France - Pologne (27 décembre 2002)

 

Match comptant pour le XVIIIe Tournoi du Mont-Blanc.

Andrzej Schubert

Avec un bilan mitigé résultant des trois tournois 2002 de l'Euro Hockey Challenge (quatre victoires pour cinq défaites), le coach polonais n'a pas encore trouvé une sélection homogène, notamment en défense. Alors, pour le dix-huitième tournoi du Mont-Blanc, Wyktor Pysz, malgré l'absence de Mieskowski retenu en Bundesliga, a choisi de ne pas sélectionner quatre défenseurs d'habitude titulaires (Marcinczak, Labuz, Gonera et Gil), les remplaçant par trois de leurs concurrents (Szymanski, Majkowski et Smeja) ainsi qu'un nouvel appelé Marian Csorich. Devant - ne pouvant compter ni sur ses expatriés d'outre Atlantique Oliwa (AHL) et Czerkowski (Montréal, NHL), ni sur les professionnels jouant en Allemagne comme Kasperczyk et Plachta (DEL), Pysz et Zareba (Bundesliga) ou encore Kwiatkowski (Oberliga), ni sur le redoutable Klisiak (Oswiecim) en préretraite internationale - Wyktor Pysz comptait sur le trio magique du GKS Tychy qui fait parler la poudre dans son championnat afin de tirer son équipe vers la victoire. Les trois joueurs, Sarnik, Slabon et Slusarczyk, font partie des quatre meilleurs compteurs de la ligue polonaise. A eux trois, ils ont inscrit 55 buts en 27 rencontres !

On retrouvait naturellement ces trois attaquants sur la première ligne polonaise. Néanmoins, les coéquipiers du capitaine vétéran Andrzej Schubert (41 ans) furent rapidement pris à la gorge par les Français. Jonathan Zwikel fut le premier à se mettre en évidence (1'09). Moins de vingt secondes plus tard, Arnaud Briand doté d'une bonne vista, lança Karl Dewolf à gauche dans la zone neutre. L'arrière picard franchit la ligne bleue, s'avança, fixa à mi-distance le dernier défenseur et le gardien, et distilla une longue passe millimétrée entre eux deux pour Benoît Bachelet déboulant sur la droite. L'ailier grenoblois reprit de plein fouet à ras la glace, ne permettant aucun sauvetage de Tomasz Wawrzkiewicz. Un 2 contre 1, bien mis sur orbite et joué en maître, permettait aux hommes d'Heikki Leime d'ouvrir rapidement le score dès leur troisième tir de la rencontre (1-0 à 1'27). Le rythme imposé par les Bleus était élevé et cela consentait à Allan Carriou de lancer dans le haut de l'enclave. Néanmoins, Tomasz Wawrzkiewicz, bien avancé devant sa cage, bloquait l'envoi de l'arrière rouennais (5'55).

Peu à peu, les Polonais trouvaient leurs marques. Martin Voznik, le meilleur passeur de Krynica, faisait le tour de la cage et était à un patin de tromper Fabrice Lhenry pourtant solide d'efficacité sur la tentative du joueur de centre (6'15). Les Français ne ralentissaient pas leur cadence pour autant. Ce fut une nouvelle fois Jonathan Zwikel qui eut une opportunité détourné par le gardien polonais (9'16). Après, il y eut une nouvelle vague rouge sur laquelle surfait Marcin Jaros. Le représentant d'Oswiecim, leader du championnat polonais, perdait son tête-à-tête face à un remarquable Fabrice Lhenry (13'17). Contre le cours du jeu, à quatre contre quatre, les Français allaient payer sur-le-champ (sic) une erreur de relance concédée dans leur zone. Michal Garbocz, l'attaquant de l'Hormadi au pressing sur la gauche, récupérait la rondelle et l'envoyait dans le slot, précisément dans la palette du très jeune Mariusz Jakubik (20 ans). Seul, le second joueur d'Oswiecim de la sélection ne laissait aucune chance au portier Français. D'habitude ailier défensif, Mariusz Jakubik s'est montré un attaquant très opportuniste sur cette égalisation (1-1 à 15'57). Malgré cette défectuosité, les Français prenaient toujours de bonnes initiatives, mais à l'image de David Dostal, s'étant pourtant bien démarqué, lancé tout seul devant Wawrzkiewicz, ils manquaient de réalisme et laissaient passer leur chance... que des Polonais très attentistes et à l'affût prenaient eux avec audace, comme Piotr Sarnik le faisait à six secondes du premier coup de sirène. Fort heureusement, Fabrice Lhenry bien concentré s'interposait avec brio et n'accordait pas un but incommode si près de la pause.

Le premier tiers s'était déroulé sans jeux spéciaux, mais la deuxième période a été hachée par de nombreuses situations spécifiques. Celles-ci ont été fatales aux Français. Elles ont coupé le rythme régulier de la rencontre et les Bleus hors compétition depuis deux semaines de trêve (Après Slovénie-France du 14 décembre, les Français ne se sont entraînés ni en équipe de France ni en club puisque le championnat est arrêté !) n'ont pas supporté les ruptures d'animations entraînées par les différentes pénalités sifflées. Pourtant, sur leurs réserves, les coéquipiers d'Arnaud Briand annihilèrent une double infériorité pendant deux minutes, lors desquelles les Polonais ne trouveront pas le cadre (23'48). La suite fut beaucoup plus délicate. D'une part, les joueurs de l'équipe de France ne se montraient pas performants sur leur premier jeu de puissance (25'45). D'autre part, les Polonais réussissaient à prendre l'avantage sur leur power-play suivant. Le capitaine emblématique, Andrzej Schubert, placé à la ligne bleue, envoyait un lancer anodin, sans force, à ras la glace dans le trafic... Le caoutchouc fut légèrement dévié par Adam Baginski. Le joueur de Gdansk trompait, autant astucieusement que par hasard, sur un beau coup vieux comme le hockey, Fabrice Lhenry totalement masqué (1-2 à 28'42). Nonobstant cette pichenette du patriarche polonais, les Français se remettaient à l'ouvrage, mais le jeu était bien moins ouvert. Les joueurs d'Heikki Leime ne pouvaient que compter sur un nouveau jeu de puissance pour espérer se montrer dangereux. Cependant, hormis deux lancers cadrés, peu, sinon aucune situation n'a été difficilement gérable pour l'arrière-garde polonaise animée de volonté. Les visiteurs laissaient passer l'orage français. Puis, les rouges allaient profiter d'une douceur bleue pour accentuer leur avance. Hors du rythme, les tricolores pourtant à égalité d'hommes laissaient sagement s'installer leurs adversaires. Andrzej Schubert, encore lui, adressait de loin un lancer flippé qui claquait sur un montant avant de farcir le haut des filets français (1-3 à 35'59). Moins de deux minutes plus tard, Piotr Sarnik lançait Damian Slabon qui débordait en un contre un son défenseur et malgré l'angle fermé, le Polonais logeait le palet dans l'angle supérieur de la cage. Le fameux duo de GKS Tychy vient de mettre un terme aux derniers espoirs français (1-4 à 37'09). La messe de minuit, pour ceux qui l'aurait manquée, était dite.

Dans la dernière période, les Français supprimaient une infériorité et ne réussissaient que des tirs lointains sur deux jeux en avantage d'un homme. Bien que la ligne des frères Rozenthal (48'00) et Vincent Bachet (50'20) eurent deux bonnes possibilités de réduire le score et que Fabrice Lhenry sauvait son équipe du naufrage face à Damian Slabon parti en breakaway (58'37), les Bleus, à court de carburation, ne parviendraient pas à recoller au score.

Victoire polonaise

Ne manquant jamais de courage et d'abnégation, les Français ont toujours été de l'avant. Cette défaite s'explique donc autant par les trois erreurs individuelles entraînant trois des quatre buts polonais - une faute de relance sur l'égalisation, un défaut de marquage de Schubert sur le break polonais et une défense individuelle défaillante sur le quatrième but - que par la carence chronique du jeu de puissance français. Pourtant, le bon comportement du gardien polonais n'explique pas à lui seul le manque de réalisme des Bleus. La trêve de deux semaines entre le tournoi de Slovénie et le tournoi du Mont-Blanc a été néfaste à la condition physique et au rodage des Bleus, comme le soulignent les nombreux deux contre un et breakaways subis. Cette trêve n'aurait-elle pas dû être utilisée comme préparation aux compétitions futures ? Il y a quelques saisons, Nano Pourtier, entre autres, se plaignait du manque de possibilités de dates nécessaires aux rassemblements de l'équipe de France et le manager vociférait qu'il changerait cela. Cette saison, il y avait cette possibilité. Non exploitée. Il est donc clair, si l'encadrement en a fait la demande, que la fédération ne donne pas les moyens à l'équipe de France d'être performante ou à défaut de se reconstruire !

Compte-rendu signé Thierry Frechon

 

Interview d'après-match : Heikki Leime, entraîneur de la France

Heikki Leime

- Heikki Leime, que pensez-vous de ce match ?

Ce fut difficile comme nous l'avions prévu. La Pologne est une équipe très forte. Nous avons manqué de rythme. Nous avons commis beaucoup d'erreurs individuelles. Nous avons perdu beaucoup de palets. Nous n'avons pas maîtrisé le jeu. Mais il y a beaucoup de choses positives. Nous avons joué à trois contre cinq pendant deux minutes sans prendre de but. Fabrice Lhenry a été bon. Nous nous sommes aussi créé quelques occasions mais que nous n'avons pas concrétisées.

- Est-ce que le grand nombre de jeux spécifiques pendant le deuxième tiers-temps a perturbé l'équipe ?

Non, je ne crois pas. C'est le deuxième tournoi sur lequel nous travaillons beaucoup le jeu de puissance, y compris pendant les entraînements. Il commence à être en place, il faut maintenant passer à l'étape suivante : marquer des buts. Nous manquons de réalisme. Il faut que notre jeu de puissance soit une de nos possibilités de marquer et ne serve pas seulement à conserver le palet. Nous faisons des choses sympas, mais nous avons besoin d'être plus agressif avec le palet.

- Pourquoi n'y a t-il pas d'équipe(s) spéciale(s), de cinq majeur pour les jeux de puissance ?

Pour l'instant, nous n'avons pas besoin de créer ces blocs spécifiques. C'est le tournoi du Mont-Blanc, ce n'est pas un championnat du monde... Je ne cache pas notre système tactique, je veux voir quels joueurs sont capables de jouer les power-plays. Ce n'est pas par ce que certains font les jeux de puissance en championnat qu'ils sont capables de les jouer en équipe de France. Je veux voir tous les joueurs évoluer en power-play pour remarquer ceux qui sont les plus à l'aise et, après, créer des équipes spécifiques.

- L'équipe de France s'est créé moins d'occasions dans les deux derniers tiers que dans le premier...

C'est normal. Dans les matches internationaux, surtout contre des équipes comme la Pologne, il est clair que nous n'aurons pas beaucoup d'occasions. Dans ces rencontres, les équipes sont sensiblement de même niveau, les défenses sont fortes, et personne ne donne beaucoup de chances à l'adversaire. Ce n'est pas une question d'occasions, mais surtout de concrétisation. L'équipe qui optimisera le mieux ses occasions est l'équipe qui gagnera. Ce soir, nous n'avons pas eu beaucoup de chance, il nous a manqué le petit truc pour faire la différence.

- Les Français se sont souvent retrouvés en désavantage numérique à trois contre deux, deux contre un et il y a eu des breakaways...

Nous avons subi trois breaks. Il y a eu effectivement plusieurs trois contre deux, c'est plus inquiétant car ça faisait longtemps que je n'avais pas vu ça contre nous. Normalement, nous sommes capables de bien mieux jouer défensivement, ce soir ce n'était pas n'importe quoi mais c'était moins rigoureux.

- Quels sont les objectifs pour les deux autres matches ?

Nous allons continuer dans la même voie. Nous allons essayer d'améliorer les choses qui n'ont pas été ce soir, nous allons conserver ce qui a marché. J'espère que notre niveau de jeu va augmenter dans les deux matches suivants parce que les adversaires vont être supérieurs à la Pologne.

- Pourquoi Prunet et Mille n'ont pas joué pendant le troisième tiers ? Ont-ils payé pour des erreurs défensives, comme Dermigny à Belfort contre le Danemark ?

Non, Dermigny n'a jamais payé pour une erreur... Tout le monde fait des erreurs, si je ne sélectionnais que des joueurs qui n'en commettaient pas, je n'aurais aucun joueur. Sébastien (Dermigny) a besoin de calme cette saison. Il a eu une année infernale l'année dernière. Ça a été très très difficile pour lui. Ce n'est pas la peine de lui mettre la pression maintenant. C'est un jeune mec, un joueur très prometteur. Je ne me permettrai pas de casser un joueur du jour au lendemain. Je suis sûr que moi et l'équipe de France, nous allons avoir besoin de lui dans le futur. Pour Mille et Prunet, j'ai trouvé que c'était difficile pour eux. Mathieu (Mille) a eu des difficultés en homme à homme. Après, j'ai pris la décision de jouer avec seulement six défenseurs. Pour, d'abord, s'assurer de ne pas prendre plus de but et aussi pour utiliser davantage "Jeff" Bonnard et Vincent Bachet, qui sont des défenseurs qui peuvent marquer. C'est une tactique que les entraîneurs essaient comme solution pour revenir au score. De temps en temps ça marche... et bien souvent ça ne marche pas (rires).

- Y aura t-il des changements dans les trios d'attaques, demain ?

Oui, sans doute, pour essayer encore d'autres choses, mais sans tout révolutionner, je vais y réfléchir. La ligne de Mortas a eu un peu de difficulté, ils avaient bien joué en Slovénie, mais ce soir, ils ont eu du mal a trouver le rythme... Déjà, Antonoff va jouer contre la Russie, rien que pour son nom... (rires)

 

France - Pologne 1-4 (1-1, 0-3, 0-0)
Vendredi 27 décembre 2002 à 21h45 à la patinoire de Saint-Gervais. 1400 spectateurs environ.
Arbitrage de M. Stéphane Rochette assisté de MM. Matthieu Barbez et Damien Velay.
Pénalités : France 14' (4', 6', 4') ; Pologne 14' (4', 6', 4').
Tirs : France 36 (16, 9, 11) ; Pologne 28 (11, 9, 8).
Arrêts : Lhenry 24/28 (86%) ; Wawrzkiewicz 35/36 (97%).

Évolution du score :
1-0 à 01'27" : B. Bachelet assisté de Dewolf et Briand
1-1 à 15'47" : Jakubik assisté de Garbocz
1-2 à 28'42" : Baginski assisté de Schubert (sup. num.)
1-3 à 35'59" : Schubert assisté de Piotrowski
1-4 à 37'09" : Slabon assisté de Sarnik

 

France

Attaquants :
Brice Chauvel - Laurent Gras (2') - Richard Aimonetto
François Rozenthal - Jonathan Zwikel - Maurice Rozenthal
Benoît Bachelet - Arnaud Briand (C) - David Dostal (4')
Loïc Sadoun - Anthony Mortas - Yven Sadoun (2')

Défenseurs :
Vincent Bachet - Mathieu Mille
Allan Carriou - Nicolas Pousset (2')
Karl Dewolf (2') - Simon Bachelet
Jean-François Bonnard - Lilian Prunet

Gardien :
Fabrice Lhenry

Remplaçant : Patrick Rolland (G). Absent : Nicolas Antonoff.

Pologne

Attaquants :
Piotr Sarnik - Damian Slabon - Artur Slusarczyk
Aleksander Myszka - Adam Baginski - Tomasz Proszkiewicz
Michal Piotrowski (2') - Krzysztof Zapala - Martin Voznik
Marcin Jaros - Michal Garbocz (A, 2') - Mariusz Jakubik

Défenseurs :
Marek Szymanski (A) - Lukasz Mejka
Michal Smeja (2') - Lukasz Sokol (2')
Marian Csorich (2') - Andrzej Schubert (C, 2')
Krzysztof Smielowski (2') - Krzysztof Majkowski

Gardien :
Tomasz Wawrzkiewicz

Remplaçant : Krzysztof Zborowski (G).

 

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