Suisse - Canada (2 janvier 2002)

 

Demi-finale du championnat du monde junior 2001/2002.

La Suisse, qui n'avait tenu les Canadiens que durant deux tiers-temps en match de poule, doit maintenant réaliser un match plein avant de songer à crier "Timber". Mais le bois d'érable ne se laisse pas attaquer si facilement et semble d'une consistance solide. On tente de le prendre par surprise en faisant passer l'ancien quatrième bloc de Déruns, Peter et Sannitz en première ligne, même si c'est encore le bloc de Camenzind qui a le plus gros temps de jeu. Quant au Canada, il est désormais privé de Stephen Weiss, qui souffre d'une élongation à l'épaule.

Les Suisses aiment le challenge et décident de le corser un peu en prenant une pénalité après quinze secondes de jeu. Mais Tobias Stephan est présent pour arrêter une attaque à trois contre un et pour capter de sa mitaine un tir de la bleue de Colaiacovo. Les cinq premières minutes sont totalement dominées par le Canada, mais un jeu de puissance suisse inverse la tendance. Les Canadiens, qui ont dû abandonner à la Suisse (désignée équipe recevante car elle bénéficie des privilèges de la Slovaquie, première du groupe, qu'elle a battue) leur couleur rouge, s'en tirent bien, mais leur défense se met en tête de goûter au gruyère. Emanuel Peter parvient ainsi à partir seul mais ne parvient pas à achever son revers. Deux supériorités numériques permettent aux Canadiens de mettre la pression sur la Suisse, qui se repose essentiellement sur l'attaquant bernois Sven Helfenstein pour placer des contres. Lors de sa première tentative, il est pris en sandwich et, pour sa deuxième chance en infériorité, il manque la conclusion.

En début de deuxième période, la Suisse craque alors qu'elle est est en supériorité numérique sur une énorme erreur de Beat Forster derrière sa cage, qui offre le palet dans l'enclave à Steve Ott. Stephan repousse le tir mais il rebondit sur le patin de Stoll et revient à Ott qui a alors la cage ouverte. Les Helvètes ont immédiatement de quoi se rattraper lorsqu'une charge avec la crosse de Bouwmeester les porte en double avantage numérique. Mais le Canada peut se dégager et bientôt la situation s'inverse avec Ambühl et Sannitz en prison. L'orage passe, et Thomas Déruns tente de faire honneur à son nouveau statut de joueur de première ligne : il cherche une déviation de Sannitz de près devant la cage, puis manque largement un tir d'une bonne position dans le slot. Mais l'inévitable Cammalleri entre en scène pour doubler la mise. Beat Forster commet ensuite une nouvelle erreur lourde de conséquences en perdant le palet à la bleue en zone offensive. Ott, encore une fois heureux bénéficiaire de la bourde, voit son tir repoussé par Stephan, mais Sutherby a suivi et inscrit le troisième but. Les Suisses paraissent fatigués et n'ont plus les moyens de rivaliser dans les coins, laissant leurs adversaires gagner tous les duels.

Ils reviennent cependant plus saignants en troisième période et parviennent à se créer des occasions, mais leur capitaine Andreas Camenzind ne parvient pas à concrétiser devant la cage, pas plus que Sutter parfaitement libéré plein axe par Nüssli. Même en jeu de puissance et avec Leclaire couché, Patrik Bärtschi et Thomas Nüssli paraissent comme englués alors que les défenseurs suisses font parfaitement barrage de leurs corps. Thomas Déruns a encore une chance sur deux tirs successifs, mais Leclaire préserve sa cage inviolée même si le jeu est à sens unique. À trois minutes de la fin, les Suisses profitent d'une pénalité contre Boyes pour sortir leur gardien et jouer à six contre quatre, mais leurs passes sont plus mauvaises les unes que les autres. La cage reste vide même après la fin de la prison et Ott, qui vole le palet à Sutter, ne se gêne pas pour l'ajuster. Nüssli a une dernière action à la sirène, mais Leclaire ferme la porte.

Sans doute les Canadiens n'auraient-ils pas laissé les Suisses dominer à ce point la dernière période s'ils n'avaient pas mené par trois buts d'écart, mais leur prestation globale n'a pas été plus convaincante que leurs premières sorties. Alors qu'ils stagnent au même (haut) niveau, la Russie et la Finlande n'ont cessé de s'améliorer, et cela promet une finale indécise. Le Canada aura pour lui son homogénéité, puisque sa ligne à vocation défensive Stoll-Sutherby-Ott, plutôt chargée de neutraliser les meilleurs joueurs adverses, a mis trois buts dans cette demi-finale.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match :

Jakob Kölliker (entraîneur de la Suisse) : "C'était un très bon match. On leur a fait quelques beaux cadeaux, on a l'âme généreuse en général mais j'aurai aimé que nous soyons radins pour un jour. Le Canada a une très forte équipe, ils sont rapides avec de bons tireurs, mais on n'aurait pas dû leur donner cette chance. Ils avaient un très bon gardien, une défense solide, la porte du but n'était pas ouverte. J'espère qu'on les battra l'an prochain. C'est notre quatorzième défaite d'affilée contre eux, mais toutes les séries ont une fin."

Raffaele Sannitz (élu meilleur joueur de la Suisse) : "Nous avons dominé à la fin, mais même au début nous avons eu nos occasions. Malheureusement nous avons pris des buts bêtes, alors que nous étions en supériorité. Bien sûr Forster a commis des erreurs, mais cela peut arriver à tout le monde, et toute l'équipe doit prendre ses responsabilités. On a lutté pour revenir, mais ils nous ont attendu et étaient très compacts. Je n'aurai pas l'argent comme avec les moins de 18 ans l'an passé, mais j'espère toujours une médaille, c'est notre objectif ici."

Stan Butler (entraîneur du Canada) : "Notre gardien a été très bon et le score ne reflète pas la physionomie du match. Sans Leclaire en troisième période, ils auraient marqué quelques buts. Il jouait comme ça pour nous en moins de 18 ans, je n'ai jamais douté de ses qualités de gardien."

Steve Ott (élu meilleur joueur du Canada) : "On s'est fait peur en première période et on a pris quelques breakaways, mais Leclaire a été excellent, comme du reste au troisième tiers-temps. Nous nous appelons la machine verte. À l'entraînement notre ligne porte des maillots verts, mais à part ça, on essaie juste de travailler aussi vite que prévu."

 

Suisse - Canada 0-4 (0-0, 0-3, 0-1)
Mercredi 2 janvier 2002 à 17h00 à Pardubice. 2270 spectateurs.
Pénalités : Suisse 14' (8', 4', 2'), Canada 16' (2', 8', 6').
Tirs : Suisse 35 (9, 9, 17), Canada 40 (18, 14, 8).

Évolution du score :
0-1 à 26'04" : Ott assisté de Stoll (inf. num.)
0-2 à 32'27" : Cammalleri assisté de Sutherby
0-3 à 33'55" : Sutherby assisté d'Ott
0-4 à 58'28" : Ott assisté de Schultz et Popovic
 

Suisse

Attaquants :
Thomas Déruns (-2) - Emanuel Peter - Raffaele Sannitz (2')
Sven Helfenstein (-4) - Andreas Camenzind (C, -3, 4') - Thibaut Monnet (A, -3, 2')
Thomas Nüssli (-1) - Andres Ambühl (-1, 4') - Patrik Bärtschi
Raeto Raffainer (A) - Fabian Sutter (-1) - Deny Bärtschi

Défenseurs :
Beat Gerber (-2) - Lukas Gerber (2')
René Back (-1) - Beat Forster (-2)
Tim Ramholt (-1) - Severin Blindenbacher
Jürg Dällenbach - Lukas Baumgartner

Gardien :
Tobias Stephan [sorti de 57' à 58'28"]

Remplaçant : Matthias Schoder (G).

Canada

Attaquants :
Jared Aulin - Brad Boyes (+1, 4') - Mike Cammalleri (A, +1)
Jarret Stoll (C, +1) - Brian Sutherby (+3) - Steve Ott (+3)
Chuck Kobasew - Jason Spezza (2') - Garth Murray
Scottie Upshall - Jay McClement (+2) - Rick Nash (2')

Défenseurs :
Nick Schultz (A, +3) - Mark Popovic (+3, 2')
Dan Hamhuis (+1) - Jay Bouwmeester (+1, 6')
Carlo Colaiacovo - Jay Harrison
Nathan Paetsch

Gardien :
Pascal Leclaire

Remplaçants : Olivier Michaud (G), Stephen Weiss.

 

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