CSKA Moscou - Lada Togliatti (21 février 2004)

 

Match comptant pour la cinquante-cinquième journée de la Superliga russe 2003/04.

Et hop ! On enchaîne ! Pour aller du Spartak au CSKA, prendre la ligne de métro rouge numéro 1 à la station "Sokolniki", puis correspondance pour la ligne circulaire, marron, numéro 5, à "Komsomolskaya", descendre à "Bielorusskaya" puis prendre la ligne verte et s'arrêter à la station "Aeroport". Dix minutes de marche à pied et vous êtes au palais des sports du CSKA. Vous avez suivi ? Bon, on y va...

Tout d'abord, une précision. Ne jamais dire : "vodka, je ne boirais plus de ta petite eau..." Après l'après-midi sieste de la dernière venue du Lada Togliatti à Moscou, contre le Dynamo, je m'étais bien promis de ne plus jamais allé voir "jouer" cette équipe ultra-défensive. Et puis, en regardant le calendrier, je me suis aperçu qu'il ne restait que deux matches que je pouvais espérer voir cette saison au CSKA, donc... me revoilà à ma place dans la tribune B. Toujours en face du banc du CSKA, avec Viktor dans ma ligne de mire !

Un match qui s'annonce très difficile pour les Moscovites, toujours enterrés vivants à la dixième place et déjà battus trois fois cette saison par le Lada. Une équipe moscovite qui ne possède plus dans ses rangs son renfort estampillé "LNH", Sergueï Berezine. Arrivé au cśur de l'hiver, le massif attaquant qui a passé près de neuf saisons en LNH (Toronto, Montréal, Phśnix, Chicago et Washington) est reparti outre-Atlantique, officiellement pour des problèmes familiaux. Ce qui expliquerait ce passage proche de la Bérézina pour Bérézine avec un seul but en seize matches. Mais on devrait revoir Bérézine en Russie l'an prochain, puisqu'il est déjà annoncé... au Lada ! Tiens donc !

Des joueurs de Togliatti qui eux ne connaissent pas tant de soucis, ils sont seconds à un petit point seulement du leader, le Metallurg de Magnitogorsk. À signaler, une originalité dans ce match, la présence dans les deux cages de deux gardiens tchèques. Jirí Trvaj (ex-Vítkovice) dans celle du Lada, il est arrivé cet hiver en remplacement du Québécois Jean-François Labbé retourné chez lui après la naissance de jumeaux et évidement Dušan Salfický (ex-Pardubice, comme Hašek !), comme d'habitude dans celle du CSKA.

C'est devant trois mille personnes, soit beaucoup moins que ces dernières semaines quand le CSKA avait encore des chances réelles de play-offs, que débute cette rencontre. Le Lada démarre le plus fort avec dès 01'50 de jeu un premier tir dangereux de Sergueï Sevostianov, mais Salfický veille au grain et sur sa cage par la même occasion. Malgré une belle occasion du défenseur tchèque du CSKA, Jan Hejda (04'25), c'est le Lada qui domine ce début de rencontre. Les joueurs de Piotr Vorobiev font même le siège de la défense moscovite. Tour à tour, à la septième minute, Alexandre Boutourline, le capitaine Alexandre Boïkov, puis Youri Boutsaev, soit la première ligne du Lada, sont très dangereux. Le CSKA est acculé et ne respire qu'à 08'41 sur la première pénalité du match, à l'encontre du défenseur de Togliatti Vladimir Malenkikh. L'excellente recrue hivernale du CSKA, Maxime Yakoutsenia, en profite pour placer un beau tir, mais Jiri Trvaj est à la parade. Une fois la prison terminée, le Lada reprend sa marche en avant (si, si...). Le jeu est deux fois plus rapide que plus tôt dans l'après-midi au Spartak, et Togliatti est particulièrement impressionnant.

Il faut un Dušan Salfický brillant pour éviter le pire aux militaires moscovites. D'ailleurs le public ne s'y trompe pas qui scande régulièrement des "Dušan Salfický" reconnaissants. Un fan plus enthousiaste lance d'ailleurs un vibrant "Dušan, t'es le meilleur !". Il faut préciser que Salfický est très communicatif avec le public, contrairement aux joueurs russes toujours très discrets dans leurs émotions, et qu'il est donc l'idole du CSKA. Il fait même des tours d'honneur, tout seul, après les victoires !

Mais cet après-midi, le tour d'honneur s'annonce mal, puisque même en supériorité numérique (dont un 5 contre 3 pendant dix-huit secondes à 15'28), le CSKA ne parvient pas à percer la muraille du Lada. Même un sublime slalom d'Andreï Razine (16'00) ne peut totalement déstabiliser l'arrière-garde adverse. 0-0 à la fin de la première période et l'on ne s'est même pas ennuyé...

Au retour sur la glace, les hommes de Viktor Tikhonov prennent vraiment les choses en crosse. Beau deux contre un (24'10) entre Andreï Razine et Sergueï Zolotov, mais malheureusement la passe de Razine n'arrive pas (quoi ? Pas possible ?!). Les efforts du CSKA ne sont pas récompensés et au milieu de cette domination, sur un palet mal dégagé par les Moscovites, le défenseur du Lada, Mikhaïl Balandine (non, ce n'est pas une marque de whisky...) ouvre le score en battant de près Salfický. Ce but a le don de mettre Viktor dans une colère noire... Il enguirlande le centre Alexeï Kolkounov pendant de longues secondes. À tel point que ce dernier en à marre, essaye de répondre dans un premier temps, puis lassé, va s'asseoir à l'autre bout du banc !

Ça va mal au CSKA, puisque le défenseur Andreï Moukhatchev prend deux minutes de prison. Il faut donc encore un arrêt brillant de Duuuuuušan Saaaalfický (29'40) pour éviter un but d'Oleg Belkine. En sortant de prison, Andreï Moukhatchev se retrouve en deux contre un, mais comme souvent chez les joueurs russes, il fait la passe de trop, au lieu de tenter sa chance (30'35).

Tiens, Viktor poursuit Kolkounov (30ème) jusqu'au bout du banc ! Il ne s'est toujours pas calmé, le mythe du hockey russe... Et il remet ça, le bougre (32ème). Cela fait pourtant cinq bonnes minutes de temps effectif que le but a été encaissé ! Cela me rappelle une déclaration de Tikhonov après un match où il affirmait que cela ne servait à rien, sauf à le perturber, d'engueuler un joueur ENTRE les tiers. J'ai compris ! Il faut donc le faire PENDANT le tiers !

Il faut dire que, sur la glace, cela ne s'arrange pas pour les militaires. Le centre kazakhstanais (pourtant excellent, je le conseille sur facture à m'importe quel club français... moyennant une somme certainement faramineuse) Dimitri Oupper rate une cage pratiquement ouverte (32'44). Pourtant, Dušan Salfický maintient son équipe la tête hors de l'eau avec encore une prouesse à 35'20. Et puis petit à petit, le CSKA s'éteint doucement et l'on se quitte à 0-1 à la seconde pause.

Nikolaï Pronine essaye bien de secouer le cocotier (un cocotier à Togliatti ?) avec un tir rageur en embuscade d'entrée de troisième tiers, mais la tactique d'étouffement du Lada est en train de faire son śuvre. Et il faut une nouvelle fois un Salfický ahurissant pour sauver l'armée russe : sauvetage devant un break de Rouslan Bernikov (46'15), ça revient, Dušan se couche, perd sa crosse, se relève, arrête un nouveau tir (46'41), récupère sa crosse, et renvoie un troisième tir (46'48), il n'oublie pas non plus d'apporter le café et l'addition, de passer la serpillière et d'éteindre la lumière. Dušan Salfický, le tchèque qui fait tout dans l'armée russe !

Mais ces exploits ne changent rien. Le CSKA n'arrive plus à passer. Le Lada a mis en place sa défense de fer avec ses trois joueurs en triangle devant la cage, même lorsque le jeu est en zone neutre. Le Lada est un boa constrictor qui étouffe sa proie lentement. C'est terrifiant. Comme contre le Dynamo, il ne se passe alors absolument plus rien sur la glace. Le CSKA est paralysé, ne sait plus comment s'y prendre et parfois, soudain, une flèche part à grande vitesse depuis la défense du Lada pour un contre mortel. Heureusement, Salfický est là... mais il ne peut pas marquer des buts ! À part un tir puissant mais pas cadré du défenseur Denis Kouliach (56'30), le CSKA n'est même plus dangereux. Le Lada le lui en empêche. En fait, il faut de la chance quand on assiste à un match du Lada. Il faut tout simplement espérer que les joueurs de Togliatti n'ouvrent pas le score rapidement. S'ils mènent, c'est fini, autant aller au bar directement et attendre la fin du match.

La sortie de Salfický à onze secondes de la fin ne change absolument rien. Le gros serpent de la Volga a fini par manger à l'étouffée le soldat moscovite. Un soldat qui se fait même remonter au classement par le Sibir Novossibirsk. Lundi, le CSKA reçoit le neuvième Oufa avec une obligation obligatoirement obligatoire de gagner, car le 23 février, c'est férié en Russie, c'est le "jour des défenseurs de la Patrie", en clair, c'est la fête de l'armée !

Ah oui, au fait, j'ai oublié de préciser que Dušan Salfický a été élu meilleur joueur du match... L'oreiller d'or de la meilleure sieste du spectateur a été accordé à l'unanimité à Piotr Vorobiev, l'entraîneur du Lada, pour l'ensemble de son śuvre.

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

CSKA Moscou - Lada Togliatti 0-1 (0-0, 0-1, 0-0)

Samedi 21 février 2004 à 17h00 au Palais des sports de glace du CSKA. 3000 spectateurs.

Arbitrage de M. Sidorov (Chelyabinsk) assisté de MM. Kalinin et Aleshin (Saint-Pétersbourg)

Pénalités : CSKA Moscou 2', Lada Togliatti 6'.

Évolution du score :

0-1 à 27'55" : Balandin assisté de Buturlin et Butsaïev

 

CSKA Moscou

Gardien : Dušan Salfický (TCH), sorti de sa cage à 59'49".

Défenseurs : Andreï Mukhachev - Nikolaï Semin ; Jan Hejda (TCH) - Vadim Khomitsky ; Alekseï Danilov - Denis Kuliash ; Martin Richter (TCH) - Dmitri Kosmachev.

Attaquants : Sergueï Zolotov - Andreï Razin - Dmitri Chernikh ; Anton Dubinin - Dmitri Upper (KAZ) - Nikolaï Pronin (c) ; Sergueï Moziakin - Igor Emeleïev - Maksim Iakutsenia ; Sergueï Anchakov - Alekseï Kolkunov -Denis Parshin.

Gardien remplaçant : Maksim Mikhaïlovsky.

Lada Togliatti

Gardien : Jirí Trvaj (TCH).

Défenseurs : Ladislav Cierny (SVK) - Mikhaïl Balandin ; Maksim Semenov (KAZ) - Vladimir Malenkikh ; Aleksandr Titov - Maksim Kondratiev ; Andreï Essipov - Filip Metlyuk.

Attaquants : Yuri Butsaïev - Aleksandr Buturlin - Aleksandr Boïkov (c) ; Ilia Vorobiev - Aleksandr Skugarev - Oleg Belkin ; Stanislav Zhmakin - Sergueï Sevostianov - Mikhaïl Sevostianov ; Ruslan Bernikov - Dmitri Kazionov - Iakov Rachinski.

Gardien remplaçant : Vassili Koshechkin.

 

Retour au championnat de Russie