)
14 Vasili Pankov (2') - [poste tournant] - 28 Dmitry Pankov
Défenseurs :
6 Igor Matushkin (+1) - 5 Oleg Romanov (+1)
3 Oleg Khmyl (2') - 23 Ruslan Salei (A)
20 Oleg Mikulchik (-1, 4' 2') - 26 Sergei Stas (2') (4')*
7 Sergei Erkovich (-1) [et parfois à l'aile gauche avec les frères Pankov]
Gardien :
30 Andrei Mezin
Remplaçant : 2 Aleksandr Gavrilyonok (G).
* La première pénalité pour coup de coude a été prise par Stas et non par Mikulchik (cf vidéo du match)