Finlande - Suède (16 mai 1998)

 

Finale des Championnats du monde 1998, premier match.

Cette finale en deux matches est une revanche du quart de finale olympique de Nagano. Les Suédois s'étaient-ils sabordés à l'époque par un jeu trop frileux alors qu'ils avaient a priori plus de talent ? C'est une question auquel ce match pourrait répondre, car la différence de qualité entre les deux effectifs est encore plus nette cette fois.

L'illustration parfaite est la présence dans les rangs des Lions de l'ailier Toni Mäkiaho, physique mais relativement limité. Mäkiaho crée la première occasion en venant contrer une passe du défenseur Kim Johnsson en zone neutre... mais son débordement est faiblard et il fait un piètre tir en angle, bien trop croisé. La Finlande a surtout son système défensif pour elle... et la Suède fait pareil.

Même si elle maintient sa logique défensive, la Tre Kronor peut toujours espérer un exploit individuel de ses stars. Peter Forsberg parvient à entrer en zone en contrôle sans se défaire du tenace Kimmo Timonen qui le gêne sur son premier tir, puis bénéficie de l'aide de Mikael Renberg qui vient priver Helminen du palet d'un petit coup de crosse derrière la cage. "Foppa" peut alors tirer deux fois du revers et sa seconde tentative n'est pas loin de passer sous le bras droit de Sulander. À défaut de but, il a au moins provoqué une pénalité contre Timonen (retenir), accompagné en prison par Tornberg et Tuomainen qui ont échangé des coups. L'avantage numérique se double quand Karalahti donne un cross-check à Kim Johnsson en le bloquant à la ligne bleue, mais sur l'engagement, Niclas Hävelid retient à pleine main la crosse de Sami Kapanen. Une faute évidente qui ramène la Suède à 4 contre 3 au lieu de jouer à 5 contre 3. Cela reste une belle situation. Peter Forsberg - encore lui - dribble Antti Niemi et tire... sur la transversale ! Quand on passe à 4 contre 4, Juha Ikonen relance vite un rebond pour une contre-attaque qu'il conclut par un lancer... paré d'un réflexe miraculeux du gant par Tommy Salo ! "Foppa" a aussi été décisif sur cette action par son repli défensif.

La Suède combine en effet le talent et le sens du sacrifice. Après une obstruction de Jörgen Jönsson sur le gardien, elle se jette sur les palets et coupe les lignes de passe en infériorité numérique. Dans un style plus ordonné et statique, la Finlande tue la pénalité concédée en zone neutre par Törmänen en étant très prompte à débarrasser les pucks qui traînent à l'image des dégagements surpuissants de Jere Karalahti qui pourraient concurrencer en distance les lanceurs du javelot de son pays.

Tommy Salo signe un second arrêt-réflexe exceptionnel, du bouclier ce coup-ci, face à Ville Peltonen qui reprend de près une passe de derrière la cage de Marko Tuomainen en début de deuxième période (photo de droite). La Finlande n'a pas le temps de ruminer qu'elle doit encore défendre à quatre : l'arbitre ne sanctionne pas Christer Olsson qui retient clairement le bras de Ruutu, mais siffle quelques secondes plus tard la faute bête de Mäkiäho qui laisse traîne sa crosse en zone offensive. Les blancs sont très présents sur le porteur du palet et ne concèdent pas de tir cadré. Le match est décidément bloqué. Les Suédois dominent la possession, le plus souvent dès l'engagement grâce à leurs joueurs de centre, mais ne créent guère d'occasions franches.

Le troisième tiers-temps débute par la seconde pénalité concédée dans le camp adverse par Mäkiäho, qui accroche Öhlund à la ligne bleue offensive. À 5 contre 4, Mikael Renberg perce dans l'axe et est fauché par Niemi qui se jette dans ses jambes, sans résultat disciplinaire. Les arbitres se refusent à trancher le duel par une décision aux conséquences trop lourdes. D'où viendra le déclic ? D'une erreur inattendue du gardien Ari Sulander : il laisse passer dans l'étroit espace entre ses jambes, mal protégé par sa crosse, un lancer découvert de la ligne bleue de Johan Tornberg (0-1)

Cela fait longtemps qu'on n'a plus vu les Finlandais à l'attaque, mais ils ne désarment pas. Ville Peltonen s'impose physiquement dans l'enclave face à Tornberg pour reprendre un centre de Jokinen puis pour prendre son propre rebond du revers dans le haut du filet. Explosion de joie... qui retombe vite car l'arbitre écarte les bras ! Il avait déjà sifflé parce qu'Öhlund avait fait sauter d'une clé de bras le casque de Helminen, présent dans le demi-cercle du gardien. Pas de but, mais deux minutes de prison pour le défenseur suédois. Elles seront sans effet, car la crosse de Kim Johnsson bloque la passe de Peltonen sur la seule action dangereuse.

On voit mal comment les Leijonat pourraient marquer, mais Niklas Sundström leur "offre" une dernière pénalité pour dureté à l'avant-dernière minute. La Finlande s'installe à 6 contre 4, mais la victoire suédoise est incarnée par Nichlas Falk qui se jette bravement devant le slap terrifiant de Karalahti à 15 secondes de la fin.

La Tre Kronor n'a pas construit ce succès sur un jeu étincelant, certes, faute de volonté tactique et/ou de qualité de glace. Pour l'emporter sur le même score qu'en phae de poules (1-0), elle a en revanche pu compter sur deux arrêts-clés de Tommy Salo et sur des défenseurs très physiques. Sa force défensive est aussi due à des centres qui jouent très bas et sont très impliqués défensivement, comme Falk et l'aimant à mises au jeu Mats Sundin, et à des ailiers solides dans la conservation dans les bandes, tels Peter Nordström et Ulf Dahlén. Autant d'éléments qui privent l'adversaire du palet.

Étoiles du match Hockey Archives : *** Tommy Salo / ** Peter Forsberg et Ville Peltonen / * Mikael Renberg et Jere Karalahti

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Kent Forsberg (entraîneur de la Suède) : "Entre deux équipes qui basent leur tactique sur la défense, le jeu ne se développe pas souvent en attaque."

René Fasel (président de l'IIHF) : "L'état de la glace est honteux. Il est tout de même incroyable que la Suisse ne dispose pas, pour le moins, d'une arène convenable où accueillir un Mondial."

 

Finlande - Suède 0-1 (0-0, 0-0, 0-1)
Samedi 16 mai 1998 à 15h00 au Hallenstadion de Zurich. 9 300 spectateurs.
Arbitrage d'Alex Dell assisté de Pavel Halas et Milan Mášik
Pénalités : Finlande 12' (8', 2', 2'), Suède 10' (6', 0', 4').
Tirs cadrés : Finlande 14 (4, 5, 5), Suède 34 (11, 13, 10).

Évolution du score :
0-1 à 50'07" : Tornberg assisté de Kjellberg
 

Finlande

Attaquants :
16 Ville Peltonen (C, -1) - 14 Raimo Helminen (-1) - 33 Marko Tuomainen (-1, 2')
32 Jarkko Ruutu - 18 Joni Lius - 37 Toni Mäkiaho (4')
25 Kimmo Rintanen - 24 Sami Kapanen (A) - 12 Olli Jokinen
29 Mika Alatalo - 23 Juha Ikonen (A) - 15 Antti Törmänen (2')

Défenseurs :
2 Marko Kiprusoff (-1) - 4 Kimmo Timonen (2')
8 Kaj Linna - 42 Jere Karalahti (2')
9 Toni Lydman - 27 Antti-Jussi Niemi (-1)

Gardien :
31 Ari Sulander

Remplaçants : 35 Jarmo Myllys (G), 22 Mikko Eloranta (A). Absent : Petteri Nummelin (blessé).

Suède

Attaquants :
33 Fredrik Modin - 13 Mats Sundin (C) - 21 Peter Forsberg
19 Mikael Renberg - 16 Nichlas Falk - 22 Ulf Dahlén (A)
23 Peter Nordström - 31 Jörgen Jönsson (2') - 18 Jonas Bergqvist
24 Patric Kjellberg (A, +1) - 9 Mikael Johansson (+1) - 37 Niklas Sundström (+1, 2')

Défenseurs :
20 Johan Tornberg (+1, 2') - 2 Mattias Öhlund (+1, 2')
17 Hans Jonsson - 12 Niclas Hävelid (2')
4 Kim Johnsson - 28 Christer Olsson

Gardien :
35 Tommy Salo

Remplaçants : 1 Johan Hedberg (G), 8 Jan Mertzig (D), 6 Anders Huusko (A). En réserve : 30 Magnus Eriksson (G).

 

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