Quart de finale de la Superliga russe, quatrième manche.

Conclure à la maison. Tel est le but du club de la capitale tatare, l'Ak Bars Kazan, en recevant pour le deuxième jour consécutif le club sibérien du Metallurg Novokouznetsk. Les Tatars mènent cette série deux victoires à une. Ils avaient remporté la première manche en Sibérie 1-0, avant de s'incliner le lendemain 6-2 et de remporter le premier match hier à Kazan, 4-3.

Le Metallurg de Novokouznetsk, c'est - avec les autres Tatars de Nijnekamsk - l'invité-surprise de ces quarts, puisque l'an passé les Rouges et Noirs ne s'étaient pas qualifiés pour les play-offs en échouant à la neuvième place de la saison régulière. Cette année, pas de déception pour les Sibériens qui se sont qualifiés en quatrième position, juste devant leurs adversaires tatars, qui bénéficient pourtant de l'un des plus gros budgets de la Superliga et de l'expérience de l'entraîneur tchèque Vladimir Vujtek, champion en titre avec le Lokomotiv de Iaroslavl.

Une rencontre sous le signe de "l'énergie" puisque le Tatarstan tire sa richesse du pétrole et Novokouznetsk est un riche bassin houiller. Une fois les deux hymnes joués (à Kazan, avant les matches, on joue l'hymne russe mais également l'hymne du Tatarstan), place au jeu...

Un début de match plutôt tendu avec une première pénalité dès le deuxième minute pour le défenseur tchèque de Novokouznetsk Angel Nikolov. Une minute plus tard, le banc des prisons a de nouveau de la visite avec un joueur de chaque côté, l'autre défenseur tchèque Jiri Marusak et l'attaquant tatar Alexandre Drozdetsky. Juste trois secondes à quatre contre trois et Ak Bars ouvre la marque par l'international bélarussien Vladimir Tsyplakov. Cela s'appelle profiter de la première opportunité !

Mais cela ne calme pas les esprits. Vingt secondes après ce but, deux nouveaux joueurs se retrouvent en prison. Encore un de chaque côté : Dimitri Loguinov et Nikolaï Kourotchkine. Faudrait se calmer messieurs. Le Metallurg Novokouznetsk prend alors les choses en main, avec à 05'24, un break du Bélarussien du Metallurg, Dimitri Pankov (Pankau en bélarusien...) est bien arrêté par le gardien tatar Andreï Tsarev. Cela donne le coup d'envoi d'une belle domination des visiteurs. Le Metallurg joue bien et campe dans la zone défensive d'Ak Bars avec des actions dangereuses pour Nikolaï Kourotchkine et Denis Tiourine à la septième minute.

Une minute plus tard, les "bonnes" habitudes reprennent avec un joueur de chaque côté en prison : le local Denis Platonov et le visiteur Dimitri Parkhomenko. Cela n'empêche pas le Metallurg de poursuivre sa domination. Mais l'excellent Andreï Tsarev veille dans sa cage en se couchant sur une belle tentative d'Andreï Ptcheliakov. Malheureusement pour Novokouznetsk, les Sibériens font des fautes quand il ne faut pas. C'est le cas à la dixième minute pour le Kazakhstanais Viktor Alexandrov. Et une nouvelle fois, Kazan en profite rapidement ; une fois encore par sa première ligne. Trente secondes de supériorité, et sur un rebond, Vadim Epantchitsev double la mise, une fois encore après un superbe travail préparatoire de Vladimir Tsyplakov.

Le Metallurg repart à l'assaut, mais d'une manière un peu trop désordonnée. Il ne profite même pas de ses supériorités numériques. Dimitri Loguinov est sanctionné à la douzième minute, mais c'est son coéquipier Alexandre Tcherbaiev qui part en contre. Il se heurte au gardien kazakhstanais de Novokouznetsk, Vadim Tarassov, et à son casque arborant une chauve-souris. Un Tarassov qui fait des merveilles avec deux arrêts consécutifs très spectaculaires à la quinzième minute.

Et puis Zinoviev part en prison, pas pour déviationnisme de droite, mais pour une charge dans le dos ! Nous ne sommes pas dans les années trente et l'arbitre ne s'appelle pas Staline... Ceux qui n'ont pas compris l'allusion doivent immédiatement se plonger dans un manuel d'histoire de l'URSS...

La domination des Sibériens est très forte, mais Kazan attend la fin de la prison, et hop ! Le Tatar Rouslan Nourtdinov s'échappe et loge le palet sous la barre de Vadim Tarassov (3-0). Difficile d'être plus déçu pour le Metallurg. Les Sibériens ont dominé, mais ils ont pris des prisons à chaque fois au pire moment, alors que les Tatars ont été d'une efficacité absolue. Du grand art !

Et le Metallurg reprend sa marche en avant. Il faut, une fois encore, un Tsarev impérial (ouaf !) pour sauver son équipe dès la première minute du deuxième tiers. Bis repetita vingt secondes plus tard sur un beau tir de Dimitri Pankov. À force de rater des occasions, Novokouznetsk se mord les doigts lorsque Kazan inscrit un magnifique quatrième but. Les locaux partent de derrière leur cage, remontent toute la glace avec au final une belle passe dans l'axe du Canadien Dave Nemirovsky pour Denis Platonov qui sans contrôle reprend la rondelle qui finit dans la cage sibérienne... Difficile d'être plus simple et efficace. En revanche, c'est très dur pour Novokouznetsk qui voit la qualification s'éloigner.

Et comme le Metallurg cherche la difficulté, le junior Sergueï Tchoubykine part en prison juste après ce but. Heureusement, pour eux, les Sibériens ne restent pas longtemps en infériorité numérique puisque c'est encore Zinoviev qui part en prison (il va mal finir, à force...). Mais décidément, le Metallurg les accumule (les bêtises) puisque son capitaine Nikolaï Kourotchkine part à son tour en prison. Mais cela ne désespère pas les Rouges et Noirs. Denis Tiourine feinte la passe en deux contre deux, puis décoche un violent tir pour, enfin, l'ouverture du score pour les visiteurs (31'24). Eh bien, il était temps ! C'est au tour de Kazan de prendre une prison au moment où il ne faudrait pourtant pas. Juste après ce but, le Tchèque naturalisé allemand Jan Benda est pénalisé. Les Sibériens mettent le turbo, c'est très chaud, Novokouznetsk joue vraiment très bien, mais la défense de Kazan s'en sort parfaitement... jusqu'à un certain moment.

Le défenseur tchèque Jiri Marusak lance son attaquant Alexeï Medvedev dont le tir à hauteur du point d'engagement gauche fait mouche. 4-2 (36'08), c'est franchement justice ! Et le Metallurg continue ! Il enchaîne plusieurs tirs très dangereux, mais Andreï Tsarev est vraiment en grande forme cet après-midi.

Deux buts d'avance pour Kazan à l'amorce de la dernière période. C'est chaud ! Sauf que, surprise, le Metallurg ne poursuit pas sur sa lancée et ne pousse plus aussi fort que durant les deux premières périodes. Peut-être la fatigue. En tout cas, le jeu devient beaucoup plus équilibré. Ak Bars semble vouloir contrôler la situation. Même durant la prison infligée au défenseur tchèque sibérien Jiri Marusak, Kazan ne presse pas trop. En plus, Tarassov veille dans la cage du Metallurg.

Un Metallurg qui cependant joue moins bien désormais, n'ayant plus assez de jus pour remettre la pression. Kazan se contente donc d'attendre. Même deux supériorités à la mi-tiers ne permettent pas à Novokouznetsk de remettre les gaz... Pire, les Sibériens retrouvent leur manie de prendre des fautes au pire moment. Mikhaïl Tchernov part en prison (51'52) alors que ses coéquipiers étaient pourtant en supériorité (Tsyplakov), puis Lapine en fait une (désolé...) juste après et met son équipe en double infériorité, dès que la prison de Tsyplakov est terminée. Avouez que le Metallurg aime la difficulté.

Du coup, Kazan attend tranquille que le temps passe. L'entraîneur du Metallurg, Nikolaï Soloviev, doit vite trouver quelque chose, sinon... Il demande un temps mort à 56'25 et sort son gardien. Mais Vadim Tarassov revient bien vite vingt-cinq secondes plus tard dans sa cage, avant de ressortir à 58'07... pour voir son équipe encaisser un cinquième but dans la cage vide par Vladimir Tsyplakov (deux buts et une assistance cet après-midi).

5-2, c'est fini, à force de courir après le score, le Metallurg a fini par s'épuiser. Mais cette équipe qui est nouvelle en élite et qui participait à ses premiers play-offs a de l'avenir. Elle développe un très beau jeu et devrait certainement être à surveiller dans les années à venir.

Voilà donc l'Ak Bars Kazan qui rejoint en demi-finale deux autres "gros" déjà qualifiés trois manches à zéro : le Lada Togliatti (qualifié grâce à un but en mort subite chez le double champion en titre, le Lokomotiv Yaroslavl, qui a raté un tir de pénalité...) et l'Avangard Omsk. Quand au leader de la saison régulière, le Metallurg Magnitogorsk, il est englué deux manches partout dans sa série contre l'autre club tatar de la Superliga, le Neftekhimik Nijnekamsk, qui s'est imposé cet après-midi à domicile 3-2. Un résultat tatar salué par des tonnerres d'applaudissements dans la patinoire de Kazan, comme quoi, le Tatarstan passe avant la notion de derby !

Compte-rendu signé Bruno Cadène

Commentaire d'après-match

Nikolaï Soloviev (entraîneur de Novokuznetsk) : "J'espère que les personnes présentes ici connaissent la beauté du hockey et ont suivi attentivement l'opposition entre nos deux équipes. Ils ont vu que nous avons tout à fait notre place parmi les huit meilleures équipes russes et que nous avons mérité notre qualification en play-offs. Les blessures de nos gardiens [Tarasov a une vieille douleur qui s'est réveillée, et Shabanov, titularisé hier pour le ménager, avait dû sortir au bout de huit minutes blessé au coude] ont affecté l'équipe."

AK Bars Kazan - Metallurg Novokouznetsk 5-2 (3-0, 1-2, 1-0)

Dimanche 21 mars 2004 à 17h00 au Palais des Sports de Kazan. 3800 spectateurs.

Arbitrage de M. Cherenkov assisté de MM. Khimich et Filanov (tous de Moscou).

Pénalités : Kazan 20', Novokouznetsk 22'.

Tirs : Kazan 18 (10, 5, 3), Novokouznetsk 22 (9, 8, 5).

Évolution du score :

1-0 à 03'03" : Tsyplakov assisté d'Epanchintsev

2-0 à 10'37" : Epanchintsev assisté de Tsyplakov (sup. num.)

3-0 à 19'01" : Nurtdinov assisté d'Erofeïev et Zinoviev

4-0 à 24'25" : Platonov assisté de Nemirovsky

4-1 à 31'24" : Tyurin assisté de Parkhomenko (inf. num.)

4-2 à 36'08" : Medvedev assisté de Marusak

5-2 à 58'17" : Tsyplakov assisté de Cherbaïev et Epanchintsev (cage vide)

Gardien : Andreï Tsarev.

Défenseurs : Dmitri Bykov - Robert Kantor (TCH) ; Dmitri Balmin - Denis Denisov ; Dmitri Erofeïev - Vitali Proshkin ; Konstantin Korneïev - Vitali Turkovsky.

Attaquants : Aleksandr Cherbaïev - Vadim Epanchintsev - Vladimir Tsyplakov (BLR) ; Denis Platonov - Sergueï Zinoviev - David Nemirovsky (CAN) ; Aleksandr Drozdetsky - Sergueï Korolev - Ruslan Nurtdinov ; Denis Zapirov - Jan Benda (ALL) - Dmitri Loguinov.

Gardien remplaçant : Zdenek Orct (TCH).

Gardien : Vadim Tarasov (KAZ) (sorti de sa cage de 56'25" à 56'50" et de 58'07" à 58'17").

Défenseurs : Dmitri Parkhomenko - Mikhaïl Chernov ; Evgueni Pupkov - Evgueni Steiger ; Jiri Marusak (TCH) - Angel Nikolov (TCH) ; Vitali Novopashin (KAZ) - Andreï Evstafiov.

Attaquants : Nikolaï Kurochkin - Sergueï Moskalev - Sergueï Kutiavin ; Valeri Khlebnikov - Evgueni Lapin - Denis Tyurin ; Dmitri Pankov (BLR) - Alekseï Medvedev - Sergueï Shalamaï ; Viktor Aleksandrov (KAZ) - Andreï Pcheliakov - Sergueï Chubykin.

Gardien remplaçant : Sergueï Shabanov (BLR).

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