Metallurg Magnitogorsk - AK Bars Kazan (26 mars 2004)

 

Demi-finale de la Superliga russe, première manche.

Avec le vent du boulet qui a sifflé à leurs oreilles avec une qualification en cinq matches contre les Tatars de Nijnekamsk en quarts de finale, comment les joueurs de Magnitogorsk vont-ils réagir en demi contre l'autre club tatar de Superliga, Ak Bars Kazan ? Et comment les joueurs de la capitale du Tatarstan vont-ils réussir à prendre la citadelle pratiquement imprenable du palais des sports Ivan Romazane où pas grand monde ne vient gagner, même pas Grenoble en EHL en 1999, c'est dire...

Ce sont les deux questions existentielles, donc angoissantes, qui agitent le spectateur avant ce choc. Et parmi les spectateurs, on note la présence de l'élégant Viktor Tikhonov, l'entraîneur de la Sbornaïa, la sélection nationale, venu dans l'Oural un calepin à la main. Soit il commence à rédiger ses mémoires, soit il prend des notes pour le mondial de Prague...

Un match choc avec six Tchèques, les deux entraîneurs - Marek Sikora pour les locaux et Vladimir Vujtek pour les visiteurs - et quatre joueurs - Martin Cech à Magnitogorsk, Zdenek Orct, Robert Kantor et Radek Duda à Kazan.

D'entrée de jeu, on comprend que le Magnitka a domicile, c'est encore et toujours une sacrée machine offensive. Les Ouraliens mettent la pression d'entrée avec une série d'actions dangereuses qui donnent le tournis à la défense de Kazan. Et l'on n'a pas franchi la barre des cinq premières minutes que le score est déjà ouvert, suite à un exploit individuel d'Alexeï Tertichnyï qui marque dans un angle très fermé (1-0 à 04'51).

Le rythme est un peu coupé par une pénalité de chaque côté à 05'38 pour le capitaine de Magnitka Valeri Karpov et le défenseur tchèque de Kazan Robert Kantor. Mais bien vite le jeu reprend de sa vitesse avec deux équipes qui pratiquent un jeu rapide, technique et surtout OFFENSIF, ce qui franchement fait plaisir à voir. Encore une prison de chaque côté à 13'06 entre l'excellent Evgueni Gladskikh, auteur d'un match parfait dans la cinquième manche des quarts contre le Neftekhimik, et le défenseur tatar Denis Denissov, mais jouer à quatre contre quatre n'empêche pas les attaques, au contraire.

Le Metallurg a ensuite une belle occasion de doubler la mise, lorsque Monsieur Boulanov envoie consécutivement deux joueurs de Kazan sur le banc des prisons : Dimitri Bykov à 16'43 et Sergueï Zinoviev (il y prend goût...) cinq secondes plus tard. Mais les Blancs, Bleus et Rouges, même s'ils s'installent dans leur zone offensive ne parviennent pas à trouver la faille. Pire, ils prennent à leur tour une prison à 18'33 pour Alexeï Kaïgorodov, ce qui permet en fin de tiers à Kazan de reprendre les choses en main, ou en crosse, comme vous voulez.

Décidément, le Metallurg aime bien mette une pression terrible d'entrée de tiers sur ses adversaires. Comme au premier tiers, les Ouraliens marquent un but aux alentours de la cinquième minute. Un but incroyable de la part d'Alexeï Kaïgorodov. Il part depuis sa zone de défense, accélère d'une manière fulgurante en entrée de zone offensive, réussit à mettre dans le vent deux défenseurs en passant entre eux, se présente devant Zdenek Orct avec le palet sur son revers, trouve le temps pendant qu'il contourne le gardien de mettre la rondelle de l'autre côté de sa palette et trompe le gardien dans l'angle opposé. Ahurissant ! Boja Ebermann faisait ce truc régulièrement ! (Pour les plus vieux d'entre vous, s'il en reste encore qui ont vu jouer Boja...)

2-0, et un joueur de Kazan (pas le moins bon d'ailleurs...), Vadim Epantchitsev, qui part juste après en prison (25'56) cela sent le roussi pour les Tatars. Le Metallurg pousse, mais ne passe pas (pas à tous les coups non plus...). Les locaux ont pourtant une sacrée force de frappe avec les frangins Korechkov, Gladskikh, Kaïgorodov ou encore l'irremplaçable Valeri Karpov. Mais en plus Magnitka possède un gardien incroyable. Le Canadien Norm Maracle fait des... (non je ne dirais pas "miracles", pff, c'est trop simple...) euh... des choses très belles... Enfin, il est déterminant durant ces play-offs. Et quand il est battu, il y a toujours un petit quelque chose pour garder sa cage inviolée. C'est le cas sur cette action immanquable à la 33eme minute, alors que Kazan est en supériorité suite à une prison infligée à Valeri Karpov. L'attaque d'Ak Bars réussit à faire sortir Norm Maracle devant sa cage. Il va être battu car son compatriote David Nemirovsky est en embuscade devant le poteau gauche. La cage est grande ouverte, le Canadien n'a plus qu'à pousser le palet dans le but. Ce qu'il fait avec joie... sauf que le défenseur Oleg Davydov se jette à plat ventre devant la cage en espérant un miracle (cette fois, c'est justifié...). Miracle qui se produit, son plongeon olympique détourne la rondelle au dessus de la cage ! Je ne sais pas si une seule fois dans sa vie, Nemirovsky a raté une occasion pareille ! Un truc dont il va se rappeler longtemps...

Cela coupe les pattes à Ak Bars (ce qui ce comprend) et le Metallurg reprend sa marche en avant... bien aidé derrière par sa défense "maraculeuse" (ben quoi, je peux quand même la faire une fois ? Non ? Bon...). Cela doit un petit peu "énerver" les visiteurs, car Alexandre Tcherbaïev prend un 2'+2' dont il aurait pu se passer (37'03), il commence par pousser dans le dos un adversaire, il lui met un (petit) coup de crosse à terre, puis envoie sa crosse balader au loin d'un rageur coup de patin ! Tss, tss, c'est pas bien de se mettre en colère comme ça.

Le dernier tiers-temps débute avec une belle occasion pour Kazan de revenir dans la partie sur une pénalité d'entrée contre Alexandre Boïkov, défenseur de Magnitka. Mais si les Tatars jouent bien, Maracle joue sur une autre planète. En plus Kazan n'est pas verni, après le sauvetage venu d'ailleurs de Davydov, c'est l'arbitre qui refuse un but aux Tatars après visionnage de la vidéo. À la plus grande joie de mon ami le renard (la mascotte du Magnitka) qui saute en l'air en faisant le signe de l'arbitre refusant le but ! Cela doit s'appeler la chance du (futur ?) champion...

En tout cas, Magnitka est métamorphosé après ses quarts difficiles. C'est une équipe sûre d'elle-même qui maîtrise cette partie. Du coup, Kazan est en apnée, fait des fautes... et encaisse donc un troisième but. Un tir lointain, en supériorité numérique, du défenseur Vitali Atiouchov. Un but classique. Je reçois le palet sur la bleue, je m'avance, personne ne me charge, à hauteur du cercle, j'arme, et pan, le missile part sous la barre (3-0) ! C'est fini. Vladimir Vujtek n'aura même pas l'occasion de faire sortir son gardien dans les dernières minutes, avec trois buts à remonter c'est trop tard.

En tout cas, si Magnitka joue encore comme cela à domicile, le club de l'Oural va être impossible à prendre. Après, à Kazan, ce sera une autre histoire. Mais Magnitogorsk a marqué les esprits sur ce match. Mais le bonheur absolu est venu de l'autre demi-finale, à Togliatti, où le Lada s'est fait battre par l'Avangard Omsk (1-3) ! Et pourtant la machine à broyer les attaques menait 1-0 dès la quatrième minute, ce qui n'est jamais bon signe. Bisque, bisque, rage... nananère euh... la vie est belle.

Meilleurs joueurs du match selon Sport-Express : 1 Kaïgorodov (Magnitogorsk), 2 Maracle (Magnitogorsk), 3 Atyushov (Magnitogorsk).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Commentaires d'après-match

Marek Sikora (entraîneur de Magnitogorsk) : "Nous avons commencé la série comme il se doit à domicile. Je suis content du jeu de notre défense et de notre gardien, j'attendais plus d'impulsion dans le jeu de notre adversaire. Non, je ne connais pas les forces et les faiblesses de tous les gardiens d'Extraliga tchèque. En réalité, cela s'est passé comme suit. Martin Cech a joué très récemment dans la même équipe que Zdenek Orct (le gardien tchèque de Kazan), et je l'ai consulté pour savoir s'il lui connaissait des points faibles. Il a réfléchi longuement et m'a finalement dit que non, qu'il n'y avait qu'à essayer de prendre des tirs. Nous avons essayé."

Vladimír Vujtek (entraîneur de Kazan) : "Quand le résultat ressemble plus à une défaite écrasante, il est assez gênant de dire que nous avons bien joué. Et pourtant c'est le cas ! Si j'ai remplacé Tsarev par Orct, c'est parce que ce dernier était de retour après une blessure."

 

Metallurg Magnitogorsk - AK Bars Kazan 3-0 (1-0, 1-0, 1-0)

Vendredi 26 mars 2004 à 17h00 au palais des sports de glace Ivan-Romazan. 3500 spectateurs (guichets fermés).

Arbitrage de M. Bulanov assisté de MM. Anisimov et Kamurkin (tous de Moscou).

Pénalités : Magnitogorsk 12', Kazan 20'+10'.

Tirs : Magnitogorsk 30 (15, 8, 7), Kazan 23 (8, 10, 5).

Évolution du score :

1-0 à 04'51" : Tertyshny assisté de Pestunov et Ignatov

2-0 à 25'35" : Kaïgorodov assisté d'Atyushov

3-0 à 51'46" : Atyushov assisté d'Osipov et Kaïgorodov (sup. num.)

 

Metallurg Magnitogorsk

Gardien : Norm Maracle (CAN).

Défenseurs : Martin Cech (TCH) - Sergueï Klimentiev (UKR) ; Oleg Davydov - Nikolaï Ignatov ; Vitali Atyushov - Evgueni Varlamov ; Aleksandr Boïkov.

Attaquants : Eduard Kudermetov - Andrej Nedorost (SVK) - Valeri Karpov (c) ; Aleksandr Koreshkov (KAZ) - Evgueni Koreshkov (KAZ) - Ravil Gusmanov ; Dmitri Pestunov - Sergueï Arekaïev - Aleksei Tertyshny ; Evgueni Glaskykh - Aleksei Kaïgorodov - Sergueï Ossipov.

Remplaçant : Igor Karpenko (UKR). Absent : Lubomír Vaic (étranger surnuméraire).

AK Bars Kazan

Gardien : Zdenek Orct (TCH).

Défenseurs : Dmitri Bykov - Robert Kantor (TCH) ; Dmitri Balmin - Denis Denisov ; Dmitri Erofeïev - Vitali Proshkin ; Konstantin Korneïev - Vitali Turkovsky.

Attaquants : Aleksandr Cherbaïev - Vadim Epanchintsev - Vladimir Tsyplakov (BLR) ; Denis Platonov - Sergueï Zinoviev - David Nemirovsky (CAN/RUS) ; Radek Duda (TCH) - Sergueï Korolev - Ruslan Nurtdinov ; Denis Zapirov - Evgueni Fedorov - Dmitri Loguinov.

Gardien remplaçant : Andreï Tsarev. Absents : Jan Benda (étranger surnuméraire), Dmitri Kvartalnov.

 

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