France - Finlande Mestis (29 décembre 2002)

 

Match comptant pour le XVIIIè Tournoi du Mont-Blanc.

Mustonen à l'attaque

Si Fabrice Lhenry, à la faveur de sauvetages démonstratifs contre la Pologne, retrouvait sa place devant la cage française, Mathieu Mille, lui, n'a pas pris part à cette rencontre décisive désignant le vainqueur de la dix-huitième édition du tournoi du Mont-Blanc. Vincent Bachet, fait inhabituel, joue sur deux duos défensifs pour pallier l'absence de l'arrière de l'Hormadi. Les autres blocs des Bleus restaient inchangés par rapport au match de la veille contre la Russie B.

Dès le début du match, l'enthousiasme français dut se mesurer à la rapidité de patinage et à la technique supérieure de la sélection du Mestis (deuxième niveau national finlandais). En effet, les Suomi allaient très et trop vite. À la faute, les Français jouaient déjà à un homme de moins. Le quatrième lancer fut le bon pour la Maajoukkueet. À la bleue, le puissant slap de Pasi Kuusisto trouvait limpidement la lucarne gauche de Fabrice Lhenry (0-1 à 2'14). Après une échappée avortée de Jonathan Zwikel (2'43), les Finlandais éprouvaient les joueurs d'Heikki Leime. C'est Juha-Pekka Loikas, très bien servi par Kimmo Pikkarainen, qui eut la plus belle occasion du Mestis, remarquablement arrêtée par Fabrice Lhenry (8'34). Les Finlandais constamment en mouvement apportaient toujours une solution de passe au porteur du palet, en plus d'une issue d'ouverture en zone d'attaque ou un passage individuel techniquement réalisable par la majorité des attaquants dont trois d'entre eux (Jäske, Loikas et Kaartinen) sont les meilleurs Finlandais actuels du championnat.

Si la France souffrait - les passes étaient bien souvent maladroites et elle jouait de nouveau en infériorité - elle exploitait au maximum, quand la rondelle voulue bien passer la ligne bleue, les espaces libres consentis par leurs offensifs adversaires. C'est ainsi que Benoît Bachelet se créait une bonne chance paradée par Tommi Nikkilä (10'09). Hélas, peu après, Juha-Pekka Hytönen transformait un bon jeu préparé par Antti Hilden et Samuli Suhonen (0-2 à 11'49). Appuyant moins leurs attaques à la recherche de leur second souffle, les visiteurs accordèrent deux possibilités aux coéquipiers d'Arnaud Briand. Néanmoins, ni Anthony Mortas (13'16), ni Laurent Gras (13'50) ne cadrait leurs envois. Heureusement, pour l'équipe de France, la solution est venue en supériorité. Un nouveau lancer de Laurent Gras n'était pas totalement stoppé par Tommi Nikkilä, le palet rentrait tout doucement dans les filets finlandais (1-2 à 16'27). Avec un seul but d'écart, les Finlandais sentirent le danger et reprenaient un rythme adéquat. En fin de période, ils se montraient très intimidants une nouvelle fois par Juha-Pekka Loikas, qui était sevré, avec brio, à cause du gardien français une nouvelle fois décisif avant la pause (18'47).

Après moins de deux minutes de jeu dans le tiers médian, en jeu de puissance, les Finlandais reprenaient le large sur un exercice de style. Le lancer de l'arrière Jonni Kiiski était dévié par Sami Kaartinen. Le joueur aux 106 matches de SM-Liiga procurait une avance plus confortable à ses coéquipiers (1-3 à 21'15). Les Bleus mirent plusieurs longues minutes à se remettre de ce troisième but. Longtemps, les Finlandais maîtrisèrent le caoutchouc et les tricolores par la même occasion même si Richard Aimonetto saisit une bonne chance non ajustée (29'26). Et, un peu contre le cours du jeu, il y eut ce but autant hargneux qu'adroit de Benoît Bachelet qui mit tout son cœur dans un slap à mi-distance quand il fut servi par une bonne transversale de Laurent Gras (2-3 à 32'06). Il fallait ce genre d'exploit pour galvaniser les Bleus ! Le Mestis, après une vive réaction triade (34'35), n'était plus de taille face aux Français transcendés et à un homme de plus. Arnaud Briand, toujours clairvoyant, apercevait Jean François Bonnard, démarqué à gauche, quasiment au même endroit que Benoît Bachelet lors du but précédent. L'arrière grenoblois égalisait proprement (3-3 à 38'33).

Vincent Bachet renversant

L'égalisation en cette fin de deuxième période cassait la tactique assurée des Finlandais. Le score sans vainqueur leur permettrait de remporter le tournoi. Et eux, si fiers de jouer à Megève, au point de prendre des photos de la patinoire avant l'échauffement, ne voulaient pas le perdre. Avec cette peur de gagner, il ne jouait plus les coups à fond. Incapables, comme beaucoup d'équipes du Mestis, de passer à la vitesse supérieure ou au moins de procéder à des ruptures de rythme physiquement éprouvantes, les Suomi emmenaient sans le savoir les Bleus à la victoire. En effet, après l'échec finlandais dans un jeu de puissance (50'07), le jeu était dorénavant assez fermé de part et d'autre, les troupes jouaient à "Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette" avec un enchaînement de ce couplet sportif "le premier de nous deux qui faillira aura la défaite" C'est suite à une grossière erreur du gardien du Jukurit Mikkeli que les Français obtinrent le but gagnant. Le pauvre Tommi Nikkilä sortit derrière sa cage récupérer un palet jeté au fond par Laurent Gras. Il se prit les patins et la crosse dans le tapis de glace Megèvan et laissa filer la rondelle au plus grand plaisir de Loïc Sadoun et Benoît Bachelet qui récupérèrent et accompagnèrent le palet gagnant dans le but vide de tout rempart (4-3 à 52'12). Ensuite, les joueurs du coach Jarmo Kauppi n'exploitaient pas une pénalité contre l'équipe de France qui résistait bien en accordant qu'un seul lancer cadré (55'10). Plus tard, les coéquipiers de Samuli Suhonen aidaient les Bleus à conserver le gain du match. En effet, ils devaient jouer à un de moins, ce qui rendit la tâche plus aisée aux Français même si l'infortuné Tommi Nikkilä sortit après un temps mort pour être remplacé par un attaquant supplémentaire qui ne se montrait pas fructueux.

Les Français ont obtenu une belle victoire car, il ne faut pas s'y tromper, les Finlandais ont joué pour gagner. L'accablement du gardien Tommi Nikkilä pendant la cérémonie de clôture aura convaincu les plus sceptiques. Une victoire exhaustive car les Bleus ont été bons dans les phases collectives caractéristiques du hockey. Efficaces, enfin, en jeu de puissance. Compte tenu de l'opposition technique, ils ont bien résisté aussi en infériorité. Certains joueurs ont pris leurs responsabilités. La défense a été solidaire même si elle fut en difficulté pendant les trente premières minutes, pendant lesquelles Fabrice Lhenry à éviter le pire à trois reprises. Le coaching aussi a été excellent. Heikki Leime seul aux manettes a dû faire face à l'absence de son huitième défenseur et à celles épisodiques de Jonathan Zwikel et Anthony Mortas touchés pendant la partie. Pendant le dernier tiers, le coach changeait la composition de ses blocs (duos défensifs et trios offensifs) à chaque ronde et sans commettre la moindre faute (surnombre ou infériorité).

Individuellement, les gardiens ont bien tenu leurs rôles surtout Fabrice Lhenry qui a été plus en mesure de montrer ses qualités face à deux adversaires tranchants. Patrick Rolland a fait du bon boulot devant la Russie B, mais il faut reconnaître qu'il n'a pas pu prouver toute sa valeur devant le manque d'envergure des assauts russes, à moins que ce soit sa défense qui ait mieux joué ce jour-là ? En défense justement, Vincent Bachet après un match très difficile contre la Pologne, s'est parfaitement repris ensuite pour être, sur ce tournoi, un des meilleurs Français derrière même s'il a été aussi le plus pénalisé. Jean-François Bonnard a eu un bon rendement, essayant de colmater les nombreuses brèches d'une quatrième ligne parfois (trop) souvent dépassée. L'arrière grenoblois pourrait être sûrement plus utilisé en jeu de puissance à l'instar de son but égalisateur contre la Finlande. Allan Carriou a réduit ses pénalités et prend petit à petit ses responsabilités comme en témoigne son but contre la Russie. Nicolas Pousset n'a pas été récompensé des ses apports offensifs contre la Russie, du coup on ne peut pas oublier ses passages en prison. Simon Bachelet a été sobre en défense. Lilian Prunet, Mathieu Mille et Karl Dewolf ont eu parfois beaucoup de difficultés individuelles mais ils ont toujours combattu avec solidarité, les deux derniers permettant un bon épanouissement de leurs trios offensifs. Devant, deux trinômes se sont montrés efficaces et plus complémentaires. Celui de Laurent Gras (Avec Aimonetto et B. Bachelet), encore un des meilleurs en Bleus. Et celui d'Arnaud Briand (aux cotés de Dostal et F. Rozenthal) au coup d'œil aussi indispensable à cinq contre cinq qu'en jeu de puissance. Plus individuellement, outre Laurent Gras et Arnaud Briand que l'on vient d'évoquer, Benoît Bachelet a été l'attaquant le plus attiré vers le but avec un rendement élevé. Richard Aimonetto a été opportuniste mais s'est pas montré assez incisif. David Dostal a été régulier et s'est montré un joueur très utile, sachant s'ouvrir le chemin du but. Jonathan Zwikel a été un bon et parfois très bon animateur de jeu à cinq contre cinq mais n'a pas eu de réussite dans ses lancers. Le joueur de centre a parfois été trop altruiste envers Maurice Rozenthal, lui assez décevant. Ne faisant pas les bons choix, l'ailier de Björklöven, tant magnifié, n'a pas été le buteur escompté. Un peu, mais à un degré moindre, comme son frère François Rozenthal. Néanmoins, tous ont fait preuve, d'envie, de solidarité, de caractère et de bravoure à l'image des frères Sadoun et du petit nouveau Nicolas Antonoff.

Compte-rendu signé Thierry Frechon

 

France - Finlande Mestis 4-3 (1-2, 2-1, 1-0)
Dimanche 29 décembre 2002 à 20h45 à la patinoire de Megève. 3000 spectateurs.
Arbitrage de Stéphane Rochette (CAN) assisté de Matthieu Barbez et Damien Velay (FRA).
Pénalités : France 10' (4', 2', 4') ; Finlande Mestis 6' (2', 2', 2').
Tirs : France 23 (9, 5, 9) ; Finlande Mestis 23 (10, 8, 5).
Arrêts : Lhenry 20/23 (87%) ; Nikkilä 19/23 (83%).

Évolution du score :
0-1 à 02'14" : Kuusisto assisté de Järvinen (sup. num.)
0-2 à 11'49" : Hytönen assisté de Hilden et Suhonen
1-2 à 16'27" : Gras assisté de Bonnard et Lhenry (sup. num.)
1-3 à 21'15" : Kaartinen assisté de Kiiski et Löfman (sup. num.)
2-3 à 32'06" : B. Bachelet assisté de Gras et Aimonetto
3-3 à 38'33" : Bonnard assisté de Briand et Dostal (sup. num.)
4-3 à 52'12" : B. Bachelet assisté de L. Sadoun et Gras

 

France

Attaquants :
Benoît Bachelet (A, 2') - Laurent Gras - Richard Aimonetto
Brice Chauvel - Jonathan Zwikel (2') - Maurice Rozenthal
François Rozenthal - Arnaud Briand (C) - David Dostal
Loïc Sadoun - Anthony Mortas - Nicolas Antonoff
Yven Sadoun

Défenseurs :
Vincent Bachet (A, 2') - Lilian Prunet
Allan Carriou (2') - Nicolas Pousset (2')
Karl Dewolf - [Bachet]
Jean-François Bonnard - Simon Bachelet

Gardien :
Fabrice Lhenry

Remplaçant : Patrick Rolland (G). Absent : Mathieu Mille.

Finlande Mestis

Attaquants :
Olli Sipiläinen - Juha-Pekka Hytönen - Niko Kantelinen
Sami Kaartinen - Petteri Linnonmaa - Heikki Löfman
Miikka Jäske (A) - Juha-Pekka Loikas - Toni Mustonen
Tuukka Pulliainen - Antti Hilden (2') - Jarno Niinimäki (4')

Défenseurs :
Pasi Järvinen - Pasi Kuusisto (A)
Jonni Kiiski - Matias Schantz
Kimmo Pikkarainen - Mikko Pukka
Samuli Suhonen (C) - Mikko Saavinen

Gardien :
Tommi Nikkilä

Remplaçant : Håkan Danielsson (G).

 

Retour aux matches internationaux