Russie - Suède (16 décembre 2002)
Match comptant pour la Coupe Baltika, troisième manche de l'Euro Hockey Tour 2002/03.
Les couacs recommencent à la Coupe Baltika. Après le fameux épisode de l'an passé, où l'arbitre avait oublié de faire jouer les tirs au but et où on avait dû jeter une pièce pour déterminer le vainqueur de République Tchèque - Suède, voici que les organisateurs oublient de jouer l'hymne suédois. Seul celui de la Russie est joué, et les Scandinaves attendent en vain le leur. Certes, il s'avère que seul l'hymne du pays organisateur est prévu par les règlements de l'IIHF, mais jusqu'ici, dans les autres tournois de l'Euro Hockey Tour, la politesse a prévalu et les visiteurs étaient également salués. Cet accroc à la coutume occasionne quelques murmures d'étonnement dans les tribunes, mais rien de plus.
Mettre la pression d'entrée et asphyxier l'adversaire : non, ce n'est pas le slogan du "torpedo" de Hardy Nilsson, mais celui de l'équipe russe nouvelle formule de Vladimir Plyushchev. Tandis que Stefan Liv n'a pas un instant de répit, Maksim Sokolov, le stakhanoviste de l'époque Mikhaïlov, attend la quatorzième minute pour effectuer son premier arrêt. Les supporters, finalement revenus en nombre comme au bon vieux temps du tournoi des Izvestia, pour voir une équipe russe enfin attractive et qui fait de nouveau parler d'elle, poussent comme un seul homme derrière leurs joueurs, et célèbrent joyeusement le premier but de Suglobov à la fin du premier tiers.
En deuxième période, la Russie concède ses premières pénalités et ne peut donc pas effectuer le même siège ininterrompu des buts adverses. Mais c'est une pénalité suédoise, de Ronnie Sundin, qui est décisive. Alors que le défenseur scandinave vient tout juste de remonter sur la glace, le jeu de puissance russe trouve enfin la faille par Vitali Proshkin. La domination locale est finalement complétée dans le troisième tiers-temps par un nouveau but de Suglobov, auteur d'un grand match sur la quatrième ligne d'attaque russe, la plus inattendue mais la meilleure sur la glace.
Qui croyait en Aleksandr Suglobov ? Pas grand monde en Russie. Jamais pleinement titulaire chez le Lokomotiv Yaroslavl, le club champion de Russie, il a dû être prêté à Nijnekamsk, et sa convocation en équipe nationale en a surpris plus d'un. Mais Vladimir Plyushchev, qui l'a entraîné avec les moins de 20 ans champions du monde l'an passé, a gagné son pari.
La Russie a donc remporté un match facile contre un adversaire étonnamment faible, au point que certains spectateurs russes se sont demandés si la Suède n'avait pas envoyé une équipe B. Ce n'est pas le cas, et Hardy Nilsson a certifié que plusieurs de ces joueurs participeraient aux championnats du monde, mais il faut reconnaître que l'effectif a souffert de nombreux désistements, les derniers en date quand Mattias Wennerberg et Jonas Rönnqvist, blessés, ont dû être remplacés au dernier moment par Daniel Rudslätt et Henrik Nordfeldt.
De nombreux jeunes ont été incorporés, et ils se sont brûlés les ailes, pas préparés à jouer à un tel rythme. Mais en envoyant au feu, en première ligne, le trio du moment de Göteborg, Tolsa-Lundqvist-Kahnberg (20, 21 et 22 ans), Nilsson devait se douter que l'expérience leur ferait défaut. Le seul à avoir soutenu la comparaison est leur coéquipier à Västra Frölunda, Jens Karlsson (20 ans), très présent physiquement et qui a montré pour ses débuts internationaux qu'il a le niveau. Allons, tout n'est donc pas pourri au royaume de Suède...
Élus meilleurs joueurs du match : Aleksandr Suglobov pour la Russie et Thomas Johansson pour la Suède.
Commentaires d'après-match :
Vladimir Plyushchev (entraîneur de la Russie) : "La Suède est bien entraînée et a des lignes équilibrées. Elle est toujours agréable à jouer, surtout parce qu'elle a une grande culture tactique et une grande correction sur la glace. Aujourd'hui, nous avions simplement plus envie de gagner. Bien sûr, nous aurions pu nous replier en défense dans les vingt dernières minutes, tactiquement cela aurait été juste, mais nous n'avions pas le droit moral de faire ça aux nombreux spectateurs présents. [...] Si j'ai pris un temps mort peu avant la fin, c'était pour calmer les gars et les préparer à un final intense. Si j'en veux un, je le prends, et puis c'est tout."
Aleksandr Suglobov (meilleur joueur de la Russie) : "C'est peut-être le meilleur match de ma carrière, au moins à ce niveau. Ce ne sont pas les deux buts qui me font plaisir, mais le fait qu'ils aient été marqués à des moments importants. [...] La confiance de l'entraîneur est essentielle pour moi, quand je la sens, comme ici en équipe nationale, je ne me mets pas de pression superflue. Mais j'espère pouvoir retourner au Lokomotiv et y faire aussi une bonne fin de saison."
Sergueï Gusev (capitaine de la Russie) : "Tout est venu spontanément. La veille du tournoi, Aleksandr Zhdan s'est blessé. Il a fallu trouver un autre capitaine, et les entraîneurs se sont arrêtés sur ma candidature, puisque j'avais déjà assumé cette responsabilité chez les juniors, même si je n'étais alors qu'assistant-capitaine."
Hardy Nilsson (entraîneur de la Suède) : "Je ne peux pas manquer de féliciter notre adversaire pour sa victoire. Notre équipe a fait bonne figure mais, malheureusement, elle n'a pas été capable de jouer à la même vitesse qu'a atteint la Russie aujourd'hui. Nous étions préparés à un match difficile et nous avons bien tenu au premier tiers-temps. Mais le but encaissé peu avant la pause nous a assommés. Nous avons essayé de tenir le rythme en deuxième période, et dans la troisième la Russie a baissé un peu la vitesse de son jeu, mais même alors nous n'avons pas réussi à marquer."
Russie - Suède 3-0 (1-0, 1-0, 1-0)
Lundi 16 novembre 2002 à 18h30 à la seconde patinoire du Luzhniki, Moscou. 7800 spectateurs.
Arbitrage de M. Milan Minar (TCH).
Pénalités : Russie 6' (0', 4', 2'), Suède 12' (4', 4', 4').
Tirs : Russie 29 (12, 7, 10), Suède 21 (3, 10, 8).
Engagements : Russie 28, Suède 21.
Évolution du score :
1-0 à 19'21" : Suglobov assisté de Soin
2-0 à 35'53" : Proshkin assisté de Zinoviev et Yerofeïev
3-0 à 53'16" : Suglobov assisté de Soin
Russie
Gardien : Maksim Sokolov.
Défenseurs : Andreï Skopintsev - Vassili Turkovski ; Vitali Proshkin - Dmitri Yerofeïev ; Sergueï Gusev - Igor Shchadilov ; Sergueï Vyshedkevich - Aleksandr Guskov.
Attaquants : Dmitri Zatonsky - Alekseï Chupin - Andreï Subbotin ; Dmitri Vlasenkov - Sergueï Zinoviev - Vladimir Antipov ; Yuri Dobryshkin - Andreï Razin - Ivan Tkachenko ; Aleksandr Suglobov - Konstantin Gorovikov - Sergueï Soin.
Suède
Gardien : Stefan Liv.
Défenseurs : Magnus Johansson - Ronnie Sundin ; Per Hållberg - Thomas Rhodin ; Martin Lindman - Pierre Hedin ; Thomas Johansson.
Attaquants : Jari Tolsa - Joel Lundqvist - Magnus Kahnberg ; Peter Nordström - Pär Bäcker - Mika Hannula ; Niklas Nordgren - Niklas Anger - Henrik Nordfeldt ; Jens Karlsson - Johan Davidsson - Ulf Söderström ; Daniel Rudslätt.