Metallurg Magnitogorsk - Neftekhimik Nijnekamsk (23 mars 2004)

 

Quart de finale de la Superliga russe, cinquième manche.

Ne pas faire une "Pardubice". C'est la hantise du Metallurg Magnitogorsk en recevant cet après-midi le Neftekhimik de Nijnekamsk. En clair, ne pas imiter le club tchèque numéro 1 de la saison régulière et éliminé d'entrée de play-offs par le huitième qualifié. Or, c'est ce qui pend au nez des Ouraliens, vainqueur de la première phase et bousculé dans ces quarts de finale par l'invité surprise venu du Tatarstan. Les joueurs de Magnitogorsk avaient pourtant on ne peut mieux débuter la série en remportant (difficilement) leurs deux premiers matches à domicile : 1-0 en mort subite, puis 2-1. Mais ils se sont effondrés lors de leur voyage au Tatarstan (les sangliers n'étaient pas frais ?) en se faisant remonter à deux manches partout : 3-0 et 3-2 !

Le Neftekhimik est vraiment la révélation de la saison. Douzièmes seulement l'an passé, les Tatars se sont qualifiés pour les quarts de finale. Une qualification logique en plus, puisque les Bleus et Blancs ont été dans la première partie du tableau durant toute la saison régulière.

Un match qui fleure le bon air, puisque le Metallurg est le club du plus grand combinat russe de métallurgie et le Neftekhimik est un club de l'industrie pétrochimique. Hmm, on respire à pleins poumons...

Ce sont les "Pétrochimiqueurs" tatars qui ont le plus de souffle en tout début de rencontre, puisque dans la première minute, le gardien canadien du Metallurg, Norm Maracle, est mis deux fois à contribution. Il faut attendre 01'13 pour voir le premier tir des Ouraliens par l'intermédiaire de l'attaquant Alexeï Kaïgorodov. Les cinq premières minutes de jeu sont très intenses, sans pratiquement d'arrêts de jeu avec une domination des visiteurs, avec par exemple une bonne occasion de près pour l'attaquant Alexeï Simakov.

Le premier tournant intervient à 06'25 lorsqu'Oleg Khmyl, le défenseur bélarussien du Neftekhimik, envoie dans le décor l'attaquant slovaque Andrej Nedorost au moment où ce dernier allait dribler le gardien tatar Sergueï Zviaguine. Les locaux profitent de cette supériorité pour prendre le contrôle du match. Ils font tourner très rapidement le palet dans leur zone d'attaque. S'ensuit une belle période de domination de Magnitogorsk avec un beau tir du revers d'Alexeï Kaïgorodov, puis la patinoire croit au but lorsque le gardien tatar s'affale dans sa cage (avec le palet ?) sur une belle tentative en coin de l'attaquant international kazakhstanais Alexandre Korechkov. Mais l'arbitre, bien placé, ne valide pas le but (9'50). Le Metallurg presse alors très fort, poussé par son chaud public.

Cet élan est brisé sur une faute grave, visiblement pas volontaire, de l'attaquant local Dimitri Pestounov à 12'45. Lors d'une charge dans la bande, il heurte avec sa crosse le visage d'Oleg Khmyl. Se dernier, en sang, s'effondre sur la glace. Monsieur Tsyplakov n'hésite pas : cinq plus vingt, Pestounov rentre aux vestiaires. Pas de discussions, personne ne râle, en Russie, les décisions de l'arbitre sont toujours respectées. Le Neftekhimik a donc cinq minutes devant lui pour marquer. Durant les trois premières minutes, la défense du Metallurg et son gardien maîtrisent parfaitement la situation, et puis à 16'02, idéalement placé derrière la cage, Maxime Kraev envoie une passe au laser à Alexeï Simakov, totalement décalé, qui n'a plus qu'à pousser le palet dans la cage ouverte (0-1). Le Metallurg attend la fin de la prison pour reprendre sa domination, en particulier sur un tir en coin dangereux d'Alexandre Korechkov (18'31), et le tiers se termine sur cet avantage d'un but en faveur des visiteurs... qui sont donc sur le chemin de la surprise !

Au retour sur la glace, Magnitogorsk se rue à l'attaque, le Neftekhimik se dégage, mais Magnitka repart immédiatement depuis sa zone de défense, avec une accélération sur l'aile gauche en entrée de zone offensive d'Edouard Koudermetov qui égalise d'un tir dans un angle totalement fermée. Un but magnifique qui laisse Sergueï Zviaguine sans voix... On ne joue dans le deuxième tiers que depuis quarante-six secondes.

Nijnekamsk est dépassé, le défenseur Nikolaï Voevodine part en prison (22'37), il a arraché le casque d'Alexeï Kaïgorodov lorsque celui-ci l'a débordé. Les visiteurs résistent tant bien que mal en infériorité, mais comme souvent en pareil cas, craquent juste après. Une flèche ouralienne file une nouvelle fois vers le but. Il s'agit d'Evgueni Gladskikh, qui trébuche lors de son dribble sur le dernier défenseur, mais tout en plongeant sur la glace, il arme son tir... qui fait mouche. Encore un but spectaculaire (25'10) qui permet à Magnitogorsk de prendre l'avantage (2-1).

Et Magnitka pousse encore et toujours... et ça marche. L'un des frères Korechkov venus du Kazakhstan, Evgueni en l'occurrence, décoche un missile de loin, qui laisse de marbre Sergueï Zviaguine : 3-1 à 27'35. Il faut faire quelque chose du côté du Neftekhimik, L'entraîneur Vladimir Krikounov, choisit de changer son gardien. Zviaguine, plutôt absent sur les trois buts, cède sa place à Ilidar Moukhometov.

Le Neftekhimik a l'occasion de reprendre la main lorsque le défenseur ouralien Oleg Davydov part en prison (28'30) pour une crosse beaucoup trop haute, mais Nijnekamsk n'est pas dangereux, comme un ressort de cassé chez les Tatars. Surtout que juste après (32'12), Dimitri Nabokov, l'attaquant visiteur, laisse traîner sa crosse dans les patins d'un adversaire (tss, c'est pas bien, il ne faut jamais laisser traîner ses affaires...) et part donc se reposer deux minutes. La seconde moitié de ce tiers se déroule donc tranquillement avec une équipe de Magnitka qui contrôle le jeu et fait tourner le palet et une équipe de Nijnekamsk qui semble encore sous le choc. Pour faire passer le temps, la mascotte du Metallurg (un renard) tape dans ses mains pour entraîner le public vers la joie et le bonheur...

Au début du dernier tiers-temps, le Neftekhimik tente de remettre un peu les gaz, mais le Metallurg presse très haut et lorsque les visiteurs parviennent à passer quand même, Norm Maracle répond présent. Et puis, petit à petit, Nijnekamsk baisse de nouveau le rythme et les locaux en profitent. Suite à une pénalité infligée au Bélarussien Mikhaïl Grabovsky (46'12), le Metallurg aggrave la marque (46'29) grâce à Sergueï Arakaev qui, du revers loge la rondelle entre les jambières d'Ilidar Moukhometov pour le but du 4-1.

On pense que tout est fini, mais à quatre minutes de la fin du match, le Neftekhimik recolle au score grâce une fois encore à Alexeï Simakov, qui part tout seul de sa zone, prend de vitesse la défense de l'Oural et bat Maracle de près pour la deuxième fois de l'après-midi. Le Metallurg se met en danger en prenant une prison par Sergueï Piskounov (52'48). C'est donc le moment ! Mais c'est surtout celui "choisi" par Norm Maracle pour sortir une mitaine de rêve à 53'30, qui sauve son équipe.

Après cela, le Metallurg contrôle la fin de rencontre, le Neftekhimik est incapable d'accélérer. Les deux entraîneurs demandent chacun un temps mort, le Tchèque de Magnitogorsk Marek Sykora à 57'04 et Vladimir Krikounov à six secondes de la fin pour faire sortir son gardien. Mais il y a longtemps que tout a été dit dans ce quart de finale et Magnitka s'impose dans la cinquième manche 4-2. Pas d'effet Pardubice dans l'Oural...

Voilà donc le Neftekhimik éliminé la tête haute. Mais comme l'autre surprise de la saison, le Metallurg Novokouznetsk, on devrait retrouver les Tatars au plus haut niveau la saison prochaine.

Ouf, fait Magnitka qui rejoint ainsi les trois autres poids lourds du hockey russe en demi : Lada, Avangard et Ak Bars. Avec un seul but : virer le Lada Togliatti. Les demi-finales verront donc le Metallurg Magnitogorsk retrouver d'autres tatars, ceux de Kazan pour une demi-finale 100% entraîneurs tchèques, alors que le "pauvre" (pas financièrement, je vous rassure...) Avangard Omsk en sera réduit à se casser les dents contre le Lada Togliatti.

D'ailleurs, il n'y a pas que moi que la défense en béton ultra-armé du Lada "agace". Le quotidien Sport Express a titré après la qualification du Lada pour les demi-finales : "À Togliatti, on peut de nouveau aller au cinéma !" Sous entendu, dans les salles obscures, on ne risque pas autant de s'ennuyer qu'à la patinoire ! Quand à l'entraîneur du Lokomotiv Iaroslavl, éliminé par le Lada, il a affirmé dépité que de toute façon, son équipe était plus forte et qu'elle savait jouer au hockey ! Belle ambiance ! Surtout que Vorobiev a déclaré qu'il resterait encore deux ans au Lada. Oh putain, deux ans !!

Meilleurs joueurs du match selon Sport-Express : 1 Gladskikh (Magnitogorsk), 2 Simakov (Nijnekamsk), 3 Kudermetov (Magnitogorsk).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Commentaire d'après-match

Marek Sikora (entraîneur de Magnitogorsk) : "Avant ce match, pour être franc, je craignais devoir être bientôt déjà en vacances en République tchèque. Mais il n'est vraiment pas souhaitable de terminer la saison aussi tôt. Nos joueurs étaient nerveux, ils avaient espéré gagner au moins une des rencontres à l'extérieur. Nous n'avons aligné que six défenseurs car nos attaquants, surtout les leaders, ont presque cessé de marquer. Nous avons donc mis un treizième attaquant pour créer une petite compétition sur le banc des avants. Le moment décisif a été le but de Kudermetov dans les premières secondes de la deuxième période. Après cela, notre équipe a réussi une tiers-temps exceptionnel et s'est créé deux buts d'avance. Nous avons pu ensuite gérer tranquillement la victoire."

 

Metallurg Magnitogorsk - Neftekhimik Nijnekamsk 4-2 (0-1, 3-0, 1-1)

Mardi 23 mars 2004 à 16h30 au palais des sports de glace Ivan-Romazan. 3500 spectateurs.

Arbitrage de M. Tsyplakov (Saint-Pétersbourg) assisté de MM. Shchelianin et Makarov (Moscou).

Pénalités : Magnitogorsk 6'+5'+20', Nijnekamsk 10'.

Tirs : Magnitogorsk 30 (11, 13, 6), Nijnekamsk 33 (12, 10, 11).

Évolution du score :

0-1 à 16'02" : Simakov assisté de Kraïev (sup. num.)

1-1 à 20'46" : Kudermetov assisté de Sokolov et Vaic

2-1 à 25'10" : Gladskikh assisté d'Atyushov et Varlamov

3-1 à 27'35" : E. Koreshkov assisté de Tertyshnyi

4-1 à 46'29" : Arekaïev assisté de Klimentiev et Atyushov (sup. num.)

4-2 à 46'48" : Simakov assisté de Sokolov

 

Metallurg Magnitogorsk

Gardien : Norm Maracle (CAN).

Défenseurs : Nikolaï Ignatov - Vitali Atyushov ; Oleg Davydov - Sergueï Klimentiev (UKR) ; Evgueni Varlamov - Andrei Sokolov.

Attaquants : Sergueï Arekaïev - Andrej Nedorost (SVK) - Aleksei Kaïgorodov ; Dmitri Pestunov [puis Evgueni Glaskykh à 12'45"] - Ravil Gusmanov - Aleksandr Koreshkov (KAZ) ; Aleksei Tertyshny - Eduard Kudermetov - Lubomír Vaic (SVK) ; Evgueni Koreshkov (KAZ) - Valeri Karpov - Sergueï Ossipov.

Neftekhimik Nijnekamsk

Gardien : Sergueï Zviagin puis à 27'35" Ildar Mukhometov (sorti de sa cage à 59'54").

Défenseurs : Mikhaïl Voevodin - Denis Sokolov ; Maksim Galanov - Nikolaï Tsuligin ; Sergueï Peretiagin - Andreï Kruchinin ; Andreï Iakhanov - Oleg Khmyl (BLR).

Attaquants : Denis Metliuk - Dmitri Nabokov - Tero Lehterä (FIN) ; Alekseï Simakov - Maksim Ossipov - Sergueï Konkov ; Toivo Suursoo (EST) - Mikhaïl Grabovsky (BLR) - Vassili Smirnov ; Maksim Pestushko - Maksim Kraev - Rinat Kassianov.

 

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