France - Russie B (28 décembre 2002)
Match comptant pour le XVIIIe Tournoi du Mont-Blanc.
Heikki Leime, pour jouer contre cette sélection d'espoirs russes, a procédé à de nombreux changements. Les principaux ont été celui du gardien, le roulement classique entre Lhenry et Rolland, et celui des ailiers droits. Ceux-ci, sur les trois premiers trios, ont tous changé de ligne. Nicolas Antonoff, le jour de son anniversaire, a fait son entrée à la place d'Yven Sadoun sur le quatrième bloc.
Les Français ont obtenu, contre une jeune équipe russe un peu indolente, une victoire accomplie et convaincante. Plus volontaires et motivés, les Bleus ont d'abord su revenir de l'arrière après avoir été pris en faute sur le deuxième lancer russe de la partie. A la mi-match, ils ont transformé au tableau leur ascendance. Puis les joueurs de l'Est sont parvenus à égaliser, contre le cours du jeu, en double supériorité. Toutefois, les joueurs d'Heikki Leime, en infériorité, ont su aussitôt exploiter la décontraction engendrée par l'égalisation russe. Neuf secondes après le deuxième but adverse, les Bleus ont repris l'avantage. Pendant le dernier tiers, les Français ont attendu leurs rivaux qui créaient peu de jeu face à la défensive tricolore. Cependant, en dépit de leur faible créativité, les Russes concluaient sur leur seule opportunité et égalisaient pour la seconde fois ce soir. La partie retrouvait sa physionomie première et à dix minutes de la fin, les Français s'imposait cette fois définitivement.
Aleksandr Stepanov a ouvert le score, sur un contre rapide lancé par Aleksandr Gorelov, quand il reprit, dans l'enclave, une passe venue de la gauche de Yegor Shastin (0-1 à 3'31).
Laurent Gras a magnifiquement égalisé. D'un exploit personnel, le joueur de centre débordait le long de la bande, puis fonçait sur le coté droit du but. Arrivé au premier poteau, l'Amiénois né et formé ici-même à Chamonix levait la rondelle dans la lucarne gauche de Yegorov (1-1 à 14'14).
Allan Carriou a pris son temps pour donner les devants aux Bleus. L'arrière rouennais, bien démarqué, a ajusté la cage vide avant de lancer à mi-distance de la droite, servit d'une passe advenue de Maurice Rozenthal après une remise en jeu à l'offensive remportée par Jonathan Zwikel.
Les Russes ont une première fois égalisé sur un double jeu de puissance. Le décalage a été créé sur la gauche par Yuri Dobryshkin. Bernikov, avec de bonnes mains au second poteau, n'a eu aucun mal à glisser la rondelle dans les filets français quand il reçut la passe transversale de Aleksandr Stepanov (2-2 à 35'42).
Les Français jouaient encore à un de moins lorsque Richard Aimonetto levait la rondelle dans la lucarne droite de Yegorov (3-2 à 35'51).
Aleksandr Stepanov, encore lui, reprenait de près le retour d'un lancer de Ruslan Bernikov et parvenait à égaliser (3-3 à 47'34).
Arnaud Briand créait un bon jeu pour Mathieu Mille qui prenait sa chance en slap. Yegorov laissait un lointain rebond que repris David Dostal sans se poser de question. En buteur pur et providentiel, l'Angloy inscrivait le but gagnant (4-3 à 50'13).
Pendant vingt-neuf secondes, les Russes joueront sans gardien pour évoluer à un joueur de plus mais ils n'ont pas eu raison du courage français, soutenu en cette toute fin de match par les touristes hivernaux qui s'étaient pris au jeu.
Les Français auraient dû se mettre plus rapidement à l'abri. En effet, ils ont eu beaucoup d'occasions. Nous pouvons en compter seize (sans les buts). Bien sûr, Yegorov, le gardien russe, a été excellent voire prodigieux face à Arnaud Briand (13'58), Nicolas Pousset (19'39) et Maurice Rozenthal (32'39) ainsi que chanceux sur un lancer de David Dostal quand il fut sauvé par sa barre (11'20). Néanmoins, le portier russe n'explique pas totalement les deux contre un mal joués, pour ne pas dire vendangés, par les attaquants tricolores (à 26'42, 36'41 et 43'30"). Ou les mauvais choix, celui de la passe - en outre souvent mauvaise - quand le tir s'imposait (à 39'22 et 53'58) !
La défensive a bien tenu n'accordant aucun breakaway et un seul mais fatal deux contre un aux joueurs russes, légèrement nonchalants, mais très tranchants au début du deuxième tiers jusqu'à leur première égalisation.
Patrick Rolland, sérieux, a repoussé 21 lancers sans faire d'erreur, mais a laissé un rebond qui gâte ses deux bons arrêts face à Nikolaï Ruzheinikov (22'51) et Sergueï Soin (25'34).
Compte-rendu signé Thierry Frechon
Interview d'après-match : David Dostal
- David Dostal, que pensez-vous du match contre la Russie par rapport à celui de la Pologne ?
Les deux matches sont très différents. Hier contre une jeune équipe de Pologne qui ne presse pas trop, qui nous attendait, ce n'était pas facile. Ce soir, on a suivi le rythme imposé par les Russes avec beaucoup de passes et d'occasions. Nous avons eu des difficultés au début, nous n'étions pas dans le rythme. Mais au fur et à mesure du match nous avons été plus agressifs et nous nous sommes créé quelques occasions. Et la victoire est bonne pour notre moral et nous encourage dans notre travail.
- La défaite d'hier soir contre la Pologne a été une grande déception ?
Non, pas une grande déception. L'équipe polonaise a eu 100% de réussite. Nous, nous avons eu quelques occasions que nous n'avons pas concrétisées. Le championnat français est interrompu depuis la première semaine de décembre, nous n'étions pas dans le rythme du match. Ce n'était pas facile après trois semaines de repos de jouer un match de haut niveau contre la Pologne. Nous savons où nous avons commis des fautes et aujourd'hui nous avons améliorer un peu ces défauts.
- Individuellement, vous aussi vous vous êtes amélioré, pas de prison (une des deux d'hier a "coûté" un but) et surtout vous avez marqué un but, le but gagnant, vous devez être satisfait...
Hier, oui on peut dire que j'ai fait une faute. Mais c'était une crosse haute dans le jeu comme ça, non volontaire... C'est un peu bête, c'était dans la zone d'attaque... Le joueur adverse a fait du cinéma comme d'habitude... C'est vrai que nous avons pris un but sur ma pénalité, mais je ne crois pas que cette faute nous a coûté le match d'hier. Hier, j'ai eu deux ou trois occasions que je n'ai pas réussies. Aujourd'hui, je suis très content de marquer le quatrième but, mais c'est une victoire collective car toute l'équipe a bien bossé. J'étais là au bon moment, bien placé, et je l'ai mis.
- Pouvez-vous nous raconter ce but ?
Oui, je me rappelle. Arnaud Briand a bien travaillé dans la zone d'attaque. Il a fait une super passe à "Milou", Mathieu Mille qui a lancé, personne ne me marquait, j'ai pris le rebond et voilà.
- C'est un vrai but de buteur, c'est pour cela qu'Heikki Leime vous a sélectionné et que vous avez pris la nationalité française ?
- Non, rien ni personne ne m'a forcé. J'ai la nationalité française depuis le mois de septembre. La sélection, c'est une récompense pour moi. A Anglet, je ne suis pas un buteur même si ça marche pas mal, je travaille et j'ai pris confiance. La sélection est arrivée naturellement mais pas à cause de ma nationalité française.
- La nationalité française est donc un choix personnel...
Tout à fait, c'est un choix personnel. Je me suis marié avec une Basque en l'an 2000, je pouvais un an après demander la nationalité française. J'ai un fils qui a un an et demi. Je suis installé en France, à Anglet. Je pense continuer à vivre en France, trouver un travail, avec des jeunes et j'ai déjà travaillé à Anglet. C'est un choix réfléchi sans précipitation.
- Le deuxième ailier sur votre ligne a changé, François Rozenthal a remplacé Benoît Bachelet, vous entendez-vous mieux sur la glace avec l'un ou avec l'autre ?
Nous avons joué deux matches avec Ben (Benoît Bachelet) en Slovénie et ça n'a pas trop mal marché. Le dernier match en Slovénie, nous avons joué avec François (Rozenthal), j'ai marqué mon premier but et nous avons eu beaucoup d'occasions.
C'est un choix de l'entraîneur qui a fait des petits changements. Ce sont tous les deux des bons joueurs. En équipe de France, déjà tu joues qu'avec des bons, il ne faut pas se poser de question avec qui tu joues, il faut s'adapter au système du sélectionneur et donner le maximum pour l'équipe de France.
- Jouer en altitude, ce n'est pas trop difficile ?
Aujourd'hui non. À Saint-Gervais non plus. Cette saison, j'ai connu ce problème manque d'oxygène à Villard-de-Lans avec Anglet, mais les jambes suivaient. On peut dire si ça n'a pas été que c'est la faute de la crosse, de l'altitude, mais au haut niveau il ne faut pas se cacher derrière ses excuses.
- Qu'est ce qui vous a surpris dans cette équipe de France ?
Ma convocation m'a surpris. Je me suis posé pas mal de questions. Comment je serai accueilli en équipe de France par les joueurs. On se pose toujours ces questions quand on est "étranger". Mais, pour moi, cela c'est très bien passé, tout le monde est agréable. L'ambiance est exceptionnelle, sympathique et solidaire. Avant de venir, j'étais très content de participer à ce tournoi, d'acquérir de l'expérience et de progresser en jouant des matches au plus haut niveau. De toute façon, depuis quatre ans que je suis en France tout le monde me connaît et je n'ai pas eu de grave problème avec quiconque. Mais maintenant, il faut que je fasse mes preuves, que je travaille, et gagne ma place en équipe de France.
- Vous avez parlé de la sélection avec Bob Ouellet et Jean-Christophe Filippin ?
Ce sont eux qui sont venus me féliciter. Très gentiment, ils m'ont donné des petits conseils. Il faut travailler, ne pas arriver avec la grosse tête, ne pas vouloir tout changer. Moi, je vais donner le meilleur de moi-même.
- Vous comptez participer aux championnats du monde ?
C'est dans quatre mois, c'est encore loin. Mais je vais en faire un objectif personnel, oui, et travailler en club quotidiennement pour y arriver.
- Vous ne craignez pas de faire comme les Franco-Canadiens Alain Vogin et Simon Lacroix, quelques sélections et puis aucune depuis ?
C'est le choix de l'entraîneur. Ils n'ont peut-être pas été appelés au meilleur moment. Actuellement, il y a un changement de génération, il y a peut-être plus de places à prendre, ce n'est pas facile à dire. De toute façon, j'ai cette chance. Je ne la lâcherai pas. Malheureusement, pour les deux joueurs que vous citez, ça n'a pas marché. J'espère m'imposer avec mes moyens, dans tous les cas, je vais tout donner pour ça.
- Pour demain contre la Finlande, vous serez prêt physiquement ?
Oui, je pense que chacun sera prêt. Contre les Russes, le match n'a pas été facile, nous n'avons pas été tout le temps dans le bon rythme. Nous avons souvent joué à quatre, donc l'équipe n'a pas souvent tourné à quatre lignes. Mais je pense que nous sommes assez frais pour tout donner demain. En face, c'est une très bonne équipe. Elle est jeune, elle va avoir envie de jouer. Les Finlandais sont très techniques... Mais c'est le dernier match et nous n'avons rien à perdre, chacun de nous va donner le meilleur de soi-même.
France - Russie B 4-3 (1-1, 2-1, 1-1)
Samedi 28 décembre 2002 à 20h45 à la patinoire de Chamonix. 2400 spectateurs.
Arbitrage de Stéphane Rochette (CAN) assisté de Matthieu Barbez et Damien Velay (FRA).
Pénalités : France 16' (8', 6', 2') ; Russie B 16' (8', 4', 4').
Tirs : France 41 (18, 16, 7) ; Russie B 24 (7, 12, 5).
Arrêts : Rolland 21/24 (88%) ; Yegorov 37/41 (90%).
Évolution du score :
0-1 à 03'31" : Stepanov assisté de Shastin et Gorelov
1-1 à 14'14" : Gras
2-1 à 29'34" : Carriou assisté de M. Rozenthal et Zwikel
2-2 à 35'42" : Bernikov assisté de Stepanov et Dobryshkin (double sup. num.)
3-2 à 35'51" : Aimonetto assisté de Bachet et Prunet (inf. num.)
3-3 à 47'34" : Stepanov assisté de Bernikov
4-3 à 50'13" : Dostal assisté de Mille et Briand
France
Attaquants :
Benoît Bachelet - Laurent Gras - Richard Aimonetto
Brice Chauvel - Jonathan Zwikel - Maurice Rozenthal
François Rozenthal - Arnaud Briand (C) - David Dostal
Loïc Sadoun - Anthony Mortas - Nicolas Antonoff (2')
Défenseurs :
Vincent Bachet (4') - Lilian Prunet (4')
Allan Carriou (2') - Nicolas Pousset (4')
Karl Dewolf - Simon Bachelet
Jean-François Bonnard - Mathieu Mille
Gardien :
Patrick Rolland
Remplaçant : Fabrice Lhenry (G). Absent : Yven Sadoun.
Russie B
Attaquants :
Aleksandr Suglobov (2') - Sergei Soin (C, 2') - Yuri Dobryshkin (2')
Yegor Shastin - Aleksandr Stepanov - Ruslan Bernikov (2')
Aleksandr Kozhevnikov - Nikolaï Ruzheinikov - Yuri Artemenkov
Dmitri Naumov (2')
Défenseurs :
Igor Shchadilov - Aleksandr Barkunov
Ilya Nikulin - Aleksandr Gorelov (4')
Sergei Bernarsky (2') - Mikhaïl Paramonov
Gardien :
Vadim Yegorov
Remplaçants : Vadim Tarasov (G), Denis Denisov, Andrei Shefer.